En 2009, le lancement officiel du pèlerinage à la Mecque a eu lieu le jeudi 16 juillet à l’hôtel Président à Yamoussoukro. Cette année, il était prévu pour le mois de Mars 2010. Mais jusqu’à ce jour, à trois mois des premiers départs les musulmans sont sans nouvelles du hadj 2010. L’inquiétude devient plus grande avec l’enquête administrative du ministre de tutelle et la nomination de nouveaux fonctionnaires pour gérer le pèlerinage. Que va –t-il se passer ? Un danger se profile à l’horizon.
Tous les ivoiriens ou tous les habitants de Côte d'Ivoire ont encore en mémoire la catastrophe de l'échec du pèlerinage 2006 bis. Seules trois associations (J-ARAFAT, CNI-CNOPM (option B) et UCAMCI avaient pu envoyer que seulement 250 personnes sur plus de 4000 pèlerins candidats. Cinq ans après, malgré tous les efforts colossaux déployés par l'Etat, et une certaine implication de la communauté musulmane et des imams, l'improvisation, les invectives sont toujours au centre de l'organisation du Hadj dans notre pays. De telle sorte que pour le Hadj 2010 à moins de trois mois des départs, les musulmans, les pèlerins n'ont aucune lisibilité. L'inquiétude augmente au fur et à mesure dans la population, surtout que désormais, plus que toute autre année, le Hadj à venir est étroitement lié à la situation politique. Pour certains le spectre du hadj 2006 bis pointe encore à l'horizon. Afin de comprendre, Islam Info enquête depuis plusieurs semaines sur ce sujet délicat. Les résultats de notre enquête sont édifiants. Ni l'Etat, ni la communauté musulmane, n'ont encore apporté à la question de l'organisation du Hadj des réponses cohérentes qui s'inscrivent dans la durée et dans la stabilité.
De tout temps, trois problèmes clés constituent la trame de l'organisation du Hadj. Ce sont les logements à Médine et à la Mecque, le transport aerien, et le rôle de l'Etat.
Depuis 4 ans l'Etat ivoirien a apporté des réponses concrètes et adéquates à la solution de logement et du transport aérien en préfinançant directement ces deux opérations.
Mais pour le Hadj 2010, ceci est-il encore possible ?
A- LOGEMENT: UN CONTRAT DE TROIS ANS
Sinon, la communauté musulmane peut-elle remplir cette fonction pour le Hadj 2010 ?
Selon toutes les enquêtes d'Islam Info pour le Hadj 2010, seul l'Etat ivoirien peut encore garantir les opérations de logements et de transport aérien pour la majorité écrasante des pèlerins. Dans le cas du logement par exemple, l'Etat aurait signé depuis l'an dernier, un contrat de trois ans qui court donc jusqu'en 2012. Donc à priori, au plan juridique le logement des pèlerins ivoiriens n'est plus un problème. Même si selon certaines informations, il y aurait des arriérés financiers. Pour l'Etat ivoirien, ceci ne peut constituer un handicap insurmontable. Quant au transport aérien, étant donné que l'Etat s'était impliqué avec la compagnie nationale Air Ivoire on peut oser croire que cela ne devrait pas poser de gros problèmes. Mais cela ne suffira pas à garantir aux pèlerins des départs et retours ordonnés. Car il faut pouvoir informer à temps les autorités aéroportuaires Saoudiennes longtemps à l'avance pour obtenir les créneaux horaires. C'est faute d'avoir réaliser ces démarches à temps, que la Côte d'Ivoire a enregistré pour la première fois de sa vie, l'échec du pèlerinage en 2006 bis. Donc tout le monde est averti.
Dans tous les cas de figure et selon tous nos interlocuteurs, que ce soit pour les années précédentes, ou pour le Hadj 2010, sept (7) opérations importantes sont du ressort exclusif de l'Etat. Il s'agit de :
B- SEPT OPÉRATIONS IMPORTANTES
1) L'ouverture officielle de la saison du Hadj,
2) La fixation des dates des départs et retours,
3) Le prix du Hadj et le mode opératoire de l'enregistrement des pèlerins
4) Les conditions de l'organisation du Hadj par les organisations musulmanes, mais aussi par les agences de voyage,
5) La campagne de vaccination des pèlerins,
6) Et le contact avec les autorisations Saoudiennes pour le bilan du Hadj précédent et la conduite à tenir pour le Hadj 2010,
7) La nomination d'un commissaire au pèlerinage.
Pourquoi l'Etat reste muet sur toutes ces questions importantes alors qu'à pareille époque il y avait déjà répondu ?
C- LE MUTISME DE L’ÉTAT
Selon tous nos interlocuteurs, l'explication de cette attitude repose sur trois fondements essentiels.
