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Société Publié le samedi 26 juin 2010 | Le Patriote

Pèlerinage à la Mecque, Entretien / El Hadj Diallo Ibrahim, président de la FIPEM : “L’organisation du Hadj génère de l’argent mais …”

La Fédération Ivoirienne pour le pèlerinage à la Mecque (Fipem) est l’une des structures les plus significatives dans le dispositif du Hadj en Côte d’Ivoire. Dans cet entretien, son président se démarque du Bureau ivoirien pour le pèlerinage et la Oumra et donne sa vision d’une meilleure organisation du Hadj.

Le Patriote : Que faut-il entendre par le vocable FIPEM, quelles sont ses missions et la place qu’elle occupe dans la communauté musulmane de Côte d’Ivoire ?

Diallo Ibrahim : La FIPEM est la Fédération Ivoirienne pour l’organisation du Pèlerinage à la Mecque. Elle regroupe vingt associations musulmanes et agences de voyage, légalement constituées. Elle existe depuis l’échec de l’organisation du Hadj 2006 bis. Elle s’est donnée pour mission essentielle, l’organisation collective professionnalisée du Hadj, parce que plus d’une dizaine de ses membres ont une expérience certaine en la matière. Elles savent ce qu’elles font et de quoi elles parlent.

LP : L’organisation du pèlerinage, on le voit, est au centre des activités de votre structure. Quelles sont, selon vous, les raisons de l’échec du Hadj 2006 bis?

DI : Contrairement aux affirmations haineuses de ceux qui voulaient que les membres de la FIPEM s’ôtent de là en 2007 pour qu’ils se mettent à leur place en 2010, comme ils le veulent aujourd’hui, la cause de l’échec du Hadj 2006 bis est le non respect du contrat par le transporteur aérien choisi par l’Etat de Côte d’Ivoire. Ceux qui venaient exploiter la misère et la détresse de nos coreligionnaires ont accusé à tort les membres de la FIPEM pour des raisons inavouées susmentionnées. Pourtant, les structures membres de la FIPEM ont tenu tous les engagements pris dans leur contrat avec les pèlerins : les logements ont été entièrement payés à Médine et à la Mecque. Les frais des transports aériens et inter urbains ont été payés, même au transporteur insolvable. Les taxes saoudiennes étaient aussi payées. Les visas demandés étaient obtenus auprès de l’Ambassade d’Arabie Saoudite au vu des contrats signés pour ces différents services. Il fallait que les pèlerins voyagent avant d’arriver à Médine et à la Mecque. L’avionneur retenu par l’Etat était insolvable.

LP : A qui doit-on imputer cette débâcle ? Et quelle a été votre part de responsabilité dans cet échec ?

DI : La responsabilité des structures membres de la FIPEM est due au respect que celles-ci ont eu pour les institutions de ce pays. Elles se sont abstenues de contrevenir à l’interdiction du ministère de l’Intérieur. En effet, celui-ci avait strictement interdit les vols réguliers aux pèlerins à l’exception des habitués des voyages. C’est ainsi que 180 pèlerins de l’Union des Cadres Musulmans de Côte d’Ivoire (U.C.A.M.C.I), 120 pèlerins de l’Association Musulmane de l’Organisation du Pèlerinage (A.M.O.P), 56 pèlerins du Conseil National Islamique (C.N.I.) et de Planète Voyage, 20 pèlerins de SI2AP et 22 pèlerins du Comité Islamique Pour l’Organisation du Pèlerinage (C.I.P.O.P.) ont pu effectuer le Hadj 2006 bis en partant de la Côte d’Ivoire. Ceux qui instrumentalisent la presse et la communauté musulmane n’ont porté qu’une seule association en triomphe. Pendant ce temps nous, membres de la FIPEM nous nous occupions à soulager les musulmans dont certains de nos coreligionnaires ont exploité le malheur pour asseoir leur hégémonie personnelle au sein de la communauté nationale.

LP : Aurait-on pu éviter cette « humiliation » ? Si oui, qu’est-ce qui aurait dû être fait ?

