Subventionner l’Education et non le Hadj

L’un des soupçons qui pèse sur le ministre ivoirien de l’Intérieur, Désiré Tagro, et qui lui vaut d’être sous le coup d’une instruction judiciaire est bien celui d’avoir détourné les sommes d`argent mises à la disposition des éditions 2007, 2008, 2009 du Hadj. Ce volet est d’autant plus d’actualité en ce sens que, selon le Conseil supérieur des Imams, les sommes que l’administration a déclarée comme coût des Hadj en 2008 et en 2009 s’élèvent respectivement à 8 et 13 milliards FCFA. Des sommes vertigineuses, dirait-on, pour lesquelles malheureusement, il n’y a pas toujours de traçabilité comptable. Quel est dans ces chiffres, le montant de la subvention de l’Etat et la somme cumulée des frais payés par les candidats au Hadj ? Le mystère reste entier. Toutefois, la mise en cause du ministre Désiré Tagro atteste de ce que le Hadj constitue une source d’enrichissement.

Mais, au delà même de la question de transparence sur la manne du hadj, il faut s’interroger sur le bien-fondé de sa subvention. Faut-il rappeler que le Hadj n’est obligatoire que pour ceux qui ont les moyens ? Dès lors, l’Etat ne rend pas forcément service à la communauté musulmane en subventionnant une activité considérée, spirituellement, comme étant réservé à des personnes financièrement capables. Cette subvention serait plutôt orientée vers l’éducation et le social qu’elle profiterait véritablement à la communauté. Or, Dieu seul sait le rôle que les écoles coraniques et les centres de formations islamiques jouent dans la formation et l’éducation des musulmans. Si le Hadj ne s’impose pas à tous, l’éducation elle, par contre, est une obligation pour tous. Et à l’instar des écoles confessionnelles catholiques et protestantes, la communauté musulmane est en droit de revendiquer une subvention dans ce secteur. Ce ne serait pas faire d’extrémisme.

ALI