L’affaire a défrayé la chronique chez l’oncle Sam. Au centre du «scandale», le nom d’un homme, M. Ali Aman, chef du site du passeport biométrique à Washington DC. Pour dire sa part de vérité, il a décidé de rompre le silence. Il s’est confié à lebanco.net. En exclusivité.
Depuis votre prise de fonction en février, comment se porte le service passeport? Peut-on avoir, aujourd’hui, des chiffres?
Merci de me donner l’opportunité d’informer la diaspora sur ce projet important relatif aux passeports biométriques. La Côte d’Ivoire est le tout premier pays en voie de développement à initier ce projet. Pour revenir à votre question disons que nous avons procédé au lancement du projet le 18 février 2009 avec la mise en place des infrastructures. Puis, le 30 mars 2009, le projet est rentré dans sa phase active. A ce jour, nous sommes à environ 1200- 1500 passeports déjà produits. Avouons que le début n’a pas été facile.
Avez-vous fait une campagne d’information avant l’entame du projet? Combien de site existe-il aux Etats-Unis? Trois employés ne trouvez-vous pas cela insignifiant par rapport au nombre important de requérants?
Nous avons fait beaucoup de publicités. Nous avons fait la publicité sur abidjan.net. L’ambassade a appuyé la Snedai dans la campagne de sensibilisation. Mais, il faut dire que le projet des passeports biométriques est un projet Etat-Privé. La Snedai s’occupe de mettre en place les infrastructures et faire la publicité pour amener les populations cibles à adhérer au projet. Nous avons eu recours des gens que l’ambassade avait engagés pour faire publicité. La Snedai a dégagé des moyens pour les rétribuer. La sensibilisation, à ce jour, continue. N’oublions pas que les Usa ne sont pas la France encore moins la Côte d’Ivoire. Nous parlons ici de 51 Etats. Nous ambitionnons établir des sites dans les grandes agglomérations comme Atlanta, New York, en Californie et au Texas. Et, nous nous y attelons. Bientôt, il y aura une équipe mobile qui va essayer d’aller dans les autres Etats pour faire l’inscription et revenir à la base ici à Washington.
Nombreuses sont les personnes qui se plaignent du service des passeports biométriques aux USA. Comme vous l’avez si bien dit, les USA sont un grand pays, il ya 54.000 Ivoiriens et quitter Los Angeles pour venir ici à Washington DC, cela prend 6 heures de vol et quand on arrive à l’ambassade, généralement les responsables sont au bureau à 10h ou à 11h. Comment expliquer-vous ces retards?
Pourquoi le chef du site lui-même arrive à 11h quand certains de ses employés arrivent en retard? Les usagers aimeraient savoir les heures d’ouvertures exactes et deuxièmement l’on note que les informations qui sont sur le site ne sont pas en conformité avec ce que vous dites. Exemple, un individu qui vient de Los Angeles pour se faire établir son passeport biométrique, il arrive à vos bureaux et c’est là qu’il apprend qu’il doit d’abord s’établir sa carte consulaire alors que ce détail ne figure pas sur le site de la Snedai où ils prennent les informations. Cela ne relève-t-il pas d’un déficit de communication entre vous et lambassade?
Pour ce qui concerne les heures d’ouvertures, le service commence de 9h à 15h30mn. Et, cela a toujours été ainsi depuis que nous avons commencé. Si vous êtes venu un jour ou deux et que avez constaté le contraire, c’est parce que peut-être que nous étions en réunion ou peut-être que j’avais une permission et que les autres aussi avaient des permissions. Mais, il y a toujours quelqu’un pour assurer la permanence. Pour ce qui concerne les informations, lorsque vous aller sur le site de la Snedai, il est mentionné les pièces à fournir. Maintenant, il appartient au requérant de se munir de ces pièces. Où les trouver? C’est soit en Côte d’Ivoire pour l’acte de naissance et le certificat de nationalité, soit à l’ambassade pour la carte consulaire. Lorsque le requérant arrive, nous regardons les documents à fournir. Quand c’est incomplet, nous lui disons d’aller faire sa carte consulaire. Ce n’est pas la faute à la Snedai, nous, nous attendons les papiers pour faire le travail. Tant qu’il y a un document qui manque, nous ne pouvons pas l’inscrire puisque son dossier est incomplet. Or, un dossier incomplet ne peut pas être validé au niveau d’Abidjan. J’aimerais aussi ajouter que pour ce qui relève de la carte consulaire est du ressort du service consulaire.
Nous sommes aux Usa qui est différent des autres pays, chacun travaille et au temps de l’ambassadeur Charles Gomis, le service consulaire ouvrait un mercredi jusqu’à 18h pour permettre à tous ceux qui n’ont pas pu établir leur carte consulaire, de le faire. Pourquoi le service des passeports biométriques n’adresse-t-il pas une demande dans ce sens à l’ambassade?
Au début, j’ouvrais, même, les samedis. Demandez au frère Bruno Porquet. Il est venu de Philadelphie un samedi et j’ai fait son passeport. Aucun agent n’était présent. Je pense qu’en tant que manager, s’il n’y a pas d’agent, je dois prendre la relève. Je l’ai fait une ou deux fois pour des gens qui sont venus de loin mais on m’a interpellé pour me dire que je ne dois plus le faire.
Qui vous a interpellé?
J’ai été interpellé par l’autorité du service consulaire de l’ambassade pour me dire que je ne dois plus permettre aux gens de venir faire leurs passeports les samedis. Pendant la neige il y a des gens qui sont venus de Houston. Ils étaient une dizaine. Ils étaient devant l’ambassade. Je me suis présenté là-bas. Mais des instructions fermes ont été données pour ne pas que l’ambassade soit ouverte. Je ne suis pas en train d’aller contre la décision mais je dis que j’ai fait le maximum mais devant moi j’ai un mur. Je dois respecter les instructions qui viendront de l’ambassadeur et de l’ambassade. En conclusion, ce que vous dites, j’y pense mais je ne peux pas aller contre les règles de l’ambassade. Je vais poser le problème au premier responsable de l’ambassade et voir ce qui peut être fait.
Selon nos sources, l’ambassade a établi, pour le lancement du projet en février, un budget de 26.000 dollars et vous lui auriez donné 12.000 dollars. En poussant nos enquêtes, nous avons découvert que les reçus qui ont été donnés pour justifier ces dépenses de 12.000 dollars sont antérieurs à 2009. Ces dépenses sont, en fait, de 2002. Nous avons ces documents entre notre possession. Comment expliquez-vous cela?
Monsieur, si vous le permettez, je peux vous demander qui vous a donné l’information?
Non, cependant, pouvez-vous répondre à la question?
D accord. Je pense que cette question si vous me le permettez, je vais mener moi-même mes enquêtes et puis nous allons revenir là-dessus.
Comment expliquez-vous le fait que certains passeports à l’ambassade disparaissent alors que vous êtes seulement trois dans le service ? Confirmez-vous que la porte de votre service ait été fracturée?
