Projet, idéal, ambition ! Ces mots sont pour l’homme politique, le vrai, le moteur de l’action. Ils mobilisent son énergie et expliquent pour l’essentiel l’engagement à servir ses semblables. Avec le premier président de la Côte d’Ivoire, il existait une vision pour le pays. Construire une nation moderne et solidaire, dans laquelle l’homme est épanoui et la richesse partagée, ainsi peut se résumer l’action de Félix Houphouët-Boigny. En trente trois ans de règne quasiment sans partage, le « Vieux » a fait du chemin sur la voie de son rêve. Rassemblant les fils de la nation, et ouvrant les portes de la Côte d’Ivoire aux cerveaux, capitaux et bras valides de l’extérieur, le père de l’indépendance a placé « son petit pays » comme il aimait l’appeler, dans une espèce de modestie feinte, dans la cour des grands du continent. Avec lui, la Côte d’Ivoire s’est dotée d’une agriculture performante et variée. Au café et cacao, les deux mamelles de l’économie, se sont joints le palmier, l’hévéa, le coton, l’ananas, la banane. Pour une diversification qui a assuré au monde paysan une relative qualité de vie que bien de pays africains, même certains dotés de ressources minières abondantes (or, diamant, uranium, phosphate, pétrole et autres), lui enviaient. Le pays sous sa houlette a construit des infrastructures routières parmi les plus imposantes de la sous-région. Dans le domaine scolaire et universitaire, des choix hardis, à l’instar du traitement particulier accordé au monde enseignant, et les crédits importants affectés au secteur enseignement-formation, (pendant longtemps, près de quarante pour cent du budget national était consacré à l’éducation), ont propulsé le pays. A la traine derrière les quartiers latins africains qu’étaient le Benin, le Congo et le Sénégal, la Côte d’Ivoire s’est retrouvée avec des universitaires, techniciens de tous ordres, médecins, ingénieurs, enseignants de haut niveau, cadres de l’administration centrale, aux compétences avérées. Entre autres, les Grandes écoles de Yamoussoukro, le lycée scientifique de la même localité, le lycée classique d’Abidjan, le lycée Sainte Marie, pour les jeunes filles, faisaient la fierté des Ivoiriens. Et donnaient à tous le désir de se surpasser intellectuellement. Enseignants comme apprenants. Certes, le tableau n’est pas idyllique. Houphouët au niveau politique a maintenu un système monopartite et a pratiqué la traque aux opposants. Personne n’oublie les faux complots dont le professeur Samba Diarra, neveu du Vieux, lui-même une des victimes en a fait un témoignage édifiant dans son livre, « Les Faux complots de Houphouët Boigny, fracture dans le destin d’une nation ». Personne n’oublie non plus que la gestion du « Bélier » de Yamoussoukro, aux relents parfois patrimoniaux, a conduit à des abus et détournements massifs. Mais le « miracle » réalisé par le père fondateur semble aujourd’hui, l’eldorado perdu. En tout cas, au regard de la situation vécue par ses concitoyens depuis dix ans. Et signe patent que les successeurs du fondateur du Rda volent bas, très bas, le récent rassemblement dans sa ville natale des dits « vrais houphouétistes ». Convoyés par le palais, quelques fossiles du temps de la colonisation, et des cadres la main en plein dans la soupe sur le feu, ont porté sur les fonts baptismaux, « L’union des Houphouétistes pour le dialogue, UHD ». Fait remarquable, le patron de la Refondation, l’homme qui a fondé son existence politique sur l’opposition et la négation de l’œuvre et la philosophie du Vieux, s’est invité à la messe. Et Laurent Gbagbo a réussi l’exploit de s’afficher comme un autre Houphouët Boigny sans paraitre se contredire. « Houphouët est entré en politique en réclamant la liberté, l’égalité entre les hommes. Je suis aussi entré en politique, en réclamant la liberté, l’égalité et en réclamant pour chaque citoyen le droit de se mettre au service de son pays ». Un forcing et un raccourci qui ne peuvent que pousser à désespérer.
Après tant de bruits, de sacrifices et de dérives aussi, l’ex- opposant farouche au premier président en est réduit à se mettre dans la peau de son contre exemple ! L’opposition que disait incarner Gbagbo n’a donc pu sécréter ni projet, ni idéal, ni ambition alternatifs à ceux de Félix Houphouët Boigny, soit dit en passant « le voleur ». Un aveu de l’échec de la refondation. Elle n’a servi que ruine et désolation. En dix ans, le beau pays du Bélier est totalement défiguré. La vie humaine ne vaut pas plus qu’une motte de coton. Les violations massives des droits humains et l’impunité sont la règle. L’économie est à genoux, et le pays vit sous perfusion internationale. Suprême affront à l’homme qui a utilisé son prestige et celui de son pays à régler les conflits d’ici et d’ailleurs, la Côte d’Ivoire, sa magie, est parcourue, dans tous les sens, par des forces internationales accourues pour éteindre le feu d’une guerre civile dans laquelle la responsabilité du régime de Gbagbo est des plus fortes.
Exit les illusions, les mammouths de l’assurance maladie universelle, et autres théories de l’économie sociale de marché. Rien que du leurre. Au royaume de la réalité, seuls subsistent Houphouët et son œuvre. Dix sept ans après la mort du père du Miracle, le néant s’est installé. Un vide que les Ivoiriens ont l’impérieux devoir de combler. Par autre chose que des proclamations contre nature, qui jurent avec l’histoire et les faits.
D. Al Seni
Après tant de bruits, de sacrifices et de dérives aussi, l’ex- opposant farouche au premier président en est réduit à se mettre dans la peau de son contre exemple ! L’opposition que disait incarner Gbagbo n’a donc pu sécréter ni projet, ni idéal, ni ambition alternatifs à ceux de Félix Houphouët Boigny, soit dit en passant « le voleur ». Un aveu de l’échec de la refondation. Elle n’a servi que ruine et désolation. En dix ans, le beau pays du Bélier est totalement défiguré. La vie humaine ne vaut pas plus qu’une motte de coton. Les violations massives des droits humains et l’impunité sont la règle. L’économie est à genoux, et le pays vit sous perfusion internationale. Suprême affront à l’homme qui a utilisé son prestige et celui de son pays à régler les conflits d’ici et d’ailleurs, la Côte d’Ivoire, sa magie, est parcourue, dans tous les sens, par des forces internationales accourues pour éteindre le feu d’une guerre civile dans laquelle la responsabilité du régime de Gbagbo est des plus fortes.
Exit les illusions, les mammouths de l’assurance maladie universelle, et autres théories de l’économie sociale de marché. Rien que du leurre. Au royaume de la réalité, seuls subsistent Houphouët et son œuvre. Dix sept ans après la mort du père du Miracle, le néant s’est installé. Un vide que les Ivoiriens ont l’impérieux devoir de combler. Par autre chose que des proclamations contre nature, qui jurent avec l’histoire et les faits.
D. Al Seni