Rangée au rang de fatalité, la piraterie des œuvres de l’espoir est en passe de devenir le plus important défi à relever pour une industrie musicale déjà embryonnaire. Elle fait des vagues malgré un cadre de lutte institutionnel crée par l’Etat par la mise sur pied de la brigade anti-piraterie. Conséquence, la persistance de ce fléau devrait modifier en profondeur les contours et les équilibres d’un paysage musical déjà très fragile.
Jusqu’où, la piraterie va-t-elle emporter l’industrie musicale ? Et qui résistera le mieux au ‘’tsunami’’ qui balaie, depuis maintenant près d’une décennie, tout genre musicale jusqu’à ébranler le coupé-decalé triomphant ? La grande debandante occasionnée par l’expansion de la piraterie à grande échelle n’en finit plus de faire des ravages dans un univers musical ivoirien qui, fragilisé comme jamais, traverse la tempête la plus grave de son histoire : artistes ivoiriens de plus en plus précarisés, inexistance de structures d’accompagnement sociaux, course à l’informel dans la conception des œuvres discographiques…Déboussolés, sous le choc et les ravages de la piraterie, la quasi-totalité les artistes concèdent tous aujourd’hui ne pas vivre de leur art. Car plus ils dépendent de l’argent de leur œuvre discographique, ce qui est dans l’ordre des choses, plus la galère les frappes durement. Du coup, l’heure est partout à un mouvement de ‘’sauf qui peut’’ chez les artistes, improvisant ça et là, racketage, petits shows pour survivre. Pendant ce temps, la solution, au niveau du bureau ivoirien des droits d’auteurs (Burida) tarde à venir à bout de ce fléau qui met à plat les nombreux efforts des artistes ivoiriens.
Burida/ lutte contre la Piraterie : paroles, paroles, paroles…
Quel pourrait être la stratégie du Burida pour enrayer le phénomène de la piraterie ? Si au niveau des instances du bureau ivoirien des droits d’auteurs, les responsables affichent une sérénité feinte et affirme : « Nous viendrons à bout de ce fléau avec une plus grande autonomie donnée à la brigade anti-piraterie qui depuis le mois de janvier 2010 a été équipé d’un 4 x 4 », la situation sur le terrain n’en est pas moins inquiétante. En 3 ans d’existence (la brigade de la lutte contre la fraude et la piraterie des œuvres culturelles existe depuis juillet 2007 par la volonté du ministère de la culture), a été seulement équipée en véhicule qu’en janvier 2010. Conséquence : le phénomène de la piraterie à Abidjan a prit une envergure importante à tel enseigne qu’il existe une mafia de la distribution des œuvres piratées en Côte d’Ivoire : la petite distribution avec les CD sur les artères d’Abidjan et la grande distribution qu’on peut localiser à la Sorbonne, au black Market…Et ce n’est pas le seul 4x4 affecté à la brigade de lutte contre la piraterie qui va calmer les ardeurs de nombreux malfrats qui se sucrent sur le dos des artistes de Côte d’Ivoire. Toutefois, le commissaire Diarassouba Idrissa sous-directeur des opérations ne se laisse pas gagner par le découragement : lorsqu’il nous reçoit dans son bureau et affirme : « S’il est vrai que nous avons eu beaucoup de difficulté qui sont essentiellement liées au manque de moyens, nous nous réjouissons de l’implication personnelle du Chef de l’Etat », et d’ajouter : « il y a 3 semaines le Président Laurent Gbagbo a prit une nouvelle ordonnance qui rend la loi n°96/534 du 15 juillet 96/564 relative à la protection des œuvres de l’esprit et des droits des auteurs, plus sévère au niveau des amendes et des peines. Le Président, vu la gravité du problème, a prit une ordonnance dans ce sens. C’est dire que le cadre institutionnel est réglé ; il reste que les moyens suivent pour que la piraterie deviennent un lointain souvenir ». C’est dire même au haut niveau de l’exécutif ivoirien, la piraterie est un dossier qui ne manque pas de focaliser l’attention des autorités compétentes. Mais pourquoi, elle perdure ? Poser cette question, c’est donner une tentative