Effectivement, c’est une information juste que vous donnez. Il y a eu disparition de dossiers au niveau du service des passeports biométriques, exactement 26 dossiers. Il y a eu même tentative de perte, de disparition, je dirai d’un passeport établit et vous faites bien de le dire, j’ai été accusé par rapport à cette perte.
De quoi s’agit-il ? Je vais parler d’abord du passeport disparu. C’était le 10 Mai à 6h30mn, je reçois un coup de fil de l’ambassadeur, Charles Koffi, en mission à Abidjan qui me dit que la présidence l’aurait saisi parce qu’un certain Ali aurait bloqué le passeport de son fils. Je suis tombé des nues et j’ai demandé le nom de ce monsieur, il me l’a donné, mais permettez-moi de taire ce nom et j’ai mené mes investigations. Je me suis rendu ce jour-là, très tôt, au service. J’ai fouillé partout je n’ai pas vu le passeport. J’ai appelé mes 2 collaborateurs, M. Michel Oulou et Mme N’guessan pour en savoir un peu plus. Ils m’ont fait savoir qu’ils n’ont pas vu le passeport.
L’ambassadeur me rappelle, une heure après, pour me mettre la pression, ce qui est normal. Je ne savais pas où donner de la tête. Car, j’étais l’accusé. Mais, comme Dieu est puissant, j’étais en train de chercher et j’ai eu l’idée d’appeler le jeune homme en question. Je l’ai appelé et il m’a dit: «M. Ali je ne vous connais pas mais. J’ai même envoyé ma maman qui a rencontré un monsieur avec qui vous travaillez au service des passeports biométriques et le monsieur a confirmé que vous avez bloqué mon passeport». Je lui ai demandé si nous avions échangé, ne serait-ce qu’un jour. Le jeune homme me dit qu’il a essayé mais que le numéro de téléphone qu’il a ne marche pas. Je l’ai rassuré et lui ai dit qu’on allait trouver une solution à son problème. Pendant que je parlais au jeune homme, M. Michel Oulou rentre dans mon bureau tenant dans sa main le passeport. Je lui demande où il l’a trouvé, il me dit qu’il l’a retrouvé dans son propre coffre fort. J’ai reposé la question à M. Michel Oulou. Il m’a confirmé qu’il a retrouvé le passeport du jeune homme dans son coffre fort à lui. Sans dire mot, j’ai appelé l’ambassadeur pour dire que le passeport n’avait pas été bloqué par un soi-disant Ali mais par M. Oulou Michel. L’affaire n’a plus eu de suite.
Mais, monsieur, voyez cette manière de travailler, on fait des choses pour accuser l’autre, mais Dieu rétablit toujours la vérité.
Pour ce qui concerne les documents, permettez-moi de vous dire comment se fait le travail au service des passeports biométriques. Lorsque le requérant arrive, il voit les agents consulaires avec ces documents. Ces derniers contrôlent les documents du requérant et après quoi, m’avisent pour que je contrôle aussi. M. Daligou le consul signe c’est en ce moment seulement que l’on peut inscrire le requérant et lorsque ce dernier est inscrit, soit je prends le dossier en ma possession, soit il est gardé au service consulaire de l’ambassade. Au moment où je gardais les dossiers dans le coffre fort que vous voyez (il montre le coffre-fort), j’ai été interpellé pour me dire que désormais, les dossiers doivent aller chez M. Michel Oulou et Mme Nguessan. Parce que, m’a-t-on signifié, ils doivent faire une liste parallèle.
Une liste parallèle?
C’est une organisation interne au niveau de l’ambassade et je ne veux pas m’en mêler. Quand les agents finissent, ils prennent les dossiers et vont dans leur bureau au 203, et moi lorsqu’il est temps d’envoyer les dossiers à Abidjan, je descends, je prends les dossiers et je fais une liste et j’envoie les dossiers et la liste en question. Un matin c’était entre le 5-6 avril, je me présente au bureau de M. Michel Oulou et Mme Nguessan car ce jour était le jour d’envoi des dossiers sur Abidjan. J’arrive et je ne vois aucun dossier, pourtant je savais qu’il y avait environ 50 dossiers là-bas. M. Michel Oulou n’est pas encore arrivé. Il avait pris un peu de retard. Je l’appelle et je lui fais savoir que je suis dans son bureau avec Mme Nguessan et que nous avons fouillé tout le bureau et je ne vois pas les dossiers. Il me dit que les dossiers sont avec lui et qu’il n’a pas de compte à me rendre car je ne suis pas son patron.
Vous a-t-il expliquez ce que les dossiers faisaient chez lui à la maison?
Oui chez lui à domicile. Quand il est arrivé, il m’a tendu les dossiers et je lui ai dit plus jamais tu n’envoies les dossiers à la maison. Cela a provoqué une tension indescriptible entre nous. Nous nous sommes chauffés comme on le dit en Côte d’Ivoire. Je l’ai traduit devant l’ambassadeur qui, ce jour-là, lui a dit de ne plus jamais agir ainsi car ce sont des dossiers administratifs. Séance tenante, j’ai constaté que dans le lot de dossiers qu’il ma remis, il y avait un dossier important qui avait disparu et je ai lui donc posé la question de savoir où se trouvait ce dossier important et il m’a répondu devant l’ambassadeur qu’il n’avait au grand jamais vu ce dossier. L’ambassadeur m’a dit que je n’ai pas de preuves alors que je l’accuse. J ai présenté mes excuses à M. Michel Oulou. Je n’avais même pas constaté que 25 autres dossiers avaient aussi disparu. Deux semaines plus tard, des requérants m’appellent pour me dire qu’ils ont fait leurs passeports et ils me donnent les dates 8, 9, et 10 mars, je regarde dans le système je vois bien leurs noms, je regarde sur la fiche d’envoi, je ne vois aucun de ces noms. Or, comme je l’ai expliqué tout à l’heure, la liste d’envoi, c’est les dossiers présents que je vois, je dresse le jour même la liste et j’envoie à Abidjan. Il y avait donc un problème. J’ai demandé à Mme Nguessan qui dit n’avoir pas vu ces dossiers. Je n’ai pas demandé à M. Michel Oulou parce que je menais ma petite investigation. J’ai appelé aussitôt le Mdl (Maréchal des logis) Dosso pour faire un constat dans mon bureau. Quelque temps plus tard, je suis allé dans le bureau de M. Michel Oulou et je lui ai demandé à voir le cahier des listes parallèles des requérants. Je lui demande à voir la liste du mois de mars. A ma grande surprise, tous les requérants qui se plaignaient, avaient leurs noms inscrits dans ce cahier y compris le dossier ‘‘important’’ qui avait aussi disparu lorsque nous étions devant l’ambassadeur.
