Dans la conscience populaire, le grand politicien, c’est celui qui se tire toujours d’affaire. Quelle que soit la complexité d’une situation, il a plus d’un tour dans son sac. Et se retrouve sur les quatre pattes alors que tout le monde le donnait perdu. Il y a dans ce lot de «grands politiciens» les silures. C’est une classe capable de toutes les acrobaties pour se retrouver chez les tenants du pouvoir. Cependant, il n’y a pas longtemps, ils les vouaient aux gémonies. Les silures ont une devise : « la politique est la saine appréciation des réalités ». Pour les non initiés, le décryptage le voilà : « il faut se retrouver toujours du côté de ceux qui gagnent, ceux qui ont le pouvoir de nommer et qui détiennent le cordon de la bourse. Pas question surtout de se faire d’état d’âme. L’essentiel, c’est de continuer… à manger. Ce type de grand politicien court la rue. Ils sont des nains à côté des as de la survie. Ceux-là ne sont pas très nombreux et parmi les grands politiciens, ils sont les véritables à mériter leur qualificatif. Laurent Gbagbo tient une place particulièrement privilégiée au sein de ce dernier groupe. Le chef de l’Etat ivoirien, fait preuve d’un tel talent en la matière que l’homme déroute ses partisans et fascine ses adversaires.
La visite du président sénégalais, le jeudi 22 et le vendredi 23 avril 2010, aura été une autre démonstration de l’art de se tirer d’affaire de celui qui est aux commandes dans le pays de Félix Houphouët Boigny depuis maintenant dix années. Dont cinq, sous forme de bonus auto octroyé, passées à la magistrature suprême sans élection alors que son mandat est échu il y a belle lurette. La visite de Me Abdoulaye Wade à Abidjan ne vient pas déblayer la voix des élections et de la sortie de crise. Bien au contraire, elle vient obscurcir davantage le processus. D’un, au niveau de la médiation, c’est une pierre que vient de jeter dans le jardin de Blaise Compaoré, facilitateur dans la crise ivoirienne, l’aventure du Gorki. En effet, bien qu’il veuille s’en défendre par pure forme, les deux jours dans la capitale économique à rencontrer le chef de l’Etat, le Premier ministre, les principaux partis, la Commission électorale indépendante, la mission de l’Onu sur place, le représentant spécial du facilitateur, n’est rien d’autre qu’une implication dans le délicat dossier de la crise ivoirienne. Compaoré et tous ceux qui l’ont précédé dans ce bourbier ne font pas autre chose que cela.
Wade, atterrit dans la crise ivoirienne à la demande de Gbagbo. Le chef de l’Etat ivoirien a compris qu’il lui faut brouiller les pistes pour se sortir de l’Accord politique de Ouagadougou(Apo). L’Apo est arrivé à un point d’exécution qui ouvre la voix aux élections. Mais pour l’homme fort d’Abidjan, le rendez-vous électoral ne se présente pas pour le moment sous de bons auspices. Il a multiplié les coups de force et les tentatives de séduction pour retarder au maximum les échéances. Avec Blaise compaoré, Gbagbo a abouti à la conclusion que deux de ses objectifs préalables, le désarmement unilatéral des forces de l’ex-rébellion et le contrôle du processus électoral par son camp, sont perdus. Il a donc décidé de tourner la page de l’Apo. Ouaga au placard, il ressuscite Wade. Bien que copieusement brocardé par les partisans de Gbagbo aux premières années de la crise, le chef de l’Etat sénégalais, un des tous premiers médiateurs, (la Côte d’Ivoire doit d’ailleurs à son excellent ministre des Affaires étrangères d’alors, Cheick Tidiane Gadio, le cessez-le-feu d’octobre 2002 qui a stoppé la marche de la rébellion vers Abidjan), tient à remettre pied dans le dossier. C’est que, le pape du Sopi est friand de médiation et adepte de la diplomatie spectacle. Et pour Wade, il y a une revanche à prendre sur Compaoré qui lui souffle tous les bons coups de la scène sous-régionale. Wade sur Compaoré, Gbagbo jette le trouble dans les esprits. Il opacifie d’autant l’horizon de la sortie de crise. De deux, comme résultat officieux, Wade annonce entre les murs avoir obtenu de son hôte d’aller aux élections avec la liste blanche comportant les cinq millions trois cent mille personnes. Bémol, cette concession de son homologue ivoirien exige « une désinfection de la liste des fraudeurs ». Autant dire que là aussi, c’est un simple écran de fumée. Les revendications de Gbagbo ramènent à la case départ du blocage actuel du processus. Gbagbo et ses hommes veulent des radiations massives des citoyens en dérogeant des procédures arrêtées. L’opposition dit catégoriquement niet. Quoi qu’il en soit, personne ne pourra, dans un tel contexte, avec l’arrivée du nouveau médiateur, avec un nouvel os à ronger, parler de date d’élections. Ça au moins, c’est quelque chose de gagner. Et toute victoire est bonne à prendre pour les « les grands politiciens » qui savent d’ailleurs les célébrer. Qui avait dit en Côte d’ivoire, « sans élections pas de Cinquantenaire ? »
