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Société Publié le jeudi 22 juillet 2010 | L’expression

Portrait : Amédée Eba Agathe (Commerçante) / La mère nourricière

La vie ne lui avait pas fait de cadeau. Mariée très jeune, Amédée Eba Agathe a aligné cinq enfants sans discontinuer. malheureusement, son homme, un lapin est allé voir ailleurs. Il l’a répidiée. Voilà la très jeune maman qui se retrouve seule avec un min jardin d’enfants sur les bras. Elle trouve sa voie sur le campus de Cocody à vendre du “pain sucré” pour nourrir ses bambins. «Je suis arrivée sur le campus de Cocody, en 1974, chez ma sœur qui vendait des friandises. Elle et son époux m’ont accueillie à bras ouverts. Ma sœur m’a suggéré de vendre du pain surtout que son époux était concierge. J’ai approuvé son idée car une femme ne doit pas rester sans rien faire », explique-t-elle. Cette jeune commerçante que les étudiants ont néanmoins surnommée « Mamie » s’est installée d’abord aux abords de la place Apkélé-Apkélé. Ensuite, pour obéir à un ordre de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), qui voulait planter du gazon, elle s’est mise à l’intérieur de l’espace où elle continue de vendre avec sa sœur. « Je ne me souviens pas précisément de l’année, mais c’était l’époque à laquelle Soro Guillaume faisait partie de la Fesci », rappelle cette petite femme, au teint d’ébène et aux traits marqués. Elle fait à cette période, de la détermination son crédo. Ainsi pendant 30 ans, dès 4h du matin, elle part chercher sa livraison à Adjamé. ’’Cela fait cinq ans que je prends ma livraison de pain au Wassa, derrière le forum du campus. Je ne peux plus me déplacer car je suis vieille et le trajet est fatigant. Et au Wassa, j’y suis à 7h, mais je peux parfois attendre jusqu’à 9h avant d’avoir mon stock, mais c’est mieux que d’aller à Adjamé’’. Aujourd’hui, cette quinquagénaire est reconnaissante à sa sœur et son commerce qui lui ont permis de se réaliser. Son seul regret, elle est une mère célibataire et doit nourrir ses enfants et payer leur école. Sampa Amon Colette, la sœur de Mamie, avoue d’ailleurs qu’elle a toujours eu une admiration secrète pour elle. « A sa place, j’aurais abandonné depuis longtemps. Quand je lui ai fait la proposition de venir vendre en ma compagnie, elle n’a pas hésité une seule seconde. Elle a subi beaucoup de coups, elle a dû accepter bien des choses. Il y a des étudiants qui viennent prendre crédit et qu’on ne revoit plus. Certains descendent des wôro-wôro, demandent 1000 Fcfa à leur Mamie et on ne les revoit plus », explique-t-elle. Mais Eba Agathe s’empresse de se justifier. « Je suis une chrétienne catholique et je ne garde pas rancune. Les étudiants sont mes enfants. J’ai vu passer plusieurs générations d’étudiants dont certains sont des personnalités. Malgré le fait que les vendeuses sont devenues nombreuses, ils me sont restés fidèles», tranche-t-elle. Les étudiants voient en cette femme originaire d’Aboisso une partie de leur univers. « Cela fait 11 ans que je suis sur le campus et je ne m’imagine pas un seul instant manger un autre pain sucré que celui de Mamie. En plus, elle fait crédit et tu peux avec 200 Fcfa manger à ta faim », se rassure Alex Kouassi, étudiant et gérant de cabine téléphonique. Un aveu qui ravit Mamie Agathe qui se dit heureuse d’être portée dans le cœur des étudiants. « Tout ce que je souhaite aujourd’hui, c’est que mes enfants réussissent dans la vie. Même si l’ainée a abandonné les études et préfère rester à la maison. La seconde a eu un Bts et est à la recherche d’un emploi, la troisième après le Bepc a préféré passer le concours du Cafop pour m’aider. Quant à mon unique garçon, il est au Gabon grâce à un ami. La plus petite est au Lycée », explique-t-elle.

N. Marie
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