C’est en tous cas ce qu’ont voulu déclarer les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine (UA) lors de leur session spéciale le 31 août 2009 à Tripoli (Libye) sur l’examen et le règlement des conflits en Afrique. Jean Ping, président de la Commission de l’Union Africaine, a promis que sa commission “ne ménagerait aucun effort pour que cette année soit marquée d’une pierre blanche car elle permettra l’installation d’un climat sociopolitique propice à un enracinement durable de la paix et de la sécurité en Afrique”. Il ajoutera, en janvier 2010, que toutes les mesures nécessaires seront prises pour renforcer la paix et la sécurité qui sont les conditions préalables au développement en Afrique.
Jean Ping a cependant dû dire aussi que la situation sécuritaire reste préoccupante sur le continent, énumérant les crises et les conflits qui ont émergé dans les Etats membres de l’UA et qui attendent toujours les fruits effectifs des travaux de médiation, de réconciliation et de résolution. La situation en Somalie est jugée périlleuse, toutes les forces pariant sur le pire : “Le pire en Somalie c’est le retour à une situation d’absence d’Etat et de déchirements fratricides incessants… un espace de non droit générateur d’instabilité et d’insécurité à grande échelle”. Mais la crise est aussi à Madagascar où des accords, passés, ne sont pas respectés. Elle est en Guinée-Conakry où la situation est fragile et volatile, et en bien d’autres lieux. Des encouragements viennent toutefois d’évolutions plus heureuses au Burundi, en République centrafricaine, en Guinée-Bissau, en République démocratique du Congo, et au Niger.
En Afrique de l’Ouest, spécialement au sein de l’Union économique et monétaire (UEMOA) constituant un marché commun de 80 millions de personnes, la situation économique est au reste encourageante : un taux de croissance de 3% y a été enregistré en 2009 (contre 1% seulement pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne)... après celui de 3,8% en 2008... et en attente d’un taux de 4% en 2010… Réunis le 20 février à Bamako (Mali), les six chefs d’Etat de l’Union présents (du Bénin, du Burkina Faso, de la Guinée-Bissau, du Mali, du Sénégal et du Togo - en l’absence de ceux du Niger et de la Côte d’Ivoire) se montraient confiants et même optimistes. Mais ce sont certaines réalités politiques qui font problème...
• Une situation peut-être scabreuse en Côte d’Ivoire !
La Côte d’Ivoire étant d’une certaine manière le poumon principal de l’Union, et d’importants projets d’infrastructures (électricité, transports maritimes et ferrés) et d’industries de transformation y étant programmés au bénéficie de l’ensemble de la région, les mêmes chefs d’Etat ne sont pas sans s’alarmer de l’interminable crise politique dans ce pays : elle retarde, par exemple, la réalisation des projets d’interconnecter les réseaux sénégalais, maliens, burkinabés et ivoiriens pour réduire les coûts d’acheminement des marchandises vers les pays du Sahel.
Or, depuis le mardi 12 février, la Côte d’Ivoire est entrée dans une nouvelle phase de sa « sortie de crise » : certains veulent y voir la dernière phase, comme l’attendent certainement l’immense majorité de l’opinion publique à l’intérieur du pays et la quasi-totalité de la communauté internationale – le Conseil de sécurité des Nations Unies a fixé une date ultime du règlement de la crise : le 30 juin. Mais les conditions dans lesquelles s’ouvre cette nouvelle phase invitent au moins à la vigilance.
Le camp présidentiel a ouvert cette phase par une sorte de coup de force, congédiant Commission électorale indépendante et Gouvernement, au mépris des règles de cohabitation définies depuis janvier 2003 à Marcoussis et reprises en 2007 à Ouagadougou. Du coup l’opposition réunissant quatre partis et, depuis lors, un cinquième, a déclaré ne plus reconnaître le chef de l’Etat formellement en place comme « président de la République » de tous les Ivoiriens. L’urgence première étant pour tous d’élire des pouvoirs publics reconnus légitimes, la Commission électorale indépendante a été rétablie et a la charge de mener à bien le processus électoral dans les délais impartis, tandis qu’un gouvernement a été formé dont le Premier Ministre dit lui-même qu’il n’est là que pour les trois à quatre mois de transition.
