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Politique Publié le jeudi 10 juin 2010 | Nord-Sud

Scandale au Fonds de prévoyance militaire : Le Dg se paie un hôtel à 6 milliards Fcfa

Dans notre parution d'hier, nous avons planté le décor en faisant l'état des lieux du Fonds de prévoyance militaire(Fpm). Aujourd'hui, nous vous expliquons les tractations en sous-main qui ont abouti à l'acquisition du complexe hôtelier, le Palm club, à Cocody.

Incroyable mais vrai. Le colonel N'golé Mongomin, directeur général du Fonds de prévoyance militaire s'est offert le Palm-club à 960 millions Fcfa. Les travaux de rénovation du complexe hôtelier, situé à Cocody (Lycée technique), ont coûté 6 milliards Fcfa. L'acte d'achat du complexe hôtelier a été entériné en août 2005 en présence de notaires. Mme Allou Yao Monique Akoua, notaire pour le compte du Dg du Fpm, a été requise par celui-ci pour dresser l'acte de vente de l'établissement hôtelier. « Les formalités consécutives à la transaction ont été effectuées jusqu'à la délivrance du certificat de propriété foncière. Ledit certificat a été remis au Fpm par moi-même. Le prix d'acquisition du Palm-club a coûté 960 millions Fcfa. 500 millions Fcfa sont été versés à la comptabilité de Me Ouattara Mamadou, notaire du vendeur (Sci Aci) et les 460 millions Fcfa sont allés à ma comptabilité. Je précise que j'ai remis les 460 millions Fcfa à Me Ouattara Mamadou lorsque celui-ci m'a remis le certificat de propriété foncière au nom du Fpm », a révélé Mme Allou, lors de l'enquête sur la gestion du Fpm. Selon elle, c'est le Dg du Fpm qui l'a sollicitée par courrier le 17 août 2008 pour l'assister dans le cadre de la transaction immobilière. Selon une source militaire, cette transaction s'est heurtée à une farouche opposition du commandant Kouassi Manzan. Cette attitude lui a coûté son poste de président de la commission du projet Palm-Club. Il a été démis de ses fonctions par le Dg. Face aux enquêteurs, l'officier de la marine a expliqué que la mission de sa commission était de définir des canevas de gestion et de faire une évaluation des travaux urgents à entreprendre pour réhabiliter le complexe. Très vite, des désaccords opposent la commission au DG. Ce dernier impose l'assistance du cabinet Sud-Invest de M. Koui Congo. Or, ledit cabinet venait à peine de conduire une étude similaire sur le Palm-club pour un coût de 12 millions Fcfa. La commission décide donc de ne recourir au cabinet qu'en cas de nécessité. Ce que n'a pas apprécié le Dg qui l'a signifié au commandant Kouassi. Ensuite, des divergences apparaissent autour de la rénovation de la paillote. Un certain M. Ahizi présente une facture pro- format d'un montant de 66.999.662 Fcfa. Il a été accompagné par le conseiller financier du DG, premier maître Gbaguidi Kouakou, membre de la commission. « Nous avons renvoyé M. Ahizi avec sa facture. Informé, le Dg m'a convoqué à son bureau pour me remettre la facture rejetée par la commission en indiquant qu'elle devait être prioritaire. Auparavant, la commission avait jugé le montant de la facture excessivement élevé donc elle l'avait rejetée », explique l'ancien président de la commission. Enfin, il s'est posé le problème du matériel de la société qui gérait le Palm-club, la Sng. Palm-club. « Nous avons pensé que le matériel faisait partie du prix d'acquisition du complexe fixé à 960 millions Fcfa. Interrogé, le Dg du Fpm, maître d'œuvre de l'opération, n'a pas été capable de nous donner une réponse précise au contraire de la gérante qui exigeait le paiement de 20 millions Fcfa supplémentaires comme prix de ce matériel de gestion », affirme le commandant Kouassi. Et il n'en fallait pas plus pour irriter le patron du Fpm.


