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Société Publié le mercredi 30 juin 2010 | Nord-Sud

Affaire ``intoxication dans les résidences universitaires``/Riviera 2 : les étudiants s`abonnent à l`eau minérale

Dans la nuit du 13 au 14 juin, 318 résidents de la cité universitaire de la Riviera 2 se sont plaints de douleurs abdominales, de diarrhées … attribuées à l'eau de robinet. Différents communiqués ont été diffusés pour rassurer les plaignants sur la qualité de l'eau distribuée. Mais, 17 jours après, des étudiants de la cité universitaire de la Riviera 2 continuent de s'en méfier.

Cité universitaire de la Rivéra2, le 28 juin. L'horloge affiche 14 h 25mn. Le temps est ensoleillé. Un calme règne. Quelques étudiants sont sous le préau. Ils suivent le 1/8 de finale du Mondial de football qui oppose les Pays-Bas à la Slovaquie. Certains jouent au damier. Au côté opposé, quatre jeunes papotent à l'ombre des bâtiments de riverains. Des tresseuses isolées dans un salon de coiffure rient aux éclats. L'ambiance est normale. Rien ne laisse transparaître les stigmates des soupçons d'intoxication nés dans la nuit du 13 au 14 juin chez 318 étudiants. Il faut échanger avec les sinistrés pour se rendre compte du drame. Règle numéro1 : passer par la section locale de la Fédération des élèves et étudiants (Fesci) pour accéder aux concernés.

L'eau minérale remplace l'eau courante

Les étudiants sont méfiants. Ils ont le sentiment que la presse a pris position pour leurs ''bourreaux''. Désormais, tout témoignage doit être autorisé. Une fois le rituel sacrifié, cap sur le bâtiment D8. Dans la chambre 752, Siami Sidonie n'en revient pas. Elle n'est pas une victime ordinaire. La jeune femme de teint clair porte une grossesse. Elle n'a pas encore honoré toutes ses ordonnances médicales. Mais déjà, Sidonie estime à plus de 55 000 F Cfa les dépenses effectuées depuis le déclenchement de la crise. Son angoisse se résume en ces phrases : « j'ai peur pour mon bébé. Je me sens mieux, mais des fois, je ressens des malaises». Aujourd'hui, Sylvie se dit frustrée de la méprise des autorités. Personne n'est venue leur apporter un quelconque réconfort. Sidonie, qui se méfie de l'eau de robinet depuis, espère un suivi médical plus approfondie. Hélas, les moyens lui font défaut. Le regard lointain et le
visage emprunté, elle lance un appel aux bonnes volontés. Même son de cloche chez Marie Odette Koudou, chef de palier. Elle et ses trois voisines de chambre ont toutes été malades. Dans la chambre-double qu'elles se partagent, une pile de bouteilles d'eau minérale s'entasse au sol. « Nous avons peur de boire à nouveau l'eau de robinet. Ce que nous avons vécu est traumatisant. D'ailleurs, une de nos voisines de palier a bu de l'eau et elle a fait la diarrhée toute la semaine », répond le chef de palier. La voisine en question se nomme Mimi Cynthia Ange.


Le visage blême, elle est vêtue d'un corsage et porte un pagne noué autour des reins. Son témoignage : « le 24 juin, j'ai mangé de l'attiéké. Comme il n'y avait plus d'eau minérale, j'ai bu l'eau de robinet. Surtout que les journaux ont écrit que l'eau est potable. Malheureusement, les diarrhées ont repris», se désole la jeune étudiante. C'est sur fonds propre que les filles se procurent l'eau minérale. Elles vivent amèrement l'absence de soutien. « Aucune autorité n'est venue s'enquérir de notre état de santé. C'est une catastrophe que nous avons vécue. Nous avons fait le rapprochement avec l'eau de robinet lorsque la diarrhée a commencé à se généraliser. Nous avons constaté la présence de sable dans cette eau. Il y avait même des particules de sachets plastiques. Aujourd'hui, ils tirent des conclusions et nous abandonnent pendant que nous continuons de souffrir », relatent-elles en chœur.

Cynthia, par exemple, manque d'argent. Elle ne se rend pas à l'hôpital. L'étudiante se contente de la médecine traditionnelle pour soulager sa diarrhée survenue le 24 juin. C'est la même méthode qu'utilise Abro Obro Alexandre K. Une poudre de branches séchées est rangée dans un coin de sa chambre, la 733 au bâtiment B1. Surpris par la visite des reporters, il se tire de son lit. L'étudiant inscrit en année de licence d'anglais à l'université de Bouaké, est lui aussi une victime de la nuit du 13 au 14 juin. Même s'il se sent mieux, Alexandre ressent des bourdonnements par moments. Mais il refuse la polémique.

De nouveaux cas …

Pour lui, il ne s'agit pas de jeter la pierre à un tiers. Au moment des faits, le jeune-homme ignorait qu'il s'agissait d'une épidémie. Il s'est alors contenté de décoctions à base de feuilles de goyave. Ce qu'il retient, c'est que l'eau avait une puanteur et contenait du sable. Alexandre craint surtout les effets secondaires à l'avenir. Son vœu le plus cher : que le malaise soit passager. Comment la direction locale du Centre régionale des œuvres universitaires vit la situation ? La première responsable est absente pour raison de santé. En l'absence du secrétaire général de la Fesci-Riviera2, c'est son secrétaire aux affaires sociales adjoint, Kpa Alphée Nonson F.S., qui relate la situation actuelle. « La section n'arrive plus à faire face aux sollicitations. De nouveaux cas se déclarent au fur et à mesure. Nous craignons pour la santé de nos camarades. Nous ne buvons plus l'eau de robinet. Ce qui est surprenant, c'est que les responsables de la Sodeci ont annulé la rencontre que nous devions avoir ensemble. Et en même temps, ils organisent une conférence de presse pour se blanchir. Nous avons le sentiment d'être des laissés-pour-compte. Tout le monde semble être du côté des bourreaux. Aucune autorité n'a exprimé une quelconque compassion. Les agents de la Sodeci déportés ici ont refusé de boire l'eau du robinet. Les frustrations expliquent parfois la violence », explique-t-il.

Nesmon De Laure
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