x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le mercredi 14 juillet 2010 | Fraternité Matin

Fmi : Philippe Egoume fait ses adieux à Gbagbo

© Fraternité Matin Par Emma
1er mai - Les travailleurs présentent leurs doléances au président Laurent Gbagbo
Samedi 1er mai 2010. Abidjan, Palais présidentiel du Plateau. Le président Gbagbo assiste au défilé des travailleurs et à la présentation de leurs doléances
Après avoir passé trois années et demi en Côte d’Ivoire, le représentant-résident, Philippe Egoumé dans cette interview, dresse le bilan de la coopération Fmi-Côte d’Ivoire. M. le Représentant-résident, vous quittez la Côte d’Ivoire pour le siège du Fmi. Avec quels souvenirs marquants repartez-vous ?

J’ai fait trois ans et demi en Côte d’Ivoire, puisque je suis arrivé en 2007. C’est un séjour qui a été extrêmement fructueux. En arrivant, c’était un peu l’incertitude. En tout cas, en ce qui concerne les relations entre le Fmi et la Côte d’Ivoire. Mais très rapidement, la signature de l’Accord politique de Ouagadougou nous a donné la possibilité de mettre en place un programme. Depuis lors, nous avons fait beaucoup d’avancées. Je crois que nous aurons l’occasion de revenir là-dessus. Au plan personnel, je garde le souvenir de moments agréables passés aux côtés des Ivoiriens, des gens de tous les jours, qui sont très gentils, très ouverts, très aimables ; d’une coopération très fructueuse avec les autorités du pays, qui sont très disponibles. Professionnellement, cela a été un moment de progrès dans la vie économique de ce pays.


Au cours de votre mandat, la Côte d’Ivoire a eu à affronter plusieurs défis dont l’Accord politique de Ouagadougou. Il y avait un autre défi à relever qui était de renouer les relations avec les bailleurs de fonds. Comment pensez-vous avoir contribué à cette dernière étape ?

Je voudrais faire un récapitulatif des grandes avancées que le pays a pu faire. Nous y avons contribué. Mais l’impulsion a été donnée par les autorités de la Côte d’Ivoire elles-mêmes. Nous avons fait un travail d’amélioration très significatif dans la gestion budgétaire, avec l’adoption du budget dès le début de l’année. Quand je suis arrivé, il était adopté, en général, en juin ou juillet avec la réduction de la mise en œuvre de son exécution à travers les avances de trésorerie. Ce qui n’est pas une bonne pratique. Ainsi, cela a été diminué très significativement. Les avances de trésorerie ne sont maintenant limitées qu’aux régies financières spécifiques. Nous avons pu faire des avancées en termes de réduction de la parafiscalité dans le secteur du cacao. Quand je suis arrivé, la parafiscalité s’élevait au total à 56 Fcfa. Aujourd’hui, elle est de 26 Fcfa. Il y a eu donc 30 Fcfa de moins. Les autorités ont mis en place un mécanisme de reporting sur l’utilisation des prélèvements parafiscaux dans le secteur du cacao. En ce qui concerne l’énergie, nous avons travaillé avec les autorités pour mettre en place un reporting sur les flux physiques et financiers. Il y a eu des grands travaux qui ont été financés en partie à travers des paiements en nature, avec le pétrole. Cela a été changé. Les grands travaux maintenant sont financés normalement à travers le budget. Lorsque toute l’information était devenue disponible sur ces grands travaux, on s’est rendu compte qu’il y avait un petit problème. Les autorités se sont résolument engagées à le résoudre. Nous avons fait d’autres avancées au plan structurel. J’ai parlé lors de la cérémonie célébrant mon départ, de la mise sur pied d’un mécanisme de passation des marchés qui permet de scinder le pouvoir de régulation et le pouvoir de mise en œuvre des marchés en deux autorités différentes. C’est une réforme importante qui correspond aux directives de l’Uemoa. Nous avons pu réaliser de sérieuses avancées au niveau du plan de mécanisme de fixation du prix des produits pétroliers à la pompe. Qui, maintenant, est automatique vis-à-vis des prix du marché. Ce qui n’a pas été facile à gérer pour les autorités, compte tenu des fluctuations du prix international du pétrole. Mais, les autorités tiennent bon. C’est une très bonne avancée puisque ça permet une réflexion des prix du marché. Donc, il y a eu pas mal d’avancées. Bien entendu, il y a encore beaucoup de travail à faire. Je veux parler de l’amélioration du climat des affaires, des décisions de justice qui sont des aspects de la gouvernance très importants pour la relance économique. Mais les choses se présentent plutôt bien. Il y a des chantiers qu’il faut suivre et approfondir dans le domaine de la gouvernance économique qui, je pense est sur la bonne voie.


