Malgré les pressions des usagers, le gouvernement ne veut pas revoir les prix du carburant à la baisse.
Diminution des tarifs du carburant : cette option a perdu de son élan. Le gouvernement refuse de baisser ses taxes, arguant que cela pourrait entraîner une remise en cause de son budget. En 2009, la contribution des recettes pétrolières s’est élevée à 179,38 milliards Fcfa, soit 23 % du portefeuille global. En 2010, les prévisions sont de 195 milliards Fcfa, en hausse de 8,71 %. Mais, les yo-yo incessants du tarif à la pompe ont de quoi faire tourner la tête aux automobilistes.
Le boulet du fisc
Malgré la relative chute du prix du baril, le prix du litre des carburants n’a pas suivi la même décrue. Au grand dam des utilisateurs ivoiriens qui déplorent les prélèvements étatiques exorbitants (44% contre une moyenne de 30% dans la sous-région) ainsi que les autres types de prélèvement tels que celui relatif au stock de sécurité et à la péréquation-transport qui, souligne la direction générale des hydrocarbures, permet de maintenir le niveau du prix du carburant sur l’ensemble du territoire national. Le sujet fâche notamment les transporteurs dont le président de la Coordination nationale des gares routières, Adama Touré. Le président du Comité de crise, Eric Amidou Diabaté, espère que le gouvernement sera sensible aux souffrances des automobilistes. La surchauffe du tarif des carburants, le mois dernier, avait conduit à des grèves et à des blocages de la circulation, notamment de la part des chauffeurs routiers. Le litre d’essence s’échangeait à 779 Fcfa tandis que le baril de pétrole connaissait un tassement à 84 dollars. En ce mois de mai, le Brent décote vers les 80 dollars, mais le prix du litre d’essence est loin d’avoir enregistré une décrue comparable. Pis, il vient d’être majoré de 10 Fcfa à 789 Fcfa. Autant dire que les récriminations des transporteurs n’ont, en effet, pas ému le gouvernement outre mesure. Ils se plaçaient, pourtant, en porte-voix d’une population ivoirienne «révoltée». Mais pour les pouvoirs publics, il faut réduire le déficit qui aurait pris des proportions inconsidérées au plus fort de la hausse du baril. Cependant, d’autres explications viennent battre en brèche le discours officiel, à commencer par la proportion prise par les marges de raffinerie et de distribution. Selon plusieurs experts, certains groupes d’intérêts font des «réserves sur les mar?ges», notamment les compagnies. «Le taux de marge est décidé de façon conjoncturelle, et dépend uniquement de l’évolution du marché, déclare-t-on. La part des marges demeure cependant minime, au vu de l’importance des prélèvements sur les produits pétroliers ainsi que par la TVA, qui représentent à eux deux environ 54% du prix de l’essence, con?tre «44% pour le gazole», se défend un dirigeant du Groupement des producteurs pétroliers. Le montant des deux taxes est fixe, et ne varie pas en fonction de l’évolution du prix du baril. Un quart du tarif du gazole est indexé sur les marges, contre seulement 22% pour l’essence (chiffres de la douane), d’où une différence de plus en plus tenue entre les tarifs des deux carburants. Quant au prix du baril, sa fluctuation entre à hauteur de 30% dans la variation du prix pour les consommateurs. Selon Jean-Marc Vasle, directeur général de Oil Trust, la franche remontée du dollar par rapport à l’euro (plus de 20%), ne contribue pas à une révision à la baisse, les transactions autour du baril de pétrole s’effectuant en monnaie américaine.
Difficile décomposition
La décomposition du prix de l’essence s’avère donc particulièrement complexe, et une éventuelle réduction des marges n’aurait pas un impact si évident que cela, pour le consommateur en tout état de cause. Mais le profit réalisé par les compagnies pétrolières, forcément arrangées par ces importantes augmentations de marge, fait naturellement tiquer les consommateurs. « Seul le marché décide, et les marges ont toujours amorti le prix du baril, à la hausse comme à la baisse», rappelle un cadre de Oilibya. Ces marges sont décidées à l’échelle internationale, pas seulement ivoirienne, ajoute-t-il. Dans ce contexte, seule une baisse des taxes sur les prix du carburant, semblerait en mesure de faire évoluer le prix à la pompe. Cette question, tel un serpent de mer, devient récurrente et tiendrait de la réduction générale du train de vie de l’Etat. Et dire qu’au Togo, les prix de l’essence et du gasoile sont respectivement de 445 F.cfa et 440 F.cfa. On peut toujours rêver.
