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Politique Publié le mercredi 12 mai 2010 | Nuit & Jour

La Chronique de Jean Henri Kwahulé - Pourquoi le RJDP se trompe de combat

Le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo s’est rendu le lundi 10 mai dernier à la résidence de Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA pour débattre des questions relatives à la sortie de crise. Entre autres, la marche du 15 mai que projette d’organiser la jeunesse du RHDP. Mais, de sources concordantes, il semblerait que le président du PDCI a opposé un refus poli mais ferme à la requête du Chef de l’Etat qui voulait, non pas interdire ladite marche mais le report de celle-ci. De sorte qu’elle puisse se tenir après les Assemblées annuelles de la Banque Africaine de Développement (BAD) que compte tenir l’institution les 27 et 28 mai prochains à Abidjan. La requête de Laurent Gbagbo obéissait donc, on le voit, à un souci d’intérêt général et procédait surtout d’une grande responsabilité. Ayant la charge de l’Etat, il lui revenait, au moment où la BAD dont le départ d’Abidjan avait causé tant de préjudices à l’économie nationale, de monter en première ligne pour rassurer justement les responsables de l’institution financière. C’est le sens de la démarche citoyenne et de grande courtoisie qu’il a entreprise le lundi 10 mai dernier en se rendant en personne au domicile de Bédié.
Mais, il semble qu’en face, il n’est pas été suffisamment compris. Aussi, lui a-t-on opposé le droit de l’opposition à manifester. Certes, mais il importe de ne point se voiler la face. Chacun sait la situation de forte paupérisation que vivent les Ivoiriens. Il est évident que l’organisation des élections est un préalable indépassable au retour de la paix, mais doit-on pour autant occulter l’importance du retour de la BAD en Côte d’Ivoire ? Sous le prétexte, commode, au demeurant, que l’on n’a aucune visibilité ni lisibilité quant à la date du prochain scrutin présidentiel.
Est-il juste, au surplus, d’opposer la tenue des Assemblées annuelles de la BAD au retour de la paix ? L’une est un long processus dont l’aboutissement dépend de la volonté des Ivoiriens à se retrouver autour de l’essentiel, l’autre est une formidable opportunité offerte à la Côte d’Ivoire et à son économie qui pourrait bénéficier des retombées du retour de la BAD.
Il n’est donc pas opportun et pertinent de banaliser les Assemblées annuelles de la BAD. Les uns et les autres devraient, au contraire, se réjouir de cette occurrence qui, à la vérité, participe du retour de la paix. C’est pourquoi, l’obstination du RJDP à organiser, vaille que vaille, sa marche le 15 mai peut être condamnée. La jeunesse du RHDP ne peut, en tout état de cause, exciper de son droit à manifester pour maintenir, en dépit des adjurations du pouvoir, sa marche. Ce faisant, le RJDP fait une mauvaise lecture de la situation. Et semble oublier que la Côte d’Ivoire est en crise depuis bientôt huit (8) ans. La jeunesse de l’opposition ne peut donc faire fi de la situation de crise que traverse le pays et agir comme si tout allait bien en brandissant son droit à manifester.
Elle devrait, de plus, comprendre que le retour de la BAD est une affaire nationale qui transcende les partis politiques. Aucun Ivoirien digne de ce nom ne devrait donc rester insensible à ce regain d’intérêt manifesté par une institution comme la BAD à l’égard de la Côte d’Ivoire. L’opposition au régime Gbagbo ne devrait donc pas lui faire perdre de vue l’essentiel qui est et demeure l’intérêt supérieur de la nation. Faute de l’avoir compris, le RJDP est visiblement en train de se tromper de combat. On peut le déplorer. Et pourtant les termes de l’équation étaient simples. Il s’agissait de reporter la marche au lendemain des Assemblées annuelles de la BAD. Dans l’intérêt général. Rien que ça !
Il n’était donc pas question, on l’aura compris, d’empêcher le RJDP de marcher. Mais la propension du RHDP à contester de manière systématique et à contrarier la Refondation semble désormais obérer la capacité d’analyse et le sens du discernement de cette opposition-là. Hélas !

Jean Henri Kwahulé
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