En mars 2009, il y a eu ce programme qui a été signé avec le Fonds par la Côte d’Ivoire, suivi également d’un point de décision de l’initiative Ppte. Aujourd’hui, les autorités courent après le point d’achèvement. Pensez-vous qu’à ce niveau, et concernant surtout les 11 déclencheurs, les choses avancent dans le bon sens?

Permettez-moi, avant de répondre à cette question, de faire un rappel des appuis que le Fonds monétaire a apportés à la Côte d’Ivoire. En août 2007, ce pays a mis en place un programme soutenu par notre Facilité post-conflit. Nous avons donc décaissé, dans ce cadre, 120 millions de dollars. Ensuite, en mars 2009, nous avons approuvé le programme de la Côte d’Ivoire appuyé, lui, par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc). Qui a été renommée Facilité élargie de crédit. A cette occasion, le Fmi a mis à la disposition du pays 565 millions de dollars à décaisser sur 3 ans. Dans la foulée, il a atteint le point de décision de l’initiative Ppte. Qui commence donc le processus qui l’amènera vers le point d’achèvement, c’est-à-dire vers la remise de la dette extérieure. Toujours en 2009, la Côte d’Ivoire a reçu, dans le cadre de l’augmentation de la quote-part des Etats membres du Fmi, une allocation de droits de tirage spéciaux équivalant à 250 millions de dollars. En grande partie, ces appuis ont été utilisés pour apurer une partie de la dette domestique. Donc, en termes d’appuis, la Côte d’Ivoire a perçu, plus d’un demi-milliard de dollars. Maintenant, pour atteindre le point d’achèvement, il faut quatre choses. Premièrement, il faut mettre en œuvre le programme économique et financier sur lequel le pays s’est entendu avec le Fonds monétaire international de manière satisfaisante. Et qu’il y ait des revues qui soient concluantes. J’en profite pour dire que la dernière revue du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit, a été présentée au conseil d’administration du Fonds la semaine dernière (début juillet 2010). Ayant été concluante, la Côte d’Ivoire a pu bénéficier dans le cadre du programme de Facilité élargie de crédit, de 53,5 millions de dollars, soit 28 milliards de Fcfa. Deuxièmement, il faut avoir un document de stratégie de réduction de la pauvreté et mettre en œuvre cette stratégie pendant plusieurs années. En l’espèce, elle a été préparée par la Côte d’Ivoire. Cela fait un an qu’elle a été mise en œuvre. Il y a un rapport d’étape qui a été préparé. Donc, nous sommes sur la bonne voie. Troisièmement, il faut avoir négocié avec tous ces créditeurs et avoir des accords de restructuration de la dette publique extérieure. Ce qui a été fait. D’abord, il y a eu des accords-cadres avec les Club de Londres et Paris. Ensuite, il y a eu des accords bilatéraux avec la plupart des pays créanciers de la Côte d’Ivoire, membres du Club de Paris. Il en reste un ou deux. Et puis, il faut signer des accords avec tous les créditeurs dans le cadre du Club de Londres, notamment par l’émission de nouvelles obligations en remplacement des obligations Brady. Là aussi, c’est en très bonne voie, puisque les nouvelles obligations émises par le pays se sont arrachées rapidement sur le marché financier international. Et enfin, quatrièmement, il y a 11 déclencheurs qui sont des mesures sociales, de gouvernance, etc. qui doivent être mises en œuvre pour atteindre le point d’achèvement.


Ces déclencheurs connaissent-ils, selon vous, un début d’exécution ?

