A la tête d'une délégation, envoyée par le Premier ministre de Côte d'Ivoire et secrétaire général des FaFn, le ministre Dosso Moussa était dans la région des Savanes afin de faire une évaluation sur le terrain avant le démarrage du désarmement et du cantonnement des volontaires de l'armée nouvelle (Van). Dans cet entretien, il nous parle de cette phase importante du processus de sortie de crise.
Comment va se dérouler l'opération d'encasernement des forces nouvelles ?
Elle va se dérouler selon la procédure qui est indiquée dans le quatrième accord complémentaire de Ouagadougou. Ce qu'il faut savoir, c'est que le choix du désarmement en Côte d'Ivoire diffère de ce qu'on a connu au Liberia, en Sierra Léone et dans bien d'autres pays. Pour nous, la question qui se pose aujourd'hui, c'est que l'Etat de Côte d'Ivoire a reconnu les deux armées. C'est ce principe qu'il faut avoir en tête pour bien comprendre comment le désarmement va se passer. La reconnaissance des deux armées nous a permis d'engager un dialogue permanent entre les deux chefs d'état-major. Le quota qui a été donné aux Forces nouvelles, c'est cinq mille volontaires pour l'armée nouvelle. Et ces cinq mille personnes vont faire l'objet d'encasernement sur quatre sites, Korhogo, Séguéla, Man et Bouaké. En moyenne, c'est mille deux-cent à mille deux-cent-cinq personnes qui vont demeurer sur chaque site. Le reste des ex-combattants FaFn vont bénéficier des programmes d'insertions, pour certains et pour d'autres le programme du service civique national. Les quatre sites de Korhogo sont le Compagnie territoriale de Korhogo (Ctk), le peloton mobile, la quatrième légion militaire et le camp de douane de Ferké. L'encadrement va être fait par les anciens Fds. Pour Korhogo, il va y avoir pour les quatre sites cent ex-militaires Fds-FaFn. Et donc, c'est fort de cela que les travaux ont été menés et nous avons retenu le nombre de personnes à aller soit dans le service civique, soit dans un programme de réinsertion et le différentiel sera bien sûr démobilisé. A Korhogo, cela concerne 5.000 ex-combattants qui vont être démobilisés.
Quand l'opération va-t-elle débuter ?
Cette phase va démarrer au mois de mai, dans la dernière semaine du mois. Je suis-là, depuis près d'une semaine, pour travailler sur les travaux de réhabilitation, de construction à faire. Le Ctk a été choisi parce que c'est un camp militaire qui a toujours abrité des militaires. Par conséquent, les travaux de rénovation, de réhabilitation ne vont pas être de grands travaux. Le Premier ministre et l'ensemble des ministères techniques concernés seront ici aux alentours du 15 au 20 mai pour faire une visite avant la phase ultime qui va se situer dans la dernière semaine du mois de mai.
Ne craignez-vous pas une levée de boucliers de la part des commandants de zones, qui ont régenté leurs zones depuis près de huit ans ?
On peut craindre cela mais je crois que là aussi nous avons été relativement sérieux. Les commandants concernés ont pris part à l'ensemble des réunions qui ont eu lieu pour définir le cadre du regroupement et de l'encasernement. Et je voulais illustrer ce que je dis par ce proverbe que le commandant Fofié Kouakou de Korhogo nous a enseigné. Il dit ceci, si pendant la saison des pluies votre canari : n'a pas été rempli, ce n'est pas en période sèche que la rosé du matin va le remplir.
Comment va se dérouler l'unicité des caisses ?
