Invité avant-hier, par la Convention de la Société civile à se prononcer sur les 20 ans du multipartisme en Côte d’Ivoire, Mamadou Koulibaly a fait une déclaration dans laquelle il attaque vertement le régime. Il n’épargne pas le ministre Désiré Tagro. Nous vous proposons de larges extraits de ce pamphlet contre ‘’ses camarades’’.
La responsabilité morale de la classe politique
"L'homme qui se croit déterminé se masque sa responsabilité."
Jean-Paul Sartre (l'Etre et le Néant)
(…) Il n’y a pas de responsabilité morale pour qui n’est pas libre. La classe politique pour être moralement responsable doit être libre. Dès lors, pourrait-on comprendre le constat affligeant de la responsabilité de la classe politique ivoirienne? Le manque de liberté pourrait-il expliquer son irresponsabilité morale?
Depuis l’introduction du multipartisme, la classe politique ivoirienne a été incapable du bond qualitatif qui lui aurait permis de s’insérer dans un modèle démocratique. Le multipartisme sans démocratie a ouvert la porte à une quasi-anarchie. La classe politique née de cette période s’apparente à un conglomérat de chasseurs de rente, chaque groupe revendiquant égoïstement le partage du gâteau, usant de tout moyen pour être servi au mieux. Aucun sens des responsabilités ne se dégage face aux populations et le pays reste enserré dans un modèle de politique purement politicienne à savoir une politique tournée vers l’assouvissement d’intérêts égoïstes particuliers et clairement à l’opposé du bien être collectif. (…)
Mais, cette classe politique a plutôt conduit à l’instabilité chronique avec sa litanie de maux: crises à répétition, coups d’Etat, rebellions armées, défaillance voire faillite de l’Etat, violence politique, corruption, trafic d’influences et perte de contrôle sur une partie du territoire national au profit de flibustiers d’un autre âge.
Corruption et tribalisme
Il arrive très souvent, qu’une combinaison de plusieurs de ces souverains nous gouverne et dicte notre conduite. Par exemple, à la suite d’un concours d’entrée à l’Ecole de police d’Abidjan, dix des 1.358 admis, sont du même village que le chef de cabinet du ministre de l’Intérieur. Comment expliquer qu’aucun candidat, par le hasard du concours, n’ait été admis dans la sous-préfecture de Saïoua alors que le village de Digbam enregistre à lui seul dix réussites? Cette histoire a été relatée par les populations des villages dont les candidats ont échoué. (…)
L’échec de l’APO et la démission de Tagro
(…)
Après trois ans d’Apo et une multitude de deniers publics gaspillés dans des voyages entre Abidjan-Ouaga, Abidjan-Paris, Abidjan-New York, la pauvreté s’est accrue, la fuite des capitaux s’est accélérée, le chômage a augmenté, les infrastructures n’ont pas été entretenues et la fracture sociale s’est creusée. L’Apo s’est embourbé dans ses contradictions congénitales. La responsabilité du ministre Tagro est engagée car c’est lui qui a négocié, discuté, approuvé et conseillé l’Apo. L’échec patent de cet accord devrait amener le ministre Tagro à en tirer les conséquences et démissionner. Un homme politique responsable démissionnerait.
Le président de la République devrait désigner une nouvelle équipe pour engager un véritable processus de sortie de crise. Le temps qui passe joue contre lui et contre la paix.
La liste électorale grise doit fusionner avec celle dite blanche.
(…)Les listes blanche et grise doivent fusionner sans condition pour dégager une liste unique. Toutes les personnes figurant sur cette nouvelle liste doivent être considérées automatiquement et définitivement comme des Ivoiriens et la Cei doit leur remettre leur carte d’identité et leur carte d’électeur. C’est le résultat de l’Apo, la part d’héritage que nous devons assumer.
(…) Attention à l’exclusion!
L’exclusion est le terreau de la haine. Les tergiversations risquent de durer des mois voire des années si le problème n’est pas tranché énergiquement de manière responsable. Au-delà des aspects juridiques, le problème est humain et repose sur l’altruisme et la compréhension. Il ne s’agit pas d’accepter comme Ivoiriens tous les étrangers présents sur le sol ivoirien. Il s’agit de régler le sort de toutes ces personnes qui sont sur la liste électorale et qui sont soupçonnées de fraude. Un doute subsiste mais nulle certitude n’a pu être établie quant à leur statut de fraudeur. Ce doute pourrait-il justifier à lui seul le blocage du processus électoral en Côte d’Ivoire ? Est-ce une attitude responsable de la part des décideurs de condamner tout un pays à l’inertie politique?