Un certain nombre de ces déclencheurs ont déjà été faits ou sont en voie d’atteinte. Par exemple, la réduction de la fiscalité sur le cacao à 22% du prix Caf. Aujourd’hui, ce prix étant de l’ordre de 2 000 Fcfa, sachant que la parafiscalité représente 26 Fcfa, le droit d’enregistrement, c’est 5% du prix Caf, et 210 Fcfa pour le droit unique de sortie (Dus). Vous voyez que si vous additionnez ces trois choses, divisées par le prix Caf aujourd’hui, on est en dessous des 22% ou pas très loin. Donc, cela aussi est en bonne voie. Il y a d’autres déclencheurs également, notamment en termes d’accouchements assistés par des infirmières diplômées, en termes de couverture d’enfants qui ont des manuels scolaires, etc. Ces quatre choses doivent être mises en place. A cela viennent s’ajouter les rapports réguliers de l’exécution budgétaire, des flux physiques et financiers du pétrole, etc.


Concernant le nombre d’accouchements assistés par des infirmières, est-ce que cela ne contribuera pas, en voulant forcément augmenter le nombre d’infirmières, à l’accroissement de la masse salariale qui, selon l’une des conditionnalités, devrait être ramenée à un niveau raisonnable ?

La masse salariale a été en constante augmentation. Simplement, ce que nous disons aux autorités, en conformité avec la directive de l’Uemoa qui exige qu’elle ne représente pas plus de 35% des recettes fiscales, c’est d’en avoir une croissance modérée. Parce que si la croissance de la masse salariale est trop forte, les ressources disponibles y seront affectées en majorité. Et ce, au détriment des priorités urgentes dans le domaine social, dans celui des infrastructures de base, et aussi dans le domaine du financement de la sortie de crise. Vous savez que la sortie de crise en Côte d’Ivoire coûte cher. Donc, en ce qui concerne les infirmières, leur nombre doit augmenter. De toute façon, elles ne sont pas en nombre suffisant. Nous sommes d’accord avec le gouvernement sur ce point. Mais, les montants concernés sont, somme toute, modestes. Ce n’est donc pas ce qui va faire exploser la masse salariale, à mon avis.


Tout à l’heure, vous avez parlé de l’appui qui doit accompagner le programme économique et financier. Aujourd’hui, quel est le volume d’appuis budgétaires déjà décaissés ?

En mars 2009, lorsque le programme a été approuvé, on a décaissé aux alentours de 110 millions de dollars. Ensuite, il y a eu une première revue du programme qui a été faite en septembre suivie, dans la foulée, d’un décaissement de l’ordre de 50 millions de dollars. Et maintenant, avec cette revue, nous devrions décaisser un montant d’environ 53,5 millions de dollars. Mais les 565 millions de dollars doivent être décaissés sur une période de 3 ans. Donc, chaque fois qu’il y a une revue, je rappelle que les revues sont semestrielles, des décaissements suivent.


Vous avez parlé également de la restructuration de la dette qui fait partie des déclencheurs. Et vous avez noté que les Clubs de Londres et Paris ont signé des accords avec la Côte d’Ivoire. Il y a même un pays créancier comme le Canada qui a signé un accord d’annulation totale de sa dette. Qu’est-ce-que cela vous inspire ?

Premièrement, cela donne l’image d’une autoroute à deux voies. D’un côté, il y a l’Etat de Côte d’Ivoire qui fait des efforts avec l’aide de la communauté internationale, notamment le Fmi pour mettre en place de bonnes politiques, pour faire des réformes nécessaires, essentielles. Et de l’autre, la communauté internationale qui réagit, de manière favorable, à cet effort en lui apportant le soutien dont il a besoin. Clairement, il y a une volonté de la communauté internationale de soutenir cet effort. Il y a également une volonté de la part des autorités ivoiriennes de continuer à améliorer les choses du point de vue de la gouvernance économique, des politiques économiques et des réformes structurelles.

Nous sommes dans le cheminement. Il y a beaucoup de choses à faire. Mais, je sens qu’il y a une volonté de part et d’autre. Le point d’achèvement, comme je vous l’ai indiqué, nécessite quatre choses pour être atteint. Nous allons dans cette direction. Bien entendu, cela aiderait également s’il y avait une normalisation politique. Cet effort serait même accéléré des deux côtés. Mais, j’ai de l’espoir qu’effectivement cette normalisation de la situation politique, à travers les élections, va arriver. Et j’ai espoir que l’économie de la Côte d’Ivoire va pouvoir atteindre rapidement les niveaux de performance auxquels, l’on doit s’attendre et qui sont absolument nécessaires pour réduire, de manière significative, la pauvreté. Ce qui reste l’objectif majeur du programme soutenu par le Fonds monétaire international en faveur de la Côte d’Ivoire.


