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Editorial Publié le mardi 29 juin 2010 | Le Nouveau Courrier

Editorial

Bonjour cher enfant,

Toute la famille, ta mère, ta petite sœur ainsi que tata Régina, on a frôlé le pire cette semaine. Dans la nuit du mercredi dernier, une forte pluie a eu raison de nombreux ménages ici à Abidjan. Beaucoup ont enfin pris conscience du drame qui guette tout près de nous. Si rien n’est fait.
Tu sais, la maison qu’on habite se situe dans le quartier de la Riviera-Palmeraie, dans la commune de Cocody. Une commune résidentielle qui n’est désormais chic que de nom. Les raisons. Ici, les coûts des loyers s’envolent. Les nombreuses agences immobilières informelles qui existent fixent les prix de façon anarchique comme le sont toutes aussi les constructions. Quatre (4) mois d’avance, trois (3) mois de caution. Ce qui fait sept (7) mois à régler avant d’obtenir une maison. Sans compter «le mois» non-remboursable du démarcheur (la prime de l’agence). Il m’a fallu verser le million pour intégrer ma petite «quatre-pièces» qui me coûte deux cents milles francs cfa chaque mois… Le souci d’une relative qualité de vie pour les êtres qui nous sont chers. Qu’à cela ne tienne. Je ne me serais pas plaint si un cadre de vie rassurant collait bien avec ce niveau de vie. Oh que non. Dans ce quartier, plusieurs failles au quotidien. La coupure de l’eau, il faut s’y attendre à tout moment. Même quand il y a de l’eau, le faible débit fait que les gouttes sont rares dans les robinets. Pour un sceau d’eau à remplir, il faudra attendre près d’un quart d’heure. Tiens-toi bien, cher enfant, depuis une semaine, pas une seule goutte au robinet. Il faut alors se rendre à environ un kilomètre pour trouver de l’eau. Qu’on achète en détail. A l’aide de bassines et de cuvettes de toutes les formes possibles. Pour approvisionner nos ménages. Et tu sais quoi, fiston ? Les promoteurs de ce petit commerce juteux d’eau en détail sont nos voisins inattendus. Imprévus dans le plan de masse du quartier originellement conçu. Ce sont, soit ces locataires de maisons inachevées avec des propriétaires invisibles, soit des occupants de tout autre espace insoupçonné. Ces voisins «hors-normes» n’attendent point une quelconque autorisation pour installer leurs petites cabanes de fortune «à capacité illimitée». Partout où ils souhaitent : espaces verts, terrains-nus, bas-fonds, talwegs. Une vie paisible sans respect des règles élémentaires d’hygiène. Ces habitations précaires bien évidemment s’écroulent sans surprise au moindre bruit de torrent. Et quand la saison des pluies est de retour, c’est la panique. Comme on l’observe ces temps-ci avec son corollaire de dommages. La catastrophe. Dès lors, ces riverains peu ordinaires sont présentés comme les victimes des glissements de terrain qu’il faut consoler, voire même contentés. Certains font de la récupération politique du drame pour plomber leurs adversaires. On élabore ou réactive des plans dits d’organisation des secours d’urgence avec de gros budgets pour lesquels victimes et gestionnaires se battent. Des plans Orsec dont l’efficacité, dans un rapport Programmes/Résultats, est discutable. Soit. On fait ce qu’on peut pour essayer de soulager afin de passer. Je dirais, moi, pour couper court : ce sont des plans en or du fait de leur budget et leur plan d’action, des plans plutôt secs d’un point de vue du résultat obtenu. Et l’année d’après, pour la nouvelle saison, on recommence tout à zéro. Car le même drame a refait surface. Les personnes vulnérables sont chassées des terrains à risques sur lesquels elles s’installent. Elles vont ailleurs pour un nouvel «Eldorado», reprennent dans les mêmes conditions. Sous le prétexte de conditions de vie précaires, l’on s’accommode du désordre. Ce sont ces victimes d’un jour qui sont en réalité les vrais bourreaux du cadre de vie. Ces gens-là se foutent éperdument que l’on se soucie de leur sort. De toute façon, Ils adorent exposer leur misère. L’on se souvient encore des opérations «Bouabou I et II» pour relocaliser les déguerpis du quartier précaire «Washington» qui donnait une bien mauvaise image à la «belle» commune de Cocody. A peine installés dans leurs nouvelles maisons plutôt confortables que ces propriétaires de maison, au nom de la misère, les ont toutes mises en location. Ou, les ont carrément vendues. Pour revenir créer d’autres quartiers précaires dans les mêmes conditions de vie misérable. Ces victimes de catastrophes qui rusent avec les hésitations des gestionnaires de la vie publique sont-elles toutes devenues friandes de douleurs, de véritables «masos» ?

Réjouis-toi alors cher enfant que le Procureur de la République ait ouvert la toute dernière enquête sur la moralisation de la vie publique. Dans un mois, on saura la vérité dans ce dossier. Et là, même si le suspect est innocenté, le risque d’effet de contagion dans de nombreux autres secteurs fera baisser le phénomène. La pagaille. Il faut faire payer très cher aux fossoyeurs de la nation. Quels qu’ils soient. En attendant une autre catastrophe humanitaire l’année qui suivra. De toute façon, nos athlètes sont rentrés à la maison sans lauriers de leur aventure en Afrique du Sud. Ainsi va la Côte d’Ivoire.

Portes-toi bien fiston.
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