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Politique Publié le lundi 12 juillet 2010 | Le Patriote

Première page : Leçons d’un refus

Malgré l’interdiction formelle du Code électoral, appuyée d’une récente mise en garde du Conseil national de la Presse, la Côte d’Ivoire a été, encore une fois, abreuvée d’un autre sondage. Une nouvelle étude des statisticiens, qui donne, sans surprise, Laurent Gbagbo vainqueur, haut les mains, du scrutin présidentiel. Dans ce sondage abusivement attribué à la Sofres et dont le quotidien Le Temps a, en toute impunité, publié les conclusions, il est dit que Laurent Gbagbo, parmi tous ses concurrents sérieux à l’élection présidentielle, est l’homme le plus « proche des gens », le plus « rassembleur, travailleur, compétent, sincère », le « mieux entouré », « celui qui tiendra mieux ses promesses ». Bref, le Président parfait, le candidat idéal.

Du reste, c’est une très bonne chose que cette stratégie de communication soit tombée au cours de la semaine dernière à un moment où la Côte d’Ivoire est troublée dans un débat sur l’opportunité ou pas, de l’ouverture d’enquêtes par l’Assemblée nationale sur ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Désiré Tagro ». A ce propos, les Ivoiriens ont été édifiés. Le groupe parlementaire FPI dirigé par la Première épouse du chef de l’Etat, Simone Gbagbo, s’est opposé, violemment, au propre comme au figuré, à la mise en place de la Commission d’enquête parlementaire. Pourquoi une telle réaction ? Une enquête, peut-être le savent-ils déjà, ce n’est pas une accusation, encore moins un procès. L’objectif visé par les groupes parlementaires de l’opposition en introduisant les différentes projets de Résolutions aux fins de constitution d’une Commission d’enquête, était de savoir la vérité qui aurait pu, in fine – pourquoi pas ? – disculper le ministre de l’Intérieur, principal mis en cause dans l’affaire des fraudes à l’Ecole de police et, plus généralement, blanchir la Refondation, régime politique dont il est l’un des piliers. Le refus de savoir la vérité, sonne donc pour l’opinion publique ivoirienne comme un aveu. Celui d’un fraudeur qui refuse que la vérité soit sue sur son forfait. La sentence des députés FPI que rien, sauf la peur, ne peut expliquer, sonne véritablement comme une preuve pour ceux de nos compatriotes qui en doutaient encore. Ils viennent de comprendre que le FPI, ses cadres et ses dirigeants ne sont pas pour la transparence dans la gestion des affaires publiques. La cause est entendue.

Enquête ou pas, l’image du régime en place, qui s’est installé depuis octobre 2000 dans la calamité, qui gouverne de manière désastreuse, vient encore d’être ternie par cette compromission d’élus mandatés par le peuple pour voter en son nom. C’est, et une manchette de votre Quotidien le disait, comme si le FPI refusait de « sortir le de la saleté ». Il tire, malheureusement le pays vers le bas, dans cette politique de la poubelle. Nous sommes bien loin des professions de foi sur la Refondation, « creuset de la bonne gestion » ou « poche de moralité ». Nous sommes là, face à un cas majeur de reniement et d’amoralité qui devrait amener le président de l’Assemblée nationale, principal instigateur de cette fronde contre la falsification à, du moins démissionner de ses fonctions, sinon taper d’un poing très vigoureux sur la table, afin de prendre l’opinion publique à témoin. A moins que Mamadou Koulibaly et ses partisans, dont on a d’ailleurs vu certains se renier au sein de la Commission des Affaires sociales et culturelles du Parlement, ne se soient lancés dans une aventure sans lendemain, dans une critique sans fondement et sans conviction pour, en fin de compte, n’amuser que le peuple. Il faudrait dès lors en pleurer.

Contrairement aux scénarii similaires qui se déroulent actuellement en France, l’opinion politique ivoirienne s’est gardée de se mêler à cette affaire, on le croit, préférant laisser la justice suivre son cours afin de démêler l’écheveau. Mal lui en a pris, ici, ce n’est pas la France. Et Tagro n’est ni Alain Joyandet, ni Christian Blanc. Laurent Gbagbo non plus, n’est pas Yayi Boni, le Président béninois qui s’est défait de son ministre de l’Intérieur, impliqué dans un scandale d’escroquerie. Le Président béninois n’a pas hésité, un seul instant, à se séparer d’Armand Zinzindohoué, le plus fieffé de ses soutiens politiques au sein du gouvernement. Ici, Désiré Tagro est certainement assuré de la solidité du parapluie qui le protège et avec lui, l’ensemble des fonctionnaires de l’Etat qui ont bénéficié de ses largesses dans les infractions commises. Car, le ministre de l’Intérieur n’a pas agi seul. Mieux, il n’a pas agi pour lui. Mais, pour protéger le système. Un Pouvoir politique qui, sans le soutien actif et quelque fois par trop visible de forces de sécurité qui lui doivent leur recrutement, se serait écroulé.

Peut-on imaginer le Procureur de la République, lui-même partisan de cette nébuleuse, mais surtout sous l’autorité du Gouvernement et du chef de l’Etat, mener une enquête qui soit objective et qui, dans ses conclusions, arriverait à dévoiler le visage caché de la Refondation ? Jamais ! Dans tous les cas, cette “affaire Désiré Tagro” semblait être une bombe dégoupillée par le président de l’Assemblée nationale et mise à la disposition de l’opposition. Elle n’a su quoi en faire. Surtout qu’au FPI, de plus en plus, des voix s’élèvent. Comme celle de Koné Dramane, ancien ministre de la Culture et actuel lement Inspecteur d’Etat qui dans une chronique, indique que le silence dans ce genre de situations est contre-productif. C’est grâce à la logique de la « bouche cousue » et de l’« hypocrisie » que le nazisme a prospéré en Allemagne sous Adolf Hitler et le stalinisme en URSS sous Joseph Staline », a-t-il averti. A méditerl

PAR CHARLES SANGA
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