Abobo-Sagbé a renoué récemment avec la lumière. Ce sous-quartier d’Abobo qui était plongé dans le noir, a été totalement électrifié grâce à la société Spelci, spécialisée en électrification. Cette action, favorisée par la Première dame, connaîtra son apothéose le 9 juin, avec la fête de la lumière. Cependant, au lieu d’être un facteur de réjouissance, l’évènement sème la discorde.
Ce dimanche, Gba Tiémoko, le conseiller politique de Simone Ehivet Gbagbo, est confronté à un dilemme. Au terme de la réunion qu’il tient à l’école Bad, il doit pouvoir aplanir les divergences qui opposent plusieurs organisations à Abobo Sagbé, depuis que la fête de la lumière a été annoncée. La Première Dame a été diligenté par celle-ci pour régler « les petits problèmes de famille » avant la fête qui aura lieu le 9 juin.. Devant le conseiller politique, il y a une panoplie d’organisations : le comité d’aide et de restructuration d’Abobo-Sagbé (Car), dirigé par Irié Bi Irié, le collectif des chefs coutumiers du quartier, que dirige Toé Lazard, le comité de gestion et de la restructuration d’Abobo-sagbé (Cogas), conduit par le doyen Yapi Yapo Jérôme, l’Association de jeunes avec son président Dominique Kouakou.
La grogne des vieux
Il faut citer également les représentants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et les femmes du quartier. Gba Tiémoko doit faire un cocktail avec toutes ces organisations, pour former ce qui sera le comité d’organisation de la fête de la lumière à Abobo-Sagbé. Il faut surtout dissiper les divergences avec subtilité pour ne pas faire de frustrés au sortir de cette réunion. Mais ce n’est pas chose facile quand on sait les problèmes qui ont conduit à cette réunion.
Pour comprendre cela, il est nécessaire de faire un petit historique. Abobo-sagbé, situé derrière les rails, a longtemps souffert du manque de lumière. L’absence de courant a fait grandir l’insécurité dans les ruelles de ce quartier de plus de 400.000 âmes (Recensement de 1998). C’est donc dans l’indignation que la population a écrit à plusieurs personnalités à partir de 2006 pour demander l’électrification du quartier. Notamment à la Première dame. Dans notre parution du 30 juillet 2009, nous avions dépeint la situation de Sagbé qui demandait vivement l’aide des autorités pour régler le problème. La Première dame qui a entendu leur cri de cœur a fait des pieds et des mains pour que le quartier soit éclairé. Ainsi, depuis six mois, la société d’électrification Spelci, sollicitée par l’Etat, a entrepris les travaux d’électrification. Les travaux ont pris fin il y a seulement quelques jours. Le quartier a été totalement électrifié. Surtout les sous-quartiers « Antenne » et « Palmerais », qui étaient les plus touchés par l’absence de lumière. Pour célébrer l’évènement, la première femme de Côte d’Ivoire a décidé qu’aura lieu le 9 juin « la fête de la lumière ». Ce sera l’occasion d’officialiser l’électrification d’Abobo-Sagbé. Les différentes associations du quartier ont commencé alors à s’activer autour de l’évènement. Malheureusement, certains avaient des idées que d’autres ne partageaient pas. Dominique Kouakou, le président de l’association des jeunes, note que des chefs voulaient s’approprier l’organisation de la cérémonie. Parmi eux, Toé Lazard, le président des chefs coutumiers d’Abobo-Sagbé. « Toé Lazard voulait que pendant la fête, soient intronisés les chefs coutumiers. Il voulait également l’installation du bureau local du Front populaire ivoirien (Fpi) au cours de la cérémonie. Avec l’aide de certaines femmes, il a même sorti des pagnes pour l’occasion. Il avait commencé à prévoir un budget qu’il allait exposer à la Première dame », cite Dominique Kouakou. Bref, le président des chefs coutumiers mettait en place et de façon unilatérale son comité d’organisation. L’association des jeunes que Kouakou dirige a refusé ses idées. « Nous avons refusé que soit organisées pendant la fête de la lumière, des cérémonies d’intronisation de chefs coutumiers ou même l’installation d’un bureau politique », ajoute-t-il.