Sans dire mot. Je lui ai demandé de me photocopier la page. Il l’a fait et j’avais donc ma preuve. Il ne savait pas que je menais une enquête. J’ai informé non seulement l’ambassadeur mais aussi ma compagnie à Abidjan pour leur présenter le problème dont je faisais face. Car, les gens ne cessaient de m’appeller pour m’accuser. Et, lorsque les requérants l’appelaient, il leur disait que j’ai égaré les dossiers. Finalement, j’ai fait un rapport adressé à l’ambassadeur et je l’ai accusé sans détour en lui présentant les preuves. Le dossier ‘‘important’’ qu’il a nié n’avoir jamais vu a été retrouvé dans la liste du mois de mars. Or, il a été enregistré depuis décembre 2009. Comment cela se fait-il que l’on le retrouve dans la liste de mars 2010. Il était coincé mais avait un défenseur qui est l’ambassade. Voilà la première partie des dossiers disparus.
Sommes-nous en droit de croire a un conflit de personnes au sein des services de l’ambassade?
Oui
Selon vous qu’est-ce qui explique cette débauche d’énergie contre votre personne. Pourquoi en veulent-ils à votre tête?
Je ne dirais pas que votre analyse est erronée ou vraie, mais je vous dirai qu’il y a un bicéphalisme qu’ils ont créé au niveau du service des passeports biométriques qui fait qu’il y a un disfonctionnement. Voyez-vous, je vais vous dire quelque chose. Quand vous lisez ma mission, mes taches, il est écrit que M. Aman est le seul à donner les informations aux requérants. Les agents consulaires qui sont là ne font que la saisie. Les informations sont du ressort de la Snedai que je présente. Tenez vous bien, M. Oulou soutenu par l’ambassade a fait une propagande salissant mon image auprès de la diaspora ivoirienne. Monsieur, vous me connaissez je suis direct, je ne tourne pas. Lorsque vous me posez une question je suis direct. Je ne sais pas faire de la diplomatie. De ce fait, ma franchise envers les requérants est mal interprétée. M. Oulou et l’équipe consulaire ont profité de cela pour dire aux requérants que je ne suis pas la bonne personne avec qui il faut composer. Pire, ils envoient des gens exprès vers moi pour me provoquer. Vous savez quoi, pendant près d’un an je ne parlais pas sur le poste téléphonique de l’ambassade parce ce que j’étais sur écoute. Tout ce que je disais était enregistré. Lorsque j ai su, j ai coupé, j’ai demandé correspondants de m’appeler sur mon portable. M. Oulou a demandé à l’ambassadeur de lui établir une ligne. Tenez-vous bien une ligne, c’est M. Oulou qui va donner maintenant les informations aux requérants et quels type d’informations erronées! Au point où, lorsque je donne les vrais informations qui sont sur le site de la Snedai, les requérants me disent c’est faux. Je m’entends dire: «Non. M. Oulou nous a dit ceci, pourquoi vous venez nous dire quelque chose de contraire». Voyez-vous le conflit qui est créé par ce bicéphalisme qui ne dit pas son nom. Je vais vous donner un exemple palpable: il y a un monsieur qui est venu. Les textes disent qu’il faut donner un certificat de nationalité, il faut donner une photocopie de la carte d’identité du père ou de la mère, ou encore une attestation d’identité. Le monsieur en question me dit qu’il a perdu son père, je lui ai dit que quand même sa carte d’identité se trouve quelque part parce qu’en Côte d’Ivoire on n’enterre pas les gens avec les pièces administratives, je lui ai dit donc d’aller la chercher. Il est passé dans mon dos pour voir M. Oulou qui l’aurait conseillé de produire un certificat de décès.
Monsieur, est-ce que si je meurs, aujourd’hui, dans ce pays et que l’Amérique me produit un certificat de décès cela veut dire que je suis américain? Le monsieur a effectivement produit le certificat de décès. Quand il est arrivé, moi j’ai rejeté le dossier. Pourquoi je l’ai fait? Je fais une sélection de base, car, quand les dossiers vont à Abidjan et qu’ils sont bloqués, c’est toujours Ali qu’on accuse. C’est pourquoi je fais le travail de base. Deuxième exemple: il y a un monsieur qui a perdu son passeport ici aux Usa. Il vient voir M. Oulou et lui explique le problème. Normalement, quand tu perds ton passeport tu fais une déclaration de perte. Ne sachant pas comment obtenir le certificat de perte, ici, M. Oulou lui demande de faire sa déclaration de perte en Côte d’Ivoire. Comment on appelle ça? La fraude! Et, pour le monsieur comme il parle à quelqu’un qui fait les passeports, il ne voit aucun problème. En conséquence, on bloque son passeport à Abidjan, il vient me voir et je lui demande ce qui s’est passé. Il me dit qu’il pense que le problème, c’est son certificat de perte. Je lui ai demandé ce qui s’est passé et il m’a expliqué ce que je viens de vous dire. On me créé des problèmes et je ne sais pas pourquoi.
Ne pensez-vous pas que tout ce qui vous arrive est un peu lié à votre appartenance politique?
D’abord, avant de répondre, je vais finir avec cette histoire de dossiers perdus. C’était simplement et purement une cabale. Je le dis, je persiste et je signe. C’est M. Oulou Michel qui a pris les dossiers. Suivez-moi. Apres cette disparition mystérieuse nous nous sommes rendus chez l’ambassadeur qui a donné l’ordre de retrouver ce dossier. Il a même donné un deadline (un délai), le vendredi 11 juin. A ma grande surprise, on m’appelle ce même jour dans le bureau de M. Oulou pour me dire que les dossiers ont été retrouvés. J’arrive, on me dit il y a une bonne nouvelle. Je demande laquelle? On me dit que les dossiers ont été retrouvés. Je demande où? Et, on me dit dans le bureau de Mme Doukouré. Mais, le bureau, elle et moi l’avions fouillé et il n’y avait rien. Le consul général était permissionnaire. Mme Doukouré assurait l’intérim donc elle signait ces documents de mars donc ils ont tellement réfléchi qu’ils ont eu l’idée ingénieuse d’aller nuitamment déposer les documents chez Mme Doukouré afin de la salir dans cette histoire. Mais, comme Dieu est Dieu, je le disais tout à l’heure qu’il y avait un dossier de 2009 qui avait été déjà signé par M. Daligou qui était alors absent. Ce dossier les a trahis parce que dans le lot que Mme Doukouré dit avoir signé, il y avait ce dossier. Alléluia ! Vous savez, les gens n’ont pas la crainte de Dieu. Alors nous étions en réunion après avoir retrouvé le dossier, on voulait me faire avaler la cabale, les mensonges, les contre vérités et que sais-je encore. Je dis je ne peux pas souiller mon âme. Je vous ai démontré qu’il y a un dossier parmi ce lot qui a été signé en 2009. Qu’est-ce qu’il fait dans le dossier de mars? Où était ce dossier depuis? En fait, ils ont retiré ce dossier parce qu’ils savaient que j’avais des problèmes avec ce monsieur. Vous parliez tout à l’heure de lettre envoyée au ministère des Affaires étrangères. Oui, Son Excellence Charles Koffi, que je respecte bien, a la plume très légère. En Décembre 2009, un requérant est venu, il n’avait pas tous