x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le vendredi 11 juin 2010 | Notre Voie

Martin Sokouri Bohui - Martin Sokouri Bohui, secrétaire national chargé des élections au Fpi, se prononce sur l’actualité politique nationale

Dans cette causerie du vendredi. Il saisit l’occasion pour féliciter le président du Faso dont les efforts de paix en Côte d’Ivoire sont en troin de porter fruit. Notre Voie : Ce qui défraie l’actualité nationale est ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire «Koulibaly-Tagro». Comment avez-vous appréhendé cette affaire ? Martin Sokouri Bohui : Je vous remercie pour cette question hautement importante. Quand cette affaire a éclaté et que les journalistes m’ont approché pour me poser la même question que vous me posez, j’ai demandé aux journalistes de me laisser rencontrer d’abord le président Koulibaly avant d’avoir une opinion. Vous savez que le FPI est un parti craint qui a apporté beaucoup de changements dans ce pays. C’est un parti qui compte dans la sous-région pour les avancées démocratiques en Afrique et dans le monde. Les responsables du FPI n’ont donc pas le droit de se donner en spectacle. J’ai été donc malheureux de constater que ce débat s’est très vite déporté sur la place publique. A ce stade de mon propos, je dois faire remarquer que nous, cadres FPI, nous ne sommes rien face à l’enjeu que représente le combat que le président Gbagbo mène pour le bien-être des Ivoiriens et pour la dignité des peuples africains. Mais, ce qui est réconfortant, c’est que le FPI est un parti responsable, critique et autocritique qui sait gérer ses contradictions internes. C’est justement pour cette raison que le secrétariat exécutif du parti s’est réuni hier pour laver le linge sale en famille. N.V. : L’actualité, c’est également le dialogue ouvert avec les leaders de l’opposition avec la visite que le président Gbagbo a rendue à Bédié et à Ouattara. Et il est annoncé une rencontre entre le président Gbagbo, le Premier ministre et les leaders pré-cités. Une sorte de CPC à Abidjan sans le facilitateur. Qu’est-ce que cela vous inspire ? M.S.B. : C’est une sorte de CPC sans le facilitateur qu’il faut mettre à l’actif du président Blaise Compaoré du Burkina Faso. Car si, aujourd’hui, les différents acteurs politiques peuvent se réunir en Côte d’Ivoire sans le facilitateur, cela veut dire qu’il a pu faire renaître la confiance entre les acteurs ivoiriens. Il faut donc féliciter le président Compaoré et louer l’APO qui est en train d’apporter la paix et la sérénité dans notre pays. C’est comme ça qu’il faut voir cette réunion sans le facilitateur. Cette réunion n’est nullement la volonté des acteurs politiques ivoiriens de vouloir écarter le chef de l’Etat burkinabè. Cette réunion est l’initiative du président Gbagbo qui veut expliquer, dans une atmosphère détendue, aux deux leaders du Rhdp la nécessité de vérifier la liste électorale pour qu’on ait une liste électorale définitive fiable en laquelle tous les acteurs auront confiance. Au cours de cette réunion, le Président, le Premier ministre et les deux leaders du Rhdp parleront certainement des derniers obstacles à lever pour pouvoir fixer la période probable pour l’organisation des élections. Cette réunion entre frères permettra donc certainement de créer un climat de confiance et de sérénité autour des élections. N.V. : L’actualité, c’est aussi la tournée que viennent d’achever le Commandant Wattao et ses hommes dans la zone CNO pour sensibiliser leurs hommes par rapport au désarmement. Et, sur ce point, la date du 15 juin est avancée pour le début de l’encasernement. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle au Fpi ? M.S.B. : Comme on a coutume de dire, la Côte d’Ivoire est vraiment un pays béni de Dieu. Le verrou qui faisait hier l’obstacle majeur pour la réunification du pays va bientôt sauter. Oui, pour la première fois, les Forces nouvelles elles-mêmes font campagne pour le désarmement. C’est une grande première qu’il faut non seulement mettre à l’actif du Premier ministre, Guillaume Soro, que je voudrais modestement féliciter ici. Il a compris que sans désarmement, il ne peut y avoir d’élections justes et transparentes réclamées par tous. Mais, aussi et surtout à l’actif du génie politique du président Gbagbo qui a attendu patiemment pour que le désarmement se fasse avec le consentement et la participation effective de nos frères qui ont pris les armes. Ce désarmement qui se fait de gré et non de force apportera sûrement une paix durable à notre pays. Disons donc merci au président Gbagbo et au Premier ministre Soro. C’est