Ce mardi 29 juin 2010, des gendarmes se réclamant de la promotion 2005 ont saccagé des salles d'examen au Lycée Moderne d'Adjamé, pendant que des candidats au Baccalauréat 2010 étaient aux prises avec l'épreuve de philosophie.
Leur motif d'insatisfaction : le non-paiement de la prime de 50.000 FCFA, dite «Haut les cœurs», depuis leur recrutement. Pour mémoire, il s'agirait d'une prime instituée pour motiver les soldats des Forces de Défense et de Sécurité en raison des combats qui les opposaient à la rébellion.
Pour cette raison, ils se sont introduits de force dans ce centre d'examen pour semer le cafouillage et terroriser les pauvres élèves qui avaient déjà fort à faire avec la première épreuve du premier diplôme universitaire : tables et bancs mis sens dessus dessous, convocations et feuilles de compositions déchirées...
Le motif de cette action : une raison fallacieuse
Cette énième incongruité d'hommes en armes repose les mêmes questions de la sécurité et de la défense du pays.
Depuis la crise armée déclenchée en septembre 2002, il semble que certains hommes en armes (de la République comme de la rébellion) ont trouvé un filon pour s'enrichir : faire du chantage à l'Etat et aux populations. Ils agissent comme si la prime de guerre était quelque chose de naturel à percevoir, et ce alors qu'on parle de plus en plus d'armée réunifiée (ou à réunifier), de fin de la guerre et de sortie de crise. Dans ce même ordre d'idées, voici des personnes qui ont été recrutées en 2005 (soit 3 ans après le déclenchement de la guerre) et à qui on a promis des primes de guerre sans pouvoir les leur verser pendant cinq ans...
Si les fameuses primes sont un droit pour ceux à qui l'Etat les doit, est-ce pour autant que cela justifie tous les agissements ? Quel lien direct y a-t-il entre des enfants qui passent le Bac et des primes de guerre non payées ? N'y avait-il pas d'autres moyens de faire connaître leur mécontentement ? Le droit de ces militaires ne justifie pas de traumatiser des élèves et de perturber gravement le déroulement de l'examen du Baccalauréat.
Les causes du mal : la société ivoirienne a perdu ses repères
On peut trouver au moins trois causes à ces comportements que l'on peut de moins en moins qualifier d'épiphénomène, tant ils se généralisent et deviennent réguliers à nos yeux.
La première, c'est la déliquescence progressive de la société ivoirienne dans son ensemble. Et à ce propos, la gangrène qui mine les policiers et autres gendarmes n'est pas une simple anecdote ! Lorsque ceux qui sont censés maintenir l'ordre et défendre la nation se livrent eux-mêmes à des actes qui mettent l'avenir en péril (ces élèves représentent bien l'avenir du pays), cela ne peut être que le reflet de la pourriture qui ronge chaque jour un peu plus tous les habitants du pays. En ce sens, les hommes en armes ne sont que l'écho de la société, et leur corruption ne doit pas faire oublier que c'est nous tous qui sommes corrompus (j'emprunte les mots du président de l'Assemblée nationale, dans l'air du temps).
La deuxième raison, c'est qu'il y a eu de nombreux précédents qui, l'impunité aidant, encouragent à l'utilisation du chantage comme moyen d'obtenir ce que l'on veut (qu'on y ait droit ou pas) : on peut citer, à titre d'illustration, la grève des transporteurs qui a récemment obligé l'Etat à modifier (suspendre) temporairement le mécanisme de fixation du prix du gasoil, et bien d'autres actions du genre. On peut dire qu'aujourd'hui en Côte d'Ivoire, pour se faire entendre, il faut faire du bruit qui dérange…
Enfin, il y a le mode de recrutement et les conditions de formation des “corps habillés” en Côte d'Ivoire. Je n'apprends rien à personne, puisque l'affaire Tagro qui monopolise l'attention en ce moment, est là pour nous rappeler que dans notre pays, les places à l'Ecole de Police, à l'Ecole de Gendarmerie et dans d'autres administrations font l'objet de transactions sur un marché primaire auquel on peut ajouter le marché secondaire où ceux qui sont attributaires peuvent revendre à leur tour... Cet autre mal, à mon avis, est une des principales causes de la mauvaise qualité des hommes en armes qui sont déversés sur le marché ces dernières années. Ils ne font pas le métier par vocation, mais par simple nécessité financière, tous les autres arguments étant relégués au second plan (quand ils sont considérés).
Cela dit, loin de moi d'accuser le seul pouvoir en place d'être à l'origine de cette situation ! Je crois que depuis très longtemps, le ver était déjà dans le fruit, le rongeant peu à peu jusqu'à ce que la guerre vienne lui donner le moyen d'accélérer sa destruction.
Dans ces conditions, que faire ?
Le mal s'étend à la société tout entière, alors il faut reconnaître (sans toutefois blanchir les dirigeants), que c'est à chaque citoyen de faire son mea culpa. Tant que les individus n'auront pas pris conscience du mal et de la nécessité pour chacun d'ajuster son comportement, toutes les actions publiques ne serviront pas à grand chose.
Pour en revenir à ces gendarmes qui font honte à la profession, il faut que tous les Ivoiriens se lèvent comme un seul homme pour condamner ce qu'ils ont fait et exiger qu'une sanction exemplaire leur soit infligée. En cela, je félicite les dirigeants de la FESCI (pour une fois !), qui se sont rendus sur les lieux pour dénoncer cet agissement.