ses documents, il vient à mon insu et s’inscrit en disant que je lui aurais donne le ok. Il vient et j’apprends qu’il a un dossier incomplet et qu’il aurait utilisé mon nom pour qu’on puisse faire son inscription. Je lui demande depuis quand je lui aurais donné le ok. Il me dit que même si je ne lui ai pas donne le ok cela fait quoi? Nous avons donc commencé à élevé le ton. Voyez ce qui est dommage c’est que lorsqu’il y a un problème entre un requérant et moi, je ne suis pas consulté, on écoute une partie. On écoute le requérant et on prend son stylo et on écrit au ministère des affaires étrangères ou au ministère de l’intérieur pour dire que je suis invivable, qu’il faut qu’on m’enlève. Mais je vous dis quelque chose. C’est qu’au départ, on ne voulait pas de moi, on voulait un certain Gaston, un Togolais. Politiquement, il est vrai, je ne le cache pas, je ne suis pas contre quelqu’un, mais je suis très libérale. Je suis libre de choisir un parti politique et j’ai choisi le Rdr. Je suis Rdr et personne ne peut me l’enlever. Je ne pense pas que ne pas être du même bord politique puisse engendrer la haine. Non! Mon meilleur ami il est Fpi, ma petite sœur est Fpi, mon grand frère est Fpi, mais moi je suis Rdr. On s’entend, nous vivons en bonne intelligence. Vous avez pointé la chose du doigt. Je ne laisse pas les gens faire ce qu’ils ont envie de faire dans le service. Voyez ce que j ai découvert, je vais taire les noms. Ils ont voulu créer un système comme les gens viennent de loin, le système a pour but d’escroquer de l’argent aux pauvres requérants qui vivent par exemple en Californie soi-disant que quand leurs passeports viennent, s’ils donnent de l’argent alors eux ils vont expédier. J’ai vu ce réseau et je l’ai détruit. Car ils voulaient le faire et après écrire parce qu’ils sont contre moi. Ils écrivent contre moi dans les journaux pour dire que c’est Ali qui fait payer les choses pour envoyer. Deuxième chose, vous comprenez que l’on doit payer sur le site à la maison avant de venir, mais, ils ont mis un autre système en place pour dire non ne payez plus sur le site, venez nous on peut vous aider et quand le requérant arrive, au lieu de prendre entre 140-150 dollars avec la carte de crédit ils leur soutirent souvent 200 dollars.
Avez-vous les preuves de ce que vous dites?
Il y a une jeune fille dont les initiaux sont L.S qui était venue et on lui a dit nous allons t’aider. Quand ils ont fini, elle a donné 200 dollars. Ce jour-là, les frais de passeport coûtaient 147 dollars. La différence a été bloquée. Or, la charte de la Snedai dit que tu ne prends pas de pot-de-vin.
Comment se fait-il que l’ambassade prenne 200 dollars alors que la procédure exige que le paiement soit fait par Internet ? Comment dans ce cas, pouvez-vous justifiez le paiement?
Non, le sieur qui a fait le paiement a utilisé lui sa carte. Vous comprenez maintenant le système. J’utilise ma carte et je paye et tu me donnes le cash.
Pourquoi cela n’a-t-il pas été signalé ? Est-ce un travailleur du service des passeports biométriques qui a fait cela ou est-ce quelqu’un d’autre dans le service de l’ambassade? C’est quelque un du service biométrique qui a fait ce cas spécifique. Vous êtes trois donc on peut supposer que c’est M. Oulou Michel puisque selon nos investigations, Mme Nguessan n’a pas de carte de crédit.
Vous êtes intelligent. Je dis que je ne cite pas les contemporains, mais je vous donne le tableau et vous déduisez. Pour le cas de l’expédition des passeports pour l’argent ce n’est pas quelqu’un du service biométrique mais c’est plutôt quelqu’un de l’ambassade.
Quel est votre mot de fin en attendant qu’on se retrouve prochainement?
Je voudrais vous dire merci et dire à la diaspora qu’il n’y a pas deux têtes au service des passeports biométriques, et que c’est M. Ali Aman qui est l’interlocuteur privilégié de la Snedai, chef de site, comme vous le voyez au service des passeports biométriques et que toute information viable vient de moi. Je sais que parmi mes frères ivoiriens vivant aux Usa, nous avons eu souvent à échanger de manières houleuses, mais ça aussi ça fait partie du travail, je présente toutes mes excuses à tous ceux que j’ai offensé par mes propos, mais je dis que ce projet est venu à eux parce qu’à la vérité, tout devait se passer à Abidjan, et le Pdg Adama Bitogo a pensé aux Ivoiriens et a bien voulu les approcher pour faciliter ce processus. Mais ce n’est pas facile. Beaucoup reste à faire et nous travaillons sur les aspects qui causent encore problème. Alors je leur demande un peu de patience et beaucoup de compréhension afin que main dans la main, nous arrivions à avancer dans ce processus parce que bientôt il y aura les visas biométriques. Je ne sais pas si j ai répondu à toutes vos questions sur la perte des dossiers parce que quand les dossiers ont été retrouvés on m’a demandé de prendre les dossiers et pendant que l’on me demande cela on écrit dans mon dos. Pendant que son excellence l’ambassadeur nous réunit pour dire de laisser la chose en famille, au sein de l’ambassade de ne pas dire à quelqu’un, lui il écrit derrière mon dos, pour dire que je suis invivable et qu’il ne veut plus travailler avec moi je ne sais pas à quel jeu il joue. C’est cela qui n’est pas intéressant. J’ai beaucoup de respect pour M. Charles Koffi, vous voyez dans la bible il est écrit tu ne porteras pas de faux témoignage sur ton prochain. Pendant que l’enquête suit son court, il écrit sur moi pour dire que j’ai perdu les dossiers aux ministères des affaires étrangères et de l’intérieur et qu’il ne veut plus travailler avec moi. Que soit moi je pars de l’ambassade et lui il reste ou lui il part et je reste. Je ne suis pas venu pour discuter son poste, je suis interlocuteur de Snedai que l’on me laisse travailler. Voilà ce qu’il a fait. Maintenant qu’il a trouvé les dossiers chez un de ces agents comment va-t-il faire ? Puisque c’est moi qui avais bloqué les dossiers, les dossiers n’ont pas été retrouvés chez moi, on va faire comment ? Que la population ivoirienne vivant aux USA comprenne qu’il y a quelque chose qui ne dit pas son nom au niveau de l’ambassade contre ma personne et contre le projet Snedai. Parce qu’en clair, ce n’est pas moi seul qui suis la cible, c’est le projet Snedai parce que les passeports étaient renouvelés ici et pour une certaine somme et aujourd’hui Snedai est venu prendre le marché, ils sont en train de manifester leur mécontentement à travers toutes ces choses. Pire, pour eux, on ne devrait pas donner le marché à Adama Bitogo. Ils disent ne pas comprendre comment le président, Laurent Gbagbo, ait pu donner le marché des passeports biométrique à un rebelle. Et, dans leur tête, en sabotant le travail, cela suscitera un décret pour casser la convention. Voila toute la vérité. Je ne veux pas faire la politique mais il faut dénoncer la mauvaise foi.
