Dans le cadre de ses «Grandes Interviews» diffusées sur son site internet, la Coordination des communicateurs bénévoles a reçu le directeur général de l`Economie, M. Kouassy Oussou. En toute vérité, ce haut cadre de l’administration ivoirienne éclaire l’opinion publique sur la gestion économique du pays sous Bédié et Gbagbo. Nous vous proposons en intégralité cet entretien.
En cette période pré-électorale, les adversaires de Laurent Gbagbo évoquent abondamment le bilan de la politique de Refondation conçue par le Front populaire ivoirien (FPI) qu’ils jugent négatif sur le plan économique. Monsieur le directeur général, vous qui êtes l’un des acteurs de cette politique économique, qu’en est-il exactement ?
En quoi a consisté cette politique économique? Kouassy Oussou : Lorsque le FPI a sollicité le suffrage des Ivoiriens, il avait un programme économique très clair. Un programme économique qui a été forgé pendant de longues années puisque le parti a passé plus de 30 ans dans l’opposition. Son programme a été également forgé à travers une proximité avec les populations, étant donné que le Président Laurent Gbagbo a parcouru toutes les régions du pays et a eu le temps d’observer les besoins des Ivoiriens en matière de développement. C’est à la lumière de tout cela, et surtout de l’ambition du FPI de transformer la société ivoirienne que le programme de gouvernement du FPI a été concocté ; la philosophie du programme économique FPI étant basée sur le socialisme-démocratique ou économie sociale du marché. C’est-à-dire que le parti a opté pour l’économie de marché avec pour objectif de laisser les forces économiques de notre pays se déployer, créer les richesses et profiter de l’organisation économique basée sur le marché.
Mais en même temps, offrir une solidarité sociale, résoudre les problèmes sociaux et engager les réformes sociales.
Il y a également dans cette politique économique du FPI, un terme mis abondamment en avant par les dirigeants à l’époque : le budget sécurisé. Quelles en étaient les implications réelles ?
K.O : Comme je le disais, la philosophie d’ensemble, c’est la politique sociale de marché ; mais l’état d’esprit dans lequel le Président Laurent Gbagbo a voulu que les Ivoiriens soient, c’est l’état d’esprit de l’astreinte. Il nous a enseigné que le meilleur allié, c’est nous-mêmes. Il nous a appris à compter sur nous-mêmes, sur nos propres richesses.
C’est le sens du budget sécurisé. Le budget sécurisé a été élaboré en 2001 et se montait à 1289,11 milliards de FCFA. Il était fondé sur les ressources propres et quasi certaines. Seules les dépenses prioritaires prises en compte par le budget étaient exécutées. Vous voyez que c’est un budget qui a été bâti sur des ressources certaines et exécuté pour des dépenses prioritaires arrêtées. Ce système a-t-il porté ses fruits?
K. O : Bien sûr que le budget sécurisé a porté ses fruits. D’abord au niveau des ressources. A partir du moment où on construisait notre économie sur nos ressources propres, il fallait réformer l’ensemble des régies financières. Car, au moment où le Président Gbagbo arrivait au pouvoir, la Douane, les Impôts et le Trésor réalisaient des contre-performances et des moins values de 140 milliards de f CFA. Les recettes réalisées étaient inférieures aux prévisions. En plus des moins-values, il y avait des secteurs qui étaient totalement délabrés. Concernant la gestion de la filière café-cacao par exemple, mamelles nourricières de l’économie nationale, le processus de libéralisation s’est avéré chaotique : suppression de la Caistab, puis création de la Nouvelle Caistab et enfin liquidation de la Nouvelle Caistab. De 508 FCFA le kilo en 1998, le prix au producteur est passé à 300 FCFA le kilo pour le cacao en 1999. Ce prix n’était pas garanti. Les produits restaient invendus, et parfois détruits. La Caisse a été liquidée et aucun système n’avait été mis en place pour pouvoir prendre le relais et organiser un secteur aussi vital. Rappelez-vous que le Président Gbagbo est arrivé en octobre 2000 ; c’est-à-dire en pleine campagne café-cacao. Donc il fallait réformer vite le secteur. Et cela a été fait dans l’urgence. Il y avait également le secteur de l’électricité, avec un déficit qui était évalué pour l’année 2001 à 50 milliards de FCFA.
En outre, le manque de cohérence dans la gestion du secteur des hydrocarbures a engendré des pertes cumulées estimées à près de 40 milliards de FCFA à fin décembre 2000.
C’est une économie qui, on peut le dire, était presqu’en faillite. La mal-gouvernance s’est caractérisée par une faible mobilisation des ressources et des dérapages au niveau des dépenses. L’année 1999 s’est s’achevée sur un déficit budgétaire d’environ 197 milliards de francs CFA, soit 3% du PIB. Au total, le taux de croissance est ressorti négatif, passant de 7,1 % en 1995 à 1,6% en 1999, puis à -2,3% en 2000. Telle a été la situation désastreuse et "calamiteuse", pour emprunter l’expression du Président Laurent Gbagbo, que nous avons trouvée en octobre 2000. Quelles ont été les premières mesures du gouvernement FPI face à cette situation catastrophique?
