Fermeture de la Sorbonne au Plateau. - Pasteur Gammi : « Nous raser la maison d’Akossi Bendjo, si jamais… »

La bataille rangée entre les allons autorités municipales du Plateau et les « Sorbonnards » fait rage. Dans cette interview, le président de l’ex-Miloci, Pasteur Gammi, menace et fait des révélations sur l’action du maire Akossi Bendjo

Quel est l’objet de votre visite ce matin à notre Rédaction?

Je suis venu porter une information à la connaissance des Ivoiriens. Chaque année, nous fêtons l’anniversaire du Président de la République. Et nous profitons de l’occasion pour lui rendre hommage. Le thème choisi cette année est ‘’Dignité et Indépendance de la Côte d’Ivoire’’. L’événement aura lieu le 31 mai à la Sorbonne au Plateau.

Nous sommes étonnés que vous souhaitiez organiser un tel évènement à la Sorbonne, puis que le maire du Plateau veut raser le site…

Le maire du Plateau est malhonnête. C’est un bon artiste, c’est un bon comédien. Pourquoi avoir attendu les assemblées annuelles de la Bad pour réagir de la sorte ? Je crois que c’est un complot qu’il préparait depuis longtemps. Mais qu’il prenne garde. Nous allons rester à la Sorbonne et personne ne pourra nous enlever de là, car il y a un protocole d’accord qui lie la Sorbonne, la mairie et le ministère de l’Intérieur. Tant que cet accord n’est pas dénoncé, nous resterons là.

Que dit ce protocole d’accord ?

Il dit que la Sorbonne sera fermée après les élections générales en Côte d’Ivoire, à cause de la situation sociale de ceux qui sont là-bas, à savoir les veuves, les orphelins, les déplacées de guerre, etc. qui y gagnent leur pain quotidien. On ne peut pas les déplacer du jour au lendemain. Leur départ doit être préparé. Or nous avons appris qu’Akossi Bendjo est en train de recruter des jeunes du Plateau qu’il conditionne en vue d’attaquer la Sorbonne. Mais attention ! C’est parce que nous suivons Laurent Gbagbo que nous sommes pacifiques. Et aussi à cause des assemblées annuelles de le Bad que nous ne réagissons pas. Si le maire Akossi Bendjo s’en prend à la Sorbonne, nous aussi, nous allons raser sa maison au Plateau. Et il sera interdit de séjour au Plateau.

Ce que vous dites là est grave. Pourquoi voulez-vous raser sa maison, lui interdire le séjour au Plateau, alors que pour les mêmes assemblées de la Bad, d’autres maires sont entrain de mettre de l’ordre dans leur commune ?

Ce n’est pas la même chose. La Sorbonne est un lieu clos. C’est un lieu clos qui ne gêne pas les activités de la Bad. Contrairement à ce que dit Akossi Bendjo, la Sorbonne est lieu de sécurité. Ce n’est pas non plus un lieu de prostitution comme il le dit. Peut-être que c’est lui-même qui se prostitue à la Sorbonne. Sinon, comment peut-il être à l’extérieur de la Sorbonne et crier sur les radios internationales et nationales que c’est un lieu de prostitution et de délinquants. Qui sont ces délinquants-là ? Qu’Akossi Bendjo fasse attention ! Ces personnes qu’il voit à la Sorbonne, ces jeunes qu’il appelle délinquants font partie de ceux qui, en 2004, ont offert leur vie face aux canons meurtriers de la Licorne pour sauver la Côte d’Ivoire. Ce sont ces gens-là qui sont des frustrés et qui ne disent rien à cause du Président de la République. Ils ont lutté contre le lion, ce n’est donc pas une sauterelle qui va leur faire peur.

Pensez-vous que l’acte du maire du Plateau cache d’autres intensions que l’idée de salubrité mise en avant ?

Oui, Akossi Bendjo est un rebelle. Il fait partie de l’aile dure du Pdci. Comme leur marche du 15 mai n’a pas eu lieu, il veut prendre pour prétexte la Sorbonne pour aboutir au même résultat qui est de créer les troubles aux yeux de nos étrangers de la Bad. Il veut troubler Abidjan à partir de la Sorbonne. Nous le savons et c’est pourquoi nous nous sommes calmés. Il est en train de recruter des loubards pour venir nous attaquer. Si cela peut lui faire plaisir, nous n’y voyons aucun problème. Mais qu’Akossi Bendjo sache que nous sommes plus que ces loubards. Moi Pasteur Gammi qui vous parle, j’ai dépassé le stade de loubard. Et comme moi il y en a plusieurs à la Sorbonne. A un moment donné de la crise que nous ont imposée les parrains d’Akossi Bendjo, nous autres nous avons utilisé les armes, nous avons fait la guerre (il prend un air sérieux). Si Akossi Bendjo s’amuse à mettre des jeunes dans la rue contre la Sorbonne, il y aura une boucherie ! Nous allons affronter comme il se doit les rebelles d’Akossi Bendjo.