Interview réalisée par Soukalo de Kibouo à Water Front (Washington DC)
Depuis votre prise de fonction en février, comment se porte le service passeport? Peut-on avoir, aujourd’hui, des chiffres?
Merci de me donner l’opportunité d’informer la diaspora sur ce projet important relatif aux passeports biométriques. La Côte d’Ivoire est le tout premier pays en voie de développement à initier ce projet. Pour revenir à votre question disons que nous avons procédé au lancement du projet le 18 février 2009 avec la mise en place des infrastructures. Puis, le 30 mars 2009, le projet est rentré dans sa phase active. A ce jour, nous sommes à environ 1200- 1500 passeports déjà produits. Avouons que le début n’a pas été facile.
Avez-vous fait une campagne d’information avant l’entame du projet? Combien de site existe-il aux Etats-Unis? Trois employés ne trouvez-vous pas cela insignifiant par rapport au nombre important de requérants?
Nous avons fait beaucoup de publicités. Nous avons fait la publicité sur abidjan.net. L’ambassade a appuyé la Snedai dans la campagne de sensibilisation. Mais, il faut dire que le projet des passeports biométriques est un projet Etat-Privé. La Snedai s’occupe de mettre en place les infrastructures et faire la publicité pour amener les populations cibles à adhérer au projet. Nous avons eu recours des gens que l’ambassade avait engagés pour faire publicité. La Snedai a dégagé des moyens pour les rétribuer. La sensibilisation, à ce jour, continue. N’oublions pas que les Usa ne sont pas la France encore moins la Côte d’Ivoire. Nous parlons ici de 51 Etats. Nous ambitionnons établir des sites dans les grandes agglomérations comme Atlanta, New York, en Californie et au Texas. Et, nous nous y attelons. Bientôt, il y aura une équipe mobile qui va essayer d’aller dans les autres Etats pour faire l’inscription et revenir à la base ici à Washington.
Nombreuses sont les personnes qui se plaignent du service des passeports biométriques aux USA. Comme vous l’avez si bien dit, les USA sont un grand pays, il ya 54.000 Ivoiriens et quitter Los Angeles pour venir ici à Washington DC, cela prend 6 heures de vol et quand on arrive à l’ambassade, généralement les responsables sont au bureau à 10h ou à 11h. Comment expliquer-vous ces retards?
Pourquoi le chef du site lui-même arrive à 11h quand certains de ses employés arrivent en retard? Les usagers aimeraient savoir les heures d’ouvertures exactes et deuxièmement l’on note que les informations qui sont sur le site ne sont pas en conformité avec ce que vous dites. Exemple, un individu qui vient de Los Angeles pour se faire établir son passeport biométrique, il arrive à vos bureaux et c’est là qu’il apprend qu’il doit d’abord s’établir sa carte consulaire alors que ce détail ne figure pas sur le site de la Snedai où ils prennent les informations. Cela ne relève-t-il pas d’un déficit de communication entre vous et lambassade?
Pour ce qui concerne les heures d’ouvertures, le service commence de 9h à 15h30mn. Et, cela a toujours été ainsi depuis que nous avons commencé. Si vous êtes venu un jour ou deux et que avez constaté le contraire, c’est parce que peut-être que nous étions en réunion ou peut-être que j’avais une permission et que les autres aussi avaient des permissions. Mais, il y a toujours quelqu’un pour assurer la permanence. Pour ce qui concerne les informations, lorsque vous aller sur le site de la Snedai, il est mentionné les pièces à fournir. Maintenant, il appartient au requérant de se munir de ces pièces. Où les trouver? C’est soit en Côte d’Ivoire pour l’acte de naissance et le certificat de nationalité, soit à l’ambassade pour la carte consulaire. Lorsque le requérant arrive, nous regardons les documents à fournir. Quand c’est incomplet, nous lui disons d’aller faire sa carte consulaire. Ce n’est pas la faute à la Snedai, nous, nous attendons les papiers pour faire le travail. Tant qu’il y a un document qui manque, nous ne pouvons pas l’inscrire puisque son dossier est incomplet. Or, un dossier incomplet ne peut pas être validé au niveau d’Abidjan. J’aimerais aussi ajouter que pour ce qui relève de la carte consulaire est du ressort du service consulaire.
Nous sommes aux Usa qui est différent des autres pays, chacun travaille et au temps de l’ambassadeur Charles Gomis, le service consulaire ouvrait un mercredi jusqu’à 18h pour permettre à tous ceux qui n’ont pas pu établir leur carte consulaire, de le faire. Pourquoi le service des passeports biométriques n’adresse-t-il pas une demande dans ce sens à l’ambassade?
Au début, j’ouvrais, même, les samedis. Demandez au frère Bruno Porquet. Il est venu de Philadelphie un samedi et j’ai fait son passeport. Aucun agent n’était présent. Je pense qu’en tant que manager, s’il n’y a pas d’agent, je dois prendre la relève. Je l’ai fait une ou deux fois pour des gens qui sont venus de loin mais on m’a interpellé pour me dire que je ne dois plus le faire.
Qui vous a interpellé?
J’ai été interpellé par l’autorité du service consulaire de l’ambassade pour me dire que je ne dois plus permettre aux gens de venir faire leurs passeports les samedis. Pendant la neige il y a des gens qui sont venus de Houston. Ils étaient une dizaine. Ils étaient devant l’ambassade. Je me suis présenté là-bas. Mais des instructions fermes ont été données pour ne pas que l’ambassade soit ouverte. Je ne suis pas en train d’aller contre la décision mais je dis que j’ai fait le maximum mais devant moi j’ai un mur. Je dois respecter les instructions qui viendront de l’ambassadeur et de l’ambassade. En conclusion, ce que vous dites, j’y pense mais je ne peux pas aller contre les règles de l’ambassade. Je vais poser le problème au premier responsable de l’ambassade et voir ce qui peut être fait.
Selon nos sources, l’ambassade a établi, pour le lancement du projet en février, un budget de 26.000 dollars et vous lui auriez donné 12.000 dollars. En poussant nos enquêtes, nous avons découvert que les reçus qui ont été donnés pour justifier ces dépenses de 12.000 dollars sont antérieurs à 2009. Ces dépenses sont, en fait, de 2002. Nous avons ces documents entre notre possession. Comment expliquez-vous cela?
Monsieur, si vous le permettez, je peux vous demander qui vous a donné l’information?
Non, cependant, pouvez-vous répondre à la question?
D accord. Je pense que cette question si vous me le permettez, je vais mener moi-même mes enquêtes et puis nous allons revenir là-dessus.
Comment expliquez-vous le fait que certains passeports à l’ambassade disparaissent alors que vous êtes seulement trois dans le service ? Confirmez-vous que la porte de votre service ait été fracturée?
Effectivement, c’est une information juste que vous donnez. Il y a eu disparition de dossiers au niveau du service des passeports biométriques, exactement 26 dossiers. Il y a eu même tentative de perte, de disparition, je dirai d’un passeport établit et vous faites bien de le dire, j’ai été accusé par rapport à cette perte.