K.O. : Face à cette situation, il fallait réformer les richesses. Dès l’année 2001, grâce aux réformes entreprises dans des secteurs clé de notre économie et aux mesures d’assainissement des finances publiques, les ressources ont commencé à augmenter et on a engrangé une plus-value. Les recettes fiscales de 1077,5 milliards en 2000 sont montées à 1168 milliards à fin 2001 et à 1237,5 milliards en 2002. Elles auraient augmenté n’eut été la guerre survenue en septembre de cette année-là. D’ailleurs, depuis l’accession du Président Laurent Gbagbo et le FPI au pouvoir, l`on voit que les recettes fiscales (Direction Générale des Impôts) qui dépassaient à peine les 450 milliards de FCFA, ont plus que doublé aujourd’hui et se situent à plus de 850 milliards. La barre des 900 milliards pourrait être franchie en cette fin d’année 2009. Quant aux recettes douanières, elles étaient à peu près de 500 milliards en 2000 et ont explosé, se situant à plus de 780 milliards de FCFA en 2008. Là également, l’objectif de 900 milliards pourrait être atteint cette année. Donc, il nous fallait développer cette base de ressources parce qu’on était convaincu que c’est cela qui pouvait permettre de financer les programmes et les réformes sociales. Et cela a très bien marché. D’ailleurs, pendant toute la période, les ressources propres ont représenté 92% de l’ensemble des ressources dont le pays a disposé. Cette philosophie est à l’opposé de la philosophie qui soutient que pour développer le pays, il faut aller chercher de l’argent à l’étranger ou compter sur des amis à l’extérieur. Il y a de l’argent dans le pays et le président Laurent Gbagbo a démontré que le pays a suffisamment d’argent pour se développer. C’est une question d’organisation. Nous avons fait la démonstration qu’il n’y a pas de fatalité des ressources dans notre pays. On n’a pas arrêté de mobiliser les ressources : au début, on avait moins de 1000 milliards FCFA mais aujourd’hui, on a 1800 milliards. Ce qui nous permet de tenir un budget de plus de 2000 milliards depuis 2008. D’octobre 2000 à aujourd’hui, sous l’autorité du Président Laurent Gbagbo, les recettes du pays ont doublé. Le Président a augmenté la capacité du pays à mobiliser les ressources. En ce qui concerne l’aspect dépenses, un travail devait être fait. Il fallait rationaliser les dépenses, arrêter un budget et le respecter. N’oublions pas que lorsque le président Gbagbo arrivait, l’un des problèmes qui s’était posé à la Côte d’Ivoire, c’était les dépenses extrabudgétaires. Il y avait les DENO (dépenses engagées non ordonnancées) qui en général étaient payées. En principe, une dépense, lorsqu’elle n’est pas ordonnancée, ne doit pas être payée, mais ce n’était pas le cas globalement à cette époque. Il y avait ce qu’on appelle les passifs, c’est-à-dire des dépenses sans couvertures budgétaires, inconnues du budget mais qui étaient effectuées quand même.
Et cela s’élève à des centaines de milliards de FCFA. A l`époque, les dépenses extrabudgétaires représentaient 17% du budget d’investissement. Donc, une partie importante des dépenses n’était pas inscrite dans le budget de l’Etat. Dans le cadre du budget sécurisé, on n’exécute pas les dépenses qui ne sont pas programmées. C’est ce qui s’est passé de 2001 à ce jour.
De l’autre côté, il faut laisser la place aux Ivoiriens de déployer leur génie, d’entreprendre et de créer des richesses, de créer des valeurs et de participer au développement de l’économie du pays. Mais en même temps, on est ouvert aux investissements directs étrangers. C’est une économie ouverte qui a été créée et c’est l’autre dimension de notre politique. Le Président Gbagbo a demandé qu’on s’ouvre à tous les pays du monde qui nous offrent capitaux, technologies, etc.
Monsieur le directeur général, le retour des bailleurs de fonds a été constaté et salué quelques mois après la prise du pouvoir par le FPI. Comment cela a été possible?
K.O. : Quand le Président Gbagbo arrivait en 2000, l’ensemble des partenaires, notamment le Fonds monétaire international, la Banque africaine de développement, l’Union européenne avaient rompu avec la Côte d’Ivoire. Le pays était totalement isolé.
La rupture avec les bailleurs des fonds était la résultante de la mauvaise gestion et de la mauvaise gouvernance qui ont caractérisé la gestion de l’époque. C’est cette équipe qui a gâché d’un trait tout l’héritage de la période faste. Sans compter qu’elle a reçu la manne de la dévaluation. Malheureu-sement, en moins de quatre ans (1994 à 1998), elle a dilapidé tout le capital confiance que la communauté internationale avait vis-à-vis de la Côte d’Ivoire. Le pouvoir s’est retrouvé isolé sur le plan international, à telle enseigne que quand le coup d’Etat est survenu en 1999, il y a eu très peu de gens qui ont levé le petit doigt.
Voulant hisser la Côte d’Ivoire au rang des pays développés, le Président Gbagbo ne pouvait pas ne pas utiliser ce que le monde offre de mieux en matière de gestion. Si on veut devenir un pays développé, un pays qui compte dans le monde, on ne peut pas se fermer au reste du monde.
Pour donner du crédit à notre action, il fallait renouer avec les bailleurs de fonds. Dès les premiers jours, le Président a donné des instructions sérieuses pour que les négociations soient menées avec les bailleurs de fonds. Dès le mois de juillet 2001, on avait déjà un avant-programme avec la Banque mondiale. De ce programme, le taux de croissance de l’économie est passé de -2,3% en 2000 à 0,1% en 2001, soit un gain de 2.4 points. Dès janvier 2002, la Banque africaine de développement a approuvé la stratégie du dialogue avec les autorités ivoiriennes dans la perspective d’une reprise de la coopération financière. S’appuyant sur les résultats positifs du programme intérimaire.