Prenons un scénario pessimiste dans lequel les élections n’auraient pas lieu, par exemple, en 2010. Quelles conséquences cela aurait-il sur le processus en cours ?

Vous savez, je peux vous parler des relations entre le Fmi et la Côte d’Ivoire. On peut faire également un commentaire, de manière générale, sur la perception du pays. En ce qui concerne notre programme, les choses sont claires. Lorsque nous discutons avec les autorités, nous nous entendons sur un certain nombre de mesures et politiques à mettre en œuvre qui sont inscrites dans le temps. Il y a un timing pour faire tout cela. Nous suivons cela avec les autorités. Régulièrement, en ce qui me concerne en tant que Représentant-résident en Côte d’Ivoire, et de temps en temps avec une équipe qui vient de Washington dans le cadre de la revue du programme, on fait le point. Si les avancées sont significatives, telles que prévues, il n’y a pas de raison que nous n’allions pas de l’avant. Cela fait quand même trois ans que nous avons des programmes et qu’il n’y a pas eu élections ! A partir du moment où il y a des avancées du point de vue des mesures et du programme, nous continuons. Donc aujourd’hui, c’est tout ce que je peux vous dire. Je ne peux pas préjuger de ce qui se passera demain. De toute manière, si l’engagement des autorités - je n’ai aucune raison d’en douter - reste ferme pour mettre en œuvre un programme économique, nous allons continuer à travailler. Il va sans dire que, du point de vue de l’attractivité générale de l’économie, notamment en termes d’investissements étrangers, là, je pense que la tenue des élections pourrait donner une impulsion plus forte afin d’accélérer la performance économique.


Peut-on dire que vous êtes satisfait de l’utilisation qui est faite des différents appuis budgétaires que vous avez apportés à la Côte d’Ivoire au cours de ces trois dernières années ?

Oui. Nous négocions un programme économique avec la Côte d’Ivoire. Et en général, dans le cas de ce pays, les appuis budgétaires du Fmi ont été utilisés, en grande partie, pour financer le gap de financement une fois que l’on a identifié tous les revenus de l’Etat. Dans cette mesure, les appuis budgétaires sont effectivement bien utilisés. Maintenant, il faut rappeler, pour renforcer ce que je viens de dire, les objectifs principaux du budget de l’Etat en Côte d’Ivoire. C’est bien entendu, de faire fonctionner l’Etat. Mais surtout, de faire tout pour réduire la pauvreté à travers une augmentation des dépenses sociales, de réhabilitation et de sortie de crise. De ce point de vue, les dépenses dites pro-pauvres, et qui ont été identifiées dans le budget de l’Etat, sont en constante augmentation. Je pense que cette année, elles devraient s’établir aux alentours de 7% du Pib. En augmentation de 6 ou 7% par rapport à l’année dernière. A partir du moment où les autorités restent fermes et respectent leurs engagements d’augmenter les dépenses en faveur de la réduction de la pauvreté, c’est une bonne chose. Cela montre bien que les priorités sont bien ciblées. Je dois dire que pour les Ivoiriens qui ont tant souffert de cette situation de crise, et à qui il tard de voir venir les dividendes de la paix, nous avons le devoir de leur dire effectivement que, bien que la croissance soit en accélération, elle reste inférieure à ce qui est nécessaire pour qu’il y ait, de manière visible, des impacts. Mais, quand même, dans le cadre du programme économique avec le Fonds monétaire international, des efforts sont faits par le gouvernement pour accroître les ressources mises à la disposition des dépenses liées aux questions sociales. Bien entendu, il faut faire plus. Cependant, il faudrait être un peu plus patient, continuer à faire ce que le gouvernement fait maintenant en termes de dépenses sociales.


Concernant la dette, on parle de pré-date butoir, de post-date butoir. Pour les spécialistes, c’est connu. Mais pour le profane, qu’est-ce qu’il faut entendre ? En outre, est-ce que la problématique de la dette a évolué au cours de ces dernières années ?