Nous avons travaillé à trouver les mécanismes les plus simples pour rendre effective l'unicité de caisses. D'abord, il faut simplement rappeler que toutes les régies financières sont à Korhogo, depuis la signature de l'Apo, c'est-à-dire depuis le mois de mars 2007. Ça, c'est une donnée. Les impôts sont présents, la douane est présente, le trésor est présent à travers la banque du trésor pour payer tous les fonctionnaires. La Bni vient d'inaugurer son siège de Ferké. Donc toutes les régies, aujourd'hui, sont dans nos zones. Pour nous, il s'agit de mettre en place des budgets qui vont prendre en charge la gestion de l'encasernement dans les zones CNO. Alors, il y a deux attitudes. Ou l'Etat décide de mettre cet argent à notre disposition, auquel cas, dès le lendemain, nous quittons les corridors et nous arrêtons les différentes taxations pour nous concentrer sur un budget qui va être utilisé à la gestion totale de l'encasernement de nos éléments. Ou encore, la deuxième possibilité, c'est de dire qu'il va avoir une gestion mixte des régies. L'argent qui est collecté sur le terrain va servir aux dépenses de sortie de crise. Les deux options vont être exposées au Premier ministre, au ministre de l'Economie et des finances et un choix va s'opérer.
Vous semblez faire un lien entre votre retrait de la collecte des taxes et l'engagement de l'Etat à prendre en charge les éléments des Forces nouvelles…
Je peux vous dire qu'il ne s'agit pas de mesures cosmétiques. C'est vrai que l'Etat traverse des difficultés, mais depuis une quinzaine voire une vingtaine d'années l'Etat traverse les mêmes difficultés. Peut-être qu'avec la période de crise, ces difficultés se sont peut-être accentuées mais la crise en Côte d'Ivoire ne date pas d'aujourd'hui. Avec les problèmes de délestage que nous avons connus en moins d'une dizaine de jours, l'Etat a mobilisé plus de quarante milliards de francs Cfa (40.000.000.000) pour faire face à ce problème. Le clan présidentiel qui réclame l'encasernement, le désarmement, le regroupement, l'Etat qui réclame depuis quelques mois l'unicité de caisse devraient faire un effort pour trouver les moyens pour procéder tout de suite à l'encasernement et à l'unicité de caisses.
Que vont devenir vos éléments qui font la collecte sur le terrain ?
Là il y a eu également un accord entre les deux parties, à l'image de ce qui s'est passé dans l'armée. Nous avons transposé exactement le même schéma au niveau économique. Nous sommes tombés d'accord avec le ministère de l'Economie et des finances pour qu'il y ait un quota à la douane, à l'impôt et au trésor.
Un aperçu des chiffres ?
Sur les 1.200 agents qui ont travaillé dans les zones Cno, pour l'instant, la douane nous a communiqué un chiffre de 250 à 300 douaniers à recruter ici, je vais donc bientôt avoir les chiffres des impôts et du trésor.
L'unicité de caisses suppose-t-elle également la rétrocession de la collecte des taxes aux mairies ?
Cela a été fait au plan administratif, il y a un an. Le directeur général des collectivités territoriales a signé un protocole d'accord avec le général Bakayoko à Bouaké. Ce protocole indiquait la rétrocession progressive de la gestion municipale aux maires. C'est un mouvement qui est en cours. Ce processus est une dynamique. Le plus important, c'est qu'il ne faut pas qu'elle s'arrête. Aujourd'hui, dans certaines régions, les choses se passent bien. Les maires ont retrouvé toutes ces attributions. Dans d'autres, il y a encore quelques difficultés. Mais notre rôle est de sensibiliser et de permettre aux mairies, progressivement, de reprendre leur mission régalienne.
Pourquoi cette rétrocession ne se fait pas simultanément avec l'opération d'encasernement et la phase pratique de l'unicité de caisses de l'Etat ?
Le mécanisme est automatique. Les six zones auxquelles nous devons bientôt arriver n'auront plus de présence de commandant. Elles seront dès lors, automatiquement récupérées par les mairies. Le principe a été acquis. Si je prends les cas d'Odienné, Séguéla et Bouaké, il y a eu, en dehors du document officiel qui a été signé, des protocoles d'accord entre les maires et les commandants de zones sur une clé de répartition qui régente aujourd'hui les relations entre les deux parties. Pour l'instant, il n'y a pas eu de mauvaise foi entre nous et on espère que jusqu'à la fin du processus, les choses vont se passer comme ensemble nous l'avons décidé.