1. Au plus haut sommet, on comprend difficilement que malgré tous les efforts sans précédent, pour aider à une meilleure organisation du pèlerinage à la Mecque. Il est crée entre l'Etat et la communauté musulmane un malaise sur le Hadj.
2. Au niveau des ministères de l'Intérieur, après le chamboulement enregistré au niveau de toute la direction en charge au pèlerinage, et l'enquête administrative en cours sur le Ministre Tagro relative aux accusations de détournement, tout le monde attend les conclusions de cette procédure. Donc pas question de bouger. Conséquence.
3. Après les déclarations solennelles d'une partie non négligeable de la communauté musulmane de faire organiser le Hadj par les musulmans eux-mêmes, alors on attend de voir ce que les musulmans vont faire pour le hadj 2010 sans l'Etat.
D- L’IMPUISSANCE DES ORGANISATIONS MUSULMANES
Dans cette guéguerre entre le Ministère de l'Intérieur et une partie des organisations musulmanes, seuls les pèlerins paient pour le moment le prix fort. Car plus on attend, plus les logements et les autres prestations vont coûter plus chères. Et quels que soient les cas de figure, c'est presque déjà tard pour une bonne organisation du hadj 2010. Il s'agit désormais de parer au plus pressé, pour limiter les dégâts. Pour se faire, il faut que le réalisme triomphe. Aujourd'hui, ni le BIHO (Bureau Ivoirien pour l'Organisation du Hadj et de la Oumra), ni la FIPEM (la Fédération Ivoirienne pour l'Organisation du Pèlerinage à la Mecque) ne sont en mesure d'éponger les ''dettes'' du Hadj 2009. Condition sine qu'ânon pour signer les contrats de logements 2010. Ni la FIPEM, ni BIHO ne sont qualifiés aujourd'hui pour s'attribuer ou attribuer des agréments pour l'organisation du Hadj. Par conséquent, leurs emprises réelles sur l'organisation pratique du Hadj 2010 est quasi nulle. En ce qui concerne le transport des pèlerins, le BIO et la FIPEM ne peuvent pas aujourd'hui apporter à Air Ivoire la garantie nécessaire pour signer un contrat en bonne et dû forme pour le transport de plus de 3000 pèlerins. Car pour le faire, il faut pouvoir maîtriser le nombre exact de pèlerins candidats au Hadj 2010, que ce soit avec Air Ivoire par charter ou n'importe quelle compagnie aérienne par vols réguliers.
E- L’INCONTOURNABLE ROLE DE L’ÉTAT
Le moindre mal pour les pèlerins dans cette situation critique c'est de sentir encore la présence de la puissance de l'Etat autour d'eux pour le Hadj 2010, en attendant une meilleure organisation de la communauté. Pour les organisateurs traditionnels au potentiel Hadj, il faut trouver au plus vite un compromis avec l'Etat. Un compromis qui tienne compte des réalités et des acquis des précédentes interventions massives de l'Etat, notamment le préfinancement des logements et du transport aérien. Dans la mesure où l'exigence de transparence évoquée par le COSIM trouvera bientôt une réponse à travers l'enquête diligentée par le chef de l'Etat sur le Ministère chargé de l'organisation des précédents Hadj.
Pour l'Etat, en attendant d'apporter dès le retour du prochain Hadj une réponse intelligente et républicaine aux préoccupations de la communauté musulmane quant à l'organisation efficiente et responsable du Hadj, trois décisions majeures sont à prendre avant le début du Ramadan fixé autour du 11 août 2010 :
- La nomination du commissaire du Hadj,
- la publication du calendrier des départs et arrivées des pèlerins, et celle des vaccinations
- la fixation du prix du Hadj 2010.
Cela suppose donc que l'Etat est et reste le seul organisateur du Hadj 2010 aussi bien vis à vis des autorités Saoudiennes que de la communauté musulmane toutes tendances confondues.
F- COMPROMI INDISPONSABLE: ÉTAT-COMMUNAUTÉ
Mais pour éviter toute suspicion et toute frustration, il faudra parallèlement mettre en place un comité paritaire (Etat et les différents acteurs du pèlerinage) de restructuration de l'organisation du Hadj en Côte d'Ivoire, avant même le mois de Ramadan 2010, avec pour impératif de remettre à qui de droit les conclusions de ses travaux au plus tard le 31 novembre 2010.
Bien entendu, le pèlerinage à la Mecque est avant tout une obligation religieuse qui incombe uniquement aux musulmans. Mais son organisation impliquant des institutions républicaines, donc des citoyens d'autres obédiences religieuses nécessite aussi une approche républicaine. C'est pourquoi il faut mettre balle à terre dans l'intérêt supérieur des pèlerins. D'autant plus que notre pays traverse déjà une crise grave, et trop longue, les ivoiriens et surtout les musulmans n'ont pas besoin d'en rajouter.
