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Société Publié le samedi 3 juillet 2010 | L’expression

Opération mains propres : Le point de vue du Congrès démocrate national (CDN)

« Décorruptionner » l’Etat, tel semble être le cheval de Troie de M. Gbagbo, pour définitivement désarçonner ses deux principaux « adversaires » que sont l’ancien Président Bédié, l’ancien Premier ministre Ouattara. Sitôt mijoté, sitôt placé en orbite. Détenteur absolu de tous les records d’impopularité, maître à référer de la pirouette politicienne, l’homme réussira-t-il dans sa mission ?

En effet, depuis l’annonce du communiqué de la présidence de la République ce 20 juin 2010, à travers lequel le chef de l’Etat a saisi le procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan Plateau, pour enquêter sur les malversations financières mettant notamment et nommément en cause le ministre de l’Intérieur et par ricochet le Premier ministre, les langues ont subitement repris du jus et du service, les plumes s’activent pour une fois à de l’utilitaire de salut public : la corruption.

Nos habituels ergoteurs par l’entremise de leur media salvateur s’adonnent à cœur joie. Au travers d’analyses et supputations, nos experts moutonniers en commentaire voire bavardage politique auront pour eux un mois plein - le temps que devront durer les enquêtes - pour pinailler sur tous ceux, susceptibles d’être cramés par la déferlante caniculaire de la traque aux poches profondes.

Le ‘’ feuilleton Tagro ’’ sera, à n’en point douter, scruté dans ses moindres détails. Chaque entrée en scène sera une occasion propice à relancer le débat, attiser la surenchère des polémiques et des controverses, épicer les passions sur le probable prochain pétitionnaire devant figurer sur la liste prémonitoire dite « rouge ». La machine pouvant s’ébranler à tout instant, les événements risquent de prendre une bien fâcheuse tournure avec des implications inattendues, des amplitudes inespérées.

Racine du cancer

L’étau pourrait menacer bien des éminences. Des uns et des autres de nos experts politologues et de nos journalistes, les analyses, les observations, les raisonnements, les critiques, traiteront-ils dans la rationalité et dans l’éthique ? Iront-ils jusqu’à la racine du mal ?

La corruption, dramatique reflexe à l’encontre des deniers publics, désormais prise pour sport national de par l’effectif pléthorique de ses militants et sympathisants. La très forte tentation du gain facile, le magnétisme du paraître et de l’ostentatoire, ont pris une telle proportion dans nos fibres patriotiques, que la Nation importe bien peu, mais la griffe en fringue, la marque en 4 × 4, l’idéologie du luxe et « du mangement », la culture du faro-faro et des atalaku ; la percée des nouveaux snobismes, ont fini d’assécher notre si belle lagune.

En réalité, les racines de ce cancer qui caractérise le microcosme politique, banalisent les Institutions, vulgarisent l’Etat, clochardisent le citoyen ; c’est de toute évidence l’encasernement « à vie » de la démocratie, abandonnant la République dans l’anonymat, l’Etat dans l’orphelinat, les deniers publics dans les sollicitudes de la prédation généralisée. Echec de masse à responsabilité collective.

Le cliché ne mérite point qu’on s’en offusque : complices virtuels de Tagro, nous le sommes tous.

Bien malchanceux donc, qui se fera bizuter. Des gouvernances successives, de Ouattara à Gbagbo, en passant par Bédié et Guéi, cela n’a été que le reprofilage de pratiques mafieuses et kafkaïennes. Comment afficher avec arrogance et de manière colloïdale, une réussite sociale arrachée au colmatage, tout en se préoccupant de soigner dignité, honorabilité, fréquentabilité. A cet égard, un recadrage s’impose dans la composition du présent gouvernement. Bien difficiles seront les jours qui s’annoncent pour le couple Tagro-Soro, irréversiblement appelé à se colleter avec la justice de la République.

Au service de l’Etat, ils sont légion à s’être servis au passage. Ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui. Les Tagro-Soro, accuse-t-on du côté proche ! Qui l’eu cru ? Moult fois indexé et dénoncé par le Congrès démocrate national (Cdn) dans nombre de ses publications, le gigantisme du phénomène voudrait qu’à ce jour, certains hommes politiques soient plus fortunés que l’Etat. Inacceptable et scandaleux. Il fallait réagir. De ce point de vue, le courage et la détermination de M. Gbagbo peuvent être perçus comme forcément salvateurs. Bien entendu que la suite sera déterminante pour l’épilogue attendu ou espéré.

S’inscrivant pleinement dans toute disposition de nature à mener le combat contre la corruption et l’impunité espérée s’en suivre, le Cdn exhorte le chef de l’Etat à ne point tergiverser sur une question d’une extrême sensibilité pour la morale publique et d’une grande portée pédagogique, pour tout postulant à des responsabilités gouvernementales ou de toute autre administration. A trop prendre le peuple pour un “ nez percé ’’, il y a fort à parier qu’on finira tôt ou tard à prendre pour samedi le combien célébrissime dimanche.

Je n’ai personne en face : prophétie d’un président sortant en pré-campagne pour rempiler. Doit-on en déduire qu’il se trouve des opposants qui couvrent leurs frais de campagne à la bonne charité du prince et qui n’ont d’audience que par condescendance ? Au mépris qui se justifie, réside le rejet qui se mérite. Bédié aura beau clamer haut et fort n’avoir rien marchandé du report de la fameuse marche du 15 mai dernier, le doute commence à s’installer dans les esprits. Des questions sont posées. Nombreuses interrogations devront attendre réponse pour encore longtemps. Crier à tire-larigot son raz-le-bol et sa rage de défiance, pour ensuite prendre la tangente en plein milieu du mois, on pourrait en sourire, si le sujet méritait plaisanterie. Faire de la politique, c’est avant tout avoir une ligne de conduite et des principes, à moins de vouloir mettre les motivations en berne.

