Le coup se précise. Toutefois, il manque encore du courage à son auteur pour affirmer son vrai dessein. Mercredi, Mamadou Koulibaly, Président de l’Assemblée Nationale, a encore parlé. Constant, il a encore dénoncé l’Accord Politique de Ouagadougou et demandé qu’on en tire toutes les conséquences. « La responsabilité du ministre Tagro est engagée car c’est lui qui a négocié, discuté, approuvé et conseillé l’Apo. L’échec patent de cet accord devrait amener le ministre Tagro à en tirer les conséquences et démissionner. Un homme politique responsable démissionnerait », est persuadé le Vice-président du parti au pouvoir. « Nous devons ensuite faire des élections après avoir modifié la Constitution pour la mettre en conformité avec l’accord de Pretoria et les ordonnances illégales que Désiré Tagro a fait prendre au président de la République », écrit par ailleurs l’Universitaire. Au-delà du raisonnement, on croirait à un problème personnel avec le ministre Tagro. Pourtant, il n’en est rien. Les dénonciations des pratiques au concours de l’Ecole de Police ne sont que pure diversion. Car il ne s’agit pas du seul secteur gangrené par la corruption et le tribalisme. En parlant de Tagro, Koulibaly ne parle en fait que de Gbagbo, le Chef de l’Etat. C’est lui qui a signé Pretoria et les ordonnances. C’est lui également qui a signé l’Accord politique de Ouagadougou et se vante encore d’avoir eu une idée géniale. C’est donc au Chef de l’Etat Laurent d’en tirer toutes les conséquences et de démissionner pour faire place à « une nouvelle équipe pour engager un véritable processus de sortie de crise ». Le président de l’Assemblée nationale se verrait-il diriger cette nouvelle équipe ? Assurément. Depuis quelques mois, à l’exception de son discours sur la France, il est devenu un homme de consensus, un homme modéré. Il surprend même avec son discours sur la liste électorale et sa volonté de ne pas se raser avant le scrutin présidentiel. « La priorité doit être désormais la liste électorale (…) Il ne s’agit pas de chambouler d’un revers de main le Code de la nationalité ivoirienne. (…) L’exclusion est le terreau de la haine », est-il convaincu maintenant. Toute l’attitude de quelqu’un qui veut convaincre qu’il est l’homme d’une situation. Il est Président de l’Assemblée Nationale. Et l’article 40 est sans ambiguïté : « En cas de vacance de la Présidence de la République par décès, démission, empêchement absolu, l'intérim du Président de la République est assuré par le Président de l'Assemblée Nationale, pour une période de quarante cinq jours à quatre vingt dix jours au cours de laquelle il fait procéder à l'élection du nouveau Président de la République ». Pourquoi il n’y rêverait pas ?
KIGBAFORY Inza
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