A l’Université d’Abobo Adjamé, les étudiants ont transformé les anciens locaux de l’Inphb en cité universitaire appelé ’’Kosovo’’. Là, livrés à eux-mêmes, ils survivent tant bien que mal.
Lorsque nous arrivons ce mardi soir au “Kosovo”, à l’université d’Abobo Adjamé, après maintes recherches, nous sommes désarçonné par le spectacle qui s’offre à nous. Les étudiants qui sont à présent les maîtres de ces lieux, naguère occupés par les professeurs de l’Institut national polytechnique Houphouët Boigny (Inphb), font grise min. Ils ont surtout en commun les yeux enfoncés dans leurs orbites. « Un Kosovar est toujours grave, toujours pensif, préoccupé par sa survie quotidienne. La dénomination Kosovo n’a pas été choisie au hasard. C’est pour nous rappeler les Kosovar qui fuyaient la guerre munis de baluchons. Ici, il n’y a pas de place réservée et nous sommes 800 étudiants depuis 2003-2004», explique un étudiant sous le sceau de l’anonymat. Il nous invite à le suivre jusqu’à l’Ures de Korhogo, pour constater la misère que vivent les habitants du Kosovo au quotidien. Là, nous restons sans voix devant le spectacle qui s’offre à nous. Des compartiments restreints à la dimension d’un cagibi à lapins qui ont servi autrefois pour les expériences de l’Inphb, sont maintenant des chambres à coucher. Une table et un banc constituent le décor pour certains compartiments tandis que d’autres, un peu plus grands, ont pour seul meuble, un lit recouvert d’une moustiquaire. Yao Kouadio Olivier, étudiant en médecine, devant notre air interrogateur, nous explique que pour accéder à ces ’’trous’’, il faut sauter. Le plus pénible, selon lui, c’est la nourriture qui constitue une quête perpétuelle et l’impossibilité d’étudier dans de bonnes conditions. « Nous sommes obligés d’aller étudier dans les amphithéâtres et parfois de dormir là bas. Pour la nourriture, la brousse que vous voyez regorge de nombreux animaux dont des pythons et des gazelles avec lesquels nous nous nourrissons », explique ce dernier. Notre guide insiste pour indiquer les ’’toilettes’’ de cet endroit ou ce qui est appelé comme tel. Car, c’est un morceau de plastique perforé accroché à des bouts de bois formant un quadrangle qui sert de douche. Pour les lieux d’aisance, la nature est la bonne adresse, nous explique-t-on. Nous continuons ensuite, toujours accompagnés de notre guide vers le bâtiment G ou le ‘’ Kosovo des filles’’. « C’est difficile pour elles de quitter Yopougon, Cocody ou une autre commune pour venir suivre les cours. Elles ont donc utilisé les anciens bureaux de l’Inphb comme chambres à coucher », explique notre guide. Là, dans des chambres contigües, 15 à 21 filles cohabitent par chambre. Dans la première chambre visitée, 15 filles sont propriétaires des lieux. Sur le sol, quatre matelas d’une place, sont déposés à même le sol très dégradé. Le plafond est percé par endroits. La peinture du mur n’existe plus depuis longtemps. Dans la chambre s’amoncellent plusieurs sacs de voyages et des ustensiles de cuisine. Les étudiantes qui nous accueillent ont le visage grave. « C’est très difficile pour nous de vivre dans ces conditions. Nous sommes 15 filles dans cette chambre et heureusement certaines dorment la journée et d’autres la nuit dans les amphithéâtres. Quand il pleut, le toit coule et la chambre est inondée. Mais le plus dur, ce sont les toilettes. Il y a une seule toilette pour 100 filles et donc il faut se réveiller à 4 h du matin pour être parmi les premières dans la file d’attente. Celles qui sont pressées sont obligées de se laver au vu et au su de tous. Que l’Etat aie pitié de nous en construisant une cité ici », déplore Salami Kadidiatou, étudiante en tronc commun et résidente du Kosovo. Mais sa voisine de chambre s’empresse d’ajouter que les conditions d’hygiène ne sont pas réunies dans les toilettes et qu’elles peuvent ainsi choper des maladies. Et encore, la pudeur, selon notre guide, empêche ces filles d’avouer tout. « C’est très dur pour elles de se nourrir convenablement. Certaines fois, elles viennent nous voir pour que nous leur cueillions des noix de coco pour qu’elles puissent avoir quelque chose dans le ventre ou nous leur donnons nos tickets de restaurant pour deux filles parfois, car nous en tant qu’hommes, il est plus facile d’avoir un ami avec qui partager son plat », dévoile ce dernier. En attendant, les 800 étudiants du Kosovo, continuent d’appliquer leur devise: “Seule la survie est loi” n
