L’atmosphère au Pdci Rda n’est pas au beau fixe. Un vent de déstabilisation secoue la maison. Mais qui est véritablement derrière cette rébellion ? L’Expression a mené des recherches.
Le grand bateau battant pavillon Pdci Rda traverse des eaux tumultueuses. La légitimité de son capitaine, Aimé Henri Konan Bédié, est contestée par des jeunes encagoulés. Semant une suspicion généralisée dans le parti fondé par Félix Houphouët Boigny le 9 avril 1946. Le spectacle qui est servi depuis un mois aux militants du doyen des partis politiques en Côte d’Ivoire suscite des inquiétudes et des interrogations. Même si certains tentent de minimiser l’impact de ce putsch en préparation, force est de constater que derrière ces jeunes cachent de gros poissons. Après l’épisode Fologo et Bombet, la parenthèse Banny avec la fameuse allégorie du canari de bandji, c’est la troisième contestation interne à laquelle le Prince Nambê doit désormais faire face. A la différence des précédentes crises, celle-là est menée par Bamba Souleymane et Olivier Kouakou, deux célèbres anonymes qui ont eu l’outrecuidance de clamer l’éviction du Sphinx de Daoukro de la tête du Pdci.
Le Pdci, ce grand corps malade
Après avoir soufflé ses 77 bougies, certains militants estiment que N’Zuéba doit passer le témoin à un plus jeune. Les mouvements créés ou suscités pour contester sa légitimité à la tête du parti ont commencé à faire beaucoup de bruits dans la presse. A vrai dire, le Pdci est devenu ce grand corps malade du microcosme politique ivoirien. Au sein de cette formation, pro-Bédié et pro-Banny se livrent une guerre à fleuret mouchetés. Il y a d’une part, la Coalition des jeunes unis pour Banny (Cojub) dirigée par Olivier Kouakou et de l’autre, le Mouvement de la jeunesse active du Pdci Rda (Mja-Pdci). Les jeunes bannistes ont organisé une conférence de presse le samedi 5 juin pour exiger la réouverture des candidatures afin de permettre à l’ancien banquier d’être dans le starting-block pour la présidentielle en Côte d’Ivoire. Cette démarche qui a surpris plus d’un au Pdci a été très mal accueillie au sommet du parti vert et blanc. A sa suite, c’est le bouillant Bamba Souleymane qui remet le couvert en exigeant la tenue d’un congrès et même le départ de N’Zuéba. Le problème est pris au sérieux dans l’establishment Pdci au point que le secrétariat général du parti a décidé de prendre le taureau par les cornes. Depuis près de deux semaines, les séances de travail avec les structures spécialisées du parti se multiplient et se succèdent. Le grand Bédié s’est même vu obligé d’appeler le jeune ‘‘rebelle’’ à la table de discussion le 24 juin. Au sortir de cette audience, le ‘‘rebelle’’ n’a pas voulu révéler les noms de ses mentors. « Le président Bédié m’a reçu relativement à notre désir de voir se tenir un congrès et une convention pour désigner un nouveau candidat. Il m’a prodigué des conseils comme un père parle à son fils. Je lui ai dit que j’ai compris et que j’allais retourner faire le point aux membres du Mja ». A la question de savoir qui sont ceux qui sont derrière lui, le caïman a répondu: « Je me garde de citer des noms pour l’heure ». Mais à la vérité, de gros bonnets se cachent derrière cette fronde généralisée. Si les meneurs n’osent pas citer les noms de leurs parrains, ceux-ci ne sont pourtant pas méconnus de l’entourage de Bédié.
