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Politique Publié le vendredi 4 juin 2010 | Nord-Sud

Patrick N`Gouan, coordonnateur de la Csci : “La Cei est une institution budgétivore”

Le thème «Bilan et perspectives de la démocratie en Côte d'Ivoire après vingt ans de multipartisme» est depuis mercredi, au centre d'un colloque à l'Assemblée nationale.

«La Cei est une institution budgétivore. Au Ghana, ils sont neuf au sein de leur commission électorale. Ce sont des experts compétents. Ici, elle est composée de trente-deux politiques qui ne comprennent rien au processus électoral et qui passent leur temps à se chamailler ». La remarque est du coordonnateur de la Convention de la société civile ivoirienne, Patrick N'Gouan. Qui a animé, hier, un débat sur le thème «Gouvernance et lutte contre la pauvreté ». C'était à la deuxième journée du colloque sur «Bilan et perspectives de la démocratie en Côte d'Ivoire après vingt ans de multipartisme ». Patrick N'Gouan critiquait, ainsi, la répartition du budget national qui sert plus à financer des activités « publiques improductives » qu'à améliorer le quotidien de la population. A l'en croire, «22 à 32% du budget de la Côte d'Ivoire sont composés de dépenses publiques improductives. Elles n'ont pas d'impact ni sur la croissance, ni sur la lutte contre la pauvreté». Et, au nombre de ces dépenses improductives, il a cité les institutions budgétivores dont la Commission électorale indépendante (Cei). Cet état de fait, au dire du patron de la Csci, dénote de la mauvaise politique de lutte contre la pauvreté adoptée par la Côte d'Ivoire. De 81 à 2010, a-t-il enseigné, la croissance économique du pays tourne autour de 0%. Tandis que la démographie augmente. « C'est un signe annonciateur de la pauvreté », a-t-il commenté. Poursuivant, l'intervenant a soutenu que les indices de gouvernance oscillent entre 30 et 40%. Ce qui est largement en-deçà des chiffres dans d'autres pays comme le Sénégal (50 à 60%), le Ghana (60 à 75%), et le Bostwana (au-delà de 75%). «C'est dire, a expliqué M. N'Gouan, que nos instruments de lutte contre la pauvreté sont inefficaces. Notre gouvernance est inapte à lutter contre la pauvreté». En Côte d'Ivoire, toujours selon le panéliste, 80% des richesses du pays sont entre les mains d'une partie de la population. Ce qui est, selon lui, une mauvaise répartition des biens. Charles Djrékpo, le responsable du National democratic institute (Ndi) a, quant à lui, invité la Cei à œuvrer pour la mise en application du code de bonne conduite. Charles Djrékpo a par ailleurs soutenu que le débat sur la composition de la Cei n'est pas d'actualité. Du moment où il est le fruit de l'Accord de Linas Marcoussis, l'intervenant estime que ce serait remettre ce compromis en cause. Il a demandé aux acteurs politiques de faire preuve de bonne foi, de responsabilité, d'éthique, pour respecter les engagements qu'ils ont pris à travers les différents accords pour aller aux élections. Pour lui, c'est cela qui pourra permettre d'arriver au scrutin. Et non une quelconque question de confiance : «D'autant qu'il n'y a pas d'appareil pour jauger le niveau de confiance». Le colloque conjointement organisé par la Csci, le Ndi et la Friedrich Ebert Stiftung prendra fin, ce soir. Il se tient à la rotonde de l'Assemblée nationale.

Bamba K. Inza
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