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Politique Publié le samedi 12 juin 2010 | Le Nouveau Réveil

Conclave nocturne du Secrétariat exécutif du Fpi, avant-hier : Koulibaly et Tagro pas encore réconciliés

Après plus de 6 heures d'échanges dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, au domicile de Pascal Affi N'guessan, à l'abri des regards et oreilles indiscrets des journalistes, les premiers responsables du Fpi n'ont pu venir à bout de leur linge sale qu'ils avaient décidé de laver en famille. Ils ne sont pas non plus parvenus à réconcilier le président Mamadou Koulibaly et le ministre de l'Intérieur, Tagro Assignini Désiré. Et pourtant, Gbagbo aurait donné des instructions claires avant de s'envoler pour Casablanca. Les barons du FPI ont donc convenu de se retrouver ce week-end pour poursuivre leurs débats. Mais difficile de parier qu'ils parviendront à accorder leurs violons.

Coutumier des "raids aériens" sur les dérives de son propre régime, c'est d'une main très forte que le président de l'Assemblée nationale et N°3 du FPI a secoué le cocotier de la Refondation pour que chacun prenne conscience du danger qui guette le régime de Laurent Gbagbo et la Côte d'Ivoire, embarqués selon lui dans une aventure politico-militaire, l'APO qui, au lieu de conduire le pays à la paix, le mène tout droit dans le mur. De là à attaquer frontalement celui qui, au nom du camp présidentiel, a conduit le régime à ces négociations de Ouaga, il y avait un pas que Mamadou Koulibaly n'a pas hésité à enjamber avant de réclamer la démission de Désiré Tagro.

S'en suit alors un volet de bois verts face auquel le président du FPI Pascal Affi N'guessan refuse de prendre de la hauteur. Il se range dans le camp de Tagro pour porter la riposte à Koulibaly. Une situation suivie de très près au plus haut niveau du régime au pouvoir puisque tous ceux qui se sont abstenus d'en rajouter à la polémique dans la presse ne sont pas restés forcément inactifs et silencieux.

Bien au contraire, cette crise a renforcé les lignes claniques au sein du parti.

Au cours de la réunion d'avant-hier, toute la crème du FPI était là, le linge était trop sale et il fallait de gros bras pour la grande lessive familiale. A en croire des sources dignes de foi, le président Koulibaly aurait été mis en minorité du point de vue de la foire. A l'exception de deux ou trois membres du secrétariat exécutif, tous responsables du parti présents ont dénoncé et condamné le "caractère personnalisé" des attaques de Koulibaly contre le camarade Tagro. Le débat a donc essentiellement tourné autour de cela. Mais le fond n'aurait pas été abordé. C'est-à-dire que les questions soulevées par la sortie du président de l'Assemblée nationale, son réquisitoire contre l'APO, ses récriminations contre la corruption galopante et rampante dans toutes les sphères de l'Etat, le péril que certains cadres véreux du FPI font courir à Gbagbo et au régime, toutes ces questions n'ont pas été traitées. Or, c'est là que Koulibaly attendait tout le monde. Ce débat n'ayant pas eu lieu, peut-on dire que la forme a tiré le fond ? Ce d'autant plus que la direction du FPI se proposerait de faire un communiqué pour mettre en évidence le fait que le président Koulibaly a été mis en minorité par ses camarades du parti. En tout état de cause, le problème est loin d'avoir été réglé. Puisque l'on n'a pas encore touché le cœur du débat. Au demeurant, le président de l'Assemblée a essayé de faire comprendre qu'il a exprimé un point de vue, une analyse, en toute conscience et volonté. Et que son militantisme au FPI lui commandait de ne justement pas se taire lorsque le régime prend l'eau. De fait, il n'en voulait pas à Tagro personnellement, mais il voulait poser un problème, crever un abcès afin de rassembler le parti autour de l'essentiel.

Interrogé par un confrère de la presse en ligne hier, Sokouri Bohui n'a pas caché que le parti a désapprouvé les raids de Koulibaly contre Tagro. "On a condamné les propos de Mamadou Koulibaly contre Tagro", a-t-il déclaré avant d'ajouter qu'il n'y avait pas à craindre des risques de "chamboulement au sein du parti car le FPI est un parti critique et auto-critique" et considéré qu'il pouvait parfois être confronté à "des dérapages"

Court-circuit politique

Le Fpi offre une bien piètre image de division. Le parti est traversé par des clans. Le désordre que le FPI a installé au niveau du pays n'a pas épargné ses propres entrailles.

Gbagbo a fabriqué de nouveaux riches qu'il n'arrive plus à contrôler lui-même. Le parti sur lequel il compte pour aller aux élections est terriblement fragilisé de l'intérieur. L'autorité de Pascal Affi N'guessan est contestée par des responsables du parti qui ne participent plus aux réunions des instances et qui font cavaliers seuls, prennent des initiatives solitaires.

Avant-hier, les questions de fonds soulevées par Koulibaly n'ont pas été traitées. Et il n'est pas sûr que cela puisse se faire sans remettre en cause toute l'orientation politique du régime actuel. Koulibaly est sûr de son fait. Les problèmes qu'il a identifiés sont réels. Laurent Gbagbo lui-même en est conscient : les fraudes aux examens et concours, la corruption généralisée, les détournements de deniers publics, l'ethnicisme et le tribalisme ont pignon sur rue sous la Refondation. Et ce que le président de l'Assemblée nationale trouve choquant, c'est que des collaborateurs très proches du chef de l'Etat se livrent à de telles pratiques.

En tout état de cause, le FPI a raison de se réunir la nuit pour laver son linge qui présente des salissures trop profondes et très gênantes. Et le procès qui est fait à Koulibaly, c'est d'avoir étalé la laideur du FPI au grand jour. Mais aurait-il été entendu s'il n'était pas allé un peu fort ?

Maintenant qu'il a réussi à se faire entendre par les sourds qui refusaient d'entendre, on attend le FPI et Gbagbo.

Akwaba Saint Clair
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