Lanciné Bakayoko
Diminution des tarifs du carburant : cette option a perdu de son élan. Le gouvernement refuse de baisser ses taxes, arguant que cela pourrait entraîner une remise en cause de son budget. En 2009, la contribution des recettes pétrolières s’est élevée à 179,38 milliards Fcfa, soit 23 % du portefeuille global. En 2010, les prévisions sont de 195 milliards Fcfa, en hausse de 8,71 %. Mais, les yo-yo incessants du tarif à la pompe ont de quoi faire tourner la tête aux automobilistes.
Le boulet du fisc
Malgré la relative chute du prix du baril, le prix du litre des carburants n’a pas suivi la même décrue. Au grand dam des utilisateurs ivoiriens qui déplorent les prélèvements étatiques exorbitants (44% contre une moyenne de 30% dans la sous-région) ainsi que les autres types de prélèvement tels que celui relatif au stock de sécurité et à la péréquation-transport qui, souligne la direction générale des hydrocarbures, permet de maintenir le niveau du prix du carburant sur l’ensemble du territoire national. Le sujet fâche notamment les transporteurs dont le président de la Coordination nationale des gares routières, Adama Touré. Le président du Comité de crise, Eric Amidou Diabaté, espère que le gouvernement sera sensible aux souffrances des automobilistes. La surchauffe du tarif des carburants, le mois dernier, avait conduit à des grèves et à des blocages de la circulation, notamment de la part des chauffeurs routiers. Le litre d’essence s’échangeait à 779 Fcfa tandis que le baril de pétrole connaissait un tassement à 84 dollars. En ce mois de mai, le Brent décote vers les 80 dollars, mais le prix du litre d’essence est loin d’avoir enregistré une décrue comparable. Pis, il vient d’être majoré de 10 Fcfa à 789 Fcfa. Autant dire que les récriminations des transporteurs n’ont, en effet, pas ému le gouvernement outre mesure. Ils se plaçaient, pourtant, en porte-voix d’une population ivoirienne «révoltée». Mais pour les pouvoirs publics, il faut réduire le déficit qui aurait pris des proportions inconsidérées au plus fort de la hausse du baril. Cependant, d’autres explications viennent battre en brèche le discours officiel, à commencer par la proportion prise par les marges de raffinerie et de distribution. Selon plusieurs experts, certains groupes d’intérêts font des «réserves sur les mar?ges», notamment les compagnies. «Le taux de marge est décidé de façon conjoncturelle, et dépend uniquement de l’évolution du marché, déclare-t-on. La part des marges demeure cependant minime, au vu de l’importance des prélèvements sur les produits pétroliers ainsi que par la TVA, qui représentent à eux deux environ 54% du prix de l’essence, con?tre «44% pour le gazole», se défend un dirigeant du Groupement des producteurs pétroliers. Le montant des deux taxes est fixe, et ne varie pas en fonction de l’évolution du prix du baril. Un quart du tarif du gazole est indexé sur les marges, contre seulement 22% pour l’essence (chiffres de la douane), d’où une différence de plus en plus tenue entre les tarifs des deux carburants. Quant au prix du baril, sa fluctuation entre à hauteur de 30% dans la variation du prix pour les consommateurs. Selon Jean-Marc Vasle, directeur général de Oil Trust, la franche remontée du dollar par rapport à l’euro (plus de 20%), ne contribue pas à une révision à la baisse, les transactions autour du baril de pétrole s’effectuant en monnaie américaine.
Difficile décomposition
La décomposition du prix de l’essence s’avère donc particulièrement complexe, et une éventuelle réduction des marges n’aurait pas un impact si évident que cela, pour le consommateur en tout état de cause. Mais le profit réalisé par les compagnies pétrolières, forcément arrangées par ces importantes augmentations de marge, fait naturellement tiquer les consommateurs. « Seul le marché décide, et les marges ont toujours amorti le prix du baril, à la hausse comme à la baisse», rappelle un cadre de Oilibya. Ces marges sont décidées à l’échelle internationale, pas seulement ivoirienne, ajoute-t-il. Dans ce contexte, seule une baisse des taxes sur les prix du carburant, semblerait en mesure de faire évoluer le prix à la pompe. Cette question, tel un serpent de mer, devient récurrente et tiendrait de la réduction générale du train de vie de l’Etat. Et dire qu’au Togo, les prix de l’essence et du gasoile sont respectivement de 445 F.cfa et 440 F.cfa. On peut toujours rêver.
Lanciné Bakayoko