Laurent Gbagbo, le plus simple est de le connaître. Le connaître très bien. Dans l’exercice du pouvoir politique et présidentiel, Laurent Gbagbo ne cultive ni le paradoxe, ni le mystère. Je serai pardonné, si j’écris que mes chances de me tromper sont faibles. Je connais Laurent Gbagbo depuis le lycée classique d’Abidjan. Je connais Laurent Gbagbo opposant politique historique à Félix Houphouët-Boigny. J’ai lu tous les livres écris par Laurent Gbagbo dont ‘’Agir pour les libertés’’. C’est bien dans ce livre, préfacé par maître Gouhiri Tiéro, que se trouvent toutes les options des batailles politiques, favorables aujourd’hui à Laurent Gbagbo, président de la République. Et, aussi, j’ai lu de Laurent Gbagbo, d’autres ouvrages, particulièrement ‘’réflexions sur la conférence de Brazaville’’ (1978) ‘’Pour une alternative démocratique en Côte d’Ivoire (1982)’’. Il faut l’avouer, pour ceux qui connaissent bien l’actuel président, Laurent Gbagbo est un homme politique courageux. C’est surtout, sur cette approche qu’il a construit son avenir. Mais aussi bien entendu, Laurent Gbagbo est un intellectuel politique. De 1980 à 1982, il dirigea l’institut d’histoire, d’art et archéologie africain d’Abidjan. Docteur en histoire, Laurent Gbagbo a longtemps combattu le parti unique de Félix Houphouët-Boigny. Combat qui conduisit Laurent Gbagbo en prison en 1969, 1971, et en février 1992. L’explication, c’est que l’historien Laurent Gbagbo avait une autre option politique et économique pour la Côte d’Ivoire : le multipartisme, la démocratie et le socialisme. Aussi, Laurent Gbagbo avait des considérations tactiques, pourvues de grands principes pour chaque région, et département de la Côte d’Ivoire. Président de la Côte d’Ivoire depuis une dizaine d’années, Laurent Gbagbo a du mal à mettre en ‘’valeur’’ ses objectifs précis, qui dérangent et qui soulèvent des échos dans le cœur de ses adversaires. En France, tout comme en Côte d’Ivoire, faute d’avoir échoué à mettre Laurent Gbagbo à nu, l’Elysée parle du président de la République de Côte d’Ivoire comme un ‘’voyou’’. Tandis que l’opposition politique ivoirienne parle de Laurent Gbagbo quand elle n’a pas d’arguments à convaincre ses militants, sombre dans la destruction massive. Il y a dix ans, et à chaque fin d’année, l’opposition politique ivoirienne avait prédit le départ de Laurent Gbagbo à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire par un coup d’Etat militaire. Dix ans après, même Jacques Chirac à l’époque locataire de l’Elysée, aujourd’hui à la retraite, a du mal à croire, que Laurent Gbagbo est encore président et vivant. 10 ans aujourd’hui ; le palais de la présidence de la République est devenu le véritable centre du pouvoir de Laurent Gbagbo, qu’aucun geste ‘’anti-républicain’’ ne peut faire partir, sans une compétition démocratique. Gbagbo Laurent anti-démocratique ? Pour moi, c’est difficile à imaginer, lorsqu’on prend honnêtement, la peine de regarder, pendant 20 ans, le parcours politique de Laurent Gbagbo. Une vie politique exemplaire et patiente. Laurent Gbagbo dictateur ? Difficile à imaginer aussi lorsqu’on prend la peine de regarder et lire la presse ivoirienne. Sans exagération, elle est la plus libre du continent. Le ministre ivoirien de la communication, Ibrahim Sy Savané, professionnel de l’information le sait lui-même. La presse ivoirienne dit tout. Ecris tout… même ce qu’elle ne sait pas. Mais Laurent Gbagbo tolère cette ‘’façon de faire’’ de la presse ivoirienne, très loin de l’éthique et de la déontologie. Signe des temps, Laurent Gbagbo aura 65 ans le 31 mai prochain. Et, très intelligent, l’historien et opposant politique de la Côte d’Ivoire indépendante, connaît bien son pays. Aujourd’hui, Laurent Gbagbo a emprunté la même voie de développement, que Félix Houphouët-Boigny, mais en inversant la formule, convainquant tout de même les houphouétistes radicaux, version RHDP. Ce n’est pas méchant. Il faut simplement observer, et comprendre l’exercice du pouvoir chez Laurent Gbagbo : rien que des valeurs politiques professionnelles et humaines. Et, c’est précisément sur ce terrain de la restructuration de la Côte d’Ivoire, que Laurent reste encore incompris, suscite la perte de ‘’vitesse politique’’ dans le peloton de l’opposition ivoirienne… ce n’est pas méchant. Et, c’est peut-être normal, si Laurent Gbagbo voit et court plus que tout le monde.
Par Ben Ismaël
Par Ben Ismaël