La crise ivoirienne est-elle vraiment un casse-tête chinois comme beaucoup d'observateurs semblent le penser ?
La double visite du chef de l'Etat aux leaders du Rhdp, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara, offre des raisons légitimes de croire le contraire. Tout paraît si simple quand on met l'orgueil de côté pour se parler comme des frères d'un même pays. En initiant un dialogue direct inter-ivoirien au vrai sens du terme, Bédié, Ouattara et Gbagbo redonnent vie à ce qu'on a appelé par le passé " l'exception ivoirienne ".
La politique est un art qui s'exerce avec talent et intelligence.
Les présidents Bédié et Ouattara avaient toutes les raisons de rejeter ou de refuser de rencontrer Gbagbo. Un homme qui a ruiné son capital crédit aux yeux d'une partie de l'opinion nationale par ses volte-face spectaculaires, un chef d'Etat qui a toujours manifesté un mépris souverain à l'égard de ses opposants qu'il n'hésite pas à narguer " Tu n'es rien, tu n'as rien et tu promets des milliards ", disait Gbagbo.
Pis, le chef de l'Etat n'a jamais respecté un accord jusqu'au bout. Il a toujours appliqué les accords politiques selon sa grille de lecture et ses intérêts. De sorte qu'en appelant au dialogue MM Bédié et Ouattara, ceux-ci étaient pleinement fondés à lui opposer une fin de non recevoir. En alléguant qu'il s'agissait là d'une autre manœuvre de diversion, une ruse.
Mais Bédié et Ouattara ont pris tout le monde à contre-pied, y compris leurs propres militants et leurs alliés politiques. Ils se sont déclarés ouverts au dialogue prôné par Gbagbo. Ils ont su faire preuve d'élévation, de grandeur d'âme.
La deuxième chose importante, c'est que pris dans le contexte particulier de la veille de la marche du 15 mai, Bédié, Ouattara et le Rhdp ont voulu prendre l'opinion à témoin sur leur volonté de négocier une sortie de crise en douceur, sans violence.
Contre le gré de leurs militants décidés à en découdre une fois pour toutes avec Gbagbo qui refuse d'aller aux élections, Bédié et Ouattara ont pris la lourde responsabilité de reporter la marche du 15 mai. Une marche qualifiée d'insurrectionnelle par le régime de Gbagbo.
Dans un communiqué conjoint, les deux hommes ont déclaré leur aversion pour la violence.
Les rencontres proprement dites avec Laurent Gbagbo ont permis à Bédié et à Ouattara d'obtenir ce que la marche pacifique du 15 mai devrait permettre de forcer Gbagbo à concéder. Entre autres, la reprise du contentieux électoral, la liste électorale définitive et la date de la présidentielle.
Malgré le retard considérable accusé, les choses semblent redécoller au lendemain de ces rencontres au sommet. Les réclamations sur la liste grise des 1,033 pétitionnaires a démarré depuis le 17 mai et devrait s'achever le 1er juin prochain, date à laquelle le contentieux proprement dit sera enclenché pour déboucher sur la liste électorale définitive.
Mais avant, Gbagbo aurait pris l'engagement devant le président du Rdr de recevoir le Premier ministre et le président de la Cei pour arrêter ce qui devrait être la date définitive des élections en Côte d'Ivoire.
Comme on le voit, si Gbagbo, Bédié, Ouatatra et Soro acceptent de jouer avec sincérité la carte de la bonne foi, la Côte d'Ivoire peut aller aux élections sans douleur, sans couac, sans faire encore des morts.
S'ils arrivent à se faire confiance et à se mettre d'accord pour avancer, on n'aura même plus à recourir au Facilitateur Blaise Compaoré, encore moins à la communauté internationale. La sortie de crise est une affaire ivoiro-ivoirienne, on l'a souvent dit. C'est dans les urnes que chacun doit montrer qu'il est le plus fort. Mais ce qui a compliqué les choses jusqu'ici, c'est que chacun a voulu écraser l'autre, montré qu'il est le plus fort avant le début de la partie ou du scrutin.