En un mot comme en cent, le pèlerinage est certes un enjeu important, mais l'intérêt du pèlerin est encore éminemment plus important.
Par Sylla Blema
Tous les ivoiriens ou tous les habitants de Côte d'Ivoire ont encore en mémoire la catastrophe de l'échec du pèlerinage 2006 bis. Seules trois associations (J-ARAFAT, CNI-CNOPM (option B) et UCAMCI avaient pu envoyer que seulement 250 personnes sur plus de 4000 pèlerins candidats. Cinq ans après, malgré tous les efforts colossaux déployés par l'Etat, et une certaine implication de la communauté musulmane et des imams, l'improvisation, les invectives sont toujours au centre de l'organisation du Hadj dans notre pays. De telle sorte que pour le Hadj 2010 à moins de trois mois des départs, les musulmans, les pèlerins n'ont aucune lisibilité. L'inquiétude augmente au fur et à mesure dans la population, surtout que désormais, plus que toute autre année, le Hadj à venir est étroitement lié à la situation politique. Pour certains le spectre du hadj 2006 bis pointe encore à l'horizon. Afin de comprendre, Islam Info enquête depuis plusieurs semaines sur ce sujet délicat. Les résultats de notre enquête sont édifiants. Ni l'Etat, ni la communauté musulmane, n'ont encore apporté à la question de l'organisation du Hadj des réponses cohérentes qui s'inscrivent dans la durée et dans la stabilité.
De tout temps, trois problèmes clés constituent la trame de l'organisation du Hadj. Ce sont les logements à Médine et à la Mecque, le transport aerien, et le rôle de l'Etat.
Depuis 4 ans l'Etat ivoirien a apporté des réponses concrètes et adéquates à la solution de logement et du transport aérien en préfinançant directement ces deux opérations.
Mais pour le Hadj 2010, ceci est-il encore possible ?
A- LOGEMENT: UN CONTRAT DE TROIS ANS
Sinon, la communauté musulmane peut-elle remplir cette fonction pour le Hadj 2010 ?
Selon toutes les enquêtes d'Islam Info pour le Hadj 2010, seul l'Etat ivoirien peut encore garantir les opérations de logements et de transport aérien pour la majorité écrasante des pèlerins. Dans le cas du logement par exemple, l'Etat aurait signé depuis l'an dernier, un contrat de trois ans qui court donc jusqu'en 2012. Donc à priori, au plan juridique le logement des pèlerins ivoiriens n'est plus un problème. Même si selon certaines informations, il y aurait des arriérés financiers. Pour l'Etat ivoirien, ceci ne peut constituer un handicap insurmontable. Quant au transport aérien, étant donné que l'Etat s'était impliqué avec la compagnie nationale Air Ivoire on peut oser croire que cela ne devrait pas poser de gros problèmes. Mais cela ne suffira pas à garantir aux pèlerins des départs et retours ordonnés. Car il faut pouvoir informer à temps les autorités aéroportuaires Saoudiennes longtemps à l'avance pour obtenir les créneaux horaires. C'est faute d'avoir réaliser ces démarches à temps, que la Côte d'Ivoire a enregistré pour la première fois de sa vie, l'échec du pèlerinage en 2006 bis. Donc tout le monde est averti.
Dans tous les cas de figure et selon tous nos interlocuteurs, que ce soit pour les années précédentes, ou pour le Hadj 2010, sept (7) opérations importantes sont du ressort exclusif de l'Etat. Il s'agit de :
B- SEPT OPÉRATIONS IMPORTANTES
1) L'ouverture officielle de la saison du Hadj,
2) La fixation des dates des départs et retours,
3) Le prix du Hadj et le mode opératoire de l'enregistrement des pèlerins
4) Les conditions de l'organisation du Hadj par les organisations musulmanes, mais aussi par les agences de voyage,
5) La campagne de vaccination des pèlerins,
6) Et le contact avec les autorisations Saoudiennes pour le bilan du Hadj précédent et la conduite à tenir pour le Hadj 2010,
7) La nomination d'un commissaire au pèlerinage.
Pourquoi l'Etat reste muet sur toutes ces questions importantes alors qu'à pareille époque il y avait déjà répondu ?
C- LE MUTISME DE L’ÉTAT
Selon tous nos interlocuteurs, l'explication de cette attitude repose sur trois fondements essentiels.
1. Au plus haut sommet, on comprend difficilement que malgré tous les efforts sans précédent, pour aider à une meilleure organisation du pèlerinage à la Mecque. Il est crée entre l'Etat et la communauté musulmane un malaise sur le Hadj.
