C’est la honte ! Au palais de Justice du Plateau lorsque nous arrivons ce mardi. Le vigile qui se tient à l’entrée principale, nous fait signe, à l’exception du personnel, de contourner la clôture sur la gauche, côté jardin public, pour accéder à la grande salle d’audience. Mais, un spectacle peu ordinaire attire l’attention de plus d’un. La toiture du temple de Thémis s’est envolée suite aux fortes pluies qui se sont abattues ces jours-ci sur la capitale économique. La scène est plus déconcertante au moment où nous pénétrons dans la salle des flagrants délits. Des flaques d’eau partout. Il suffit de lever la tête et de regarder par-dessus pour voir le firmament à travers un gros trou. « C’est par- là que l’eau de pluie rentre. J’ai constaté cette situation depuis le lundi 19 avril. J’avais une affaire ici tout comme aujourd’hui. Il y a de l’eau partout ; ce qui n’est pas digne de notre tribunal. Je pense que c’est déshonorant dans la mesure où ce lundi j’étais en compagnie d’un ami européen. Franchement, j’étais mal aisé !», clame Beugré Richard, courtier dans une importante maison d’assurance de la place. Selon lui, la situation à laquelle les usagers et même le personnel de la justice sont confrontés est « une honte ». Au parquet général, les magistrats côtoient désormais les flaques d’eau pour ne pas dire qu’ils ont les pieds dans l’eau. La pluie est devenue source d’ennui et de stress pour le procureur de la République et les substituts. « C’est dommage que l’on ne puisse pallier ce problème. Le palais de justice est aussi une vitrine à travers laquelle l’on apprécie le niveau de démocratie d’un pays. Si ceux qui y travaillent, évoluent dans des conditions de travail déplorables comme c’est le cas actuellement, alors ce sont les usagers qui paient les pots cassés. Je suis choqué de voir que les autorités judiciaires sont incapables d’entretenir le palais de justice. De l’eau qui coule du toit ! C’est à la fois inadmissible et révoltant », décrie Kadio Julien, étudiant en maîtrise de droit et d’ajouter qu’il était venu se faire établir son certificat de nationalité ce jour-là. En empruntant le couloir droit à l’entrée du service du greffier, les tuiles sont totalement pourries et l’eau inonde les bureaux. Me Aka Jules, greffier, ne cache pas son amertume face à ce qu’il qualifie de « honte et de mépris ». Selon l’homme de droit, au-delà de la question de la toiture du palais de justice se pose l’épineuse question de la restauration et de l’entretien de l’édifice. « Aucun travail d’entretien n’a été fait depuis plus d’une décennie. On travaille dans des conditions dérisoires. Si la situation perdure, alors il ne faudrait pas s’étonner de constater que des documents soient endommagés du fait de l’eau », prévient-il.
Bahi K.
Bahi K.