aussi le lieu de féliciter les acteurs sur le terrain, à savoir Bakayoko, le chef d’Etat-major des Fn, son adjoint Watao, et leurs hommes en espérant que la date indiquée sera tenue. N.V. : Restons toujours dans l’actualité pour parler de la coupe du monde qui commence ce jour même avec la participation des Eléphants de Côte d’Ivoire. Croyez-vous aux chances de la Côte d’Ivoire ? M.S.B. : Comme le football n’est pas une science exacte, on ne peut être à 100% sûr que les Eléphants gagneront cette coupe du monde. Mais, ce qui me réconforte, c’est que la poule où se trouve notre pays est taxée par tous les analystes du monde de poule de la mort. Et quand on cite les équipes qui doivent arriver au deuxième tour dans notre poule, on cite le Brésil, le Portugal et la Côte d’Ivoire. Les analystes parlent de duel aux couteaux quand ils désignent les rencontres entre ces trois équipes. C’est dire que les Eléphants sont comptés au nombre des grandes équipes attendues à ce mondial. N.V. : Mais les Ivoiriens sont inquiets avec la blessure de Drogba ! M.S.B. : Oui on peut effectivement s’inquiéter avec la blessure de Drogba, parce que Drogba est cité parmi les joueurs les plus talentueux de ce monde. Il est le meilleur buteur du championnat anglais. Mais une équipe, c’est un ensemble homogène de 11 personnes qui se complètent. Et l’équipe de Côte d’Ivoire est constellée de joueurs aussi talentueux que Drogba. Donc je n’ai crainte quant à une participation honorable de notre équipe nationale. N.V. : Un autre point de l’actualité porte aussi sur la grève du Midd. Quel regard jetez-vous sur cette grève ? M.S.B. : La grève est un moyen de revendication pour réclamer des meilleures conditions de vie et de travail, si on estime que ces conditions sont bafouillées par l’employeur au mépris des travailleurs. Dans le cas des instituteurs, qu’en est-il ? Le président Gbagbo est le président qui a pris la pleine mesure des difficultés des instituteurs. Et il y a prêté la plus grande attention. C’est pourquoi quand ils ont demandé des indemnités de logement, le président a accédé à leur demande. Parce que de tous les corps d’enseignants, ils étaient les seuls à ne pas en bénéficier. Et donc, comme à son habitude, le président Gbagbo a rétabli une injustice que subissaient les enseignants du primaire malgré la crise que traverse le pays. Ne pas le reconnaître est une erreur. Sur les 40.000 FCFA d’indemnité octroyés, 35000 FCFA sont payés au jour d’aujourd’hui aux instituteurs. Les 5000 FCFA que l’Etat s’est engagé à payer, mais qui rencontrent en ce moment des difficultés de trésorerie, le Midd décide d’aller en grève. Je voudrais dire à mes amis instituteurs que nous comprenons leurs revendications. Mais ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la survie de la Côte d’Ivoire. Toutes les couches socioprofessionnelles ont besoin qu’on augmente leurs salaires. Mais la situation de crise aiguë que traverse notre pays exige de chacun de nous des sacrifices pour sauver la mère patrie. Ne pas le comprendre et exiger coûte que coûte que soit donné satisfaction à nos revendications ici et maintenant, c’est privilégier nos intérêts personnels au détriment de la vie même de la nation. On ne peut pas avoir vu comment l’Etat a traité la grève des médecins qui revendiquaient une amélioration salariale et faire une autre grève pour les mêmes causes. Certes, dans le cas des enseignants, il s’agit d’un droit acquis, mais justement c’est parce que c’est un droit acquis qu’ils doivent patienter parce qu’aujourd’hui ou demain, ils seront payés. Serrons donc nos ceintures pour conduire le pays au point d’achèvement de l’initiative Ppte. Je demande donc à nos frères instituteurs du Midd de mettre de l’eau dans leur vin et de ne pas sacrifier l’avenir de nos enfants, et donc du pays. N.V. : Dans un article paru le samedi 22 mai, le Patriote disait d’Alassane Ouattara qu’il a «la passion pour son peuple». En réponse à cet article, vous indiquiez que Ouattara, qui est un adepte de coups d’Etat, ne peut avoir la passion pour le peuple. En revanche, vous disiez qu’il a plutôt la passion pour la violence et les armes. Vous rappeliez même que Ouattara est l’auteur du coup d’Etat de 1999 et des tentatives de coup d’Etat de 2000, 2001 et 2002. Dans une déclaration, une certaine organisation dénommée Capado demande si vous avez les preuves des accusations que vous portez contre Alassane Ouattara. Elle insinue même que vous faites des déclarations mensongères et que Ouattara n’est ni de près, ni de loin concerné par ces accusations. M.S.B. : J’ai vu effectivement cette déclaration parue dans Ivoire presse du 6 juin sur Abidjan.net. C’est une déclaration ordurière digne d’hommes violents à qui on reproche d’être violents et qui montrent qu’ils sont effectivement d’une rare violence. Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas la personne de Sokouri. Mais il s’agit de notre pays commun, la Côte d’Ivoire. Mais je préfère cette violence verbale aux kalachnikovs qu’ils manient tous les jours. Alors il me demande si j’ai les preuves de ce que je dis à l’endroit de Ouattara. Pour montrer que Alassane Ouattara est l’auteur des coups d’Etat et le père de la rébellion, on n’a pas besoin de chercher loin et de réfléchir. Tellement elles sont innombrables, visibles et palpables. Pendant la campagne électorale, on donnera ces preuves à profusion. Mais, comme il me les demande maintenant, je vais en donner quelques-unes pour lui rafraîchir la mémoire et lui montrer que ce n’est pas le fruit de mon imagination. Aujourd’hui, je donnerai seulement trois types de preuves. Ce que j’appellerai la preuve par trois. On en donnera d’autres, s’il n’est pas satisfait. Premièrement, la preuve par Ouattara lui-même : «Je frapperai ce régime moribond et il tombera». Le 24 décembre 1999, il a frappé le régime du président Bédié et ce régime est tombé. Et il en était fier. «Je n’attendrai pas 2005 pour arriver au palais…», «Je rendrai ce pays ingouvernable…», «Je mélangerai ce pays…». Après les tentatives de coup d’Etat de 2000 et 2001 qui ont été neutralisées par le pouvoir, Ouattara a passé la vitesse supérieure avec le coup d’Etat manqué de 2002 qui s’est mué en rébellion. De tous les candidats à l’élection présidentielle, il est le seul qui est candidat grâce à la rébellion et par l’article 48 de notre Constitution. Deuxièment, la preuve par ses lieutenants. Au cours d’un meeting public tenu à Mankono et dont nombre d’Ivoiriens ont le CD, Koné Zacharia, connu pour sa fidélité à Ouattara, a explicitement indiqué que ses camarades et lui ont pris les armes pour permettre à Ouattara d’être président de la Côte d’Ivoire. Il a précisé que, dans leur camp d’entraînement au Burkina Faso, Ouattara leur envoyait par mois 25 millions FCFA pour leurs besoins. Les propos de Zacharia ont été confirmés tout dernièrement par un des porte-parole des Fn, qui a affirmé que c’est grâce à eux que Ouattara est candidat. Jusqu’à ce jour, ces déclarations n’ont toujours pas été démenties par Ouattara lui-même. Au cours d’un meeting public, à Bouaké, au moment où la rébellion avait le vent en poupe et croyait que les dés étaient jetés pour le pouvoir, le maire, Fanny Ibrahima, a déclaré : «Le Mpci est égal au Rdr et le Rdr est égal au Mpci ; c’est comme ça et on n’y peut rien». Aujourd’hui, il n’est un secret pour personne que ce sont les chefs-rebelles attachés à la personne de Ouattara sous la conduite de Chérif Ousmane qui refusent le désarmement. D’où la guerre entre les pro-Ouattara et les pro-Soro. Troisièment, la preuve par l’opinion publique. L’image que les Ivoiriens ont de Ouattara est l’image d’un homme qui a introduit en Côte d’Ivoire les coups d’Etat, la guerre et la rébellion. Ils retiennent de lui l’image d’un chef de guerre. Dans le pays akyé par exemple, on l’appelle «Tsa Koun Sê», qui veut dire assassin ; au pays guéré, on l’appelle «Omo dja toh», c'est-à-dire celui qui a envoyé la guerre ; chez les Koyaka, on l’appelle «Kiê Bla Tché», c'est-à-dire celui qui envoie les histoires; chez les Dioula, Ouattara est désigné par «Sétian mogo», ça veut dire également celui qui envoie les histoires; chez les Béthé, on l’appelle «kossoupagnon», c'est-à-dire le braconnier. Chez les Gouro, on l’appelle “Midjèzan”, c’est-à-dire le tueur ; chez les Agni d’Abengourou, on l’appelle “kramo”. Mais sa particularité, c’est qu’il tue les hommes. Au pays baoulé, il est tellement craint, et parce qu’il est assassin, on n’ose pas prononcer son nom. On l’appelle par un sobriquet proche de son nom : «Ala gnissan», etc. Donc, pour les Ivoiriens, Alassane Ouattara est un homme dangereux à qui ils ne permettront jamais de s’asseoir sur leur fauteuil présidentiel. Le conseil que je peux donc donner à Ouattara et à ses suiveurs, c’est de ne pas gaspiller de l’argent dans la campagne, mais de l’utiliser pour poser des actes allant dans le sens du développement si tant est qu’ils veulent anoblir leur image un tant soit peu. Sinon c’est illusoire de penser gagner des élections dans ce pays immédiatement après cet épisode douloureux de notre histoire dont il est à l’origine.

Entretien réalisé par Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