De quoi s’agit-il ? Je vais parler d’abord du passeport disparu. C’était le 10 Mai à 6h30mn, je reçois un coup de fil de l’ambassadeur, Charles Koffi, en mission à Abidjan qui me dit que la présidence l’aurait saisi parce qu’un certain Ali aurait bloqué le passeport de son fils. Je suis tombé des nues et j’ai demandé le nom de ce monsieur, il me l’a donné, mais permettez-moi de taire ce nom et j’ai mené mes investigations. Je me suis rendu ce jour-là, très tôt, au service. J’ai fouillé partout je n’ai pas vu le passeport. J’ai appelé mes 2 collaborateurs, M. Michel Oulou et Mme N’guessan pour en savoir un peu plus. Ils m’ont fait savoir qu’ils n’ont pas vu le passeport.
L’ambassadeur me rappelle, une heure après, pour me mettre la pression, ce qui est normal. Je ne savais pas où donner de la tête. Car, j’étais l’accusé. Mais, comme Dieu est puissant, j’étais en train de chercher et j’ai eu l’idée d’appeler le jeune homme en question. Je l’ai appelé et il m’a dit: «M. Ali je ne vous connais pas mais. J’ai même envoyé ma maman qui a rencontré un monsieur avec qui vous travaillez au service des passeports biométriques et le monsieur a confirmé que vous avez bloqué mon passeport». Je lui ai demandé si nous avions échangé, ne serait-ce qu’un jour. Le jeune homme me dit qu’il a essayé mais que le numéro de téléphone qu’il a ne marche pas. Je l’ai rassuré et lui ai dit qu’on allait trouver une solution à son problème. Pendant que je parlais au jeune homme, M. Michel Oulou rentre dans mon bureau tenant dans sa main le passeport. Je lui demande où il l’a trouvé, il me dit qu’il l’a retrouvé dans son propre coffre fort. J’ai reposé la question à M. Michel Oulou. Il m’a confirmé qu’il a retrouvé le passeport du jeune homme dans son coffre fort à lui. Sans dire mot, j’ai appelé l’ambassadeur pour dire que le passeport n’avait pas été bloqué par un soi-disant Ali mais par M. Oulou Michel. L’affaire n’a plus eu de suite.
Mais, monsieur, voyez cette manière de travailler, on fait des choses pour accuser l’autre, mais Dieu rétablit toujours la vérité.
Pour ce qui concerne les documents, permettez-moi de vous dire comment se fait le travail au service des passeports biométriques. Lorsque le requérant arrive, il voit les agents consulaires avec ces documents. Ces derniers contrôlent les documents du requérant et après quoi, m’avisent pour que je contrôle aussi. M. Daligou le consul signe c’est en ce moment seulement que l’on peut inscrire le requérant et lorsque ce dernier est inscrit, soit je prends le dossier en ma possession, soit il est gardé au service consulaire de l’ambassade. Au moment où je gardais les dossiers dans le coffre fort que vous voyez (il montre le coffre-fort), j’ai été interpellé pour me dire que désormais, les dossiers doivent aller chez M. Michel Oulou et Mme Nguessan. Parce que, m’a-t-on signifié, ils doivent faire une liste parallèle.
Une liste parallèle?
C’est une organisation interne au niveau de l’ambassade et je ne veux pas m’en mêler. Quand les agents finissent, ils prennent les dossiers et vont dans leur bureau au 203, et moi lorsqu’il est temps d’envoyer les dossiers à Abidjan, je descends, je prends les dossiers et je fais une liste et j’envoie les dossiers et la liste en question. Un matin c’était entre le 5-6 avril, je me présente au bureau de M. Michel Oulou et Mme Nguessan car ce jour était le jour d’envoi des dossiers sur Abidjan. J’arrive et je ne vois aucun dossier, pourtant je savais qu’il y avait environ 50 dossiers là-bas. M. Michel Oulou n’est pas encore arrivé. Il avait pris un peu de retard. Je l’appelle et je lui fais savoir que je suis dans son bureau avec Mme Nguessan et que nous avons fouillé tout le bureau et je ne vois pas les dossiers. Il me dit que les dossiers sont avec lui et qu’il n’a pas de compte à me rendre car je ne suis pas son patron.
Vous a-t-il expliquez ce que les dossiers faisaient chez lui à la maison?
Oui chez lui à domicile. Quand il est arrivé, il m’a tendu les dossiers et je lui ai dit plus jamais tu n’envoies les dossiers à la maison. Cela a provoqué une tension indescriptible entre nous. Nous nous sommes chauffés comme on le dit en Côte d’Ivoire. Je l’ai traduit devant l’ambassadeur qui, ce jour-là, lui a dit de ne plus jamais agir ainsi car ce sont des dossiers administratifs. Séance tenante, j’ai constaté que dans le lot de dossiers qu’il ma remis, il y avait un dossier important qui avait disparu et je ai lui donc posé la question de savoir où se trouvait ce dossier important et il m’a répondu devant l’ambassadeur qu’il n’avait au grand jamais vu ce dossier. L’ambassadeur m’a dit que je n’ai pas de preuves alors que je l’accuse. J ai présenté mes excuses à M. Michel Oulou. Je n’avais même pas constaté que 25 autres dossiers avaient aussi disparu. Deux semaines plus tard, des requérants m’appellent pour me dire qu’ils ont fait leurs passeports et ils me donnent les dates 8, 9, et 10 mars, je regarde dans le système je vois bien leurs noms, je regarde sur la fiche d’envoi, je ne vois aucun de ces noms. Or, comme je l’ai expliqué tout à l’heure, la liste d’envoi, c’est les dossiers présents que je vois, je dresse le jour même la liste et j’envoie à Abidjan. Il y avait donc un problème. J’ai demandé à Mme Nguessan qui dit n’avoir pas vu ces dossiers. Je n’ai pas demandé à M. Michel Oulou parce que je menais ma petite investigation. J’ai appelé aussitôt le Mdl (Maréchal des logis) Dosso pour faire un constat dans mon bureau. Quelque temps plus tard, je suis allé dans le bureau de M. Michel Oulou et je lui ai demandé à voir le cahier des listes parallèles des requérants. Je lui demande à voir la liste du mois de mars. A ma grande surprise, tous les requérants qui se plaignaient, avaient leurs noms inscrits dans ce cahier y compris le dossier ‘‘important’’ qui avait aussi disparu lorsque nous étions devant l’ambassadeur.
Sans dire mot. Je lui ai demandé de me photocopier la page. Il l’a fait et j’avais donc ma preuve. Il ne savait pas que je menais une enquête. J’ai informé non seulement l’ambassadeur mais aussi ma compagnie à Abidjan pour leur présenter le problème dont je faisais face. Car, les gens ne cessaient de m’appeller pour m’accuser. Et, lorsque les requérants l’appelaient, il leur disait que j’ai égaré les dossiers. Finalement, j’ai fait un rapport adressé à l’ambassadeur et je l’ai accusé sans détour en lui présentant les preuves. Le dossier ‘‘important’’ qu’il a nié n’avoir jamais vu a été retrouvé dans la liste du mois de mars. Or, il a été enregistré depuis décembre 2009. Comment cela se fait-il que l’on le retrouve dans la liste de mars 2010. Il était coincé mais avait un défenseur qui est l’ambassade. Voilà la première partie des dossiers disparus.