DI : Bien sûr qu’on aurait pu éviter ce drame national en faisant appel au service d’un avionneur financièrement solvable et mieux disant. C'est-à-dire que l’Etat aurait pu éviter le favoritisme.

LP : Depuis 2007, l’Etat est devenu organisateur du 5ème pilier de l’Islam. Pourquoi et quel bilan faites-vous de ces trois années de gestion par l’Etat ?

DI : L’Etat et son partenaire leader des éditions 2007 et 2008 ont compris que si avec « si » on peut rebâtir le monde de son salon douillet, « la critique est aisée mais l’art est difficile. » Comme on le dit. L’Etat et son partenaire leader des éditions 2007 et 2008 se sont détrompés et ont compris après trois ans de terrain, qu’il y a deux atouts majeurs pour réussir une bonne organisation du Hadj : l’argent nécessaire au préfinancement des différentes prestations de services et la capacité d’anticipation de l’organisateur. Ce sont des facteurs cumulatifs. L’ayant compris, l’Etat envisagerait mettre, à l’avenir, à la disposition de tous les cultes, un fonds pour les besoins de préfinancements remboursable à la fin de la saison des pèlerinages. Quant à certains membres de son partenaire leader, pour se donner des chances de réussite sans apport de l’Etat, ils ont ratissé large, en appelant dans le comité d’honneur de leur nouvelle association des musulmans financièrement nantis, sans même requérir leur avis pour la plupart.

LP : Vous faites peut être allusion au Cosim qui a pourtant demandé un audit des éditions du Hadj 2008 et 2009. Quel commentaire cela appelle t-il de votre part ?

DI : C’est le problème du COSIM dont certains membres, après le drame de l’édition 2006 bis, ont traité les musulmans organisateurs du Hadj de voleurs dans leurs sermons (nous avons des enregistrements sonores) pour le prouver. L’Etat ne peut s’en prendre qu’à lui-même, en préférant aux autres musulmans ceux qui l’aidaient à occulter sa responsabilité après l’échec du Hadj 2006 bis.

Posez-lui aussi la question de savoir pourquoi il ne demande pas d’audit des éditions 2007 et 2006 bis.

LP : Le Cosim ne s’est pas limité à une simple demande d’audit. Il a aussi créé le bureau ivoirien du hadj et la Oumra (BIHO). Adhérez-vous à ce projet ?

DI : Il y a nuance. Le Cheikh Al Aïma, l’Imam Boikary Fofana et d’autres musulmans, notamment des Imams, ont créé une nouvelle association dénommée Bureau Ivoirien du Hadj et de la Oumra (B.I.H.O).

Ce n’est officiellement pas une création du Cosim. Vous pouvez le vérifier en consultant les textes statutaires du Biho. Cependant, ceux-ci sont dans leur droit, parce qu’en Côte d’Ivoire, il y a la liberté d’association. Les structures membres de la FIPEM ont choisi de ne pas adhérer au Biho, non sans le signifier par écrit le 16/03/2010 aux fondateurs de cette nouvelle association.

LP : Votre position ne met-elle pas à mal l’unité musulmane ?

DI : On entend déjà dire ici et là que cela est contre l’unité des musulmans, alors qu’en même temps, on affirme que Dieu lui-même ne fait pas l’unanimité. Figurez-vous que c’est seulement le 10 mai 2010, soit plus d’un mois plus tard, que la FIPEM a reçu la réponse de la correspondance que nous avons adressée aux fondateurs du B.I.H.O. Nous mettre devant des réflexions adoptées dans l’antichambre, ferait de la FIPEM un faire valoir, un membre pour augmenter le nombre des membres fondateurs du B.I.H.O annoncé plus tôt aux autorités administratives. On peut aussi se demander pourquoi, au nom de l’unité des musulmans, au lieu de créer une nouvelle association, ils n’ont pas adhéré à la FIPEM ?
Ils sont au courant de notre existence. Les portes de notre fédération restent ouvertes à tous les musulmans.

LP: La Fipem pourrait tout de même collaborer avec le Biho?

