Motus : Gaspillage

Partout sur le continent africain, on célèbre le cinquantenaire. A grands moyens et à grands renforts de publicité, nos dirigeants ouvrent le temps de la fête. Pas question de laisser passer cette opportunité de gaspiller l’argent du contribuable et surtout de s’en mettre plein les poches. Le Togo, le Sénégal, le Cameroun et bien d’autres pays ont fait la bombance. La Côte d’Ivoire s’active à organiser son cinquantenaire. L’ambassadeur Pierre Kipré a abandonné les Ivoiriens de France, pour prendre l’organisation de cette foire. Il parle d’un budget de 20 milliards. Pour le moment, il n’a récolté qu’un seul. C’est peu de dire qu’il a du pain sur la planche. A bien réfléchir, on en est à s’interroger sur le sens de cette fête pour la Côte d’Ivoire. Quelle opportunité pour un pays sous dépendance, arrimé sur les caisses des grandes nations, de célébrer un cinquantenaire ? Quel mérite y a-t-il de se réjouir d’une dépendance qui frise un nouvel assujettissement ? La vraie indépendance dans un monde en pleine mutation, n’est-elle pas d’abord économique ? Sur ce plan, le continent noir est à la traîne, dans les abysses et méandres d’un mal développement qui va en empirant. En définitive, quels sont les acquis d’une Indépendance, mis à part la devise, le drapeau, le territoire et l’hymne national ? On aurait bien voulu voir nos gouvernants faire l’éventail des retombées de ces indépendances octroyées. Surtout nous dire à quel niveau de développement se trouve l’Afrique en 2010 ? Autant le dire tout net ! Pour la plupart, les opposants dits historiques qui sont en ce moment aux affaires, ont complètement clochardisé, zombifié et balafré nos pays. Après avoir ouvert la critique violente et virulente des « pères des indépendances », les nouveaux gouvernants se surprennent à donner dans la mauvaise gouvernance, le déni de justice, l’arbitraire, le népotisme, le clientélisme, le clanisme, la gabegie, la concussion des biens publics. Autant de maux qui ont perclus nos Etats et vidé l’indépendance de toute sa signification. Pour tout dire, le cinquantenaire qui se déroule ici et là, n’a aucune importance, si ce n’est de dilapider les pauvres sous d’un peuple à l’article de la mort .

Bakary Nimaga