Un indice important. La justice ne fait pas obligation à un responsable politique de quitter son poste lorsqu’il est l’objet d’une enquête. Mais, dans les Etats qui se respectent, et dans lesquels la classe politique a une haute idée de ses missions, lorsqu’une personnalité est mise en cause dans des affaires pour lesquelles il a besoin de se défendre et de restaurer son honneur, le choix est vite fait de démissionner. Sous le président Mitterrand en France, nommé ministre de la Ville, l’homme d’affaires et dirigeant sportif, Bernard Tapis, avait quitté ses fonctions lorsque la justice de son pays l’a mis en cause. Tapis est sorti de l’équipe gouvernementale, a organisé sa défense et une fois blanchi, il a été rappelé aux affaires. Ce cas n’est pas le seul. Dans l’affaire du détournement présumé de milliards à la Banque centrale des Etats de l’Afrique centrale, le directeur de cabinet du chef de l’Etat gabonais a remis sa démission à Ali Bongo Ondiba. Contrairement à ces pratiques qui se généralisent dans le monde, Laurent Gbagbo, le chef de l’Etat ivoirien, a décidé de faire ouvrir une enquête sur son ministre de l’Intérieur. Le procureur de la République saisi doit faire la lumière, sur des présumés commissions versées au premier flic du pays par la société française Sagem qui a remporté le marché de l’enrôlement des Ivoiriens et de la fabrication des cartes d’identité et d’électeurs, sur d’éventuels détournements de fonds alloués à l’organisation du pèlerinage à la Mecque, et le recrutement de membres de sa tribu à l’école de police. Dans le cas d’espèce, Désiré Tagro, reste en poste. Il est tout puissant ministre et ordonne aux policiers, ceux-là mêmes, les chefs en tête, qui doivent conduire les investigations et rechercher d’éventuelles preuves. S’il y avait une volonté de montrer aux Ivoiriens que c’est la vérité qui est recherchée, Tagro devait démissionner où être demis.
D. Al Seni
D. Al Seni