Le gouvernement a conclu les négociations avec le FMI sur un programme triennal appuyé par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) de 293 millions de dollars en février 2002. De son côté, la Banque mondiale a repris sa coopération suite à l’apurement des arriérés de paiement. La levée des sanctions a permis la reprise des décaissements pour un montant de 280 millions de dollars EU.
D’autres projets programmés ont été financés, concernant le programme de relance économique, le projet de lutte contre le VIH/SIDA, le renforcement des capacités et la lutte contre la pauvreté en milieu urbain.
L’Union européenne et les autres partenaires bilatéraux, notamment la France et le Canada ont repris leur coopération avec la réactivation des opérations en cours et le financement de nouveaux projets.
Partant de cet élan d’assistance, le budget 2002 a été élaboré dans le but de poursuivre l’assainissement et la relance de l’activité économique, et mettre en œuvre des actions sociales conformes à la stratégie intérimaire de lutte contre la pauvreté. Conforment aux objectifs budgétaires et compte tenu de l’aide aux projets en cours et des rééchelonnements attendus dans le cadre du Club de Paris et du Club de Londres, le gap de financement extérieur pour 2002 était estimé à 456 milliards de FCFA.
En mai 2002, on avait renoué avec tous les partenaires, y compris le Club de Paris. C’est-à-dire en très peu de temps, on a réussi à convaincre la communauté internationale du sérieux de l’équipe et du programme. Quelle a été la méthode utilisée par le gouvernement pour convaincre les partenaires extérieurs?
K.O. : Je vais vous faire une confidence que le Premier ministre Affi N’Guessan évoque souvent.
Pendant sa toute première mission à Bruxelles, nos interlocuteurs s’attendaient à une délégation autre que celle conduite par Affi N’Guessan. Nos interlocuteurs étant habitués à recevoir des délégations de pays africains comprenant des conseillers blancs ; alors que ce n’était pas le cas avec le régime de Laurent Gbagbo. Et cette équipe a convaincu ses interlocuteurs qui ont constaté qu’elle avait du coffre. Ce fut la même réaction à Washington. Pour Laurent Gbagbo, il fallait montrer un autre visage de l’Afrique : celui de l’affirmation. Une Afrique sans complexe qui défend ses idées. C’est cette équipe qui a su se faire respecter. Les adversaires du FPI soutiennent que c’est la Refondation qui a appauvri la Côte d’Ivoire. Qu’en pensez-vous?
K.O : Je pense que ce n’est pas juste de dire que c’est cette politique de la Refondation qui a appauvri la Côte d’Ivoire. Parce malgré la guerre, malgré la crise que notre pays est en passe de traverser, malgré la crise financière internationale, la crise énergétique, la crise alimentaire depuis 2008, le pays n’a connu que deux années de croissance négative, en 2002 et en 2003 avec respectivement -1,6% et -1,7%. Après cette période, le pays s’est relevé progressivement. On avait un taux de croissance faible, jusqu’à ce qu’on retrouve un taux de croissance de plus 2% en 2008 et cette année on aura un taux de croissance de 3,7%. L’année prochaine, on remontera vers un taux de 4%.
Entre temps, le pays est passé d’un PIB de 6500 - 7000 milliards à 10 000 milliards en 2008. Et ce n’est pas rien. Ce n’est pas la Refondation mais la guerre qui a appauvri les Ivoiriens, je dirais ceux qui ont commandité la rébellion. Sinon avec les 10 mille milliards qu’on a aujourd’hui, s’il n’y avait pas la guerre avec les énormes dépenses improductives, le niveau de vie des Ivoiriens serait considérablement amélioré. Le programme de gouvernement du président Laurent Gbagbo connaissait juste un début d’exécution quand les ennemis ont frappé la Côte d’Ivoire. Et les éléments de ce programme tels que l’Assurance maladie universelle (AMU), l’école gratuite et obligatoire pour tous, la décentralisation par les conseils généraux et régionaux, le programme d’électrification rurale, etc., effraient les opposants au régime FPI. C’est certainement cela aussi qui explique la guerre imposée à notre pays. S’il y a croissance, comment expliquez-vous la pauvreté des Ivoiriens?
K.O. : Quand la guerre a éclaté, il y a eu des dépenses militaires à effectuer. On évalue ces dépenses, pendant les périodes chaudes, jusqu’à 150 milliards. Les haut-les-cœurs par exemple faisaient 3 milliards tous les mois. Ces dépenses étaient certes utiles, mais elles étaient improductives. Il y a tout ce qu’on appelle les dépenses de sortie de crise, les dépenses pour encadrer les populations en errance et les dépenses relatives à la préparation des élections qui nécessitent des fonds énormes. Je ne mets pas en doute la technologie de l’opérateur SAGEM, mais ce pays a déjà organisé des élections et je ne pense pas qu’on ait été obligé de débourser 100 milliards pour cela. Tout au plus, une dizaine de milliards aurait suffi. Si on met cela bout à bout, on comprend aisément que bien que le pays ait continué à créer les richesses, elles ont été utilisées pour colmater les brèches. Et c’est tout à fait logique qu’on n’ait pas relevé le niveau de vie des populations. Dans ce contexte, comment l’Etat est-il parvenu à payer les salaires sans interruption?
