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Editorial Publié le lundi 15 mars 2010 | L’expression

L’Editorial : « Sans électricité, ça fait quoi ? »

Le chef de l’Etat a parlé. Enfin ! Il l’a fait samedi dernier à travers une déclaration sur les antennes de la radio télévision nationale ! Il a fallu deux mois à Laurent Gbagbo pour s’adresser « aux Ivoiriens, Ivoiriennes et amis de la Côte d’Ivoire », et reconnaître les lourds désagréments causés par le délestage sur les ménages et les industriels. En grand historien, le numéro un ivoirien a tenu à rappeler à tous que le pays n’est pas à sa première expérience douloureuse en matière de délestage. Gbagbo donc n’innove pas en plongeant le pays dans le noir : « ici même en Côte d’Ivoire, nous avons connu une situation analogue en 1984. Le délestage a duré trois mois ». Mieux, le locataire du palais rappelle à tous que ce que les Ivoiriens vivent a été connu par les populations partout dans le monde. Même dans les sphères les plus développées du monde. Gbagbo a rafraichi la mémoire de ceux qui n’acceptent pas de vivre sans courant et des travailleurs et chefs d’entreprises coincés par le manque d’électricité, poussant à une baisse de production, voire à des mises en chômage technique : « Aucun pays n’est à l’abri d’une situation comme celle que nous connaissons aujourd’hui. On se souvient des séries de pannes d’électricité qui ont ébranlé les pays d’Amérique et d’Europe en 2003 ». Ainsi donc, pas de quoi fouetter un chat. Puisque sous les soleils éburnéens, il n’y a rien de nouveaux en somme. Au-delà d’un dédouanement par des comparaisons affligeantes, ce qui surprend plus d’un, c’est le long silence mis par le chef de l’Etat à intervenir sur la question du délestage. A cela, les raisons ne manquent pas. La gestion du secteur électricité, Laurent Gbagbo n’a pas voulu la partager au niveau du gouvernement avec quiconque. Avec la défense et la sécurité intérieure, le ministère des Mines et de l’Energie a été l’un des portefeuilles que le chef de l’Etat a gardés sous son contrôle dans tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2000. Léon Emmanuel Monnet, un baron de son parti, le Front populaire ivoirien, en a eu la charge sans discontinuer jusqu’au gouvernent Soro II, il y a à peine trois semaines. Monnet sorti du jeu, c’est un autre de son camp, Augustin Kouadio Komoé que Gbagbo a propulsé à la tête de ce département. Le chef de l’Etat ne peut évoquer l’hostilité d’un ministre issu de l’opposition dans le cadre des gouvernements des partis politiques, un argument en vogue depuis Marcoussis, ni l’ignorance du dossier.
Ignorance et absence de prévisions
Mieux, les intervenants du secteur de l’énergie ont régulièrement attiré l’attention personnelle de Laurent Gbagbo sur la nécessité d’opérer les nouveaux investissements pour accroître l’offre en énergie électrique du pays. Ils ont exposé les difficultés que court le pays si rien n’est fait dans ce sens. Le président de la Chambre de commerce et d’industrie de la Côte d’Ivoire, Jean Louis Billon, l’a rappelé encore récemment, « il y a plus de quatre ans que l’Etat a été prévenu de la situation et des difficultés vers lesquelles le pays allait ». Malgré les fortes sommes engrangées par le secteur électrique, quelque 200 milliards Fcfa par an, dont les deux tiers au profit de l’Etat, rien n’a été fait en dix ans. Et pire, sans améliorer la production, Gbagbo s’est lancé dans une opération électoraliste d’électrification ciblée des localités et villages à conquérir politiquement. Résultat, le nombre d’abonnés à exploser. Mettant en péril la capacité des quatre barrages hydroélectriques et des deux centrales thermiques du pays à couvrir une demande déjà excédentaires. La crise de l’énergie dans le pays est le baromètre, grandeur nature, de l’incapacité de ce régime à planifier et à prévenir. Il n’est même pas capable de réagir en tirant la sonnette d’alarme tirée. Le silence traduisait ainsi la gêne d’un homme habituellement prompt à intervenir. Gbagbo n’avait ni explications convaincantes à donner, ni solution réalisable à court terme à proposer. Il a choisi de s’aligner sur l’adage selon lequel « si ce que vous allez dire ne vaut pas plus que le silence, alors taisez-vous ». Le chef de l’Etat s’est donc tu deux mois. Et beaucoup auront remarqué que Gbagbo fait profil bas quand il s’agit de proposer des solutions aux vrais problèmes économiques et sociaux du pays. Il est celui des grands candidats à la présidence à n’avoir jusque-là pas répondu à l’invitation de la confédération générale des entreprises de Côte d’ivoire. La tribune des grands patrons qui met à l’épreuve les prétendants à la magistrature suprême en passant au scanner leurs projets et leurs solutions pour l’économie. Le grand amoureux du discours se fait désirer à ce rendez-vous de la parole. Au fond, les Ivoiriens retrouvent devant les graves difficultés économiques du pays, la même attitude de Gbagbo face aux élections. « S’il n’y a pas d’élections le 29 novembre, ça fait quoi » lançait, il y a quelques semaines, le chef de l’Etat sortant, à la population médusée et aux opérateurs économiques. Ces derniers pensaient aux avertissements de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international pour qui, les élections conditionnent le programme Ppte et l’annulation de la dette ivoirienne. En échos aux élections, c’est donc naturellement, « s’il n’y a pas d’électricité, ça fait quoi ! ». Les Ivoiriens sont avertis. Doublement !
D. Al Seni
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