Le récit de Kondé Abdoulaye ressemble à celui que tous les immigrés qui tiennent à emprunter le circuit parallèle. Mais l’histoire du jeune Abdoulaye alias Sidibé Adama est particulière. Né de parents guinéens, il y a 33 ans, son père, Lassiné Kondé est un homme d’affaires. Il s’installe en Sierra Léone où le petit Abdoulaye grandit et bénéficie d’un passeport sierra léonnais. C’est lui qui raconte la suite. « En septembre 2001, j’ai obtenu un visa d’études d’une durée de 12 mois. Je devais aller en Angleterre pour faire des études en économie », affirme-t-il. A la fin de son séjour, pas question de revenir sous les tropiques. C’est une aubaine pour Abdoulaye. Il devient invisible dans les rues londoniennes. En juin 2005, explique-t-il, j’ai égaré mon passeport contenant mon visa en cours de validité. Selon lui, il s’est rendu immédiatement à l’ambassade du pays « des lions » en Angleterre. Il soutient que les autorités consulaires lui ont demandé de se rendre en Sierra Léon pour refaire son passeport. « Je n’avais plus de famille là-bas. Ma mère est décédée et mon père a quitté ce pays pour s’installer en Allemagne. Donc, je ne suis pas parti », dit Abdoulaye, devenu un sans-papier. Dans ces conditions, il ne peut que vivre cacher au pays de la reine Elisabeth 2. Le jeu de cache-cache avec les flics dure trois ans. Un matin de septembre 2008, la police d’immigration anglaise fait irruption à son domicile. Sans ménagement, il est interpellé pour situation irrégulière sur la terre de David Bechkam. Entre-temps, poursuit l’aventurier, j’hébergeais des ressortissants ivoiriens. La perquisition faite permet de découvrir des documents administratifs ivoiriens lui appartenant. Mais il nie la paternité des papiers. « Ils ont conclu que j’étais un Ivoirien bien que j’aie juré être de nationalité sierra léonaise. C’est dans ces conditions que j’ai été rapatrié en Côte d’Ivoire. Je veux retourner en Angleterre où je possède tout : maison, famille, biens et travail », soutient Abdoulaye lors de son audition à la direction de la surveillance du territoire (Dst). Il est accusé de fraude sur la nationalité ivoirienne. Selon l’un des substituts du procureur de la république, un courrier adressé à l’ambassade de Côte d’Ivoire en Angleterre confirme l’accusation. Interrogé pour la seconde fois, il avoue qu’il a pris l’identité de Sidibé Adama parce que celui-ci lui ressemblait trait pour trait. «C’est donc pour cette raison qu’on m’a confondu à lui », tente-t-il de convaincre le tribunal. Le mis en cause nie les faits qui lui sont reprochés. Il revendique sa nationalité sierra- léonaise et exprime le désir de rejoindre sa famille en Angleterre. Le tribunal après délibération l’a déclaré coupable des faits. En répression, il est condamné à 6 mois de prison ferme.
Bahi K.
Bahi K.