K.O. : Le président de la République a fait du paiement des salaires une priorité. Et en la matière, il est parti de l’analyse que l’Etat est la condition d’existence de la nation. S’il n’y a pas d’Etat, il n’y a pas de pays. L’Etat ne peut pas non plus exister sans les animateurs de l’Etat, c’est-à-dire les fonctionnaires et agents de l’Etat. Donc, il fallait tout faire pour préserver le cœur de notre administration en payant les salaires. Car, là où il n’y a pas l’Etat, c’est le désordre. Le salaire des fonctionnaires et agents de l’Etat, c’est la dernière ligne sur laquelle on peut faire de l’économie.
De façon générale, il faut dire que la politique économique du FPI est solide. Un programme qui n’a malheureusement pu se dérouler et qui a été stoppé dès l’amorce de sa mise en œuvre. Dès les premiers signes, on a essayé de le tuer dans l’œuf. Heureusement qu’on nous a laissé au moins un an et demi pour faire la démonstration qu’on peut gérer autrement le pays. Durant ces six années de crise, c’est sur les acquis de cette période de démonstration que nous avons basé notre politique économique. Sur la question des PPTE, beaucoup de choses sont également dites. Entre autres, on parle de célébration de la pauvreté. Qu’en est-il exactement?
K.O. : Les gens disent beaucoup de choses et je pense qu’il y a beaucoup de mensonges.
D’abord les PPTE, ce sont les pays pauvres très endettés et il y a des critères pour que vous soyez définis ainsi. En fonction de votre PIB par tête, on définit que vous êtes un pays pauvre ou un pays à revenus intermédiaires. Donc, ce n’est pas la volonté de s’inscrire dans la catégorie des PPTE ou de s’inscrire dans le lot des pays riches qui prévaut. Il y a des critères. Après la dévaluation de 1994, le Premier ministre Kablan Duncan sous Bédié a passé tout son temps à réclamer le reclassement de la Côte d’Ivoire ; et son programme semblait être que la Côte d’Ivoire sorte de la catégorie des pays à revenus intermédiaires. Il fallait qu’on soit déclaré pays pauvre et qu’on soit inscrit sur le guichet IDA qui est un guichet où on peut aller emprunter à moindre frais. A côté de cela, l’équipe d’Henri Konan Bédié a négocié sans relâche en vue d’obtenir le PPTE. Donc, notre pays était déjà PPTE bien avant l’arrivée au pouvoir du Président Laurent Gbagbo. Malheureusement, les programmes qui vont avec, Bédié et son équipe n’avaient pas été capables de les obtenir. C’est cela la vérité. Donc, c’est la politique qui a été menée depuis 2001 qui a ouvert la voie vers le PPTE. Dès septembre 2002, on avait déjà obtenu l’accord de principe pour obtenir le point de décision en octobre. Malheureusement, la guerre est survenue en septembre. Si on a réussi à obtenir le PPTE malgré la crise, on devrait au contraire saluer ces efforts. Car, ce sont des Ivoiriens qui ont travaillé dur pour obtenir ce résultat. De plus, ces dettes pour lesquelles nous déployons tant d’efforts ont été accumulées par les régimes antérieurs. Ce n’est pas le régime actuel qui a contracté ces dettes. Au début des années 1970, on avait une dette qui ne dépassait même pas 100 milliards. Elle est montée à plus de 2400 milliards en 1993, puis à 8468 milliards en 1996, soit 136% du PIB. C’est la conséquence des choix hasardeux des années 1980. Ce qu’il faut retenir, c’est que le Président Laurent Gbagbo n’était pas là en ce moment. Aujourd’hui, grâce à ses efforts, le stock de la dette extérieure a été ramené à 6257 milliards en 2008.
Le PPTE est un mécanisme de désendettement que la communauté internationale propose. On n’oblige pas quelqu’un à y aller. Mais c’est faire preuve de mauvaise foi, surtout lorsqu’un ancien ministre de l’Economie et des Finances se mêle au débat, reprochant à Laurent Gbagbo un choix qui permet de mieux envisager le développement de la Côte d’Ivoire. Visiblement, cet ancien ministre et son chef n’ont plus rien à proposer à la Côte d’Ivoire.
Les Ivoiriens ont fait des sacrifices et il faut le leur reconnaître. D’ailleurs, on commence à sentir les effets du programme économique financier appuyé par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC), obtenu en mars 2009, même s’il faut aller jusqu’au point d’achèvement. A ce moment là, notre dette sera réduite à 80%. Et si on mène bien les politiques, les 20% pourront être épongées par les créanciers multilatéraux (IADM). Au lieu de mettre 400 à 500 milliards pour payer le service de la dette, cela constituera une ressource.
Lorsque Bédié et son gouvernement conduit par Daniel Kablan Duncan courraient après ce programme, il était bon. Mais lorsque nous parvenons à l’obtenir, n’étant plus au pouvoir, ils trouvent que ce n’est plus bon et intoxiquent les populations. Ce qu’il faut retenir, c’est que la Côte d’Ivoire est un pays solide qui a les moyens de se développer.
Et je suis convaincu qu`on a le meilleur programme. Nous pensons que Laurent Gbagbo est porteur d’idées qui ont maturé avec le peuple. Les Ivoiriens doivent donc lui donner un autre mandat pour lui permettre de mettre en application son programme de société qui profitera à coup sûr à toutes les couches de la population.