Leur motif d'insatisfaction : le non-paiement de la prime de 50.000 FCFA, dite «Haut les cœurs», depuis leur recrutement. Pour mémoire, il s'agirait d'une prime instituée pour motiver les soldats des Forces de Défense et de Sécurité en raison des combats qui les opposaient à la rébellion.
Pour cette raison, ils se sont introduits de force dans ce centre d'examen pour semer le cafouillage et terroriser les pauvres élèves qui avaient déjà fort à faire avec la première épreuve du premier diplôme universitaire : tables et bancs mis sens dessus dessous, convocations et feuilles de compositions déchirées...
Le motif de cette action : une raison fallacieuse
Cette énième incongruité d'hommes en armes repose les mêmes questions de la sécurité et de la défense du pays.
Depuis la crise armée déclenchée en septembre 2002, il semble que certains hommes en armes (de la République comme de la rébellion) ont trouvé un filon pour s'enrichir : faire du chantage à l'Etat et aux populations. Ils agissent comme si la prime de guerre était quelque chose de naturel à percevoir, et ce alors qu'on parle de plus en plus d'armée réunifiée (ou à réunifier), de fin de la guerre et de sortie de crise. Dans ce même ordre d'idées, voici des personnes qui ont été recrutées en 2005 (soit 3 ans après le déclenchement de la guerre) et à qui on a promis des primes de guerre sans pouvoir les leur verser pendant cinq ans...
Si les fameuses primes sont un droit pour ceux à qui l'Etat les doit, est-ce pour autant que cela justifie tous les agissements ? Quel lien direct y a-t-il entre des enfants qui passent le Bac et des primes de guerre non payées ? N'y avait-il pas d'autres moyens de faire connaître leur mécontentement ? Le droit de ces militaires ne justifie pas de traumatiser des élèves et de perturber gravement le déroulement de l'examen du Baccalauréat.
Les causes du mal : la société ivoirienne a perdu ses repères
On peut trouver au moins trois causes à ces comportements que l'on peut de moins en moins qualifier d'épiphénomène, tant ils se généralisent et deviennent réguliers à nos yeux.
La première, c'est la déliquescence progressive de la société ivoirienne dans son ensemble. Et à ce propos, la gangrène qui mine les policiers et autres gendarmes n'est pas une simple anecdote ! Lorsque ceux qui sont censés maintenir l'ordre et défendre la nation se livrent eux-mêmes à des actes qui mettent l'avenir en péril (ces élèves représentent bien l'avenir du pays), cela ne peut être que le reflet de la pourriture qui ronge chaque jour un peu plus tous les habitants du pays. En ce sens, les hommes en armes ne sont que l'écho de la société, et leur corruption ne doit pas faire oublier que c'est nous tous qui sommes corrompus (j'emprunte les mots du président de l'Assemblée nationale, dans l'air du temps).
La deuxième raison, c'est qu'il y a eu de nombreux précédents qui, l'impunité aidant, encouragent à l'utilisation du chantage comme moyen d'obtenir ce que l'on veut (qu'on y ait droit ou pas) : on peut citer, à titre d'illustration, la grève des transporteurs qui a récemment obligé l'Etat à modifier (suspendre) temporairement le mécanisme de fixation du prix du gasoil, et bien d'autres actions du genre. On peut dire qu'aujourd'hui en Côte d'Ivoire, pour se faire entendre, il faut faire du bruit qui dérange…
Enfin, il y a le mode de recrutement et les conditions de formation des “corps habillés” en Côte d'Ivoire. Je n'apprends rien à personne, puisque l'affaire Tagro qui monopolise l'attention en ce moment, est là pour nous rappeler que dans notre pays, les places à l'Ecole de Police, à l'Ecole de Gendarmerie et dans d'autres administrations font l'objet de transactions sur un marché primaire auquel on peut ajouter le marché secondaire où ceux qui sont attributaires peuvent revendre à leur tour... Cet autre mal, à mon avis, est une des principales causes de la mauvaise qualité des hommes en armes qui sont déversés sur le marché ces dernières années. Ils ne font pas le métier par vocation, mais par simple nécessité financière, tous les autres arguments étant relégués au second plan (quand ils sont considérés).
Cela dit, loin de moi d'accuser le seul pouvoir en place d'être à l'origine de cette situation ! Je crois que depuis très longtemps, le ver était déjà dans le fruit, le rongeant peu à peu jusqu'à ce que la guerre vienne lui donner le moyen d'accélérer sa destruction.
Dans ces conditions, que faire ?
Le mal s'étend à la société tout entière, alors il faut reconnaître (sans toutefois blanchir les dirigeants), que c'est à chaque citoyen de faire son mea culpa. Tant que les individus n'auront pas pris conscience du mal et de la nécessité pour chacun d'ajuster son comportement, toutes les actions publiques ne serviront pas à grand chose.
Pour en revenir à ces gendarmes qui font honte à la profession, il faut que tous les Ivoiriens se lèvent comme un seul homme pour condamner ce qu'ils ont fait et exiger qu'une sanction exemplaire leur soit infligée. En cela, je félicite les dirigeants de la FESCI (pour une fois !), qui se sont rendus sur les lieux pour dénoncer cet agissement.