d’explication. Toujours selon le commissaire Diarrassouba Idrissa, après la réglementation du cadre institutionnel et les moyens pour rendre plus efficace la brigade de la lutte contre la piraterie, il faut s’attaquer aux principales zones de production ; à cet effet, il a fait la révélation suivante. « Vous êtes sans ignorer que la police n’intervient pas sur les cité-universitaires à cause des franchises-universitaires. Par conséquent, la brigade dont je dirige les opérations ne pouvaient en l’état intervenir dans les cité-universitaires et pourtant ces lieux demeurent des zones de production par excellence. Je ne suis pas en train d’affirmer que cette pratique est essentiellement l’apanage des étudiants, c’est dire qu’il existe des personnes qui s’y réfugient pour faire ce commerce illicite. Heureusement, la nouvelle administration du Burida avec la commission de lutte contre la piraterie a pris une loi dans le sens où la brigade de la lutte contre la piraterie interviendrait dans les cités universitaires. Nous pouvons donc affirmer que nous avons fait bouger les lignes ». Toutefois, malgré la bonne volonté du commissaire Diarrassouba, il faut que le mouvement dans son ensemble suive la dynamique. Alors, la question de la contribution sincère des membres de la commission du Burida, qui pendant près d’une décennie a observé une passivité complice, risque également de se poser cruellement. Tout comme celle du lobby de la distribution des œuvres piratées, que l’on dit condamnée à disparaître. Les mauvaises langues avancent même que la piraterie a eu le mérite de faire la notoriété et la promotion de certains artistes ivoiriens de petits calibres. C’est dire que cette ‘’mafia’’ n’est aussi nuisible que l’on voulait le présenter pour certains personnes. Mais là où le bât blesse, c’est que l’informel gagne de plus en plus l’industrie musicale en Côte d’Ivoire et pourtant la route qui mène à l’édification d’une entreprise n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut donc sévir et vite pour arrêter l’hémorragie. Après une décennie, il est peut être révolu le temps de la piraterie triomphante si l’on s’en tient aux affirmations du commissaire Diarrassouba Idrissa, sous-directeur des opérations de lutte contre ce fléau qui n’a que précarisé les artistes de Côte d’Ivoire. Toutefois, il faudra attendre l’effectivité de toutes ces mesures et son incidence sur le terrain. ‘’En clair tout se joue sur le terrain, l’Etat a beau courrir, il faut aussi que les mentalités changent. Acheter un CD piraté d’un artiste qu’on dit aimer, ça fait désordre et mauvais genre. Il faut que les ivoiriens changent » a reconnu en définitif un férus de la musique made in Côte d’Ivoire.
Williams Arthur Prescot
Jusqu’où, la piraterie va-t-elle emporter l’industrie musicale ? Et qui résistera le mieux au ‘’tsunami’’ qui balaie, depuis maintenant près d’une décennie, tout genre musicale jusqu’à ébranler le coupé-decalé triomphant ? La grande debandante occasionnée par l’expansion de la piraterie à grande échelle n’en finit plus de faire des ravages dans un univers musical ivoirien qui, fragilisé comme jamais, traverse la tempête la plus grave de son histoire : artistes ivoiriens de plus en plus précarisés, inexistance de structures d’accompagnement sociaux, course à l’informel dans la conception des œuvres discographiques…Déboussolés, sous le choc et les ravages de la piraterie, la quasi-totalité les artistes concèdent tous aujourd’hui ne pas vivre de leur art. Car plus ils dépendent de l’argent de leur œuvre discographique, ce qui est dans l’ordre des choses, plus la galère les frappes durement. Du coup, l’heure est partout à un mouvement de ‘’sauf qui peut’’ chez les artistes, improvisant ça et là, racketage, petits shows pour survivre. Pendant ce temps, la solution, au niveau du bureau ivoirien des droits d’auteurs (Burida) tarde à venir à bout de ce fléau qui met à plat les nombreux efforts des artistes ivoiriens.
