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Société Publié le vendredi 2 juillet 2010 | Nord-Sud

Factures impayées à La Mecque : La Côte d’Ivoire sanctionnée

L’édition 2010 du pèlerinage à La Mecque prévue la mi-novembre est rattrapée par les dettes du hadj 2009. Sale temps pour les pèlerinages.

A peine oubliée la mésaventure de prêtres ivoiriens au Portugal, de mauvaises nouvelles agitent les préparatifs du hadj 2010. Partie en Arabie saoudite, le 15 mai, avec l’espoir de revenir avec la convention qui permet, chaque année, aux différents Etats d’envoyer leurs ressortissants en pèlerinage à la Mecque, une délégation gouvernementale est rentrée bredouille. Les autorités saoudiennes ont conditionné l’admission de la Côte d’Ivoire, au payement de créances que l’Etat ivoirien traîne vis-à-vis d’opérateurs saoudiens, au titre de l’édition précédente. Elles s’élèvent à 1,8 milliard de Fcfa au total, dont 1,3 milliard pour l’hébergement, et 500 millions pour la restauration et autres prestations. La délégation était conduite par l’ex-directeur général des Cultes, Yao Noël, qui, il faut le savoir, a été démis de ses fonctions, pendant qu’il était à cette mission, pour des raisons non encore élucidées.

Le directeur des cultes limogé en pleine mission

Les délégués étaient partis pour la réunion annuelle que le ministère saoudien du hadj organise chaque année avec des officiels de tous les pays pour faire le bilan du hadj précédent et préparer le suivant. Il fait le point des insuffisances et des acquis, dresse la liste des bons et mauvais élèves, et annonce éventuellement des innovations. Comme cela a déjà été le cas dans le passé, la Côte d’Ivoire s’est retrouvée parmi les blâmés. Selon nos sources, après avoir fustigé le préjudice causé par les organisateurs ivoiriens à leurs créanciers, les responsables saoudiens auraient conseillé aux émissaires de s’acquitter de leurs dettes.

Un accent particulier a été mis sur le cas des logeurs. «Arrangez-vous pour conserver les mêmes bâtiments. Dans le cas contraire, vous risquez de ne plus en trouver ailleurs parce que vous serrez précédés d’une mauvaise réputation », auraient averti les autorités locales. La Côte d’Ivoire a signé un contrat de trois ans avec le propriétaire de ‘’Makkah Grand Coral Hotel’’, gigantesque réceptif situé à une dizaine de minutes de marche de la Kaaba. Le contrat court jusqu’à la fin du hadj de cette année. Selon certaines informations, malgré le non-respect des clauses par la partie ivoirienne à la fin du hadj 2009, l’opérateur aurait accepté d’aller jusqu’au bout de son engagement, et donc, de réserver ses chambres aux pèlerins du hadj 2010.

Quel hadj en 2010 ?

Il espère, bien sûr, que d’ici-là, les impayés seront réglés. Certes, le hadj est un évènement religieux, mais les prestataires qui proposent leurs services aux visiteurs restent des businessmen. Alors, plus le payement va tarder, moins il aura confiance à ses partenaires ivoiriens, et plus il sera flexible devant de nouveaux clients. Les inquiétudes, à ce niveau, sont d’autant plus justifiées que les décaissements pour l’apurement de la dette ne se font qu’au compte-gouttes.

Convaincue qu’elle ne pouvait pas se présenter devant le logeur les mains vides, la délégation a décidé de lui apporter une avance. Malheureusement, à en croire nos sources, les missionnaires n’ont pu partir d’Abidjan qu’avec 50.000.000 de Fcfa. Sur place l’un d’entre eux, un ancien ministre, aurait fait remarquer que ce montant était très insignifiant. Pour le seul logeur, la dette, rappelons-le, s’élève à plus de 1.300.000.000 Fcfa. De peur de paraître ridicule, le groupe a finalement choisi de ne rien proposer. L’argent aurait été placé dans un compte sur place. Après le retour des émissaires, 200.000.000 de Fcfa auraient été transférés sur le même compte. Mais on le voit, la provision reste loin de la somme attendue.

Toutes ces opérations sont du ressort du ministère de l’Intérieur, précisément la direction générale des cultes, qui recherche les fonds auprès du trésor. Si celle-ci n’a pu obtenir à temps l’aide financière qu’attendaient les prêtres pèlerins chassés de leur hôtel à Fatima, au Portugal, il n’est pas sûr qu’elle puisse faire décaisser, même en quelques mois, plus d’un milliard de francs pour une situation relativement moins urgente que l’humiliation que vivaient les prélats catholiques. Signalons que la direction des œuvres catholiques, qui organise les pèlerinages de cette confession, avait présenté, dès le début de ses préparatifs, son budget prévisionnel de 527.320.000 Fcfa à la tutelle. En dehors des difficultés de trésorerie, les argentiers peuvent avoir d’autres raisons de ne pas se précipiter. L’on se demande encore, en effet, pourquoi, malgré un budget de 13 milliards de Fcfa, le hadj 2009, organisé par l’Etat lui-même, s’est-il soldé par un déficit. Les imams se sont posé la question face à la presse le 19 avril. Le sujet a été évoqué, parmi tant d’autres, le 02 juin, par le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, devant la Convention de la société civile. La suite, on la connaît.

Difficile dans ces conditions d’engager de véritables préparatifs du hadj, qui approche pourtant à grands pas. La compagnie nationale Air Ivoire a pris part à la mission pour être présentée comme le transporteur aérien choisi par la Côte d’Ivoire. C’est l’une des conditions que doivent remplir tous les pays pour figurer sur la liste saoudienne. Mais, à cause du problème des dettes, ce chapitre n’a pu être validé concernant la Côte d’Ivoire. A la différence de pays de la sous-région qui sont assez avancés, rien n’a encore commencé ici. Le Niger, par exemple, connaît déjà son quota de pèlerins. De 9.000 personnes en 2009 celui-ci passe à 10.000 pour 2010. L’heure est à la fixation du prix du billet d’avion. Il s’élevait à 855.000 Fcfa l’an dernier. L’ex-directeur général des cultes, Yao Noël, remplacé par N’Guessan Dueinguet Kouakou Pascal, ancien sous-préfet d’Issia, avait, dit-on, fait une réservation à l’hôtel Président de Yamoussoukro pour la cérémonie de lancement le 18 juin. Elle n’a pas eu lieu. Or, c’est au cours de cette rencontre que sont communiqués le prix et le calendrier du voyage. Pour faire le lancement, il faut déterminer l’organisateur. Après trois éditions consécutives dirigées par l’Etat, la communauté musulmane tient à jouer les premiers rôles cette année. C’est un tout autre débat.

Cissé Sindou
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