Mis en cause par les paysans, les pisteurs jurent qu'ils ne sont pas les fossoyeurs de la filière manioc. Ils pointent plutôt le doigt vers les grossistes. Diarrasouba Oumar, alias «120» se dit «déçu» de ces personnes. Chauffeur de bâchée, depuis une dizaine d'années, il exerce comme acheteur de produits. Il compare le commerce du manioc à un jeu de loterie dans lequel il révèle avoir beaucoup perdu. «Ce sont les grossistes Haoussa ou des femmes venues d'Abidjan qui nous passent la commande. Et, nous allons vers les paysans pour chercher le type de manioc demandé. La difficulté, c'est que lorsque le chargement et le paiement sont faits, nous ne pouvons plus retourner le manioc au paysan. C'est par là que nous nous faisons coincer par les grossistes. Ceux-ci nous imposent leurs prix. Parce qu'ils trouvent toujours à redire sur la qualité de la marchandise. Je me suis très souvent endetté lourdement pour combler le manque-à-gagner. Je dois aujourd'hui plus de 300.000F cfa à ce titre», se plaint-il. Hien Watité, un autre chauffeur de bâchée, pose le problème de l'accès aux plantations. «Les pistes villageoises connaissent une dégradation avancée. Surtout en cette période de pluie, nos véhicules sont mis à rude épreuve. Avant les pistes étaient entretenues par la Sodepalm. Mais aujourd'hui, elles sont abandonnées aux herbes et aux nids de poules», dénonce-t-il. Estimant que le règlement de ce problème permettra de réduire les charges d'acheteurs .De sorte que le planteur puisse gagner un peu plus.
Emmanuelle Kanga
Emmanuelle Kanga