x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Déclaration Publié le jeudi 6 mai 2010 | Notre Voie

Déclarations belliqueuses et guerrières à répétition - Le Rhdp et le maniement de la langue

Or donc, la pratique de l’opposition politique n’est pas chose aisée. Le parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), ex-parti au pouvoir pendant quarante ans, l’apprend aujourd’hui à ses dépens. Attelé à son fils politique sorti de ses entrailles, le Rassemble-ment des républicains (RDR) et accompagné de deux minuscules partis régionaux dans un rassemblement, le PDCI, peut-être sans trop le vouloir, est en train de se faire entraîner dans des discours guerriers, dont il n’a pas le secret. S’il n’y prend garde, les mauvaises utilisations de la langue vont perdre le RHDP. «Si le PDCI refuse d’écouter la volonté populaire, s’il ne veut pas organiser des élections justes et transparentes, j’irai m’asseoir tranquillement dans mon village et il aura en face un Kabila». Dixit Laurent Gbagbo, président du Front populaire ivoirien (FPI), en 1995. L’actuel président de la République interpellait Konan Bédié et ses acolytes, réfractaires à la démocratie, sur les conséquences de leur volonté de ne pas organiser des élections. A aucun moment, Laurent Gbagbo n’a, une fois, déclaré qu’il balayera le PDCI du pouvoir. Le PDCI ne l’a pas écouté et il y a eu le boycott actif. Cette déclaration, selon un confrère de l’opposition proche du RDR, était une invite à un coup d’Etat. Comparons cette déclaration faite en 1995 à une autre déclaration faite par un leader de l’opposition en 1999, qui s’adressait au même Konan Bédié, alors président de la République. «Je frapperai ce pouvoir moribond en temps opportun et il tombera». Quelques mois plus tard, tombait le régime agonisant de Bédié. L’auteur de la déclaration, objet d’un mandat d’arrêt international, est rentré triomphalement au pays. Si Bédié avait repris le pouvoir en 2000, pour sûr, il aurait fait arrêter ou assassiner Alassane Ouattara. En 2002, le même auteur récidive. «Il n’y aura plus d’élection sans moi. S’ils (ndlr : les tenants du pouvoir) veulent qu’on mélange le pays, on va le mélanger». Et ses thuriféraires de dire publiquement que leur mentor ne parle pas dans le vide et qu’il fait toujours ce qu’il dit. Après le coup d’Etat sans précédent en 1999, la Côte d’Ivoire va connaître la guerre en 2002. Elle est mélangée depuis cette date. Au moment où nous voyons une lueur de paix poindre, le même auteur se rend à Bouaké et félicite la rébellion en ces termes : «Votre lutte était indispensable». Sont-ce là des déclarations qu’un vrai homme politique doit tenir ? S’inspirant malheureusement de ces genres de déclarations, voici leurs apprentis en train d’emboucher la même trompette. Pourquoi diantre, à la veille de chaque manifestation de l’opposition, faut-il annoncer l’apocalypse et fuir ses responsabilités plus tard à l’heure du bilan. «Le RHDP va s’opposer par tous les moyens à la dictature de Laurent Gbagbo», a lancé Djédjé Mady, avant de jeter des jeunes dans la rue à l’assaut de Gbagbo, avec qui il discutera plus tard pour former un autre gouvernement. Et pourtant, ce même Djédjé Mady avait annoncé que le RHDP ne reconnaissait plus l’actuel chef de l’Etat comme tel. Trois mois plus tard, les mêmes personnes envahissent les villes pour demander à leurs militants de se tenir prêts pour le samedi 15 mai. Un seul mot d’ordre : «Chasser Gbagbo du pouvoir vaille que vaille». Ici, une opposition mâture dirait ceci : «Allons marcher pour contraindre le pouvoir à afficher les listes électorales et à aller vite aux élections». Quand, dans un pays qui a vécu la guerre et qui continue d’en vivre les séquelles, des opposants demandent à leurs militants de descendre dans les rues pour chasser le régime en place, faut-il croiser les doigts pour les regarder venir ? Surtout que ces opposants n’ont jamais caché leur soutien à ceux qui ont pris les armes et qu’ils encouragent à les détenir. Et si la marche aboutit à un débordement que les responsables du RHDP ne réussissent pas à maîtriser, que diront-ils ? ayant une idée claire de l’objectif de la marche et si des militants viennent en armes, puis ouvrent le feu à la suite d’un incident malheureux ? Celui qui a déjà été mordu par un serpent se méfie toujours de tout autre reptile. Le RHDP le sait. Pourquoi ce rassemblement aime-t-il les déclarations guerrières d’avant manifestations dont il refuse d’assumer les conséquences ? De deux choses l’une. Soit le RHDP sait ce qu’il dit et ce qu’il veut, soit il a des problèmes avec sa langue. Or un adage dit ceci : «Quand le pied vous crée des problèmes, quand les yeux vous créent des problèmes, quand le doigt ou la main vous crée des problèmes, vous pouvez vous en sortir facilement. Mais, quand la langue vous crée des problèmes, vous vous en tirez difficilement». A méditer. Sam K. D
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