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Faits Divers Publié le vendredi 2 juillet 2010 | Nord-Sud

Attaque à main armée à Marcory : Des militaires braqueurs désarmés par une femme

Samedi 29 mai, il est 20h30, à Anoumanbo. Mme Bohiri Djadji Moussoumonla Florence devise tranquillement dans son salon avec ses frères et sœurs. En ce moment-là, ils ne se doutaient de rien. Soudain, trois individus armés de kalachnikov et de pistolets automatiques font irruption au domicile de Florence. Parmi les malfaiteurs, il y a deux militaires, habillés en treillis. Il s’agit de Doué Romaric (encore en fuite) et de Amon Amon Jean Louis. Ce dernier a été radié de l’armée en 2005 pour indiscipline et déjà condamné à un mois ferme pour coups et blessures volontaires. Selon Jean Louis, leur complice de civil est le frère de son ancien frère d’arme (en cavale aussi). Il ignorait son identité et soutient que la kalachnikov appartiendrait à un jeune burkinabé qui serait leur indic à Anoumanbo. Jean Louis affirme encore qu’il ne connaît pas son nom. Les malfrats, nous explique Mme Bohiri, sous la menace de leurs armes à feu, enferment le beau monde trouvé au salon dans l’une des chambres. «C’est Amon qui tenait la kalachnikov et le second militaire avait le pistolet automatique nous tenait en joue. Après avoir fermé le portail principal, l’un des agresseurs (le civil) faisait le guet », raconte la jeune femme de 26 ans, commerçante. Elle poursuit pour dire que, profitant d’un moment d’inattention des braqueurs, elle se jette sur le nommé Amon Amon Jean Louis qui tenait la kalachnikov. C’est la débandade dans les rangs de la bande armée. Aidée par ses frères, Florence réussit à maîtriser l’ancien militaire, devenu un redoutable voyou. Ainsi le braquage tourne court. Si ses deux comparses parviennent à prendre la fuite, Jean Louis est fait comme un rat. L’alerte donnée a permis aux voisins de saisir les unités d’intervention de la police criminelle dénommée Python 8 et du centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos). Avant cette attaque manquée, la bande ce même jour, s’était signalée au carrefour de la Micao à Yopougon. Ils ont braqué le taxi worô-worô conduit par Koné Droh. Celui-ci relate les circonstances du braquage. « Il était 10h. Ils m’ont fait savoir qu’ils partaient à la station Mobil. Arrivés à destination, Jean Louis, Romaric (en treillis) et le troisième client en civil m’ont fait changer de direction. Romaric a sorti son pistolet pour le coller à ma tempe. Ils m’ont obligé à les conduire à Abobo. Sous la menace de leurs armes, ils m’ont contraint à garer devant un véhicule de marque 306 de couleur rouge. Ils y ont dépouillé les occupants », souligne Droh en ajoutant qu’après l’attaque, « ses clients » l’ont forcé à prendre la direction des Deux-Plateaux.

Anguille sous roche

Là-bas, la bande à Jean Louis fait main basse sur des biens de boutiquiers. Pendant ce temps, confie le chauffeur du worô-worô otage des malfaiteurs, c’est le frère de Romaric qui le tient en respect… pendant deux heures de temps ! « Nous sommes partis à Marcory où le quatrième gangster les attendait. Ce dernier est un Burkinabé svelte et de teint noir», ajoute Droh. Selon lui, il était toujours sous l’emprise des malfrats au moment où ceux-ci commettaient leur troisième braquage en cette journée du 29 mai. Il explique que c’est quand la bande a été mise en déroute, qu’il a pu s’échapper et se rendre au commissariat du 26èmearrondissement afin d’y faire sa déposition. Appréhendé puis mis en examen à la police criminelle, Jean Louis reconnaît les faits de vol en réunion à main armée. Il relate textuellement les faits comme l’a fait Droh un peu plus haut. « Dès notre arrivée, notre indicateur nous conduit à la cour qu’on devait attaquer. Malheureusement, nous nous sommes trompés de porte. On est entrés dans une cour appartenant à un Béninois. Après avoir tenté de séquestrer la victime et ses frères, elle a bondi sur moi et j’ai été maîtrisé. C’est à ce moment que mes deux acolytes se sont enfuis. Doué Romaric habite en famille à la Sogefia, terminus du bus 47(Yopougon). Je ne sais pas où son frère loge. Mais c’est Doué qui nous a fourni les armes à feu », affirme Jean Louis en déclarant que c’est la première fois qu’il participe à une opération de braquage. N’empêche ! Il comparaît à la barre du tribunal des flagrants délits du Plateau, le 18 juin, pour répondre des faits de vol en réunion à main armée. Coup de théâtre, le prévenu nie en bloc les accusations. Comme un beau diable, il se débat mais ne convainc pas le tribunal sur son innocence. Déclaré coupable par le juge pénal, Amon Amon Jean Louis est condamné à dix ans de prison. Il vient ainsi d’hypothéquer sa carrière militaire. En attendant que les limiers de la police criminelle débusquent les deux fuyards de la bande, Jean Louis purge lui sa peine au bagne de Yopougon.

Un compte rendu d’audience de Bahi K.
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