Recevant les populations de l’ouest de la Côte d’Ivoire (Région des Montagnes), dans son village, le Président Gbagbo s’est livré à son jeu favori : intoxiquer une fois de plus les pauvres paysans convoyés par cars et bus, sous la pluie. Au lieu de leur livrer le contenu de son projet pour reconstruire la Côte d’Ivoire (si tant est qu’il en a), il a passé son temps à se présenter comme le brave qui est prêt à mourir au pouvoir. Il se dit être le candidat de la Côte d’Ivoire. Il en a profité pour traiter ceux qui ne sont pas de son bord politique de suppôts de l’étranger. Je ne voudrais pas revenir sur les propos qu’il a tenus qui traduisent avec éloquence la peur qu’il a de perdre les élections et de quitter bientôt le palais présidentiel. Je fais remarquer au passage que le ton et le contenu de son message prouvent une fois de plus que sous les tropiques nous faisons la politique de manière très folklorique sans programme, sans idées et sans propositions concrètes. La démagogie prend le dessus en toutes circonstances. Alors qu’il proclame partout que c’est la France qui est à la base des malheurs de la Côte d’Ivoire, il envoie son Ministre de la Défense le représenter aux festivités du 14 juillet à Paris. Quel crédit peut-on accorder aux déclarations de Gbagbo Laurent quand l’on sait que sous son régime Gbagbo, les entreprises françaises ont consolidé leur rang de premier partenaire économique de la Côte d’Ivoire ? Gbagbo Laurent a accordé plus de contrats miniers aux opérateurs économiques français que n’importe quel autre Président Ivoirien. Alors arrêtons cette attitude démagogique qui consiste à se faire passer pour ce qu’on n’est pas. Arrêtons cet ultranationalisme étriqué alors que pour débarrasser Abidjan de ses ordures ménagères on fait appel aux appuis financiers étrangers. Pour se soigner une dent on se rend à l’étranger à coût de dizaines de millions de francs CFA sur le dos du contribuable ivoirien. Les Ivoiriens n’ont pas besoin d’un Président qui dit le jour qu’il est contre la France et l’étranger et la nuit, envoie ou reçoit discrètement des émissaires pour négocier tout. Se positionner en défenseur de la République alors qu’on a été incapable d’assurer l’intégrité du territoire face à une petite rébellion, c’est tromper le peuple. Ce n’est ni intellectuellement ni politiquement correct. Gouverner un pays, ce n’est pas une affaire de force ni de bataille, mais c’est faire preuve de vision. Les prochaines élections seront civilisées. Il n’y aura pas de batailles entre Ivoiriens, comme le souhaite Gbagbo Laurent. Il y aura des élections justes, transparentes et équitables entre ivoiriens qui aspirent tous à ce que la Côte sorte de cette « décennie maudite » pour paraphraser un célèbre auteur. Le gagnant de la prochaine élection présidentielle sera un Ivoirien et non un étranger. Il sera chez lui en Côte d’Ivoire. Alors, fixons vite la date des élections et allons-y tous gaiement sans avoir peur de qui que ce soit, ni de quoi que ce soit.
Joël N’GUESSAN
Joël N’GUESSAN