Propos recueillis par Cheick Timité à Korhogo
Comment va se dérouler l'opération d'encasernement des forces nouvelles ?
Elle va se dérouler selon la procédure qui est indiquée dans le quatrième accord complémentaire de Ouagadougou. Ce qu'il faut savoir, c'est que le choix du désarmement en Côte d'Ivoire diffère de ce qu'on a connu au Liberia, en Sierra Léone et dans bien d'autres pays. Pour nous, la question qui se pose aujourd'hui, c'est que l'Etat de Côte d'Ivoire a reconnu les deux armées. C'est ce principe qu'il faut avoir en tête pour bien comprendre comment le désarmement va se passer. La reconnaissance des deux armées nous a permis d'engager un dialogue permanent entre les deux chefs d'état-major. Le quota qui a été donné aux Forces nouvelles, c'est cinq mille volontaires pour l'armée nouvelle. Et ces cinq mille personnes vont faire l'objet d'encasernement sur quatre sites, Korhogo, Séguéla, Man et Bouaké. En moyenne, c'est mille deux-cent à mille deux-cent-cinq personnes qui vont demeurer sur chaque site. Le reste des ex-combattants FaFn vont bénéficier des programmes d'insertions, pour certains et pour d'autres le programme du service civique national. Les quatre sites de Korhogo sont le Compagnie territoriale de Korhogo (Ctk), le peloton mobile, la quatrième légion militaire et le camp de douane de Ferké. L'encadrement va être fait par les anciens Fds. Pour Korhogo, il va y avoir pour les quatre sites cent ex-militaires Fds-FaFn. Et donc, c'est fort de cela que les travaux ont été menés et nous avons retenu le nombre de personnes à aller soit dans le service civique, soit dans un programme de réinsertion et le différentiel sera bien sûr démobilisé. A Korhogo, cela concerne 5.000 ex-combattants qui vont être démobilisés.
Quand l'opération va-t-elle débuter ?
Cette phase va démarrer au mois de mai, dans la dernière semaine du mois. Je suis-là, depuis près d'une semaine, pour travailler sur les travaux de réhabilitation, de construction à faire. Le Ctk a été choisi parce que c'est un camp militaire qui a toujours abrité des militaires. Par conséquent, les travaux de rénovation, de réhabilitation ne vont pas être de grands travaux. Le Premier ministre et l'ensemble des ministères techniques concernés seront ici aux alentours du 15 au 20 mai pour faire une visite avant la phase ultime qui va se situer dans la dernière semaine du mois de mai.
Ne craignez-vous pas une levée de boucliers de la part des commandants de zones, qui ont régenté leurs zones depuis près de huit ans ?
On peut craindre cela mais je crois que là aussi nous avons été relativement sérieux. Les commandants concernés ont pris part à l'ensemble des réunions qui ont eu lieu pour définir le cadre du regroupement et de l'encasernement. Et je voulais illustrer ce que je dis par ce proverbe que le commandant Fofié Kouakou de Korhogo nous a enseigné. Il dit ceci, si pendant la saison des pluies votre canari : n'a pas été rempli, ce n'est pas en période sèche que la rosé du matin va le remplir.
Comment va se dérouler l'unicité des caisses ?