2. Au niveau des ministères de l'Intérieur, après le chamboulement enregistré au niveau de toute la direction en charge au pèlerinage, et l'enquête administrative en cours sur le Ministre Tagro relative aux accusations de détournement, tout le monde attend les conclusions de cette procédure. Donc pas question de bouger. Conséquence.
3. Après les déclarations solennelles d'une partie non négligeable de la communauté musulmane de faire organiser le Hadj par les musulmans eux-mêmes, alors on attend de voir ce que les musulmans vont faire pour le hadj 2010 sans l'Etat.
D- L’IMPUISSANCE DES ORGANISATIONS MUSULMANES
Dans cette guéguerre entre le Ministère de l'Intérieur et une partie des organisations musulmanes, seuls les pèlerins paient pour le moment le prix fort. Car plus on attend, plus les logements et les autres prestations vont coûter plus chères. Et quels que soient les cas de figure, c'est presque déjà tard pour une bonne organisation du hadj 2010. Il s'agit désormais de parer au plus pressé, pour limiter les dégâts. Pour se faire, il faut que le réalisme triomphe. Aujourd'hui, ni le BIHO (Bureau Ivoirien pour l'Organisation du Hadj et de la Oumra), ni la FIPEM (la Fédération Ivoirienne pour l'Organisation du Pèlerinage à la Mecque) ne sont en mesure d'éponger les ''dettes'' du Hadj 2009. Condition sine qu'ânon pour signer les contrats de logements 2010. Ni la FIPEM, ni BIHO ne sont qualifiés aujourd'hui pour s'attribuer ou attribuer des agréments pour l'organisation du Hadj. Par conséquent, leurs emprises réelles sur l'organisation pratique du Hadj 2010 est quasi nulle. En ce qui concerne le transport des pèlerins, le BIO et la FIPEM ne peuvent pas aujourd'hui apporter à Air Ivoire la garantie nécessaire pour signer un contrat en bonne et dû forme pour le transport de plus de 3000 pèlerins. Car pour le faire, il faut pouvoir maîtriser le nombre exact de pèlerins candidats au Hadj 2010, que ce soit avec Air Ivoire par charter ou n'importe quelle compagnie aérienne par vols réguliers.
E- L’INCONTOURNABLE ROLE DE L’ÉTAT
Le moindre mal pour les pèlerins dans cette situation critique c'est de sentir encore la présence de la puissance de l'Etat autour d'eux pour le Hadj 2010, en attendant une meilleure organisation de la communauté. Pour les organisateurs traditionnels au potentiel Hadj, il faut trouver au plus vite un compromis avec l'Etat. Un compromis qui tienne compte des réalités et des acquis des précédentes interventions massives de l'Etat, notamment le préfinancement des logements et du transport aérien. Dans la mesure où l'exigence de transparence évoquée par le COSIM trouvera bientôt une réponse à travers l'enquête diligentée par le chef de l'Etat sur le Ministère chargé de l'organisation des précédents Hadj.
Pour l'Etat, en attendant d'apporter dès le retour du prochain Hadj une réponse intelligente et républicaine aux préoccupations de la communauté musulmane quant à l'organisation efficiente et responsable du Hadj, trois décisions majeures sont à prendre avant le début du Ramadan fixé autour du 11 août 2010 :
- La nomination du commissaire du Hadj,
- la publication du calendrier des départs et arrivées des pèlerins, et celle des vaccinations
- la fixation du prix du Hadj 2010.
Cela suppose donc que l'Etat est et reste le seul organisateur du Hadj 2010 aussi bien vis à vis des autorités Saoudiennes que de la communauté musulmane toutes tendances confondues.
F- COMPROMI INDISPONSABLE: ÉTAT-COMMUNAUTÉ
Mais pour éviter toute suspicion et toute frustration, il faudra parallèlement mettre en place un comité paritaire (Etat et les différents acteurs du pèlerinage) de restructuration de l'organisation du Hadj en Côte d'Ivoire, avant même le mois de Ramadan 2010, avec pour impératif de remettre à qui de droit les conclusions de ses travaux au plus tard le 31 novembre 2010.
Bien entendu, le pèlerinage à la Mecque est avant tout une obligation religieuse qui incombe uniquement aux musulmans. Mais son organisation impliquant des institutions républicaines, donc des citoyens d'autres obédiences religieuses nécessite aussi une approche républicaine. C'est pourquoi il faut mettre balle à terre dans l'intérêt supérieur des pèlerins. D'autant plus que notre pays traverse déjà une crise grave, et trop longue, les ivoiriens et surtout les musulmans n'ont pas besoin d'en rajouter.
En un mot comme en cent, le pèlerinage est certes un enjeu important, mais l'intérêt du pèlerin est encore éminemment plus important.
Par Sylla Blema