Sommes-nous en droit de croire a un conflit de personnes au sein des services de l’ambassade?
Oui
Selon vous qu’est-ce qui explique cette débauche d’énergie contre votre personne. Pourquoi en veulent-ils à votre tête?
Je ne dirais pas que votre analyse est erronée ou vraie, mais je vous dirai qu’il y a un bicéphalisme qu’ils ont créé au niveau du service des passeports biométriques qui fait qu’il y a un disfonctionnement. Voyez-vous, je vais vous dire quelque chose. Quand vous lisez ma mission, mes taches, il est écrit que M. Aman est le seul à donner les informations aux requérants. Les agents consulaires qui sont là ne font que la saisie. Les informations sont du ressort de la Snedai que je présente. Tenez vous bien, M. Oulou soutenu par l’ambassade a fait une propagande salissant mon image auprès de la diaspora ivoirienne. Monsieur, vous me connaissez je suis direct, je ne tourne pas. Lorsque vous me posez une question je suis direct. Je ne sais pas faire de la diplomatie. De ce fait, ma franchise envers les requérants est mal interprétée. M. Oulou et l’équipe consulaire ont profité de cela pour dire aux requérants que je ne suis pas la bonne personne avec qui il faut composer. Pire, ils envoient des gens exprès vers moi pour me provoquer. Vous savez quoi, pendant près d’un an je ne parlais pas sur le poste téléphonique de l’ambassade parce ce que j’étais sur écoute. Tout ce que je disais était enregistré. Lorsque j ai su, j ai coupé, j’ai demandé correspondants de m’appeler sur mon portable. M. Oulou a demandé à l’ambassadeur de lui établir une ligne. Tenez-vous bien une ligne, c’est M. Oulou qui va donner maintenant les informations aux requérants et quels type d’informations erronées! Au point où, lorsque je donne les vrais informations qui sont sur le site de la Snedai, les requérants me disent c’est faux. Je m’entends dire: «Non. M. Oulou nous a dit ceci, pourquoi vous venez nous dire quelque chose de contraire». Voyez-vous le conflit qui est créé par ce bicéphalisme qui ne dit pas son nom. Je vais vous donner un exemple palpable: il y a un monsieur qui est venu. Les textes disent qu’il faut donner un certificat de nationalité, il faut donner une photocopie de la carte d’identité du père ou de la mère, ou encore une attestation d’identité. Le monsieur en question me dit qu’il a perdu son père, je lui ai dit que quand même sa carte d’identité se trouve quelque part parce qu’en Côte d’Ivoire on n’enterre pas les gens avec les pièces administratives, je lui ai dit donc d’aller la chercher. Il est passé dans mon dos pour voir M. Oulou qui l’aurait conseillé de produire un certificat de décès.
Monsieur, est-ce que si je meurs, aujourd’hui, dans ce pays et que l’Amérique me produit un certificat de décès cela veut dire que je suis américain? Le monsieur a effectivement produit le certificat de décès. Quand il est arrivé, moi j’ai rejeté le dossier. Pourquoi je l’ai fait? Je fais une sélection de base, car, quand les dossiers vont à Abidjan et qu’ils sont bloqués, c’est toujours Ali qu’on accuse. C’est pourquoi je fais le travail de base. Deuxième exemple: il y a un monsieur qui a perdu son passeport ici aux Usa. Il vient voir M. Oulou et lui explique le problème. Normalement, quand tu perds ton passeport tu fais une déclaration de perte. Ne sachant pas comment obtenir le certificat de perte, ici, M. Oulou lui demande de faire sa déclaration de perte en Côte d’Ivoire. Comment on appelle ça? La fraude! Et, pour le monsieur comme il parle à quelqu’un qui fait les passeports, il ne voit aucun problème. En conséquence, on bloque son passeport à Abidjan, il vient me voir et je lui demande ce qui s’est passé. Il me dit qu’il pense que le problème, c’est son certificat de perte. Je lui ai demandé ce qui s’est passé et il m’a expliqué ce que je viens de vous dire. On me créé des problèmes et je ne sais pas pourquoi.
Ne pensez-vous pas que tout ce qui vous arrive est un peu lié à votre appartenance politique?
D’abord, avant de répondre, je vais finir avec cette histoire de dossiers perdus. C’était simplement et purement une cabale. Je le dis, je persiste et je signe. C’est M. Oulou Michel qui a pris les dossiers. Suivez-moi. Apres cette disparition mystérieuse nous nous sommes rendus chez l’ambassadeur qui a donné l’ordre de retrouver ce dossier. Il a même donné un deadline (un délai), le vendredi 11 juin. A ma grande surprise, on m’appelle ce même jour dans le bureau de M. Oulou pour me dire que les dossiers ont été retrouvés. J’arrive, on me dit il y a une bonne nouvelle. Je demande laquelle? On me dit que les dossiers ont été retrouvés. Je demande où? Et, on me dit dans le bureau de Mme Doukouré. Mais, le bureau, elle et moi l’avions fouillé et il n’y avait rien. Le consul général était permissionnaire. Mme Doukouré assurait l’intérim donc elle signait ces documents de mars donc ils ont tellement réfléchi qu’ils ont eu l’idée ingénieuse d’aller nuitamment déposer les documents chez Mme Doukouré afin de la salir dans cette histoire. Mais, comme Dieu est Dieu, je le disais tout à l’heure qu’il y avait un dossier de 2009 qui avait été déjà signé par M. Daligou qui était alors absent. Ce dossier les a trahis parce que dans le lot que Mme Doukouré dit avoir signé, il y avait ce dossier. Alléluia ! Vous savez, les gens n’ont pas la crainte de Dieu. Alors nous étions en réunion après avoir retrouvé le dossier, on voulait me faire avaler la cabale, les mensonges, les contre vérités et que sais-je encore. Je dis je ne peux pas souiller mon âme. Je vous ai démontré qu’il y a un dossier parmi ce lot qui a été signé en 2009. Qu’est-ce qu’il fait dans le dossier de mars? Où était ce dossier depuis? En fait, ils ont retiré ce dossier parce qu’ils savaient que j’avais des problèmes avec ce monsieur. Vous parliez tout à l’heure de lettre envoyée au ministère des Affaires étrangères. Oui, Son Excellence Charles Koffi, que je respecte bien, a la plume très légère. En Décembre 2009, un requérant est venu, il n’avait pas tous ses documents, il vient à mon insu et s’inscrit en disant que je lui aurais donne le ok. Il vient et j’apprends qu’il a un dossier incomplet et qu’il aurait utilisé mon nom pour qu’on puisse faire son inscription. Je lui demande depuis quand je lui aurais donné le ok. Il me dit que même si je ne lui ai pas donne le ok cela fait quoi? Nous avons donc commencé à élevé le ton. Voyez ce qui est dommage c’est que lorsqu’il y a un problème entre un requérant et