Pourquoi la guerre des Konan aura lieu
Au regard des sorties dans la presse, Olivier Kouakou et Bamba Souleymane ne sont que la face visible d’un immense iceberg. Il est même possible d’affirmer que le gentleman agreement signé entre les clans Bédié et Banny le 17 mars 2008 à Daoukro vient de voler en éclat. L’ombre de l’ancien gouverneur de la Bceao plane lourdement sur cette fronde généralisée contre N’Zuéba. A côté de l’ancien banquier qui a le soutien d’un autre Konan de la famille Banny, son frère aîné Jean, d’autres noms circulent. Gnamien Yao, directeur de campagne de Laurent Gbagbo chargé de l’étranger qui a été excommunié est aussi cité au nombre des commanditaires de ce putsch. Il a avec lui, l’ancien secrétaire général du parti, Augustin Laurent Dona Fologo, et le président Pascal Affi N’Guessan qui attisent le feu en sourdine. Outre le néo-refondateur Gnamien Yao, le mastodonte Palé Dimaté, toujours selon l’entourage de Bédié n’est pas non plus étranger à cette rébellion. Selon un proche du Sphinx de Daoukro, c’est la haute autorité pour le développement du Zanzan qui actionne le jeune Bamba Souleymane pour faire le lit à Banny. Toujours à en croire les indiscrétions qui viennent de chez les Bédié, les meneurs de ‘‘Pdci nouvelle vision’’, courant qui soutenait Emile Constant Bombet, pistonnent ces jeunes qui ont actuellement pignon sur rue. Interrogé mardi passé au cours d’un débat, Kouadio Konan Bertin, président de la Jeunesse du Pdci Rda, a déclaré que la guerre de Konan n’aura pas lieu et pourtant, des signes avant-coureurs annoncent bel et bien cette bataille. « Je fréquente tous les aînés du Pdci-Rda. Je ne peux pas vous dire que cela ressemble ou pas à Banny. J'observe comme tout le monde que, de temps en temps, son nom est cité dans ces choses-là. Des rumeurs disent que quelqu'un a fait ceci ou cela et on se précipite sur lui. Non ! Banny est un monsieur responsable qui a assumé de hautes responsabilités et de hautes fonctions dans ce pays. S'il estime qu'il doit être quelqu'un dans ce pays, s'il veut être candidat, s'il veut prendre le Pdci, j'estime qu'il va le dire. C'est un monsieur que vous connaissez, qui a la force de ses opinions. Et, le jour où il le dira, le Pdci-Rda prendra acte », avait indiqué KKB avant de se faire plus précis en ces termes : « Ce n'est pas dans la brutalité qu'on règle des problèmes de succession. Pour l'instant, Bédié est le seul fédérateur de nos ambitions, qu'on l'aime ou pas, avec ses défauts et ses qualités, on l'accompagne. Tous ceux qui posent le problème de Bédié, évoquent comme argument, son âge. Si on dit que le Pdci a un besoin de rajeunissement, on ne rajeunit pas avec soixante ans. C'est pourquoi j'ai dit que les dangers qui guettent Bédié guettent tous ceux qui parlent de son âge ».
Guerre par presse interposée
Louis Abonoua Kouakou dit Empirus, fidèle parmi les fidèles de Banny, a d’animé le 24 juin une conférence de presse pour dire que son mentor a pris l’engagement, dans son village et sur la tombe d’Houphouët Boigny, de soutenir la candidature de N’Zuéba. Au lendemain de cette conférence de presse, le confrère Le Nouveau Réveil (N° 2554 du vendredi 25 juin 2010) faisant le compte rendu de cette cérémonie s’est posé la question suivante : « Mais que dit Banny lui-même ? » Comme on peut le voir, ce questionnement du Nouveau Réveil laisse entrevoir que les ambitions de Banny au Pdci ne sont pas encore claires. Cinq jours après cette conférence, le journal officiel du Pdci revient à la charge dans sa livraison N°2558 du mercredi 30 juin 2010 en barrant encore à sa une : « Pdci Rda, des encagoulés s’agitent. Que reprochent-ils au juste à Bédié ? Le général Mady bat le rappel de ses troupes ». À l’opposé du Nouveau Réveil, c’est l’hebdomadaire ‘‘Demain’’ que d’aucuns qualifient de ‘‘L’Evénement bis’’ qui contrarie l’organe officiel du Pdci. Dans sa livraison N°38 du lundi 10 au dimanche 16 mai, Banny préparait déjà le terrain : « Le Pdci doit revoir sa gestion de l’héritage », pouvait-on lire à la une de cette parution. Ces propos ont été attribués à Charles Konan Banny qui estimait qu’il était temps de faire une évaluation du fonctionnement du Pdci après la mort du fondateur de ce parti. Dans son N°44 du lundi 28 juin au 4 juillet 2010, le même journal ‘‘Demain’’ remet le couvert : « Crise au Pdci Rda, comment et pourquoi Bédié doit partir ? » Comme on peut le voir, la guerre des Konan s’est transposée dans la presse. En attendant que les encagoulés du Nouveau Réveil laissent tomber les masques, Bédié convoque un bureau politique décisif ce lundi 14 juillet pour tirer cette affaire au clair. Entre temps, Banny sur qui pèsent de lourds soupçons est membre du bureau politique du Pdci Rda. Viendra-t-il à cette réunion ou ne viendra-t-il pas ? Attendons de voir.