(Source : site de la coordination des communicateurs bénévoles)
En cette période pré-électorale, les adversaires de Laurent Gbagbo évoquent abondamment le bilan de la politique de Refondation conçue par le Front populaire ivoirien (FPI) qu’ils jugent négatif sur le plan économique. Monsieur le directeur général, vous qui êtes l’un des acteurs de cette politique économique, qu’en est-il exactement ?
En quoi a consisté cette politique économique? Kouassy Oussou : Lorsque le FPI a sollicité le suffrage des Ivoiriens, il avait un programme économique très clair. Un programme économique qui a été forgé pendant de longues années puisque le parti a passé plus de 30 ans dans l’opposition. Son programme a été également forgé à travers une proximité avec les populations, étant donné que le Président Laurent Gbagbo a parcouru toutes les régions du pays et a eu le temps d’observer les besoins des Ivoiriens en matière de développement. C’est à la lumière de tout cela, et surtout de l’ambition du FPI de transformer la société ivoirienne que le programme de gouvernement du FPI a été concocté ; la philosophie du programme économique FPI étant basée sur le socialisme-démocratique ou économie sociale du marché. C’est-à-dire que le parti a opté pour l’économie de marché avec pour objectif de laisser les forces économiques de notre pays se déployer, créer les richesses et profiter de l’organisation économique basée sur le marché.
Mais en même temps, offrir une solidarité sociale, résoudre les problèmes sociaux et engager les réformes sociales.
Il y a également dans cette politique économique du FPI, un terme mis abondamment en avant par les dirigeants à l’époque : le budget sécurisé. Quelles en étaient les implications réelles ?
K.O : Comme je le disais, la philosophie d’ensemble, c’est la politique sociale de marché ; mais l’état d’esprit dans lequel le Président Laurent Gbagbo a voulu que les Ivoiriens soient, c’est l’état d’esprit de l’astreinte. Il nous a enseigné que le meilleur allié, c’est nous-mêmes. Il nous a appris à compter sur nous-mêmes, sur nos propres richesses.
C’est le sens du budget sécurisé. Le budget sécurisé a été élaboré en 2001 et se montait à 1289,11 milliards de FCFA. Il était fondé sur les ressources propres et quasi certaines. Seules les dépenses prioritaires prises en compte par le budget étaient exécutées. Vous voyez que c’est un budget qui a été bâti sur des ressources certaines et exécuté pour des dépenses prioritaires arrêtées. Ce système a-t-il porté ses fruits?
K. O : Bien sûr que le budget sécurisé a porté ses fruits. D’abord au niveau des ressources. A partir du moment où on construisait notre économie sur nos ressources propres, il fallait réformer l’ensemble des régies financières. Car, au moment où le Président Gbagbo arrivait au pouvoir, la Douane, les Impôts et le Trésor réalisaient des contre-performances et des moins values de 140 milliards de f CFA. Les recettes réalisées étaient inférieures aux prévisions. En plus des moins-values, il y avait des secteurs qui étaient totalement délabrés. Concernant la gestion de la filière café-cacao par exemple, mamelles nourricières de l’économie nationale, le processus de libéralisation s’est avéré chaotique : suppression de la Caistab, puis création de la Nouvelle Caistab et enfin liquidation de la Nouvelle Caistab. De 508 FCFA le kilo en 1998, le prix au producteur est passé à 300 FCFA le kilo pour le cacao en 1999. Ce prix n’était pas garanti. Les produits restaient invendus, et parfois détruits. La Caisse a été liquidée et aucun système n’avait été mis en place pour pouvoir prendre le relais et organiser un secteur aussi vital. Rappelez-vous que le Président Gbagbo est arrivé en octobre 2000 ; c’est-à-dire en pleine campagne café-cacao. Donc il fallait réformer vite le secteur. Et cela a été fait dans l’urgence. Il y avait également le secteur de l’électricité, avec un déficit qui était évalué pour l’année 2001 à 50 milliards de FCFA.
En outre, le manque de cohérence dans la gestion du secteur des hydrocarbures a engendré des pertes cumulées estimées à près de 40 milliards de FCFA à fin décembre 2000.
C’est une économie qui, on peut le dire, était presqu’en faillite. La mal-gouvernance s’est caractérisée par une faible mobilisation des ressources et des dérapages au niveau des dépenses. L’année 1999 s’est s’achevée sur un déficit budgétaire d’environ 197 milliards de francs CFA, soit 3% du PIB. Au total, le taux de croissance est ressorti négatif, passant de 7,1 % en 1995 à 1,6% en 1999, puis à -2,3% en 2000. Telle a été la situation désastreuse et "calamiteuse", pour emprunter l’expression du Président Laurent Gbagbo, que nous avons trouvée en octobre 2000. Quelles ont été les premières mesures du gouvernement FPI face à cette situation catastrophique?