D. Al Seni
La visite du président sénégalais, le jeudi 22 et le vendredi 23 avril 2010, aura été une autre démonstration de l’art de se tirer d’affaire de celui qui est aux commandes dans le pays de Félix Houphouët Boigny depuis maintenant dix années. Dont cinq, sous forme de bonus auto octroyé, passées à la magistrature suprême sans élection alors que son mandat est échu il y a belle lurette. La visite de Me Abdoulaye Wade à Abidjan ne vient pas déblayer la voix des élections et de la sortie de crise. Bien au contraire, elle vient obscurcir davantage le processus. D’un, au niveau de la médiation, c’est une pierre que vient de jeter dans le jardin de Blaise Compaoré, facilitateur dans la crise ivoirienne, l’aventure du Gorki. En effet, bien qu’il veuille s’en défendre par pure forme, les deux jours dans la capitale économique à rencontrer le chef de l’Etat, le Premier ministre, les principaux partis, la Commission électorale indépendante, la mission de l’Onu sur place, le représentant spécial du facilitateur, n’est rien d’autre qu’une implication dans le délicat dossier de la crise ivoirienne. Compaoré et tous ceux qui l’ont précédé dans ce bourbier ne font pas autre chose que cela.
Wade, atterrit dans la crise ivoirienne à la demande de Gbagbo. Le chef de l’Etat ivoirien a compris qu’il lui faut brouiller les pistes pour se sortir de l’Accord politique de Ouagadougou(Apo). L’Apo est arrivé à un point d’exécution qui ouvre la voix aux élections. Mais pour l’homme fort d’Abidjan, le rendez-vous électoral ne se présente pas pour le moment sous de bons auspices. Il a multiplié les coups de force et les tentatives de séduction pour retarder au maximum les échéances. Avec Blaise compaoré, Gbagbo a abouti à la conclusion que deux de ses objectifs préalables, le désarmement unilatéral des forces de l’ex-rébellion et le contrôle du processus électoral par son camp, sont perdus. Il a donc décidé de tourner la page de l’Apo. Ouaga au placard, il ressuscite Wade. Bien que copieusement brocardé par les partisans de Gbagbo aux premières années de la crise, le chef de l’Etat sénégalais, un des tous premiers médiateurs, (la Côte d’Ivoire doit d’ailleurs à son excellent ministre des Affaires étrangères d’alors, Cheick Tidiane Gadio, le cessez-le-feu d’octobre 2002 qui a stoppé la marche de la rébellion vers Abidjan), tient à remettre pied dans le dossier. C’est que, le pape du Sopi est friand de médiation et adepte de la diplomatie spectacle. Et pour Wade, il y a une revanche à prendre sur Compaoré qui lui souffle tous les bons coups de la scène sous-régionale. Wade sur Compaoré, Gbagbo jette le trouble dans les esprits. Il opacifie d’autant l’horizon de la sortie de crise. De deux, comme résultat officieux, Wade annonce entre les murs avoir obtenu de son hôte d’aller aux élections avec la liste blanche comportant les cinq millions trois cent mille personnes. Bémol, cette concession de son homologue ivoirien exige « une désinfection de la liste des fraudeurs ». Autant dire que là aussi, c’est un simple écran de fumée. Les revendications de Gbagbo ramènent à la case départ du blocage actuel du processus. Gbagbo et ses hommes veulent des radiations massives des citoyens en dérogeant des procédures arrêtées. L’opposition dit catégoriquement niet. Quoi qu’il en soit, personne ne pourra, dans un tel contexte, avec l’arrivée du nouveau médiateur, avec un nouvel os à ronger, parler de date d’élections. Ça au moins, c’est quelque chose de gagner. Et toute victoire est bonne à prendre pour les « les grands politiciens » qui savent d’ailleurs les célébrer. Qui avait dit en Côte d’ivoire, « sans élections pas de Cinquantenaire ? »
D. Al Seni