La hache de guerre déterrée


Le 8 janvier, il dégomme le président de la commission projet du Palm-club et directeur de ce complexe hôtelier. Ce jour-là, en début d'après-midi, le colonel N'golé convoque une réunion pour entériner sa décision. Il nomme, séance tenante, son conseiller financier, l'adjudant Gbaguidi Kouakou, comme directeur par intérim du Palm-club. Celui-ci est secondé par le sergent-chef Kéita. « Un audit du Palm-club a été fait à la demande du Dg. Je n'ai pas été informé. Mais les auditeurs ont fait leur travail sans échanger avec moi. Aucune passation de charges n'a été faite. Mon bureau a été saccagé. Les données de mon ordinateur ont été détruites », indique le commandant Kouassi. Ensuite, le Dg du Fpm nomme l'un de ses proches, Lin Daniel Jean Roger, en qualité de directeur du complexe hôtelier Palm-club. Celui-ci déclare être le représentant de la Saeh (Société d'exploitation hôtelière). Il révèle que les travaux de rénovation en cours du Palm-club s'élèvent à 6 milliards Fcfa. « En mai 2009, le conseil d'administration de la Sogetho m'a nommé directeur général de l'hôtel Palm-club. En février 2010, la Saeh signe un contrat d'assistance technique hôtelière avec le Fpm en tant que conseil dans le projet de réhabilitation-extension du nouveau complexe hôtelier ''Ivoire Palm-club''. Les travaux de rénovation ont coûté 6 milliards Fcfa », explique le gérant. Le colonel N'golé Mongomin, maître d'œuvre de l'opération d'achat du complexe hôtelier, affirme que cette action entre dans le cadre des investissements du Fpm. « Nous avons acquis un terrain urbain, un hôtel à savoir le Palm-club. Nous avons racheté un laboratoire d'analyses médicales (le Cesam). Nous avons crée une société de gestion d'hôtel (Sogetho) et une société financière d'épargne et de crédit (Sifinec). Tout ceci entre dans le cadre de nos investissements », lâche-t-il. En ajoutant que, dans le cadre des investissements à long terme, il a lancé une opération immobilière qui s'étend sur une superficie de 49 hectares. Le projet immobilier, estimé à 30 milliards Fcfa, confie le colonel N'golé, est en phase de réalisation. «Nous sommes en train de réaliser la première tranche de 125 logements comprenant des villas basses et des duplex. Le projet comporte globalement 2.300 logements en villas, duplex et appartements. Le terrain comporte deux parcelles. Une de 39 hectares à 5.000 Fcfa/m2 et une autre de 10 hectares au prix de 3.000 Fcfa/m2. Quant au terrain de la route de Bingerville, il a une superficie de 44 hectares et il a été acheté à 4.000 Fcfa/m2 », affirme-t-il, précisant que le Cesam appartient au Fpm à 80% et au médecin colonel Allah Yobouet, ex-propriétaire du Cesam à 20%. La Sogetho poursuit le Dg du Fpm est en majorité la propriété de la structure qu'il dirige. L'ancien directeur général du Palm-club, le commandant Kouassi Manzan ne ménage pas son ex-patron. Selon lui, durant les trois années qu'il a passées à la tête du Palm-club, il n'a cessé d'avoir des désaccords avec le Dg du Fpm. « Le conseil de gestion provisoire (Cgp) a décidé d'acquérir un autocom pour le Palm club. Pour ce faire, à la réunion du 23 décembre 2005, le Cpg a demandé au Dg un prêt de 5,3 millions Fcfa. Au lendemain de cette rencontre, le Dg m'a fait parvenir une facture pro-format par le bais de son chargé de communication, l'adjudant Manou. La facture pro format s'élevait à 21 millions Fcfa. J'ai informé le colonel N'guessan, président du Cgp en lui disant que je ne pouvais pas exécuter cet ordre manifestement illégal. Au niveau du Cgp, il y a eu deux divergences avec le Dg du Fpm sur les travaux de réhabilitation du complexe hôtelier et la création de la société de gestion du Palm-club. En ce qui concerne les travaux, le Dg exigeait la conduite unilatérale des travaux de rénovation. Le Cgp voulait s'impliquer dans ses travaux à cause de l'incidence sur le résultat d'exploitation. Il y a divergence à ce niveau. Et, l'affaire a été portée au conseil d'administration du Fpm, le 27 septembre 2006. Le conseil a décidé que les travaux soient menés par une commission tripartite composée du conseil d'administration, de la direction générale et du comité de gestion provisoire », explique le commandant Kouassi. Outre cette décision, le Ca donne autorisation au colonel N'guessan, président du Cgp, de créer la société de gestion du Palm-club. Muni de l'ordre écrit par le Pca du Fpm, le colonel N'guessan, selon une source proche du tribunal militaire, adresse une correspondance au Dg du Fpm, le 27 septembre 2006, en lui demandant de mettre à sa disposition un chèque barré de 200 millions Fcfa à l'ordre du notaire Me Désiré Kangah, désigné à cet effet. « Mais le Dg du fonds a refusé de signer l'ordre de dépense présenté par le colonel N'guessan, bloquant ainsi cette opération importante dans la gestion de l'entreprise. La non création de la société de gestion du Palm-club a largement contribué à l'inefficacité et à l'obsolescence de la structure. Plus tard, le Dg a décidé de retirer unilatéralement le dossier de chez le notaire désigné. Il a confié le dossier à Me Monique Akoua, une de ses proches », nous confie l'ex-directeur du Palm-club. Ainsi, la grande muette n'est plus à l'abri des détournements de deniers publics. Le principal, le colonel N'golé Mongomin, s'est offert un hôtel à 6 milliards Fcfa. De quoi s'arracher les cheveux du Cema, le général de division Philippe Mangou. Celui-ci, selon nos sources à l'état-major à traîner le Dg devant le tribunal militaire. De belles empoignades à venir !


Une enquête réalisée par Bahi K
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