Nous avons travaillé à trouver les mécanismes les plus simples pour rendre effective l'unicité de caisses. D'abord, il faut simplement rappeler que toutes les régies financières sont à Korhogo, depuis la signature de l'Apo, c'est-à-dire depuis le mois de mars 2007. Ça, c'est une donnée. Les impôts sont présents, la douane est présente, le trésor est présent à travers la banque du trésor pour payer tous les fonctionnaires. La Bni vient d'inaugurer son siège de Ferké. Donc toutes les régies, aujourd'hui, sont dans nos zones. Pour nous, il s'agit de mettre en place des budgets qui vont prendre en charge la gestion de l'encasernement dans les zones CNO. Alors, il y a deux attitudes. Ou l'Etat décide de mettre cet argent à notre disposition, auquel cas, dès le lendemain, nous quittons les corridors et nous arrêtons les différentes taxations pour nous concentrer sur un budget qui va être utilisé à la gestion totale de l'encasernement de nos éléments. Ou encore, la deuxième possibilité, c'est de dire qu'il va avoir une gestion mixte des régies. L'argent qui est collecté sur le terrain va servir aux dépenses de sortie de crise. Les deux options vont être exposées au Premier ministre, au ministre de l'Economie et des finances et un choix va s'opérer.
Vous semblez faire un lien entre votre retrait de la collecte des taxes et l'engagement de l'Etat à prendre en charge les éléments des Forces nouvelles…
Je peux vous dire qu'il ne s'agit pas de mesures cosmétiques. C'est vrai que l'Etat traverse des difficultés, mais depuis une quinzaine voire une vingtaine d'années l'Etat traverse les mêmes difficultés. Peut-être qu'avec la période de crise, ces difficultés se sont peut-être accentuées mais la crise en Côte d'Ivoire ne date pas d'aujourd'hui. Avec les problèmes de délestage que nous avons connus en moins d'une dizaine de jours, l'Etat a mobilisé plus de quarante milliards de francs Cfa (40.000.000.000) pour faire face à ce problème. Le clan présidentiel qui réclame l'encasernement, le désarmement, le regroupement, l'Etat qui réclame depuis quelques mois l'unicité de caisse devraient faire un effort pour trouver les moyens pour procéder tout de suite à l'encasernement et à l'unicité de caisses.
Que vont devenir vos éléments qui font la collecte sur le terrain ?
Là il y a eu également un accord entre les deux parties, à l'image de ce qui s'est passé dans l'armée. Nous avons transposé exactement le même schéma au niveau économique. Nous sommes tombés d'accord avec le ministère de l'Economie et des finances pour qu'il y ait un quota à la douane, à l'impôt et au trésor.
Un aperçu des chiffres ?
Sur les 1.200 agents qui ont travaillé dans les zones Cno, pour l'instant, la douane nous a communiqué un chiffre de 250 à 300 douaniers à recruter ici, je vais donc bientôt avoir les chiffres des impôts et du trésor.
L'unicité de caisses suppose-t-elle également la rétrocession de la collecte des taxes aux mairies ?
Cela a été fait au plan administratif, il y a un an. Le directeur général des collectivités territoriales a signé un protocole d'accord avec le général Bakayoko à Bouaké. Ce protocole indiquait la rétrocession progressive de la gestion municipale aux maires. C'est un mouvement qui est en cours. Ce processus est une dynamique. Le plus important, c'est qu'il ne faut pas qu'elle s'arrête. Aujourd'hui, dans certaines régions, les choses se passent bien. Les maires ont retrouvé toutes ces attributions. Dans d'autres, il y a encore quelques difficultés. Mais notre rôle est de sensibiliser et de permettre aux mairies, progressivement, de reprendre leur mission régalienne.
Pourquoi cette rétrocession ne se fait pas simultanément avec l'opération d'encasernement et la phase pratique de l'unicité de caisses de l'Etat ?
Le mécanisme est automatique. Les six zones auxquelles nous devons bientôt arriver n'auront plus de présence de commandant. Elles seront dès lors, automatiquement récupérées par les mairies. Le principe a été acquis. Si je prends les cas d'Odienné, Séguéla et Bouaké, il y a eu, en dehors du document officiel qui a été signé, des protocoles d'accord entre les maires et les commandants de zones sur une clé de répartition qui régente aujourd'hui les relations entre les deux parties. Pour l'instant, il n'y a pas eu de mauvaise foi entre nous et on espère que jusqu'à la fin du processus, les choses vont se passer comme ensemble nous l'avons décidé.
Propos recueillis par Cheick Timité à Korhogo