(…)
Liberté et responsabilité
«Quiconque revendique la totale liberté entière et pleine, revendique la totale responsabilité entière et pleine».
Jean-Marie Adiaffi (La carte d'identité)
La responsabilité, contrepartie indissociable de la liberté, est souvent négligée dans les analyses. Nous devons pourtant aborder le sujet, même si son côté moralisateur et inquisiteur nous incite à la prudence et à l’humilité. Le sens de la responsabilité doit être enseigné et compris. La responsabilité individuelle doit être mieux promue en rapport avec la responsabilité collective. Le rôle des droits de la propriété, par exemple, doit être particulièrement vulgarisé pour que l’opinion publique comprenne mieux comment cette disposition est un puissant catalyseur capable de catapulter la responsabilité, la liberté et donc la prospérité.
Telle est, me semble t-il, le sens de la responsabilité de la classe politique devant l’opinion publique.
Encasernement annoncé du 15 juin
Comment les ex-rebelles ont dribblé Gbagbo
Ils ont été pris de court, les animateurs de la confrérie de la refondation. Obnubilés par le prolongement autant que possible des souffrances des Ivoiriens en ne tenant pas les élections, Laurent Gbagbo et son camp ont multiplié les obstacles et les préalables. Arc-boutés sur de petites choses à la limite des niaiseries avec un empire médiatique, ils plombent les espoirs à chaque fois qu’on est près du but. Mais les ex-rebelles qui ont maintenant cerné le manège des refondateurs ont coupé l’herbe sous leurs pieds. Au cours d’une conférence de presse organisée le jeudi 27 mai 2010 depuis Bouaké, le général de brigade, Soumaïla Bakayoko, Cema des FAFN annonce la reprise du regroupement et de l’encasernement des ex-combattants pour le 15 juin.
“Je voudrais vous annoncer que les FaFn vont procéder le 15 juin 2010 à Korhogo au regroupement, puis à l'encasernement de leurs éléments retenus pour la Nouvelle armée de Côte d'Ivoire ainsi qu'à la démobilisation des autres ex-combattants non retenus pour l'armée.
Conformément au 4ème Accord complémentaire à l'Accord politique de Ouagadougou, les FaFn disposent d'un quota de 5.000 éléments aptes à intégrer la Nouvelle armée nationale.
Les ex-combattants des FAFN seront regroupés dans les camps militaires de Bouaké, Korhogo, Man et Séguéla.
C'est en application de ces dispositions que les opérations de regroupement, puis d'encasernement des éléments Van et enfin de démobilisation des ex-combattants FaFn, débuteront le mardi 15 juin à Korhogo (…)», a expliqué le patron de l’Armée.
La première observation est que les FN ne veulent plus être présentés comme des perturbateurs du processus.
La deuxième est que la pression est maintenant du côté de Laurent Gbagbo qui tient les mamelles de l’économie avec Charles Koffi Diby.
Comme le chef de l’Etat qui affirme qu’il «n’ira pas aux élections comme un mouton», Guillaume Soro a choisi également de ne pas sacrifier ses ex-combattants. Le sage de Yamoussoukro le répétait à l’envi: «le capitaine n’est rien hors de l’eau».
Le chronogramme de l’encasernement des Volontaires pour l’armée nouvelle (VAN) et la démobilisation des ex-combattants conformément à la nouvelle organisation des FAFN c’est-à-dire les Groupements d’instruction (GI) est beaucoup tributaire du financement.
Le chronogramme de l'encasernement des Van-La démobilisation des ex-combattants du 4ème Groupement d'instruction de Korhogo. La mise en place du financement du GI 4, basé à Korhogo est –il déjà bouclé ? Difficile d’avoir des réponses précises tant au niveau de la Primature que de l’état-major des FAFN.
«Le Groupement d'instruction est doté d'un budget de fonctionnement mis en place par le ministère de l'Economie et des Finances en coordination avec le Secrétariat national chargé de l'Economie des finances des Forces nouvelles.
Ce budget d'Etat est géré selon les règles normales de gestion, et soumis aux contrôles d'Etat.
La mise en place de ce budget de fonctionnement du Groupement d’instruction est une condition sine qua non pour l’encasernement», avait averti le général Bakayoko Soumaïla.
Pour montrer patte blanche, le Cema adjoint, Cdt Siaka Ouattara dit Wattao a entrepris une campagne de sensibilisation des ex-combattants de la zone 10.