Dès lors il faudra beaucoup de doigté à toutes les parties concernées pour parvenir aux objectifs fixés pour le 30 juin : le camp présidentiel, sans doute devenu minoritaire à la suite de l’acte “de suicide politique” de son chef, ne s’avouera pas vaincu ; l’opposition requinquée ne reviendra pas sur son ostracisme prononcé contre un président qu’elle n’appelle plus que « Monsieur » ; le Premier Ministre a l’estime des deux camps – de l’enclume et du marteau – et sans doute de la communauté mondiale ; le président de la Commission électorale est un diplomate courtois envers tous en même temps que membre de l’opposition…
Denis MAUGENEST
Jean Ping a cependant dû dire aussi que la situation sécuritaire reste préoccupante sur le continent, énumérant les crises et les conflits qui ont émergé dans les Etats membres de l’UA et qui attendent toujours les fruits effectifs des travaux de médiation, de réconciliation et de résolution. La situation en Somalie est jugée périlleuse, toutes les forces pariant sur le pire : “Le pire en Somalie c’est le retour à une situation d’absence d’Etat et de déchirements fratricides incessants… un espace de non droit générateur d’instabilité et d’insécurité à grande échelle”. Mais la crise est aussi à Madagascar où des accords, passés, ne sont pas respectés. Elle est en Guinée-Conakry où la situation est fragile et volatile, et en bien d’autres lieux. Des encouragements viennent toutefois d’évolutions plus heureuses au Burundi, en République centrafricaine, en Guinée-Bissau, en République démocratique du Congo, et au Niger.
En Afrique de l’Ouest, spécialement au sein de l’Union économique et monétaire (UEMOA) constituant un marché commun de 80 millions de personnes, la situation économique est au reste encourageante : un taux de croissance de 3% y a été enregistré en 2009 (contre 1% seulement pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne)... après celui de 3,8% en 2008... et en attente d’un taux de 4% en 2010… Réunis le 20 février à Bamako (Mali), les six chefs d’Etat de l’Union présents (du Bénin, du Burkina Faso, de la Guinée-Bissau, du Mali, du Sénégal et du Togo - en l’absence de ceux du Niger et de la Côte d’Ivoire) se montraient confiants et même optimistes. Mais ce sont certaines réalités politiques qui font problème...
• Une situation peut-être scabreuse en Côte d’Ivoire !
La Côte d’Ivoire étant d’une certaine manière le poumon principal de l’Union, et d’importants projets d’infrastructures (électricité, transports maritimes et ferrés) et d’industries de transformation y étant programmés au bénéficie de l’ensemble de la région, les mêmes chefs d’Etat ne sont pas sans s’alarmer de l’interminable crise politique dans ce pays : elle retarde, par exemple, la réalisation des projets d’interconnecter les réseaux sénégalais, maliens, burkinabés et ivoiriens pour réduire les coûts d’acheminement des marchandises vers les pays du Sahel.
Or, depuis le mardi 12 février, la Côte d’Ivoire est entrée dans une nouvelle phase de sa « sortie de crise » : certains veulent y voir la dernière phase, comme l’attendent certainement l’immense majorité de l’opinion publique à l’intérieur du pays et la quasi-totalité de la communauté internationale – le Conseil de sécurité des Nations Unies a fixé une date ultime du règlement de la crise : le 30 juin. Mais les conditions dans lesquelles s’ouvre cette nouvelle phase invitent au moins à la vigilance.
Le camp présidentiel a ouvert cette phase par une sorte de coup de force, congédiant Commission électorale indépendante et Gouvernement, au mépris des règles de cohabitation définies depuis janvier 2003 à Marcoussis et reprises en 2007 à Ouagadougou. Du coup l’opposition réunissant quatre partis et, depuis lors, un cinquième, a déclaré ne plus reconnaître le chef de l’Etat formellement en place comme « président de la République » de tous les Ivoiriens. L’urgence première étant pour tous d’élire des pouvoirs publics reconnus légitimes, la Commission électorale indépendante a été rétablie et a la charge de mener à bien le processus électoral dans les délais impartis, tandis qu’un gouvernement a été formé dont le Premier Ministre dit lui-même qu’il n’est là que pour les trois à quatre mois de transition.
Dès lors il faudra beaucoup de doigté à toutes les parties concernées pour parvenir aux objectifs fixés pour le 30 juin : le camp présidentiel, sans doute devenu minoritaire à la suite de l’acte “de suicide politique” de son chef, ne s’avouera pas vaincu ; l’opposition requinquée ne reviendra pas sur son ostracisme prononcé contre un président qu’elle n’appelle plus que « Monsieur » ; le Premier Ministre a l’estime des deux camps – de l’enclume et du marteau – et sans doute de la communauté mondiale ; le président de la Commission électorale est un diplomate courtois envers tous en même temps que membre de l’opposition…
Denis MAUGENEST