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Editorial Publié le mardi 6 juillet 2010 | Le Nouveau Courrier

Edito

Salut fils,

Je te l’ai déjà dit. Je le rappelle. Avec toi, je veux parler sans tabou. J’ai décidé de t’expliquer les choses de la vie telles que je les comprends, sans langue de bois. La semaine dernière, plusieurs faits ont encore marqué la mémoire collective. Le premier que j’ai noté est relatif à la rencontre des «principaux leaders» de la l’arène politique ivoirienne. Bédié, Alassane, Soro, autour de Gbagbo. Une sorte de réunion du Cpc, Cadre permanent de concertation (organe créé dans le cadre de l’application de l’Accord politique de Ouagadougou, Apo) sans Compaoré, facilitateur de la crise ivoirienne. Le président burkinabé est visiblement essoufflé d’une part par l’incapacité de l’Apo, signé en Mars 2007 sous son onction à régler définitivement le «problème ivoirien». Aussi, Blaise Compaoré n’attend t-il plus rien des dividendes de la crise. Il a déjà beaucoup obtenu : suppression de la carte de séjour pour les ressortissants de la CEDEAO, présence d’un compatriote dans le ‘‘gouvernement’’ ivoirien en la personne de Boureima Badini, son représentant dans son rôle de facilitateur, et enfin, ces nombreuses commissions perçues discrètement… Le long et coûteux processus de résolution de la crise n’a pas encore, malgré tous les efforts consentis jusque-là, réussi à baliser le terrain pour la tenue d’élections présidentielles dans la sérénité. Le désarmement des ex-rebelles, clé de voûtre de la sortie de crise, tarde à se réaliser dans les zones Cno. Pendant que les nombreuses milices très actives en dans la partie gouvernementale, ont quasiment disparu aujourd’hui. On tourne en rond, expressément, comme si on voudrait gagner du temps. Pour quelle raison ? Difficile de répondre. Même le président de la République semble se plaire dans cette situation de flou. Déjà dix années passées à la tête du pouvoir. Le temps de deux mandats présidentiels tel que le prévoit la Constitution ivoirienne. Même confronté aux «affaires sales» de certains de ses lieutenants, il a le temps d’honorer des rendez-vous internationaux. Le voilà revenu ‘‘tout heureux’’ d’une rencontre sous-régionale, au Cap-Vert. Le communiqué final qui a sanctionné le récent sommet des chefs d’Etat de la Cedeao lui a, en effet, donné une sorte de «mention très bien». Pour «ses efforts de bonne résolution de la crise dans son pays». Seule priorité à présent, selon les Chefs d’Etat de la sous-région, la délicate question du désarmement dont la clé de résolution se trouve dans les mains de son «belligérant» déclaré, le chef du gouvernement, le premier ministre Guillaume Soro. Il faut alors comprendre que cet appui beaucoup plus diplomatique que sincère de la Cedeao à l’égard de la Côte d’Ivoire est une malice pour charmer la poule aux oeufs d’or que tous les voisins veulent partager dans une sorte de tontine piégée. Tontine dans laquelle paradoxalement le butin est redistribué à parts égales entre grands et petits contributeurs. Aujourd’hui, le temps écoulé nous autorise à admettre que seule la contribution financière importante de la Côte d’Ivoire dans les caisses communes sous-régionales, au nom d’un certain fort taux de Pib, intéresse ces pays “frères et amis”. Tout le monde le sait. Même les non avertis en économie peuvent l’expliquer. Le Franc Cfa, dans sa formule actuelle, est une grande perte de temps pour la Côte d’Ivoire, une des grandes arnaques de l’indépendance encore entretenue, cinquante ans après par nos «Etats francophones». L’escroquerie est encore plus grande pour des pays comme la Côte d’Ivoire et le Cameroun, respectivement poumons économiques de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Et pour consacrer la supercherie de nos Etats, beaucoup s’apprêtent à aller défiler avec le colonisateur pour célébrer avec lui ces cinquante ans d’indépendance politique sans retombées économiques. A croire que nos Etats sont tous devenus masochistes. Puisque cinq décennies durant, le «maître» n’a fait qu’utiliser d’autres formes de chicottes pour faire passer ou imposer son point de vue à son «esclave». A nous, Etats africains, de chasser en nous ce complexe d’infériorité que nous éprouvons à touts égards. Ce complexe qui nous amène à nous contenter du peu comme on l’a vu à l’occasion du mondial sud-africain du football : des Eléphants de Côte d’Ivoire félicités après avoir été éliminés de la compétition en terminant avant-dernier de poule à l’issue du premier tour, des Black Stars du Ghana éliminés du peu par manque de concentration à la dernière minute. Etats africains, croyons en nos propres chances et allons de l’avant pour faire mentir les pronostics qui ne confortent pas la position de notre continent. Les Africains aiment la douleur, des nombreuses souffrances au quotidien ? Autrement dit, nos Etats sont-ils devenus tous masochistes ? Réfléchis à la question et fais-moi savoir ton avis, cher enfant.

A mardi prochain
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