Kra Bernard
Légende : Entre Bédié et Banny, la guerre des Konan aura lieu.
Le grand bateau battant pavillon Pdci Rda traverse des eaux tumultueuses. La légitimité de son capitaine, Aimé Henri Konan Bédié, est contestée par des jeunes encagoulés. Semant une suspicion généralisée dans le parti fondé par Félix Houphouët Boigny le 9 avril 1946. Le spectacle qui est servi depuis un mois aux militants du doyen des partis politiques en Côte d’Ivoire suscite des inquiétudes et des interrogations. Même si certains tentent de minimiser l’impact de ce putsch en préparation, force est de constater que derrière ces jeunes cachent de gros poissons. Après l’épisode Fologo et Bombet, la parenthèse Banny avec la fameuse allégorie du canari de bandji, c’est la troisième contestation interne à laquelle le Prince Nambê doit désormais faire face. A la différence des précédentes crises, celle-là est menée par Bamba Souleymane et Olivier Kouakou, deux célèbres anonymes qui ont eu l’outrecuidance de clamer l’éviction du Sphinx de Daoukro de la tête du Pdci.
Le Pdci, ce grand corps malade
Après avoir soufflé ses 77 bougies, certains militants estiment que N’Zuéba doit passer le témoin à un plus jeune. Les mouvements créés ou suscités pour contester sa légitimité à la tête du parti ont commencé à faire beaucoup de bruits dans la presse. A vrai dire, le Pdci est devenu ce grand corps malade du microcosme politique ivoirien. Au sein de cette formation, pro-Bédié et pro-Banny se livrent une guerre à fleuret mouchetés. Il y a d’une part, la Coalition des jeunes unis pour Banny (Cojub) dirigée par Olivier Kouakou et de l’autre, le Mouvement de la jeunesse active du Pdci Rda (Mja-Pdci). Les jeunes bannistes ont organisé une conférence de presse le samedi 5 juin pour exiger la réouverture des candidatures afin de permettre à l’ancien banquier d’être dans le starting-block pour la présidentielle en Côte d’Ivoire. Cette démarche qui a surpris plus d’un au Pdci a été très mal accueillie au sommet du parti vert et blanc. A sa suite, c’est le bouillant Bamba Souleymane qui remet le couvert en exigeant la tenue d’un congrès et même le départ de N’Zuéba. Le problème est pris au sérieux dans l’establishment Pdci au point que le secrétariat général du parti a décidé de prendre le taureau par les cornes. Depuis près de deux semaines, les séances de travail avec les structures spécialisées du parti se multiplient et se succèdent. Le grand Bédié s’est même vu obligé d’appeler le jeune ‘‘rebelle’’ à la table de discussion le 24 juin. Au sortir de cette audience, le ‘‘rebelle’’ n’a pas voulu révéler les noms de ses mentors. « Le président Bédié m’a reçu relativement à notre désir de voir se tenir un congrès et une convention pour désigner un nouveau candidat. Il m’a prodigué des conseils comme un père parle à son fils. Je lui ai dit que j’ai compris et que j’allais retourner faire le point aux membres du Mja ». A la question de savoir qui sont ceux qui sont derrière lui, le caïman a répondu: « Je me garde de citer des noms pour l’heure ». Mais à la vérité, de gros bonnets se cachent derrière cette fronde généralisée. Si les meneurs n’osent pas citer les noms de leurs parrains, ceux-ci ne sont pourtant pas méconnus de l’entourage de Bédié.
