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Économie Publié le jeudi 27 mai 2010 | Fraternité Matin

Investissements : la grande offensive marocaine

Le salut des entreprises marocaines passe par les relations avec les pays d’Afrique subsaharienne». Ces propos tenus par le ministre marocain des Affaires étrangères, Cheikh Khalifa Ban Zayed, à la cérémonie de clôture du «Forum Afrique développement» organisé les 29 et 30 avril derniers à Casablanca, montrent toute la détermination du Maroc dans son offensive commerciale en Afrique, notamment dans les régions de l’ouest et du centre. Tous ceux qui étaient à l’hôtel Hiatt Regency de Casablanca pendant les deux jours d’échanges ont pu s’en rendre compte.

Les entreprises marocaines, dans le cadre de leur stratégie de développement, ont jeté leur dévolu sur l’Afrique occidentale et centrale. Avec l’appui des autorités politiques de leur pays, elles entendent y booster leurs investissements.

A titre indicatif, entre 2003 et 2009, les investissements des entreprises et banques marocaines en Afrique ont atteint plus de 12, 254 milliards de dirhams (monnaie locale), environ 730 milliards de Fcfa.

Aujourd’hui, les Marocains souhaitent la signature d’accords de partenariat économique et d’accords préférentiels avec les régions de l’Uemoa et la Cemac. Le ministre marocain des Affaires étrangères a insisté là-dessus à la clôture du forum. Parce qu’il estime que c’est dans l’intérêt des différents pays concernés que ces accords y soient signés, le ministre invite les patronats à faire pression sur les gouvernants pour que les entraves soient levées. Pour lui, «la logique régionale doit prévaloir sur la logique nationale». D’où son invitation à l’endroit des entreprises africaines à chercher aussi à s’installer au Maroc.

Dans cette volonté manifeste du Maroc de s’orienter davantage vers l’Afrique sub-saharienne, le groupe Attijariwafa Bank se présente comme un levier important. Après avoir racheté au groupe bancaire français, le Crédit agricole, ses filiales dans cinq pays africains, il s’y donne les moyens de conquérir le monde des affaires. C’est ainsi qu’en marge du forum qu’il a organisé, le groupe bancaire a signé un protocole de garantie avec l’Agence française de développement (Afd). Cette garantie lui permet, à travers ses filiales, de soutenir les investissements de ses clients, notamment les Pme.

C’est bien dans le but d’une «conquête» de l’Afrique que le groupe Attijariwafa Bank a organisé le Forum Afrique développement. En fait, son objectif était de réunir, en un seul endroit, les opérateurs économiques du Maroc et ceux des pays des zones Uemoa et Cemac. Pour une première édition, il faut reconnaître que cela a été un succès. Ce sont 900 entreprises qui se sont ruées sur cette plate-forme qui leur a permis d’échanger et de nouer des partenariats gagnant-gagnant. Leurs représentants ont été très actifs au cours des rencontres «B to B» que les organisateurs ont aménagées à leur intention, au cours des deux jours du forum. Les agents des secteurs de la logistique et transport, du Btp, de la mécanique, de l’électricité et de l’agro business ont été les plus dynamiques.

Le rassemblement réussi, le président directeur général d’Attijariwafa, Mohamed El Kettani, était à l’aise pour dérouler son programme d’activités en direction du monde des affaires africain. Le groupe s’engage, entre autres, à apporter «des solutions adéquates aux problématiques de financement et d’assistance pour la mise en oeuvre de leurs projets». Pour le patron d’Attijariwafa, le Forum Afrique développement aura permis au groupe bancaire d’être éclairé davantage sur les besoins des participants. Ce qui l’aidera à mieux répondre aux différentes préoccupations des uns et des autres.

Lui aussi rappelle «l’incontournable intégration» qui ne doit souffrir aucune entrave. «Il ne faut pas se laisser piéger par les obstacles, les freins, les faiblesses, les problèmes de pauvreté, etc. Si nous n’agissons pas, nous n’avançons pas. Et c’est le rôle de tout investisseur, quel que soit son secteur d’activité: prendre des risques, les assumer et interagir avec les pouvoirs publics». Pour lui, tout le monde est condamné à avancer dans le sens de l’intégration. «Il ne faut même pas attendre que les leviers soient actionnés, ou que les obstacles soient levés... Il faut se jeter à l’eau. Il faut entamer le processus de coopération Sud-Sud. C’est par la suite que les entrepreneurs formeront une voix qui va leur permettre d’exprimer leurs besoins auprès des décideurs politiques», conseille Mohamed El Kettani.

C’est ce que, dit-il, les 12400 collaborateurs du groupe Attijariwaffa Bank ont compris et vivent au quotidien. «Nous sommes un édifiant exemple et laboratoire de coopération Sud-Sud...», dit-il. Il rappelle, entre autres, que son groupe est une entreprise privée, cotée à la bourse de Casablanca. Bien que conscient des obstacles et freins éventuels, cela n’a pas empêché la banque, en tant qu’acteur privé d’aller vers l’investissement dans une dizaine de pays africains. Car, avance-t-il, «elle a confiance en l’avenir du continent. Nous sommes une banque essentiellement africaine». D’où sa volonté de contribuer à la bancarisation dans les pays de l’Afrique de l’ouest, du centre et du Maghreb. En fait, et les dirigeants du groupe bancaire ne le cachent pas, la politique d’investissement d’Attijariwafa en Afrique de l’ouest et du centre est mue par la recherche d’opportunités et de croissance externes du groupe au niveau des régions concernées.

Dans son offensive, le Maroc ne compte pas s’arrêter au Forum Afrique développement. Un autre instrument de ses ambitions fédératives au niveau des affaires est annoncé. Il s’agit d’un hub régional de la finance et de la banque. C’est un projet d’envergure lancé par le roi du Maroc, Mohamed VI. Ce hub va accueillir les sièges régionaux des grands opérateurs internationaux en la matière. «Les entreprises africaines pourront ainsi bénéficier d’instruments de financement encore plus compétitifs, plus modernes pour les accompagner dans leur internationalisation», expliquent les initiateurs.

Face à toutes ces initiatives du Maroc, un diplomate d’un pays de l’Afrique occidentales en poste dans cet Etat, faisait remarquer, à l’issue du Forum Afrique développement, que les possibilités des entreprises marocaines dépassent le seul marché de leur pays. Il a donc intérêt à se tourner vers l’Afrique. D’où l’offensive actuelle. Reste donc aux opérateurs économiques des pays cibles de saisir l’opportunité. A son niveau, il a décidé de contribuer au renforcement des liens entre le monde des affaires de son pays et celui du Maroc. Il prépare, à cette fin, une rencontre dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance de son pays.

Alakagni Hala

Envoyé spécial à Casablanca
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