«Tous les éléments restés fidèles trouveront une porte de sortie honorable parce que tout le monde sortira vainqueur de cette étape», a rassuré le com’zone par intérim de Séguéla.
Coulibaly Brahima
La responsabilité morale de la classe politique
"L'homme qui se croit déterminé se masque sa responsabilité."
Jean-Paul Sartre (l'Etre et le Néant)
(…) Il n’y a pas de responsabilité morale pour qui n’est pas libre. La classe politique pour être moralement responsable doit être libre. Dès lors, pourrait-on comprendre le constat affligeant de la responsabilité de la classe politique ivoirienne? Le manque de liberté pourrait-il expliquer son irresponsabilité morale?
Depuis l’introduction du multipartisme, la classe politique ivoirienne a été incapable du bond qualitatif qui lui aurait permis de s’insérer dans un modèle démocratique. Le multipartisme sans démocratie a ouvert la porte à une quasi-anarchie. La classe politique née de cette période s’apparente à un conglomérat de chasseurs de rente, chaque groupe revendiquant égoïstement le partage du gâteau, usant de tout moyen pour être servi au mieux. Aucun sens des responsabilités ne se dégage face aux populations et le pays reste enserré dans un modèle de politique purement politicienne à savoir une politique tournée vers l’assouvissement d’intérêts égoïstes particuliers et clairement à l’opposé du bien être collectif. (…)
Mais, cette classe politique a plutôt conduit à l’instabilité chronique avec sa litanie de maux: crises à répétition, coups d’Etat, rebellions armées, défaillance voire faillite de l’Etat, violence politique, corruption, trafic d’influences et perte de contrôle sur une partie du territoire national au profit de flibustiers d’un autre âge.
Corruption et tribalisme
Il arrive très souvent, qu’une combinaison de plusieurs de ces souverains nous gouverne et dicte notre conduite. Par exemple, à la suite d’un concours d’entrée à l’Ecole de police d’Abidjan, dix des 1.358 admis, sont du même village que le chef de cabinet du ministre de l’Intérieur. Comment expliquer qu’aucun candidat, par le hasard du concours, n’ait été admis dans la sous-préfecture de Saïoua alors que le village de Digbam enregistre à lui seul dix réussites? Cette histoire a été relatée par les populations des villages dont les candidats ont échoué. (…)
L’échec de l’APO et la démission de Tagro
(…)
Après trois ans d’Apo et une multitude de deniers publics gaspillés dans des voyages entre Abidjan-Ouaga, Abidjan-Paris, Abidjan-New York, la pauvreté s’est accrue, la fuite des capitaux s’est accélérée, le chômage a augmenté, les infrastructures n’ont pas été entretenues et la fracture sociale s’est creusée. L’Apo s’est embourbé dans ses contradictions congénitales. La responsabilité du ministre Tagro est engagée car c’est lui qui a négocié, discuté, approuvé et conseillé l’Apo. L’échec patent de cet accord devrait amener le ministre Tagro à en tirer les conséquences et démissionner. Un homme politique responsable démissionnerait.
Le président de la République devrait désigner une nouvelle équipe pour engager un véritable processus de sortie de crise. Le temps qui passe joue contre lui et contre la paix.
La liste électorale grise doit fusionner avec celle dite blanche.
(…)Les listes blanche et grise doivent fusionner sans condition pour dégager une liste unique. Toutes les personnes figurant sur cette nouvelle liste doivent être considérées automatiquement et définitivement comme des Ivoiriens et la Cei doit leur remettre leur carte d’identité et leur carte d’électeur. C’est le résultat de l’Apo, la part d’héritage que nous devons assumer.
(…) Attention à l’exclusion!
L’exclusion est le terreau de la haine. Les tergiversations risquent de durer des mois voire des années si le problème n’est pas tranché énergiquement de manière responsable. Au-delà des aspects juridiques, le problème est humain et repose sur l’altruisme et la compréhension. Il ne s’agit pas d’accepter comme Ivoiriens tous les étrangers présents sur le sol ivoirien. Il s’agit de régler le sort de toutes ces personnes qui sont sur la liste électorale et qui sont soupçonnées de fraude. Un doute subsiste mais nulle certitude n’a pu être établie quant à leur statut de fraudeur. Ce doute pourrait-il justifier à lui seul le blocage du processus électoral en Côte d’Ivoire ? Est-ce une attitude responsable de la part des décideurs de condamner tout un pays à l’inertie politique?
(…)
Liberté et responsabilité
«Quiconque revendique la totale liberté entière et pleine, revendique la totale responsabilité entière et pleine».