Pourquoi la guerre des Konan aura lieu
Au regard des sorties dans la presse, Olivier Kouakou et Bamba Souleymane ne sont que la face visible d’un immense iceberg. Il est même possible d’affirmer que le gentleman agreement signé entre les clans Bédié et Banny le 17 mars 2008 à Daoukro vient de voler en éclat. L’ombre de l’ancien gouverneur de la Bceao plane lourdement sur cette fronde généralisée contre N’Zuéba. A côté de l’ancien banquier qui a le soutien d’un autre Konan de la famille Banny, son frère aîné Jean, d’autres noms circulent. Gnamien Yao, directeur de campagne de Laurent Gbagbo chargé de l’étranger qui a été excommunié est aussi cité au nombre des commanditaires de ce putsch. Il a avec lui, l’ancien secrétaire général du parti, Augustin Laurent Dona Fologo, et le président Pascal Affi N’Guessan qui attisent le feu en sourdine. Outre le néo-refondateur Gnamien Yao, le mastodonte Palé Dimaté, toujours selon l’entourage de Bédié n’est pas non plus étranger à cette rébellion. Selon un proche du Sphinx de Daoukro, c’est la haute autorité pour le développement du Zanzan qui actionne le jeune Bamba Souleymane pour faire le lit à Banny. Toujours à en croire les indiscrétions qui viennent de chez les Bédié, les meneurs de ‘‘Pdci nouvelle vision’’, courant qui soutenait Emile Constant Bombet, pistonnent ces jeunes qui ont actuellement pignon sur rue. Interrogé mardi passé au cours d’un débat, Kouadio Konan Bertin, président de la Jeunesse du Pdci Rda, a déclaré que la guerre de Konan n’aura pas lieu et pourtant, des signes avant-coureurs annoncent bel et bien cette bataille. « Je fréquente tous les aînés du Pdci-Rda. Je ne peux pas vous dire que cela ressemble ou pas à Banny. J'observe comme tout le monde que, de temps en temps, son nom est cité dans ces choses-là. Des rumeurs disent que quelqu'un a fait ceci ou cela et on se précipite sur lui. Non ! Banny est un monsieur responsable qui a assumé de hautes responsabilités et de hautes fonctions dans ce pays. S'il estime qu'il doit être quelqu'un dans ce pays, s'il veut être candidat, s'il veut prendre le Pdci, j'estime qu'il va le dire. C'est un monsieur que vous connaissez, qui a la force de ses opinions. Et, le jour où il le dira, le Pdci-Rda prendra acte », avait indiqué KKB avant de se faire plus précis en ces termes : « Ce n'est pas dans la brutalité qu'on règle des problèmes de succession. Pour l'instant, Bédié est le seul fédérateur de nos ambitions, qu'on l'aime ou pas, avec ses défauts et ses qualités, on l'accompagne. Tous ceux qui posent le problème de Bédié, évoquent comme argument, son âge. Si on dit que le Pdci a un besoin de rajeunissement, on ne rajeunit pas avec soixante ans. C'est pourquoi j'ai dit que les dangers qui guettent Bédié guettent tous ceux qui parlent de son âge ».
Guerre par presse interposée
Louis Abonoua Kouakou dit Empirus, fidèle parmi les fidèles de Banny, a d’animé le 24 juin une conférence de presse pour dire que son mentor a pris l’engagement, dans son village et sur la tombe d’Houphouët Boigny, de soutenir la candidature de N’Zuéba. Au lendemain de cette conférence de presse, le confrère Le Nouveau Réveil (N° 2554 du vendredi 25 juin 2010) faisant le compte rendu de cette cérémonie s’est posé la question suivante : « Mais que dit Banny lui-même ? » Comme on peut le voir, ce questionnement du Nouveau Réveil laisse entrevoir que les ambitions de Banny au Pdci ne sont pas encore claires. Cinq jours après cette conférence, le journal officiel du Pdci revient à la charge dans sa livraison N°2558 du mercredi 30 juin 2010 en barrant encore à sa une : « Pdci Rda, des encagoulés s’agitent. Que reprochent-ils au juste à Bédié ? Le général Mady bat le rappel de ses troupes ». À l’opposé du Nouveau Réveil, c’est l’hebdomadaire ‘‘Demain’’ que d’aucuns qualifient de ‘‘L’Evénement bis’’ qui contrarie l’organe officiel du Pdci. Dans sa livraison N°38 du lundi 10 au dimanche 16 mai, Banny préparait déjà le terrain : « Le Pdci doit revoir sa gestion de l’héritage », pouvait-on lire à la une de cette parution. Ces propos ont été attribués à Charles Konan Banny qui estimait qu’il était temps de faire une évaluation du fonctionnement du Pdci après la mort du fondateur de ce parti. Dans son N°44 du lundi 28 juin au 4 juillet 2010, le même journal ‘‘Demain’’ remet le couvert : « Crise au Pdci Rda, comment et pourquoi Bédié doit partir ? » Comme on peut le voir, la guerre des Konan s’est transposée dans la presse. En attendant que les encagoulés du Nouveau Réveil laissent tomber les masques, Bédié convoque un bureau politique décisif ce lundi 14 juillet pour tirer cette affaire au clair. Entre temps, Banny sur qui pèsent de lourds soupçons est membre du bureau politique du Pdci Rda. Viendra-t-il à cette réunion ou ne viendra-t-il pas ? Attendons de voir.
Kra Bernard
Légende : Entre Bédié et Banny, la guerre des Konan aura lieu.