K.O. : Face à cette situation, il fallait réformer les richesses. Dès l’année 2001, grâce aux réformes entreprises dans des secteurs clé de notre économie et aux mesures d’assainissement des finances publiques, les ressources ont commencé à augmenter et on a engrangé une plus-value. Les recettes fiscales de 1077,5 milliards en 2000 sont montées à 1168 milliards à fin 2001 et à 1237,5 milliards en 2002. Elles auraient augmenté n’eut été la guerre survenue en septembre de cette année-là. D’ailleurs, depuis l’accession du Président Laurent Gbagbo et le FPI au pouvoir, l`on voit que les recettes fiscales (Direction Générale des Impôts) qui dépassaient à peine les 450 milliards de FCFA, ont plus que doublé aujourd’hui et se situent à plus de 850 milliards. La barre des 900 milliards pourrait être franchie en cette fin d’année 2009. Quant aux recettes douanières, elles étaient à peu près de 500 milliards en 2000 et ont explosé, se situant à plus de 780 milliards de FCFA en 2008. Là également, l’objectif de 900 milliards pourrait être atteint cette année. Donc, il nous fallait développer cette base de ressources parce qu’on était convaincu que c’est cela qui pouvait permettre de financer les programmes et les réformes sociales. Et cela a très bien marché. D’ailleurs, pendant toute la période, les ressources propres ont représenté 92% de l’ensemble des ressources dont le pays a disposé. Cette philosophie est à l’opposé de la philosophie qui soutient que pour développer le pays, il faut aller chercher de l’argent à l’étranger ou compter sur des amis à l’extérieur. Il y a de l’argent dans le pays et le président Laurent Gbagbo a démontré que le pays a suffisamment d’argent pour se développer. C’est une question d’organisation. Nous avons fait la démonstration qu’il n’y a pas de fatalité des ressources dans notre pays. On n’a pas arrêté de mobiliser les ressources : au début, on avait moins de 1000 milliards FCFA mais aujourd’hui, on a 1800 milliards. Ce qui nous permet de tenir un budget de plus de 2000 milliards depuis 2008. D’octobre 2000 à aujourd’hui, sous l’autorité du Président Laurent Gbagbo, les recettes du pays ont doublé. Le Président a augmenté la capacité du pays à mobiliser les ressources. En ce qui concerne l’aspect dépenses, un travail devait être fait. Il fallait rationaliser les dépenses, arrêter un budget et le respecter. N’oublions pas que lorsque le président Gbagbo arrivait, l’un des problèmes qui s’était posé à la Côte d’Ivoire, c’était les dépenses extrabudgétaires. Il y avait les DENO (dépenses engagées non ordonnancées) qui en général étaient payées. En principe, une dépense, lorsqu’elle n’est pas ordonnancée, ne doit pas être payée, mais ce n’était pas le cas globalement à cette époque. Il y avait ce qu’on appelle les passifs, c’est-à-dire des dépenses sans couvertures budgétaires, inconnues du budget mais qui étaient effectuées quand même.
Et cela s’élève à des centaines de milliards de FCFA. A l`époque, les dépenses extrabudgétaires représentaient 17% du budget d’investissement. Donc, une partie importante des dépenses n’était pas inscrite dans le budget de l’Etat. Dans le cadre du budget sécurisé, on n’exécute pas les dépenses qui ne sont pas programmées. C’est ce qui s’est passé de 2001 à ce jour.
De l’autre côté, il faut laisser la place aux Ivoiriens de déployer leur génie, d’entreprendre et de créer des richesses, de créer des valeurs et de participer au développement de l’économie du pays. Mais en même temps, on est ouvert aux investissements directs étrangers. C’est une économie ouverte qui a été créée et c’est l’autre dimension de notre politique. Le Président Gbagbo a demandé qu’on s’ouvre à tous les pays du monde qui nous offrent capitaux, technologies, etc.
Monsieur le directeur général, le retour des bailleurs de fonds a été constaté et salué quelques mois après la prise du pouvoir par le FPI. Comment cela a été possible?
K.O. : Quand le Président Gbagbo arrivait en 2000, l’ensemble des partenaires, notamment le Fonds monétaire international, la Banque africaine de développement, l’Union européenne avaient rompu avec la Côte d’Ivoire. Le pays était totalement isolé.
La rupture avec les bailleurs des fonds était la résultante de la mauvaise gestion et de la mauvaise gouvernance qui ont caractérisé la gestion de l’époque. C’est cette équipe qui a gâché d’un trait tout l’héritage de la période faste. Sans compter qu’elle a reçu la manne de la dévaluation. Malheureu-sement, en moins de quatre ans (1994 à 1998), elle a dilapidé tout le capital confiance que la communauté internationale avait vis-à-vis de la Côte d’Ivoire. Le pouvoir s’est retrouvé isolé sur le plan international, à telle enseigne que quand le coup d’Etat est survenu en 1999, il y a eu très peu de gens qui ont levé le petit doigt.
Voulant hisser la Côte d’Ivoire au rang des pays développés, le Président Gbagbo ne pouvait pas ne pas utiliser ce que le monde offre de mieux en matière de gestion. Si on veut devenir un pays développé, un pays qui compte dans le monde, on ne peut pas se fermer au reste du monde.
Pour donner du crédit à notre action, il fallait renouer avec les bailleurs de fonds. Dès les premiers jours, le Président a donné des instructions sérieuses pour que les négociations soient menées avec les bailleurs de fonds. Dès le mois de juillet 2001, on avait déjà un avant-programme avec la Banque mondiale. De ce programme, le taux de croissance de l’économie est passé de -2,3% en 2000 à 0,1% en 2001, soit un gain de 2.4 points. Dès janvier 2002, la Banque africaine de développement a approuvé la stratégie du dialogue avec les autorités ivoiriennes dans la perspective d’une reprise de la coopération financière. S’appuyant sur les résultats positifs du programme intérimaire.
