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Politique Publié le mardi 22 juin 2010 | Nord-Sud

Affaire Mamadou Koulibaly-Désiré Tagro : A qui profite l`enquête ?

© Nord-Sud Par Serges T
Colloque national sur les 20 ans du multipartisme en Côte d`ivoire.
La Convention de la Société Civile Ivoirienne et ses partenaires organisent du 02 au 04 juin 2010 à la rotonde de l`assemblée nationale, un colloque national sur les 20 ans du multipartisme en Côte d`ivoire.
Tous, proches du chef de l'Etat et opposants, sont suspendus aux lèvres de Raymond Tchimou. Mais les résultats de l'enquête du procureur de la République pourrait faire déchanter plus d'un.

Le chef de l'Etat a décidé de confronter les accusations portées contre son ministre de l'Intérieur Désiré Tagro aux faits. Il a activé le procureur de la République, Raymond Tchimou, qui devra dresser un rapport dans un mois.

Au plan politique, cette saisine présente plusieurs enjeux.

Le Front populaire ivoirien (Fpi), le parti présidentiel, est traversé par des courants contradictoires. La charge lourde de Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale, contre le camarade Désiré Tagro traduit en fait un clivage désormais établi entre deux clans qui se livrent une guerre de tranchées.

Le premier se retrouve autour du trio Simone Gbagbo, Mamadou Koulibaly et Aboudramane Sangaré. Eux semblent incarner l’aile orthodoxe du parti. Le second est incarné par Désiré Tagro et Pascal Affi N’Guessan.

Il s’agit, selon de bonnes sources, d’une guerre de positionnement, pour l’après-Gbagbo. Et, la lutte est d’autant plus ardue que la présidentielle se précise. Il faudra donc contrôler le parti, en vue notamment de maîtriser les élections locales qui revêtent une importance capitale.
Pour soutenir la thèse de ce affrontement fratricide, des observateurs font remarquer que Mamadou Koulibaly est présenté à dessein comme un réformateur. Ce qui devrait permettre de rallier tous les deçus qui en veulent surtout à ceux qui se sont enrichis très vite et à l’excès. D’où le lancement récent d’un journal proche de cette mouvance.
L’enquête voulue par le chef de l’Etat peut, à priori, être considérée comme une caution à l’action des réformateurs de la refondation. Mais, gare à la précipitation !

Gbagbo à la manœuvre

Laurent Gbagbo en prenant à témoin, dimanche, l’opinion sur sa détermination à savoir la vérité, est dans sa logique déclinée depuis quelques mois: apparaître comme le leader qui lutte contre la mauvaise gouvernance.
Ne vient-il pas de lancer la restauration de l’image de l’ENA, après des années
d’entrée payante?

Il y a deux ans, il n’hésitait pas à envoyer en prison ses « amis » Tapé Doh, Angéline Kili, Placide Zoungrana, Firmin Kouakou, pour des détournements massifs dans la filière café cacao. Avant, il avait mis de l’ordre dans son entourage immédiat, au palais, en éloignant ceux qui représentaient le plus aux yeux de l’opinion, “les nouveaux riches”. Logiquement, Gbagbo peut donc s’attendre à des dividendes quelle que soit l’issue de l’enquête de Tchimou.

Mais la manche qu'il joue cette fois implique deux de ses principaux ''lieutenants'' (MM. Tagro et Koulibaly). Ce qui exige de lui beaucoup de délicatesse. Blâmer d'une façon ou d'une autre Désiré Tagro, si sa culpabilité était établie, amènerait le président à prendre des mesures contre lui. Cela reviendrait à affaiblir politiquement celui à qui il doit l'aboutissement du dialogue direct dont l'Apo est la résultante et l'issue heureuse de l'affaire Trafigura. De même, Laurent Gbagbo risquerait de froisser, les partisans de Désiré Tagro.

Mamadou Koulibaly et ses soutiens en sortiraient grandis. C'est surtout Paul Antoine Bohoun Bouabré rival politique de M. Tagro à Issia qui tirerait de gros dividendes de la déchéance de ce dernier. A contrario, si M. Tagro était blanchi, alors M. Koulibaly, 2ème autorité de l'Etat, aura dit des contrevérités à son encontre. Cette hypothèse s'avérerait dramatique et obligerait Laurent Gbagbo à sévir contre le président de l'Assemblée nationale et ses alliés dont Simone Gbagbo, Bohoun Bouabré, William Attébi. Un couteau à double-tranchant donc.

Attention à l’opposition

L’opposition serait ainsi la principale bénéficiaire de l’opération. Mais, elle pourrait jaune demain.
Gbagbo a plus d’un tour dans son sac. Dans l'affaire des déchets toxiques l'opposition, montée au créneau, a bataillé et obtenu de lui une enquête judiciaire. Mais alors que ses adversaires ne vendaient plus chère la peau de ses partisans, dont Marcel Gossio directeur général du Port autonome d'Abidjan, M. Gbagbo a eu celle de plusieurs ministres de l'opposition du gouvernement Banny en limogeant le gouvernement de façon inattendue et reconduisant son premier responsable. Dans cette autre ''affaire Tagro'' visant à situer les responsabilités, l'opposition ne serait pas bien inspirée de jubiler trop tôt. Car, elle n'est pas censée ignorer que le chef de La majorité présidentielle (Lmp) a dans son viseur les ministres Amadou Gon Coulibaly, Amon Tanoh et Hamed Bakayoko du Rassemblement des républicains (Rdr).

Tagro, tout puissant ministre, liquidé, qu’en sera-t-il pour d’anciens ministres? Le risque est alors grand de voir Gbagbo diriger ses lances à eau vers l’opposition pour l’affaiblir avant le scrutin. Une opération “mains propres” très politique en somme.

Bidi Ignace
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