Nous avons rencontré Toé Lazard à son domicile, à « Palmerais ». « Je n’ai jamais voulu m’approprier l’organisation de la fête de la lumière », s’est-il défendu. Selon lui, son idée de faire l’intronisation des chefs coutumiers pendant cette fête et l’installation du bureau politique était un simple appel. Il a d’ailleurs tenté d’en discuter avec les autres qui n’ont pas eu le temps de l’écouter. Il note qu’il n’a jamais tenté de fixer un budget quelconque. « Le budget de la fête de la lumière n’a même pas encore été fixé », estime-t-il. C’est au vu de ces divergences que Simone Ehivet Gbagbo a délégué son conseiller politique sur les lieux. A la réunion, Gba Tiémoko tranche finalement en faveur de Kouakou Dominique. Pas d’intronisation de chefs coutumiers pendant la cérémonie, pas d’installation de bureau politique. Il crée un comité d’organisation constitué de deux membres de chaque organisation. Mais, alors que le conseiller politique pense que tout est entré dans l’ordre, une autre situation se présente. Lundi, le vieux Houphouët Kouadio, l’un des anciens du quartier nous a confié qu’il a été écarté de l’organisation de la fête, alors qu’il lutte depuis plus de quinze ans pour qu’Abobo-Sagbé soit électrifié. Le vieux Yapo Yapo Jérôme, président du Comité de gestion et de la restructuration d’Abobo-sagbé, (Cogas) tient le même discours : « Ils ont laissé les vieux à l’écart de la fête de la lumière ». On ne comprend pas ces propos quand on sait que le comité d’organisation de la fête de la lumière est constitué de deux membres du Cogas désignés par Yapo Yapo Jérôme, lui-même. Toé Lazard qui a aussi désigné deux membres de sa structure, ne fait pas partie lui-même de l’organisation de cette fête. Frustrés ou juste réservés ? En tout cas, il y a encore de l’orage dans l’air. Il vaut mieux les dissiper sinon la fête de la lumière annoncée à Abobo-Sagbé le 9 juin, pourrait faire des étincelles.
Raphaël Tanoh
Ce dimanche, Gba Tiémoko, le conseiller politique de Simone Ehivet Gbagbo, est confronté à un dilemme. Au terme de la réunion qu’il tient à l’école Bad, il doit pouvoir aplanir les divergences qui opposent plusieurs organisations à Abobo Sagbé, depuis que la fête de la lumière a été annoncée. La Première Dame a été diligenté par celle-ci pour régler « les petits problèmes de famille » avant la fête qui aura lieu le 9 juin.. Devant le conseiller politique, il y a une panoplie d’organisations : le comité d’aide et de restructuration d’Abobo-Sagbé (Car), dirigé par Irié Bi Irié, le collectif des chefs coutumiers du quartier, que dirige Toé Lazard, le comité de gestion et de la restructuration d’Abobo-sagbé (Cogas), conduit par le doyen Yapi Yapo Jérôme, l’Association de jeunes avec son président Dominique Kouakou.
La grogne des vieux
Il faut citer également les représentants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et les femmes du quartier. Gba Tiémoko doit faire un cocktail avec toutes ces organisations, pour former ce qui sera le comité d’organisation de la fête de la lumière à Abobo-Sagbé. Il faut surtout dissiper les divergences avec subtilité pour ne pas faire de frustrés au sortir de cette réunion. Mais ce n’est pas chose facile quand on sait les problèmes qui ont conduit à cette réunion.