Le gouvernement a conclu les négociations avec le FMI sur un programme triennal appuyé par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) de 293 millions de dollars en février 2002. De son côté, la Banque mondiale a repris sa coopération suite à l’apurement des arriérés de paiement. La levée des sanctions a permis la reprise des décaissements pour un montant de 280 millions de dollars EU.
D’autres projets programmés ont été financés, concernant le programme de relance économique, le projet de lutte contre le VIH/SIDA, le renforcement des capacités et la lutte contre la pauvreté en milieu urbain.
L’Union européenne et les autres partenaires bilatéraux, notamment la France et le Canada ont repris leur coopération avec la réactivation des opérations en cours et le financement de nouveaux projets.
Partant de cet élan d’assistance, le budget 2002 a été élaboré dans le but de poursuivre l’assainissement et la relance de l’activité économique, et mettre en œuvre des actions sociales conformes à la stratégie intérimaire de lutte contre la pauvreté. Conforment aux objectifs budgétaires et compte tenu de l’aide aux projets en cours et des rééchelonnements attendus dans le cadre du Club de Paris et du Club de Londres, le gap de financement extérieur pour 2002 était estimé à 456 milliards de FCFA.
En mai 2002, on avait renoué avec tous les partenaires, y compris le Club de Paris. C’est-à-dire en très peu de temps, on a réussi à convaincre la communauté internationale du sérieux de l’équipe et du programme. Quelle a été la méthode utilisée par le gouvernement pour convaincre les partenaires extérieurs?
K.O. : Je vais vous faire une confidence que le Premier ministre Affi N’Guessan évoque souvent.
Pendant sa toute première mission à Bruxelles, nos interlocuteurs s’attendaient à une délégation autre que celle conduite par Affi N’Guessan. Nos interlocuteurs étant habitués à recevoir des délégations de pays africains comprenant des conseillers blancs ; alors que ce n’était pas le cas avec le régime de Laurent Gbagbo. Et cette équipe a convaincu ses interlocuteurs qui ont constaté qu’elle avait du coffre. Ce fut la même réaction à Washington. Pour Laurent Gbagbo, il fallait montrer un autre visage de l’Afrique : celui de l’affirmation. Une Afrique sans complexe qui défend ses idées. C’est cette équipe qui a su se faire respecter. Les adversaires du FPI soutiennent que c’est la Refondation qui a appauvri la Côte d’Ivoire. Qu’en pensez-vous?
K.O : Je pense que ce n’est pas juste de dire que c’est cette politique de la Refondation qui a appauvri la Côte d’Ivoire. Parce malgré la guerre, malgré la crise que notre pays est en passe de traverser, malgré la crise financière internationale, la crise énergétique, la crise alimentaire depuis 2008, le pays n’a connu que deux années de croissance négative, en 2002 et en 2003 avec respectivement -1,6% et -1,7%. Après cette période, le pays s’est relevé progressivement. On avait un taux de croissance faible, jusqu’à ce qu’on retrouve un taux de croissance de plus 2% en 2008 et cette année on aura un taux de croissance de 3,7%. L’année prochaine, on remontera vers un taux de 4%.
Entre temps, le pays est passé d’un PIB de 6500 - 7000 milliards à 10 000 milliards en 2008. Et ce n’est pas rien. Ce n’est pas la Refondation mais la guerre qui a appauvri les Ivoiriens, je dirais ceux qui ont commandité la rébellion. Sinon avec les 10 mille milliards qu’on a aujourd’hui, s’il n’y avait pas la guerre avec les énormes dépenses improductives, le niveau de vie des Ivoiriens serait considérablement amélioré. Le programme de gouvernement du président Laurent Gbagbo connaissait juste un début d’exécution quand les ennemis ont frappé la Côte d’Ivoire. Et les éléments de ce programme tels que l’Assurance maladie universelle (AMU), l’école gratuite et obligatoire pour tous, la décentralisation par les conseils généraux et régionaux, le programme d’électrification rurale, etc., effraient les opposants au régime FPI. C’est certainement cela aussi qui explique la guerre imposée à notre pays. S’il y a croissance, comment expliquez-vous la pauvreté des Ivoiriens?
K.O. : Quand la guerre a éclaté, il y a eu des dépenses militaires à effectuer. On évalue ces dépenses, pendant les périodes chaudes, jusqu’à 150 milliards. Les haut-les-cœurs par exemple faisaient 3 milliards tous les mois. Ces dépenses étaient certes utiles, mais elles étaient improductives. Il y a tout ce qu’on appelle les dépenses de sortie de crise, les dépenses pour encadrer les populations en errance et les dépenses relatives à la préparation des élections qui nécessitent des fonds énormes. Je ne mets pas en doute la technologie de l’opérateur SAGEM, mais ce pays a déjà organisé des élections et je ne pense pas qu’on ait été obligé de débourser 100 milliards pour cela. Tout au plus, une dizaine de milliards aurait suffi. Si on met cela bout à bout, on comprend aisément que bien que le pays ait continué à créer les richesses, elles ont été utilisées pour colmater les brèches. Et c’est tout à fait logique qu’on n’ait pas relevé le niveau de vie des populations. Dans ce contexte, comment l’Etat est-il parvenu à payer les salaires sans interruption?
