“Guerre du pétrole" ou bon voisinage ? La Côte d`Ivoire et le Ghana sont engagés dans un bras-de-fer potentiellement lourd de conséquences pour leurs économies respectives, après la récente découverte d`un important gisement pétrolier offshore au large de leurs côtes. Voisins et "jumeaux" par la géographie, le peuplement et l`agriculture (ils sont les plus grands producteurs mondiaux de cacao), liés politiquement (Accra a joué les médiateurs dans la crise ivoirienne après le putsch manqué de 2002), les deux pays doivent régler un délicat litige frontalier. En jeu: l`exploitation d`un gisement pétrolier offshore au large des côtes ghanéennes. Cette découverte, l`une des plus importantes en Afrique de l`Ouest depuis dix ans, a été réalisée par le géant russe Lukoil et son partenaire américain Vanco Energy et annoncée en février par la compagnie Ghana National Petroleum Corporation (GNPC). Le gisement se trouverait à plus de 3.000 milles des côtes, selon un document transmis à l`AFP par le ministère ivoirien de l`Energie. En mars, le ministre ghanéen des Ressources naturelles, Collins Dauda, avait jeté un pavé dans la mare en affirmant qu`Abidjan réclamait une partie de l`espace maritime de son voisin à la suite de cette découverte. "Pas de guerre du pétrole" en perspective, a rassuré le ministre ivoirien de l`Energie Augustin Kouadio Komoé, rapidement dépêché par le président Laurent Gbagbo auprès de son homologue ghanéen John Atta Mills. Il n`empêche: les deux capitales prennent très au sérieux la question, alors qu`elles espèrent bien donner un coup de fouet à leur développement grâce à la manne pétrolière du golfe de Guinée. Nain pétrolier avec une production de 50.000 barils/jour, la Côte d`Ivoire a toutefois une longueur d`avance sur le Ghana. Ce dernier compte démarrer cette année sa production, dans le champ Jubilee (ouest) dont les réserves sont estimées à 1,8 milliard de barils. Les frontières maritimes du Ghana et de la Côte d`Ivoire n`ont jamais été précisément tracées. Mais les deux voisins respectent depuis des années une "ligne médiane", qu`Accra accuse Abidjan de contester désormais. Pour éviter une crise comme l`or noir a pu en provoquer sur le continent, les deux pays ont décidé de recourir à une commission mixte de délimitation des frontières maritimes.
Des travaux ont commencé mardi pour deux jours à Accra pour arrêter les modalités des négociations, alors que les deux parties ont déjà fait leurs propositions à l`ONU sur la démarcation. Au-delà, accusé d`être de mauvaise foi, Abidjan avance ses options. "Une des solutions pourrait être l`unitisation, c`est-à-dire la mise en commun des moyens d`exploitation en vue d`un partage équitable du produit de l`exploitation du pétrole se trouvant à l`intérieur de l`espace maritime sujet à discussion", explique M. Komoé à l`AFP. Mais un roi s`invite dans le débat. Amon N`Douffou V, qui préside aux destinées du Sanwi, un royaume du sud-est ivoirien frontalier du Ghana, exige sa part du (futur) gâteau, au nom d`un traité signé... il y a un siècle et demi. En vertu d`un traité de protectorat reconnaissant sa souveraineté interne, conclu en 1843 avec la France, alors puissance coloniale, le roi du Sanwi souhaite participer aux négociations. "La Côte d`Ivoire reconnaît les droit acquis (...). Il est inconcevable que nous soyons absents aux discussions", assure-t-il, proposant une convention avec les deux Etats pour éviter "l`irréparable".
AFP
Des travaux ont commencé mardi pour deux jours à Accra pour arrêter les modalités des négociations, alors que les deux parties ont déjà fait leurs propositions à l`ONU sur la démarcation. Au-delà, accusé d`être de mauvaise foi, Abidjan avance ses options. "Une des solutions pourrait être l`unitisation, c`est-à-dire la mise en commun des moyens d`exploitation en vue d`un partage équitable du produit de l`exploitation du pétrole se trouvant à l`intérieur de l`espace maritime sujet à discussion", explique M. Komoé à l`AFP. Mais un roi s`invite dans le débat. Amon N`Douffou V, qui préside aux destinées du Sanwi, un royaume du sud-est ivoirien frontalier du Ghana, exige sa part du (futur) gâteau, au nom d`un traité signé... il y a un siècle et demi. En vertu d`un traité de protectorat reconnaissant sa souveraineté interne, conclu en 1843 avec la France, alors puissance coloniale, le roi du Sanwi souhaite participer aux négociations. "La Côte d`Ivoire reconnaît les droit acquis (...). Il est inconcevable que nous soyons absents aux discussions", assure-t-il, proposant une convention avec les deux Etats pour éviter "l`irréparable".
AFP