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Politique Publié le vendredi 16 juillet 2010 | Le Patriote

Affaire «Tagro- Koulibaly» : Ce que Blé Goudé disait de Koulibaly en 2006

© Le Patriote Par DR
Politique nationale - Charles Blé Goudé, président du Congrès panafricain des jeunes patriotes (Cojep) et leader de la galaxie patriotique
Elle date du Mercredi 5 Juillet 2006. Et elle a été publiée par le ‘’défunt’’ quotidien Le Matin d’Abidjan financé en son temps par un certain Charles Blé Goudé. C’est dans les colonnes de son journal que ce dernier a publié une lettre ouverte adressée à Mamadou Koulibaly. Dans ce courrier, le chef de file des ‘’jeunes patriotes’’ ne tarie pas d’éloges pour le président de l’Assemblée nationale, dont il a loué le courage: « (…) Je suis toujours resté silencieux sur votre courage politique mais cette fois, je ne pouvais me taire (…)» écrivait-il. C’est ce même Blé Goudé qui, samedi dernier à Ménékré, a tiré à boulets rouges sur son mentor. Que les temps changent. Nous vous proposons l’intégralité de son courrier.

Président,

Je voudrais d'entrée, demander votre indulgence pour le caractère public de cette lettre. J'aurais bien pu la faire déposer à votre secrétariat mais j'ai choisi la voie publique pour des raisons qui, j'en suis convaincu, seront sues au terme de la lecture des lignes qui suivent.

Monsieur le Président, cette lettre, je l'écris pour vous dire merci et vous féliciter pour la justesse des prises de positions qui sont les vôtres à chaque étape décisive de la crise qui secoue notre pays. Je suis toujours resté silencieux sur votre courage politique mais cette fois, je ne pouvais me taire devant le dernier acte politique par vous posé tant il est plein de symboles. En plus de ce que je respecte les hommes qui ne transigent pas sur les principes qu'eux mêmes se sont imposés, j'ai de l'admiration pour ceux qui osent et qui surprennent toujours l'adversaire au moment où celui-ci s'y attend le moins. Vous êtes l'un de ceux-là. Dépeint comme un homme dangereux, vous avez toujours assumé vos choix politiques, sans calculs. Patriote jusqu'aux os vous passez pour le ''désœuvré'' de l'Assemblée nationale car dans l'entendement de nos ancêtres les Gaulois, les patriotes sont des désœuvrés. Vous avez toujours été au carrefour décisif de l'Histoire de notre jeune nation. A trois reprises, l'adversaire a tenté de mettre la Côte d'Ivoire à genoux, trois fois vous vous êtes dressé pour dire, non!

Nombre d'Ivoiriens et d'Africains ont découvert pour la première fois votre force de caractère en janvier 2003. En effet au moment ou la France et ses rebelles tentaient d'opérer un coup d'Etat constitutionnel après avoir échoué par les armes, vous avez refusé de donner la caution de l'Assemblée nationale et vous êtes rentré au pays. Je me rappelle que ce jour, nous nous sommes rencontrés à un endroit que nous devons encore tenir secret pour les besoins de la lutte. Après vous avoir écouté ce jour-là j'ai compris que l'Afrique comptait encore de dignes fils. Vous veniez ainsi de désapprouver ce qu'il est désormais convenu d'appeler les accords de Linas Marcoussis. Aujourd'hui avec du recul, les observateurs de la crise ivoirienne peuvent conclure avec nous que vous avez eu tort d'avoir eu raison trop tôt. Ce scénario monté de toutes pièces par Paris pour décapiter l'Etat ivoirien, s'est avéré inapplicable. Marcoussis défiait l'éthique et tordait le coup à la démocratie tant ces accords faisaient l'apologie des armes. Comme leur détenteur exclusif, Seydou Diarra, ces accords ont disparu du langage des ivoiriens qui d'ailleurs n'en voulaient pas. Monsieur le Président, par cet acte-là, vous avez séduit beaucoup de patriotes ivoiriens. Et la flamme allumée à Marcoussis brille encore aujourd'hui. Résistant dans l'âme, vous avez pris un second rendez vous avec l'Histoire: c'était le 09 Novembre de l'an 2004. Sous un prétexte fallacieux, l'armée française avait stationné ses chars criminels devant l'hôtel Ivoire après avoir détruit les appareils volants de notre armée. Trois jours durant, la France avait mené une véritable guerre au cours de laquelle plusieurs patriotes sont tombés. Là encore, vous avez su transformer notre îlot de désespoir en un véritable océan d'espérances. Ce jour, vous avez mis les Généraux Mathias Doué, Fall et Henri Poncet devant leurs responsabilités. Devant le petit écran, les Ivoiriens vous ont vu, demandant à ces militaires, les raisons de la présence des chars français devant l'hôtel Ivoire. Une fois encore, vous avez joué votre partition en donnant une étoffe institutionnelle au combat des patriotes. Vous avez tout simplement osé; vous êtes allé là ou aucune autorité n'osait s'aventurer. Le coup d'Etat que la France préparait avec Doué Mathias a ainsi échoué. Aujourd'hui, Doué, Fall et Poncet sont partis. Le premier cité a même menacé depuis son exil volontaire de renverser le Président Gbagbo. Vous, vous êtes toujours avec nous, continuant le combat de la dignité du peuple africain. Vous venez encore de répondre présent à un troisième rendez-vous.

Comme pour vous défier, en Janvier 2006, nos censeurs du GTI ont voulu se substituer au peuple ivoirien en mettant fin au mandat de la noble institution dont vous êtes le président. Les patriotes sont descendus dans la rue quatre jours durant pour s'opposer à cette décision qui mettait définitivement la Côte d'Ivoire sous tutelle. J'ai moi-même entamé une grève de la faim devant l'ambassade de la France. A la suite de ce combat, le fils héritier du GTI, le président Obasanjo, est arrivé à Abidjan aux fins de préciser à ce groupement qu'il n'avait pas compétence pour mettre fin au mandat des députés. Nous avons en retour, demandé à nos amis de libérer la rue. Ils sont partis mécontents. Certains de nos journaux ont même parlé de trahison. Mais avec la dernière bataille que vous venez de remporter en faisant fonctionner effectivement l'Assemblée nationale, vous avez achevé de nous convaincre sur votre sens du devoir. Président du Parlement, vous avez réussi à le préserver des vautours qui voulaient le dissoudre. Au grand dam de vos adversaires politiques et à la joie de la majorité des ivoiriens. L'Assemblée nationale, clé de voûte de la démocratie a donc repris fonction. Si chaque Président d'institution pouvait s'inspirer de votre engagement et mener le combat dans sa sphère d'influence, c'est sûr, la Côte d'Ivoire serait épargnée du ballet des donneurs des leçons: Merci combattant!

Monsieur le président, c'est pour relever ces trois carrefours essentiels auxquels vous avez été présent que je me suis autorisé à vous écrire publiquement. Que votre modestie en souffre, mais vous êtes un modèle pour notre génération .Tous ceux qui ont cru nous faire mal en vous faisant passer pour notre idéologue n'ont fait que donner de la valeur à notre combat. Je n'ai jusqu'ici pas rencontré régulièrement mon idéologue; maintenant je l'exige pour que me soient enseignées les meilleures idées: celles de la dignité, la constance et la conviction sans calculs. Merci combattant, la jeunesse ivoirienne est fière de vous!

Charles Blé Goudé,
le sanctionné de l'ONU
Le matin d’Abidjan n° 204 du mercredi 5 juillet 2006
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