K.O. : Le président de la République a fait du paiement des salaires une priorité. Et en la matière, il est parti de l’analyse que l’Etat est la condition d’existence de la nation. S’il n’y a pas d’Etat, il n’y a pas de pays. L’Etat ne peut pas non plus exister sans les animateurs de l’Etat, c’est-à-dire les fonctionnaires et agents de l’Etat. Donc, il fallait tout faire pour préserver le cœur de notre administration en payant les salaires. Car, là où il n’y a pas l’Etat, c’est le désordre. Le salaire des fonctionnaires et agents de l’Etat, c’est la dernière ligne sur laquelle on peut faire de l’économie.
De façon générale, il faut dire que la politique économique du FPI est solide. Un programme qui n’a malheureusement pu se dérouler et qui a été stoppé dès l’amorce de sa mise en œuvre. Dès les premiers signes, on a essayé de le tuer dans l’œuf. Heureusement qu’on nous a laissé au moins un an et demi pour faire la démonstration qu’on peut gérer autrement le pays. Durant ces six années de crise, c’est sur les acquis de cette période de démonstration que nous avons basé notre politique économique. Sur la question des PPTE, beaucoup de choses sont également dites. Entre autres, on parle de célébration de la pauvreté. Qu’en est-il exactement?
K.O. : Les gens disent beaucoup de choses et je pense qu’il y a beaucoup de mensonges.
D’abord les PPTE, ce sont les pays pauvres très endettés et il y a des critères pour que vous soyez définis ainsi. En fonction de votre PIB par tête, on définit que vous êtes un pays pauvre ou un pays à revenus intermédiaires. Donc, ce n’est pas la volonté de s’inscrire dans la catégorie des PPTE ou de s’inscrire dans le lot des pays riches qui prévaut. Il y a des critères. Après la dévaluation de 1994, le Premier ministre Kablan Duncan sous Bédié a passé tout son temps à réclamer le reclassement de la Côte d’Ivoire ; et son programme semblait être que la Côte d’Ivoire sorte de la catégorie des pays à revenus intermédiaires. Il fallait qu’on soit déclaré pays pauvre et qu’on soit inscrit sur le guichet IDA qui est un guichet où on peut aller emprunter à moindre frais. A côté de cela, l’équipe d’Henri Konan Bédié a négocié sans relâche en vue d’obtenir le PPTE. Donc, notre pays était déjà PPTE bien avant l’arrivée au pouvoir du Président Laurent Gbagbo. Malheureusement, les programmes qui vont avec, Bédié et son équipe n’avaient pas été capables de les obtenir. C’est cela la vérité. Donc, c’est la politique qui a été menée depuis 2001 qui a ouvert la voie vers le PPTE. Dès septembre 2002, on avait déjà obtenu l’accord de principe pour obtenir le point de décision en octobre. Malheureusement, la guerre est survenue en septembre. Si on a réussi à obtenir le PPTE malgré la crise, on devrait au contraire saluer ces efforts. Car, ce sont des Ivoiriens qui ont travaillé dur pour obtenir ce résultat. De plus, ces dettes pour lesquelles nous déployons tant d’efforts ont été accumulées par les régimes antérieurs. Ce n’est pas le régime actuel qui a contracté ces dettes. Au début des années 1970, on avait une dette qui ne dépassait même pas 100 milliards. Elle est montée à plus de 2400 milliards en 1993, puis à 8468 milliards en 1996, soit 136% du PIB. C’est la conséquence des choix hasardeux des années 1980. Ce qu’il faut retenir, c’est que le Président Laurent Gbagbo n’était pas là en ce moment. Aujourd’hui, grâce à ses efforts, le stock de la dette extérieure a été ramené à 6257 milliards en 2008.
Le PPTE est un mécanisme de désendettement que la communauté internationale propose. On n’oblige pas quelqu’un à y aller. Mais c’est faire preuve de mauvaise foi, surtout lorsqu’un ancien ministre de l’Economie et des Finances se mêle au débat, reprochant à Laurent Gbagbo un choix qui permet de mieux envisager le développement de la Côte d’Ivoire. Visiblement, cet ancien ministre et son chef n’ont plus rien à proposer à la Côte d’Ivoire.
Les Ivoiriens ont fait des sacrifices et il faut le leur reconnaître. D’ailleurs, on commence à sentir les effets du programme économique financier appuyé par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC), obtenu en mars 2009, même s’il faut aller jusqu’au point d’achèvement. A ce moment là, notre dette sera réduite à 80%. Et si on mène bien les politiques, les 20% pourront être épongées par les créanciers multilatéraux (IADM). Au lieu de mettre 400 à 500 milliards pour payer le service de la dette, cela constituera une ressource.
Lorsque Bédié et son gouvernement conduit par Daniel Kablan Duncan courraient après ce programme, il était bon. Mais lorsque nous parvenons à l’obtenir, n’étant plus au pouvoir, ils trouvent que ce n’est plus bon et intoxiquent les populations. Ce qu’il faut retenir, c’est que la Côte d’Ivoire est un pays solide qui a les moyens de se développer.
Et je suis convaincu qu`on a le meilleur programme. Nous pensons que Laurent Gbagbo est porteur d’idées qui ont maturé avec le peuple. Les Ivoiriens doivent donc lui donner un autre mandat pour lui permettre de mettre en application son programme de société qui profitera à coup sûr à toutes les couches de la population.
(Source : site de la coordination des communicateurs bénévoles)