De Gaulle disait bien que « l’honneur tout comme la dignité sont tel le brin d’allumette. On ne peut s’en servir qu’une seule fois. » Qu’à cela ne tienne.

Tout se passe en fait comme si Bédié et Ouattara sont dans l’attente d’une situation providentielle pour prendre du percutant sur un rival chaque jour davantage coriace, afin d’en découdre dans un ultime face-à-face. Veule et nulle serait-on tenté de qualifier une telle latitude. Candidature unique au Rhdp ? Rien que de la calciurie à chaque report du scrutin désiré à l’arlésienne. Ne dit-on pas qu’en Côte d’Ivoire les principaux candidats restent peu disposés au verdict des urnes ? Au pas de course, nul n’est donc tenu à la franchise et à la sincérité, pour le rendez-vous fatidique.

Si comédie il y a côté Majorité présidentielle, forcément qu’il y a cirque côté oppositionnel. Que cherche Gbagbo ? Que souhaitent Bédié et Ouattara ? Les jours à venir nous acheminent vers l’heure de la vérité. S’opposer en esquivant toute démonstration de présence, semble être la grande braderie à demeurer, pour ceux d’entre nous qui espèrent le salut venir côté Rhdp. La déception fait deux têtes : la décevante et la déçue. Plutôt l’une que l’autre. Peuvent toujours attendre ceux qui ont la patience tenace. Une chose est sûre et le restera : les dictatures ne désarment jamais aussi facilement.

Si l’enfer existe, la Côte d’Ivoire de la refondation ressemblerait bien fort à la copie conforme, pour le quotidien du citoyen. Nulle part où dégoter un job. Rien à jaffer qui soit à portée de bourse.
Aucune assistance de l’Etat en cette période de pluie diluvienne. Mais bel et bien un président terriblement autiste des cris de détresse de ses administrés, dix années durant.

Jeter le manche après la cognée pour subitement enclencher à quelques encablures d’échéances déterminantes, sa très bonne recette de moralisation de la vie publique. Belles trouvailles cognitives ? Cogito de foutaise ? Peu importe. Après la pluie, le beau temps !

Versés dans une mentalité terriblement rétrograde de ni retenue, ni scrupule, dans le pillage des ressources nationales, des ministres de la République, suivis en cela par des « Patrons », en sont arrivés à créer par un volontarisme inouï et sans précédent, une atmosphère potentiellement propice à fertiliser l’infantilisation de l’Etat. S’arroger le devoir de défendre des personnes soupçonnées coupables de malversations grandement préjudiciables aux finances de l’Etat.

Brandir des éphémérides pour justifier d’avance de l’irresponsabilité et de la totale virginité des mis en cause. De surcroit s’interposer contre l’épreuve de vérité, au fallacieux prétexte de mener son combat contre un régime, fût-il coupable des pires actes de barbarie ou de tyrannie, c’est prendre le risque de se décrédibiliser à jamais, face aux attentes d’un peuple assoiffé de justice, parce que réduit à la faim et à l’humiliation, par des pratiques dignes d’une autre époque.

La sagesse commande – au stade ou en sont les investigations – de point céder aux anticipations intempestives. Seules les conclusions des différentes enquêtes en cours, peuvent être de nature à situer le degré de responsabilité ou d’implication des uns et des autres. Un mérite qu’il faudra reconnaître à Tagro dans sa toute première déclaration.

Le chaos généralisé qui gangrène la gestion de l’Etat est d’un catastrophisme qui n’échappe à personne. Certes, la corruption est bien connue de nos mœurs politiques, depuis des lustres.

Disons qu’elle a fondamentalement pris ses droits sous la refondation patriotique. Profitant des cacophonies du gouvernement Soro, elle a enregistré une progression si ravageuse, qu’il y a lieu de s’en inquiéter. D’autant que les rumeurs donnent certains hommes politiques plus fortunés que l’Etat. Incarner l’autorité suprême et s’afficher impuissant face à une déglingue aussi désastreuse, ne peut être comprise comme une posture politiquement recommandable, même des plus farouches opposants.

Propulsé Premier ministre par la volonté des armes, Soro doit à la faveur des récents évènements, revoir à la baisse ses ambitions politiques, rendre le tablier dans le souci sinon dans la préoccupation de sauver ce qui peut encore l’être. Seydou Diarra, ensuite Banny : deux grands frères pétris de compétences et de mérites, mais contraints à la démission. Cela sert-il encore de rêver, quand le cauchemardesque, tout juste devant à portée de main, est précisément placé par le père spirituel lui-même ?

Qu’on se le dise sans se voiler la face. « Ggè vaut mieux que drap ». La Côte d’Ivoire ne peut aucunement se gouverner aux diplômes faisandés. En vérité, tous ces anciens de la Fesci gagneraient à rejoindre d’autres Sorbonnes. S’en suivront les grandes ambitions.

Les Accords politiques de Ouaga, comme balises et lanternes de sortie de crise, avec à la clé des élections apaisées ! Plus personne pour véritablement y croire. Pas même le Médiateur.

Djédjé Mady a pour lui le temps de faire des déclarations solennelles. M. Gbagbo celui d’avancer.

Les journaux l’apanage des titres pompeux. Au peuple d’avoir le dos béni des Dieux, pour en prendre des coups. La souffrance en bien portant, ça n’a pas son pareil.

Dieu merci, le pays tient encore debout, en attendant le retour de la Bad.

Fait à Abidjan le 25 juin 2010

Pour le Congrès démocrate national (Cdn)
Le Secrétaire exécutif national
Pr M. B. Haidara
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