Pour comprendre cela, il est nécessaire de faire un petit historique. Abobo-sagbé, situé derrière les rails, a longtemps souffert du manque de lumière. L’absence de courant a fait grandir l’insécurité dans les ruelles de ce quartier de plus de 400.000 âmes (Recensement de 1998). C’est donc dans l’indignation que la population a écrit à plusieurs personnalités à partir de 2006 pour demander l’électrification du quartier. Notamment à la Première dame. Dans notre parution du 30 juillet 2009, nous avions dépeint la situation de Sagbé qui demandait vivement l’aide des autorités pour régler le problème. La Première dame qui a entendu leur cri de cœur a fait des pieds et des mains pour que le quartier soit éclairé. Ainsi, depuis six mois, la société d’électrification Spelci, sollicitée par l’Etat, a entrepris les travaux d’électrification. Les travaux ont pris fin il y a seulement quelques jours. Le quartier a été totalement électrifié. Surtout les sous-quartiers « Antenne » et « Palmerais », qui étaient les plus touchés par l’absence de lumière. Pour célébrer l’évènement, la première femme de Côte d’Ivoire a décidé qu’aura lieu le 9 juin « la fête de la lumière ». Ce sera l’occasion d’officialiser l’électrification d’Abobo-Sagbé. Les différentes associations du quartier ont commencé alors à s’activer autour de l’évènement. Malheureusement, certains avaient des idées que d’autres ne partageaient pas. Dominique Kouakou, le président de l’association des jeunes, note que des chefs voulaient s’approprier l’organisation de la cérémonie. Parmi eux, Toé Lazard, le président des chefs coutumiers d’Abobo-Sagbé. « Toé Lazard voulait que pendant la fête, soient intronisés les chefs coutumiers. Il voulait également l’installation du bureau local du Front populaire ivoirien (Fpi) au cours de la cérémonie. Avec l’aide de certaines femmes, il a même sorti des pagnes pour l’occasion. Il avait commencé à prévoir un budget qu’il allait exposer à la Première dame », cite Dominique Kouakou. Bref, le président des chefs coutumiers mettait en place et de façon unilatérale son comité d’organisation. L’association des jeunes que Kouakou dirige a refusé ses idées. « Nous avons refusé que soit organisées pendant la fête de la lumière, des cérémonies d’intronisation de chefs coutumiers ou même l’installation d’un bureau politique », ajoute-t-il.
Nous avons rencontré Toé Lazard à son domicile, à « Palmerais ». « Je n’ai jamais voulu m’approprier l’organisation de la fête de la lumière », s’est-il défendu. Selon lui, son idée de faire l’intronisation des chefs coutumiers pendant cette fête et l’installation du bureau politique était un simple appel. Il a d’ailleurs tenté d’en discuter avec les autres qui n’ont pas eu le temps de l’écouter. Il note qu’il n’a jamais tenté de fixer un budget quelconque. « Le budget de la fête de la lumière n’a même pas encore été fixé », estime-t-il. C’est au vu de ces divergences que Simone Ehivet Gbagbo a délégué son conseiller politique sur les lieux. A la réunion, Gba Tiémoko tranche finalement en faveur de Kouakou Dominique. Pas d’intronisation de chefs coutumiers pendant la cérémonie, pas d’installation de bureau politique. Il crée un comité d’organisation constitué de deux membres de chaque organisation. Mais, alors que le conseiller politique pense que tout est entré dans l’ordre, une autre situation se présente. Lundi, le vieux Houphouët Kouadio, l’un des anciens du quartier nous a confié qu’il a été écarté de l’organisation de la fête, alors qu’il lutte depuis plus de quinze ans pour qu’Abobo-Sagbé soit électrifié. Le vieux Yapo Yapo Jérôme, président du Comité de gestion et de la restructuration d’Abobo-sagbé, (Cogas) tient le même discours : « Ils ont laissé les vieux à l’écart de la fête de la lumière ». On ne comprend pas ces propos quand on sait que le comité d’organisation de la fête de la lumière est constitué de deux membres du Cogas désignés par Yapo Yapo Jérôme, lui-même. Toé Lazard qui a aussi désigné deux membres de sa structure, ne fait pas partie lui-même de l’organisation de cette fête. Frustrés ou juste réservés ? En tout cas, il y a encore de l’orage dans l’air. Il vaut mieux les dissiper sinon la fête de la lumière annoncée à Abobo-Sagbé le 9 juin, pourrait faire des étincelles.
Raphaël Tanoh