moi, je ne suis pas consulté, on écoute une partie. On écoute le requérant et on prend son stylo et on écrit au ministère des affaires étrangères ou au ministère de l’intérieur pour dire que je suis invivable, qu’il faut qu’on m’enlève. Mais je vous dis quelque chose. C’est qu’au départ, on ne voulait pas de moi, on voulait un certain Gaston, un Togolais. Politiquement, il est vrai, je ne le cache pas, je ne suis pas contre quelqu’un, mais je suis très libérale. Je suis libre de choisir un parti politique et j’ai choisi le Rdr. Je suis Rdr et personne ne peut me l’enlever. Je ne pense pas que ne pas être du même bord politique puisse engendrer la haine. Non! Mon meilleur ami il est Fpi, ma petite sœur est Fpi, mon grand frère est Fpi, mais moi je suis Rdr. On s’entend, nous vivons en bonne intelligence. Vous avez pointé la chose du doigt. Je ne laisse pas les gens faire ce qu’ils ont envie de faire dans le service. Voyez ce que j ai découvert, je vais taire les noms. Ils ont voulu créer un système comme les gens viennent de loin, le système a pour but d’escroquer de l’argent aux pauvres requérants qui vivent par exemple en Californie soi-disant que quand leurs passeports viennent, s’ils donnent de l’argent alors eux ils vont expédier. J’ai vu ce réseau et je l’ai détruit. Car ils voulaient le faire et après écrire parce qu’ils sont contre moi. Ils écrivent contre moi dans les journaux pour dire que c’est Ali qui fait payer les choses pour envoyer. Deuxième chose, vous comprenez que l’on doit payer sur le site à la maison avant de venir, mais, ils ont mis un autre système en place pour dire non ne payez plus sur le site, venez nous on peut vous aider et quand le requérant arrive, au lieu de prendre entre 140-150 dollars avec la carte de crédit ils leur soutirent souvent 200 dollars.
Avez-vous les preuves de ce que vous dites?
Il y a une jeune fille dont les initiaux sont L.S qui était venue et on lui a dit nous allons t’aider. Quand ils ont fini, elle a donné 200 dollars. Ce jour-là, les frais de passeport coûtaient 147 dollars. La différence a été bloquée. Or, la charte de la Snedai dit que tu ne prends pas de pot-de-vin.
Comment se fait-il que l’ambassade prenne 200 dollars alors que la procédure exige que le paiement soit fait par Internet ? Comment dans ce cas, pouvez-vous justifiez le paiement?
Non, le sieur qui a fait le paiement a utilisé lui sa carte. Vous comprenez maintenant le système. J’utilise ma carte et je paye et tu me donnes le cash.
Pourquoi cela n’a-t-il pas été signalé ? Est-ce un travailleur du service des passeports biométriques qui a fait cela ou est-ce quelqu’un d’autre dans le service de l’ambassade? C’est quelque un du service biométrique qui a fait ce cas spécifique. Vous êtes trois donc on peut supposer que c’est M. Oulou Michel puisque selon nos investigations, Mme Nguessan n’a pas de carte de crédit.
Vous êtes intelligent. Je dis que je ne cite pas les contemporains, mais je vous donne le tableau et vous déduisez. Pour le cas de l’expédition des passeports pour l’argent ce n’est pas quelqu’un du service biométrique mais c’est plutôt quelqu’un de l’ambassade.
Quel est votre mot de fin en attendant qu’on se retrouve prochainement?
Je voudrais vous dire merci et dire à la diaspora qu’il n’y a pas deux têtes au service des passeports biométriques, et que c’est M. Ali Aman qui est l’interlocuteur privilégié de la Snedai, chef de site, comme vous le voyez au service des passeports biométriques et que toute information viable vient de moi. Je sais que parmi mes frères ivoiriens vivant aux Usa, nous avons eu souvent à échanger de manières houleuses, mais ça aussi ça fait partie du travail, je présente toutes mes excuses à tous ceux que j’ai offensé par mes propos, mais je dis que ce projet est venu à eux parce qu’à la vérité, tout devait se passer à Abidjan, et le Pdg Adama Bitogo a pensé aux Ivoiriens et a bien voulu les approcher pour faciliter ce processus. Mais ce n’est pas facile. Beaucoup reste à faire et nous travaillons sur les aspects qui causent encore problème. Alors je leur demande un peu de patience et beaucoup de compréhension afin que main dans la main, nous arrivions à avancer dans ce processus parce que bientôt il y aura les visas biométriques. Je ne sais pas si j ai répondu à toutes vos questions sur la perte des dossiers parce que quand les dossiers ont été retrouvés on m’a demandé de prendre les dossiers et pendant que l’on me demande cela on écrit dans mon dos. Pendant que son excellence l’ambassadeur nous réunit pour dire de laisser la chose en famille, au sein de l’ambassade de ne pas dire à quelqu’un, lui il écrit derrière mon dos, pour dire que je suis invivable et qu’il ne veut plus travailler avec moi je ne sais pas à quel jeu il joue. C’est cela qui n’est pas intéressant. J’ai beaucoup de respect pour M. Charles Koffi, vous voyez dans la bible il est écrit tu ne porteras pas de faux témoignage sur ton prochain. Pendant que l’enquête suit son court, il écrit sur moi pour dire que j’ai perdu les dossiers aux ministères des affaires étrangères et de l’intérieur et qu’il ne veut plus travailler avec moi. Que soit moi je pars de l’ambassade et lui il reste ou lui il part et je reste. Je ne suis pas venu pour discuter son poste, je suis interlocuteur de Snedai que l’on me laisse travailler. Voilà ce qu’il a fait. Maintenant qu’il a trouvé les dossiers chez un de ces agents comment va-t-il faire ? Puisque c’est moi qui avais bloqué les dossiers, les dossiers n’ont pas été retrouvés chez moi, on va faire comment ? Que la population ivoirienne vivant aux USA comprenne qu’il y a quelque chose qui ne dit pas son nom au niveau de l’ambassade contre ma personne et contre le projet Snedai. Parce qu’en clair, ce n’est pas moi seul qui suis la cible, c’est le projet Snedai parce que les passeports étaient renouvelés ici et pour une certaine somme et aujourd’hui Snedai est venu prendre le marché, ils sont en train de manifester leur mécontentement à travers toutes ces choses. Pire, pour eux, on ne devrait pas donner le marché à Adama Bitogo. Ils disent ne pas comprendre comment le président, Laurent Gbagbo, ait pu donner le marché des passeports biométrique à un rebelle. Et, dans leur tête, en sabotant le travail, cela suscitera un décret pour casser la convention. Voila toute la vérité. Je ne veux pas faire la politique mais il faut dénoncer la mauvaise foi.
Interview réalisée par Soukalo de Kibouo à Water Front (Washington DC)