Cette question, effectivement, peut être un peu compliquée à saisir pour le profane. Mais il est important, pour nous autres patriciens, de démocratiser le langage, d’être pédagogue. Ce, à quoi l’Ivoirien moyen s’attend, c’est que le gouvernement ait plus de moyens pour répondre à ses besoins, après l’atteinte du point d’achèvement. C’est une attente légitime. Puisqu’aujourd’hui, le point d’atteinte va permettre de réduire significativement la dette extérieure du pays. Je vais vous expliquer comment ça marche. La dette extérieure de la Côte d’Ivoire s’élève, grosso modo, à 14 milliards de dollars, un plus de 6400 milliards de Fcfa. C’est un montant très important. On peut parler de pré-date butoir, de post-date butoir. Je pense que, pour l’Ivoirien moyen, ce n’est pas l’élément le plus important. Le plus important, c’est de savoir ce qui va se passer après avoir atteint le point d’achèvement. Parce qu’en fonction des dates pré-butoir, post-butoir, tout cela affecte le montant des réductions. Mais à la fin, le plus important, pour l’Ivoirien moyen, c’est de savoir si le gouvernement aura plus de ressources pour faire, par exemple, plus de social. Effectivement, deux choses vont se passer au point d’achèvement : il y aura un effet au niveau du stock de la dette et au niveau du flux de paiement du service de la dette. C’est très important de bien comprendre cela. Au niveau du stock de la dette, il y aura effectivement une réduction.


Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’au lieu que la Côte d’Ivoire doive au reste du monde 14 milliards de dollars, cela sera réduit. Au jour d’aujourd’hui, pour être honnête avec vous, ce montant n’a pas encore été établi. Parce qu’au moment du point d’achèvement, il y a certains paramètres qui vont entrer en ligne de compte, qui vont déterminer la réduction finale. Mais elle sera certainement significative. Ça, c’est très important de le noter. Parce qu’à partir du moment où l’Etat de Côte d’Ivoire aura une dette moins élevée, cela veut dire que sa capacité à mobiliser des ressources pour financer son développement sera beaucoup plus grande. C’est quelque chose qui, forcément, va entraîner une plus grande satisfaction des besoins des Ivoiriens, notamment dans les domaines sociaux. Il y aura également un effet flux, en termes de service de la dette qui, lui, risque malheureusement d’être plus élevé qu’il ne l’est maintenant. Parce qu’effectivement, pendant longtemps, notamment pendant cette période de crise, la Côte d’Ivoire n’a pas payé le service de la dette vis-à-vis d’un certain nombre de ses créanciers. Pas tous, mais une grande partie d’entre eux. Vous vous souvenez qu’entre novembre 2008 et mars 2009, le pays a remboursé les arriérés dus aux multilatéraux, notamment la Banque africaine de développement et la Banque mondiale. Bien entendu, cet apurement d’arriérés a été fait avec l’aide de ces institutions. C’était obligatoire pour pouvoir renouer avec la communauté internationale. Parce que, par principe de solidarité, lorsqu’on a des arriérés vis-à-vis des multilatéraux, puisque ce sont de grosses mutuelles, il faut les rembourser pour permettre de faire des appuis à d’autres pays qui sont dans le besoin. Pour les autres, notamment les commerciaux et bilatéraux, la Côte d’Ivoire ne payait pas une partie de sa dette. Aujourd’hui, il faut être très clair. Après l’atteinte du point de décision, bien que ces paiements n’aient toujours pas été faits, le pays n’est plus en défaut. Puisque c’est une dette qui est traitée. Néanmoins, en termes de flux, ces paiements ne sont toujours pas faits. Parce qu’entre le point de décision et le point d’achèvement, il y a un moratoire pour le service de la dette pour une grande partie des créanciers. Mais à partir du point d’achèvement, il s’éteint. Donc, il faut faire ces paiements. Même si la dette, en termes de stock, a été réduite et à partir du moment où l’on sait que le paiement du service de la dette n’était pas fait auparavant, en termes de flux, le pays risque d’avoir un service la dette plus élevé dans son budget qu’aujourd’hui. Mais à la différence très notable, qu’au final, sa dette sera beaucoup moins importante. Le pays aura ainsi une plus grande capacité de mobilisation des ressources. Même si le service de la dette sera légèrement plus élevé. Nous espérons qu’avec cette capacité, cela va permettre au pays de générer une croissance beaucoup plus forte qui va faire, qu’au final, le service de la dette ramené à la taille de l’économie, c’est-à-dire le produit intérieur brut (Pib), sera négligeable.

Interview réalisée par

Gooré Bi Hué


Auteur de cet article: Gooré Bi Hué
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

A voir également

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