Jean-Marie Adiaffi (La carte d'identité)
La responsabilité, contrepartie indissociable de la liberté, est souvent négligée dans les analyses. Nous devons pourtant aborder le sujet, même si son côté moralisateur et inquisiteur nous incite à la prudence et à l’humilité. Le sens de la responsabilité doit être enseigné et compris. La responsabilité individuelle doit être mieux promue en rapport avec la responsabilité collective. Le rôle des droits de la propriété, par exemple, doit être particulièrement vulgarisé pour que l’opinion publique comprenne mieux comment cette disposition est un puissant catalyseur capable de catapulter la responsabilité, la liberté et donc la prospérité.
Telle est, me semble t-il, le sens de la responsabilité de la classe politique devant l’opinion publique.
Encasernement annoncé du 15 juin
Comment les ex-rebelles ont dribblé Gbagbo
Ils ont été pris de court, les animateurs de la confrérie de la refondation. Obnubilés par le prolongement autant que possible des souffrances des Ivoiriens en ne tenant pas les élections, Laurent Gbagbo et son camp ont multiplié les obstacles et les préalables. Arc-boutés sur de petites choses à la limite des niaiseries avec un empire médiatique, ils plombent les espoirs à chaque fois qu’on est près du but. Mais les ex-rebelles qui ont maintenant cerné le manège des refondateurs ont coupé l’herbe sous leurs pieds. Au cours d’une conférence de presse organisée le jeudi 27 mai 2010 depuis Bouaké, le général de brigade, Soumaïla Bakayoko, Cema des FAFN annonce la reprise du regroupement et de l’encasernement des ex-combattants pour le 15 juin.
“Je voudrais vous annoncer que les FaFn vont procéder le 15 juin 2010 à Korhogo au regroupement, puis à l'encasernement de leurs éléments retenus pour la Nouvelle armée de Côte d'Ivoire ainsi qu'à la démobilisation des autres ex-combattants non retenus pour l'armée.
Conformément au 4ème Accord complémentaire à l'Accord politique de Ouagadougou, les FaFn disposent d'un quota de 5.000 éléments aptes à intégrer la Nouvelle armée nationale.
Les ex-combattants des FAFN seront regroupés dans les camps militaires de Bouaké, Korhogo, Man et Séguéla.
C'est en application de ces dispositions que les opérations de regroupement, puis d'encasernement des éléments Van et enfin de démobilisation des ex-combattants FaFn, débuteront le mardi 15 juin à Korhogo (…)», a expliqué le patron de l’Armée.
La première observation est que les FN ne veulent plus être présentés comme des perturbateurs du processus.
La deuxième est que la pression est maintenant du côté de Laurent Gbagbo qui tient les mamelles de l’économie avec Charles Koffi Diby.
Comme le chef de l’Etat qui affirme qu’il «n’ira pas aux élections comme un mouton», Guillaume Soro a choisi également de ne pas sacrifier ses ex-combattants. Le sage de Yamoussoukro le répétait à l’envi: «le capitaine n’est rien hors de l’eau».
Le chronogramme de l’encasernement des Volontaires pour l’armée nouvelle (VAN) et la démobilisation des ex-combattants conformément à la nouvelle organisation des FAFN c’est-à-dire les Groupements d’instruction (GI) est beaucoup tributaire du financement.
Le chronogramme de l'encasernement des Van-La démobilisation des ex-combattants du 4ème Groupement d'instruction de Korhogo. La mise en place du financement du GI 4, basé à Korhogo est –il déjà bouclé ? Difficile d’avoir des réponses précises tant au niveau de la Primature que de l’état-major des FAFN.
«Le Groupement d'instruction est doté d'un budget de fonctionnement mis en place par le ministère de l'Economie et des Finances en coordination avec le Secrétariat national chargé de l'Economie des finances des Forces nouvelles.
Ce budget d'Etat est géré selon les règles normales de gestion, et soumis aux contrôles d'Etat.
La mise en place de ce budget de fonctionnement du Groupement d’instruction est une condition sine qua non pour l’encasernement», avait averti le général Bakayoko Soumaïla.
Pour montrer patte blanche, le Cema adjoint, Cdt Siaka Ouattara dit Wattao a entrepris une campagne de sensibilisation des ex-combattants de la zone 10.
«Tous les éléments restés fidèles trouveront une porte de sortie honorable parce que tout le monde sortira vainqueur de cette étape», a rassuré le com’zone par intérim de Séguéla.
Coulibaly Brahima