Burida/ lutte contre la Piraterie : paroles, paroles, paroles…
Quel pourrait être la stratégie du Burida pour enrayer le phénomène de la piraterie ? Si au niveau des instances du bureau ivoirien des droits d’auteurs, les responsables affichent une sérénité feinte et affirme : « Nous viendrons à bout de ce fléau avec une plus grande autonomie donnée à la brigade anti-piraterie qui depuis le mois de janvier 2010 a été équipé d’un 4 x 4 », la situation sur le terrain n’en est pas moins inquiétante. En 3 ans d’existence (la brigade de la lutte contre la fraude et la piraterie des œuvres culturelles existe depuis juillet 2007 par la volonté du ministère de la culture), a été seulement équipée en véhicule qu’en janvier 2010. Conséquence : le phénomène de la piraterie à Abidjan a prit une envergure importante à tel enseigne qu’il existe une mafia de la distribution des œuvres piratées en Côte d’Ivoire : la petite distribution avec les CD sur les artères d’Abidjan et la grande distribution qu’on peut localiser à la Sorbonne, au black Market…Et ce n’est pas le seul 4x4 affecté à la brigade de lutte contre la piraterie qui va calmer les ardeurs de nombreux malfrats qui se sucrent sur le dos des artistes de Côte d’Ivoire. Toutefois, le commissaire Diarassouba Idrissa sous-directeur des opérations ne se laisse pas gagner par le découragement : lorsqu’il nous reçoit dans son bureau et affirme : « S’il est vrai que nous avons eu beaucoup de difficulté qui sont essentiellement liées au manque de moyens, nous nous réjouissons de l’implication personnelle du Chef de l’Etat », et d’ajouter : « il y a 3 semaines le Président Laurent Gbagbo a prit une nouvelle ordonnance qui rend la loi n°96/534 du 15 juillet 96/564 relative à la protection des œuvres de l’esprit et des droits des auteurs, plus sévère au niveau des amendes et des peines. Le Président, vu la gravité du problème, a prit une ordonnance dans ce sens. C’est dire que le cadre institutionnel est réglé ; il reste que les moyens suivent pour que la piraterie deviennent un lointain souvenir ». C’est dire même au haut niveau de l’exécutif ivoirien, la piraterie est un dossier qui ne manque pas de focaliser l’attention des autorités compétentes. Mais pourquoi, elle perdure ? Poser cette question, c’est donner une tentative d’explication. Toujours selon le commissaire Diarrassouba Idrissa, après la réglementation du cadre institutionnel et les moyens pour rendre plus efficace la brigade de la lutte contre la piraterie, il faut s’attaquer aux principales zones de production ; à cet effet, il a fait la révélation suivante. « Vous êtes sans ignorer que la police n’intervient pas sur les cité-universitaires à cause des franchises-universitaires. Par conséquent, la brigade dont je dirige les opérations ne pouvaient en l’état intervenir dans les cité-universitaires et pourtant ces lieux demeurent des zones de production par excellence. Je ne suis pas en train d’affirmer que cette pratique est essentiellement l’apanage des étudiants, c’est dire qu’il existe des personnes qui s’y réfugient pour faire ce commerce illicite. Heureusement, la nouvelle administration du Burida avec la commission de lutte contre la piraterie a pris une loi dans le sens où la brigade de la lutte contre la piraterie interviendrait dans les cités universitaires. Nous pouvons donc affirmer que nous avons fait bouger les lignes ». Toutefois, malgré la bonne volonté du commissaire Diarrassouba, il faut que le mouvement dans son ensemble suive la dynamique. Alors, la question de la contribution sincère des membres de la commission du Burida, qui pendant près d’une décennie a observé une passivité complice, risque également de se poser cruellement. Tout comme celle du lobby de la distribution des œuvres piratées, que l’on dit condamnée à disparaître. Les mauvaises langues avancent même que la piraterie a eu le mérite de faire la notoriété et la promotion de certains artistes ivoiriens de petits calibres. C’est dire que cette ‘’mafia’’ n’est aussi nuisible que l’on voulait le présenter pour certains personnes. Mais là où le bât blesse, c’est que l’informel gagne de plus en plus l’industrie musicale en Côte d’Ivoire et pourtant la route qui mène à l’édification d’une entreprise n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut donc sévir et vite pour arrêter l’hémorragie. Après une décennie, il est peut être révolu le temps de la piraterie triomphante si l’on s’en tient aux affirmations du commissaire Diarrassouba Idrissa, sous-directeur des opérations de lutte contre ce fléau qui n’a que précarisé les artistes de Côte d’Ivoire. Toutefois, il faudra attendre l’effectivité de toutes ces mesures et son incidence sur le terrain. ‘’En clair tout se joue sur le terrain, l’Etat a beau courrir, il faut aussi que les mentalités changent. Acheter un CD piraté d’un artiste qu’on dit aimer, ça fait désordre et mauvais genre. Il faut que les ivoiriens changent » a reconnu en définitif un férus de la musique made in Côte d’Ivoire.
Williams Arthur Prescot