Napargalè Marie
Lorsque nous arrivons ce mardi soir au “Kosovo”, à l’université d’Abobo Adjamé, après maintes recherches, nous sommes désarçonné par le spectacle qui s’offre à nous. Les étudiants qui sont à présent les maîtres de ces lieux, naguère occupés par les professeurs de l’Institut national polytechnique Houphouët Boigny (Inphb), font grise min. Ils ont surtout en commun les yeux enfoncés dans leurs orbites. « Un Kosovar est toujours grave, toujours pensif, préoccupé par sa survie quotidienne. La dénomination Kosovo n’a pas été choisie au hasard. C’est pour nous rappeler les Kosovar qui fuyaient la guerre munis de baluchons. Ici, il n’y a pas de place réservée et nous sommes 800 étudiants depuis 2003-2004», explique un étudiant sous le sceau de l’anonymat. Il nous invite à le suivre jusqu’à l’Ures de Korhogo, pour constater la misère que vivent les habitants du Kosovo au quotidien. Là, nous restons sans voix devant le spectacle qui s’offre à nous. Des compartiments restreints à la dimension d’un cagibi à lapins qui ont servi autrefois pour les expériences de l’Inphb, sont maintenant des chambres à coucher. Une table et un banc constituent le décor pour certains compartiments tandis que d’autres, un peu plus grands, ont pour seul meuble, un lit recouvert d’une moustiquaire. Yao Kouadio Olivier, étudiant en médecine, devant notre air interrogateur, nous explique que pour accéder à ces ’’trous’’, il faut sauter. Le plus pénible, selon lui, c’est la nourriture qui constitue une quête perpétuelle et l’impossibilité d’étudier dans de bonnes conditions. « Nous sommes obligés d’aller étudier dans les amphithéâtres et parfois de dormir là bas. Pour la nourriture, la brousse que vous voyez regorge de nombreux animaux dont des pythons et des gazelles avec lesquels nous nous nourrissons », explique ce dernier. Notre guide insiste pour indiquer les ’’toilettes’’ de cet endroit ou ce qui est appelé comme tel. Car, c’est un morceau de plastique perforé accroché à des bouts de bois formant un quadrangle qui sert de douche. Pour les lieux d’aisance, la nature est la bonne adresse, nous explique-t-on. Nous continuons ensuite, toujours accompagnés de notre guide vers le bâtiment G ou le ‘’ Kosovo des filles’’. « C’est difficile pour elles de quitter Yopougon, Cocody ou une autre commune pour venir suivre les cours. Elles ont donc utilisé les anciens bureaux de l’Inphb comme chambres à coucher », explique notre guide. Là, dans des chambres contigües, 15 à 21 filles cohabitent par chambre. Dans la première chambre visitée, 15 filles sont propriétaires des lieux. Sur le sol, quatre matelas d’une place, sont déposés à même le sol très dégradé. Le plafond est percé par endroits. La peinture du mur n’existe plus depuis longtemps. Dans la chambre s’amoncellent plusieurs sacs de voyages et des ustensiles de cuisine. Les étudiantes qui nous accueillent ont le visage grave. « C’est très difficile pour nous de vivre dans ces conditions. Nous sommes 15 filles dans cette chambre et heureusement certaines dorment la journée et d’autres la nuit dans les amphithéâtres. Quand il pleut, le toit coule et la chambre est inondée. Mais le plus dur, ce sont les toilettes. Il y a une seule toilette pour 100 filles et donc il faut se réveiller à 4 h du matin pour être parmi les premières dans la file d’attente. Celles qui sont pressées sont obligées de se laver au vu et au su de tous. Que l’Etat aie pitié de nous en construisant une cité ici », déplore Salami Kadidiatou, étudiante en tronc commun et résidente du Kosovo. Mais sa voisine de chambre s’empresse d’ajouter que les conditions d’hygiène ne sont pas réunies dans les toilettes et qu’elles peuvent ainsi choper des maladies. Et encore, la pudeur, selon notre guide, empêche ces filles d’avouer tout. « C’est très dur pour elles de se nourrir convenablement. Certaines fois, elles viennent nous voir pour que nous leur cueillions des noix de coco pour qu’elles puissent avoir quelque chose dans le ventre ou nous leur donnons nos tickets de restaurant pour deux filles parfois, car nous en tant qu’hommes, il est plus facile d’avoir un ami avec qui partager son plat », dévoile ce dernier. En attendant, les 800 étudiants du Kosovo, continuent d’appliquer leur devise: “Seule la survie est loi” n
Napargalè Marie