Akwaba Saint Clair
La double visite du chef de l'Etat aux leaders du Rhdp, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara, offre des raisons légitimes de croire le contraire. Tout paraît si simple quand on met l'orgueil de côté pour se parler comme des frères d'un même pays. En initiant un dialogue direct inter-ivoirien au vrai sens du terme, Bédié, Ouattara et Gbagbo redonnent vie à ce qu'on a appelé par le passé " l'exception ivoirienne ".
La politique est un art qui s'exerce avec talent et intelligence.
Les présidents Bédié et Ouattara avaient toutes les raisons de rejeter ou de refuser de rencontrer Gbagbo. Un homme qui a ruiné son capital crédit aux yeux d'une partie de l'opinion nationale par ses volte-face spectaculaires, un chef d'Etat qui a toujours manifesté un mépris souverain à l'égard de ses opposants qu'il n'hésite pas à narguer " Tu n'es rien, tu n'as rien et tu promets des milliards ", disait Gbagbo.
Pis, le chef de l'Etat n'a jamais respecté un accord jusqu'au bout. Il a toujours appliqué les accords politiques selon sa grille de lecture et ses intérêts. De sorte qu'en appelant au dialogue MM Bédié et Ouattara, ceux-ci étaient pleinement fondés à lui opposer une fin de non recevoir. En alléguant qu'il s'agissait là d'une autre manœuvre de diversion, une ruse.
Mais Bédié et Ouattara ont pris tout le monde à contre-pied, y compris leurs propres militants et leurs alliés politiques. Ils se sont déclarés ouverts au dialogue prôné par Gbagbo. Ils ont su faire preuve d'élévation, de grandeur d'âme.
La deuxième chose importante, c'est que pris dans le contexte particulier de la veille de la marche du 15 mai, Bédié, Ouattara et le Rhdp ont voulu prendre l'opinion à témoin sur leur volonté de négocier une sortie de crise en douceur, sans violence.
Contre le gré de leurs militants décidés à en découdre une fois pour toutes avec Gbagbo qui refuse d'aller aux élections, Bédié et Ouattara ont pris la lourde responsabilité de reporter la marche du 15 mai. Une marche qualifiée d'insurrectionnelle par le régime de Gbagbo.
Dans un communiqué conjoint, les deux hommes ont déclaré leur aversion pour la violence.
Les rencontres proprement dites avec Laurent Gbagbo ont permis à Bédié et à Ouattara d'obtenir ce que la marche pacifique du 15 mai devrait permettre de forcer Gbagbo à concéder. Entre autres, la reprise du contentieux électoral, la liste électorale définitive et la date de la présidentielle.
Malgré le retard considérable accusé, les choses semblent redécoller au lendemain de ces rencontres au sommet. Les réclamations sur la liste grise des 1,033 pétitionnaires a démarré depuis le 17 mai et devrait s'achever le 1er juin prochain, date à laquelle le contentieux proprement dit sera enclenché pour déboucher sur la liste électorale définitive.
Mais avant, Gbagbo aurait pris l'engagement devant le président du Rdr de recevoir le Premier ministre et le président de la Cei pour arrêter ce qui devrait être la date définitive des élections en Côte d'Ivoire.
Comme on le voit, si Gbagbo, Bédié, Ouatatra et Soro acceptent de jouer avec sincérité la carte de la bonne foi, la Côte d'Ivoire peut aller aux élections sans douleur, sans couac, sans faire encore des morts.
S'ils arrivent à se faire confiance et à se mettre d'accord pour avancer, on n'aura même plus à recourir au Facilitateur Blaise Compaoré, encore moins à la communauté internationale. La sortie de crise est une affaire ivoiro-ivoirienne, on l'a souvent dit. C'est dans les urnes que chacun doit montrer qu'il est le plus fort. Mais ce qui a compliqué les choses jusqu'ici, c'est que chacun a voulu écraser l'autre, montré qu'il est le plus fort avant le début de la partie ou du scrutin.
Akwaba Saint Clair