DI: En effet, la FIPEM pourrait, inch’ Allah, collaborer avec le B.I.H.O si celui-ci le veut, quand l’Etat va rétrocéder l’organisation du hadj aux musulmans, parce que ce qui nous préoccupe, c’est l’accomplissement correct des rites du pèlerinage sans des difficultés superficielles. Si la collaboration avec le B.I.H.O peut nous aider à surmonter celles-ci, la FIPEM n’hésitera pas à travailler avec lui. Ce peut être la forme de nos rapports.

LP : Croyez-vous la communauté musulmane capable de s’affranchir de la tutelle de l’Etat quant à l’organisation du hadj?

DI : Le 22 mars 2007, les structures membres de la FIPEM ont publiquement signifié au Président de la République qu’elles ne voulaient pas la récupération du Hadj par l’Etat. Ce sont ceux qui réclament aujourd’hui l’organisation du hadj par la communauté musulmane qui l’ont voulu ainsi, et ils l’ont exprimé le 05 mai 2007 au même Président de la République. La FIPEM est composée de structures spécialisées dans l’organisation du Hadj. A cet égard, elle estime que quand l’organisation du Hadj va revenir à la communauté musulmane, il faudra que celle-ci soit capable d’améliorer les acquis des trois dernières années d’organisation, bien sûr, en évitant que ce qui nous est arrivé en 2006 bis ne se reproduise plus jamais.

LP : Comment s’y prendre concrètement ?

DI : Cela passe par la professionnalisation de l’organisation du 5ème pilier de l’Islam. C'est-à-dire, rompre avec le mécénat, le volontariat, le bénévolat pour confier aux professionnels des secteurs de l’hôtellerie, l’hébergement des pèlerins, aux restaurateurs, la restauration collective des pèlerins, aux transporteurs, les transports des pèlerins, au corps médical et para-médical la santé des pèlerins, aux religieux, l’encadrement religieux des pèlerins. Cette vision est possible et mettra fin au phénomène des musulmans tantôt encadreurs tantôt pèlerins. Conformément à ce que les arabes nous montrent sur place comme exemples, on peut être en Arabie Saoudite pendant la période du Hadj pour faire juste son travail, c'est-à-dire sans faire le Hadj. Ce n’est pas interdit en Islam.

LP : D’aucuns disent que le hadj est devenu un business et que c’est parce qu’il génère beaucoup d’argent que chacun veut s’en accaparer. Qu’en pensez-vous ?

DI : Je vais vous surprendre. Ceux qui le disent, jurent au nom d’Allah qu’ils organisent le Hadj par philanthropie. La FIPEM n’a pas pour objectif final, le gain financier. Elle affirme cependant que l’organisation du Hadj génère de l’argent. Elle pense que tout musulman se sentant capable d’apporter une plus value à l’amélioration de son organisation est le bienvenu, aux antipodes de ceux qui vous excommunient et vous déshéritent quand vous refusez d’être membres de leur association. On ne le dira jamais assez, construire une mosquée et se faire payer pour son travail de maçonnerie, de charpenterie, de plomberie, d’électricité est aussi licite que se faire payer pour avoir transporté, hébergé, nourri, soigné des pèlerins. Je rappelle que la recherche de gain n’est pas l’objectif final de la FIPEM, mais j’ajoute qu’en organisant le pèlerinage, on gagne de l’argent. Tout est de le faire licitement et honnêtement. Dans ses prévisions économiques, le Royaume d’Arabie Saoudite estime que dans dix ans, le profit généré par le tourisme religieux (les Oumra et le Hadj) sera supérieur au revenu du pétrole.

LP : Quelle doit être, selon vous, la place des démarcheurs dans la nouvelle organisation du Hadj?


DII : Les démarcheurs sont des acteurs incontournables dans l’organisation du Hadj. Il faut toutefois préciser à chacun des acteurs, la partition qu’il doit jouer dans la chaîne de l’organisation du Hadj, devenu le plus grand commun diviseur de la communauté musulmane.

ALI
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