Quelles preuves avez-vous que le maire du Plateau recrute des loubards pour attaquer la Sorbonne ?

Il a tenu une réunion le mardi avec des gens dont nous avons les noms. Il est en train de recruter des loubards dont certains sont venus se confier à nous. Nous veillons 24h/24 à la Sorbonne. Nous avons toutes les preuves de ce qu’il veut faire.

La Sorbonne est un lieu de libre expression, que vient faire un redoutable chef de guerre de l’Ouest comme Pasteur Gammi dans ce lieu ?

Sachez-le bien, Pasteur Gammi est parti de la Sorbonne pour aller à l’Ouest. N’oubliez pas aussi que nos jeunes, nos éléments qui ont combattu avec nous à l’Ouest se débrouillent à la Sorbonne. Beaucoup y gagnent leur pain en vendant des documents, des films témoignages, des vêtements et autres. D’autres y travaillent dans la restauration. Tous ces gens-là, où allons-nous les mettre, que deviennent-ils ? Voilà le fond de la question, et le sens du protocole d’accord que le maire du Plateau est en train de violer. Mais au-delà, à la Sorbonne, il y a des orateurs qui informent le peuple sur la vie de la nation en ces temps de crise. Ils lisent ou collectent des informations sensibles pour les mettre à la disposition du peuple gratuitement. Alors, la situation étant encore alambiquée, on ne peut pas parler de fermeture de cet endroit. La Sorbonne existait au moment où la Bad était à Abidjan. La question de salubrité est un prétexte qui ne saurait prospérer.

Avant d’enclencher la procédure de déguerpissement, le maire a-t-il échangé avec les occupants des lieux sur le protocole d’accord dont vous avez parlé plus haut ?

Il n’a consulté ni rencontré personne. Il a seulement pris un arrêté municipal et est passé à l’acte. Mais nous disons qu’un arrêté municipal n’est pas au-dessus d’un arrêté ministériel. Je pense qu’il se comporte en bandit, mais il trouvera plus bandits que lui. Qu’il sache que nous l’avons à l’œil. S’il le faut, nous ferons venir nos combattants de l’Ouest de la Côte d’Ivoire pour garder la Sorbonne. Qu’Akossi ne nous pousse pas à bout !

Revenons à la journée d’hommage au chef de l’Etat que vous organisez le 31 mai prochain, quels seront les temps forts ?

Il y aura le discours du parrain, le directeur général des douanes ivoiriennes, le colonel Mangly, qui sera présent. Il y aura aussi les orateurs de la Sorbonne qui vont décortiquer le thème « dignité et indépendance la Côte d’Ivoire ». Chacun, avec son art oratoire, nous dira pourquoi Laurent Gbagbo incarne la dignité et l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Nous allons expliquer pourquoi le président Gbagbo est l’homme qui incarne la dignité de ce pays. A partir de cette journée, nous irons à la rencontre du pays profond pour expliquer la même chose.
Votre commentaire sur le non lieu accordé au général Poncet dans l’affaire Mahé que vous connaissez bien ?

La France elle-même est un pays criminel. Les soldats français ont tué Mahé, ils ont endeuillé une famille et fait des orphelins. Quand ce procès s’est ouvert, moi Gammi je savais que c’était une comédie qui se terminerait comme c’est le cas aujourd’hui. Le général Poncet est bel et bien coupable, ses soldats ont tué Mahé sur ses ordres. Mais il n’y a pas que Mahé seul qu’ils ont tué à l’Ouest. L’armée française y a tué beaucoup de jeunes Ivoiriens, elle y a violé des femmes et tourné des vidéos pornographiques. Poncet est bien coupable. Que la France déclare un non lieu, c’est le pire qui pouvait lui arriver. La France n’est pas un pays de droit de l’Homme. Je voudrais terminer en invitant les Ivoiriens à la Sorbonne le 31 mai pour, ensemble, débuter ce vaste mouvement qui va parcourir tout le pays dans le mois de juin pour expliquer le combat patriotique du Président Gbagbo

Barthélemy Téhin
Coll : Aristide Ottré