« 500 mille attendus, 3 millions présents ». C’est ce titre qui barrait la manchette du quotidien « le Temps » hier. On pensait, en lisant ce titre, à un canular ou une grotesque surenchère pour des raisons commerciales et politiques. Mais que non ! En lisant l’article qui rapporte tout ce qui s’est passé à Yopougon dimanche dernier, on se résout à l’évidence que ce n’est pas le cas. C’est bel et bien à… 3 millions de personnes que l’auteur a estimé le monde qui s’est déplacé dans la plus grande commune de Côte d’Ivoire. « Le père du parti socialiste ivoirien, Laurent Gbagbo, n’a pas manqué, comme à son habitude, de répondre aux attentes de ces milliers, 3 millions, selon les chiffres de la sécurité, de militants du FPI, de patriotes et de tous ces démocrates d’ici et d’ailleurs », relate-t-il. D’où venait tout ce monde ? Certainement pas d’Abidjan. Sinon ce serait presque toute la population abidjanaise estimée à près de 5 millions qui se serait déportée à Yopougon. A moins qu’elles ne viennent essentiellement des autres villes du pays. 3 millions de nouvelles têtes à Abidjan, même si c’est le temps d’un week-end, on l’aurait senti. Et puis 3 millions de personnes sur quel espace ? Sur un périmètre qui vaut à peine 2 hectares ? Il faut vraiment le faire ! Mais doit-on s’en étonner ? Assurément pas. Le FPI est passé maître, depuis longtemps, dans l’art de transformer le mensonge en vérité. Tout dans ce parti ramène au faux. Et c’est par le faux qu’il est arrivé au pouvoir. C’est sur le faux et dans le faux qu’il tient la Côte d’Ivoire et sa population en otage. L’auteur d’ailleurs dans son article le démontre. Lui-même parle- sans doute tiraillé entre l’honnêteté professionnelle et la mauvaise foi du militant- d’abord de « milliers de militants, de patriotes et de tous ces démocrates d’ici et d’ailleurs ». Ensuite pour glisser dans son article le chiffre de « 3 millions » qu’il attribue à la « sécurité ». Quelle « sécurité » ? La police, la gendarmerie ou le service sécurité mis en place par les organisateurs ? On n’en sait rien. Toujours est-il qu’une telle imprécision note l’origine douteuse de la source qui montre une fois de plus, comment le parti de Laurent Gbagbo est passé maître dans l’art de travestir la vérité. 3 millions de personnes sont allées acclamer Laurent Gbagbo à Yopougon. C’est bien. Le FPI peut en être fier. Car si toutes ces personnes sont électrices, c’est la réélection assurée du candidat du FPI. 3 millions de personnes, c’est plus de 70% des 5,3 millions de personnes qui figurent sur la liste électorale dite « blanche ». Alors, si le chef de file de la refondation et son parti pensent qu’ils peuvent compter sur le soutien de tant de personnes, pourquoi font-ils tant de difficultés pour aller aux élections ? A moins que ce chiffre exorbitant n’est encore rien d’autre qu’un effet d’annonce pour cacher la vérité et pour mieux arnaquer les Ivoiriens. Si le ridicule tuait.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly