Ce qui sera le dernier fait d`armes du célèbre gynécologue-obstétricien remonte à janvier 2008, à l`hôtel Ivoire. Dans le concert de louanges au Pr Memel Harris Fotê, celui de Samba Diarra détonne. Son témoignage, il le veut critique.
L`auteur de « Les faux complots d`Houphouet-Boigny » indexe les dérives du pouvoir de Gbagbo. Pour cet éminent membre de l`Académie des sciences, des cultures, des arts et des diasporas africaines (Ascad), le socialisme promis aux Ivoiriens s`est mué en « refondation zébrée et balafrée ». Une dérive qui poussera au silence le défunt président de l`Ascad, selon lui. Et Samba Diarra de s`interroger si ce silence du « héros intransigeant des droits fondamentaux de l`homme » avait été bien perçu par ses camarades du parti.
La salve de l`ancien prisonnier d`Assabou pousse Laurent Gbagbo à réagir. «Ce que j`aime chez Mémel, c`est qu`il ne provoque pas la violence chez les gens. Mémel, n`a jamais suggéré de guerre civile, il n`a jamais été du côté de ceux qui font les coups d`Etat. Mémel n`a jamais été du côté de ceux qui travaillent dans l`ombre pour que les régimes se renversent et que lui arrive au premier plan», riposte-t-il, dans une salle acquise à sa cause.
A coup sûr, Pr Samba Diarra est entré dans l`histoire de la Côte d`ivoire par la grande porte. Alors que la plupart de ses anciens co-détenus se muraient depuis des décennies dans un silence troublant, lui choisit de témoigner. En 1997, son brûlot oblige le pays à affronter l`une des plus sombres pages de son histoire : les faux complots qui enverront en prison une bonne partie de l`élite, seulement trois ans après l`indépendance. Avant, il a créé l`Association des anciens prisonniers politiques de Yamoussoukro et de Dimbokro pour obtenir réparation des préjudices subis. « Au total, trois, quatre années de prison, de souffrances indicibles, des vies brisées, des carrières détruites, des ménages éclatés, des enfants traumatisés, des biens égarés », dénonçait-il en 1998, lors d`une conférence de presse. Bien sûr, en 1971 puis en 1983, le président Houphouet-Boigny avait reconnu « qu`il n`y avait jamais eu de complot en Côte d`Ivoire ». Mais, le vieux ``rebelle`` a regretté que ces aveux n`aient pas été consacrés par « un acte de droit notifiant et consacrant leur innocence ». Ensuite, Henri Konan Bédié a réhabilité en mars 1997 Ernest Boka, ancien président de la Cour Suprême, mort en prison en avril 1964. « Proclamer notre innocence, honorer la mémoire d`un des nôtres est à l`évidence insuffisant pour évacuer le problème posé par les évènements de 1963-1964 », a tranché celui qui est resté opposant dans l`âme.
Au cours de la transition politique de 2000, il s`est posé en défenseur d`une Côte d`Ivoire ouverte et plurielle, en pleine crise ivoiritaire. Avec ses pairs de la Commission chargée d`élaborer la nouvelle Constitution, ils proposeront au chef de la junte, Robert Guéi, un texte de consensus. Mais, ils seront trahis avec la présentation au référendum d`un projet retouché et renfermant les germes de l`exclusion.
Sous Henri Konan Bédié, Samba Diarra a apporté sa contribution à la naissance du Rassemblement des républicains (RDR), issu des entrailles du Parti Démocratique de Côte d`Ivoire(PDCI), l`ex-parti unique.
Dans son livre ``La longue marche du RDR``, Pr Lemassou Fofana le présente comme l`un des sages qui ont couvé le parti d`Alassane Ouattara, ennemi public numéro 1 sous Bédié. Avec les Lamine Diabaté, Gaoussou Dramane Ouattara, Koné Kodjara, ils encadreront Djéni Kobena et son équipe. « L`influence du professeur Samba Diarra sur le cercle des intellectuels est incontestable », note Pr Fofana. C`est donc en toute logique que l`ancien prisonnier politique épousera la guerre du Rdr contre l`ivoirité, un concept destiné à théoriser l`exclusion de M. Ouattara du jeu politique, au motif qu`il est d`origine burkinabé.
Sans doute aussi pourquoi il ne verra pas l`aboutissement de son combat pour la réhabilitation des bannis de 1963-1964.
Gbagbo en a fait un Immortel, aux côté des Memel Fotê, Barthélémy Kotchi etc. Pourquoi ne pas libérer enfin ce rebelle de l`intellect de sa prison de 1963 ? A titre posthume.
Kesy B. Jacob
L`auteur de « Les faux complots d`Houphouet-Boigny » indexe les dérives du pouvoir de Gbagbo. Pour cet éminent membre de l`Académie des sciences, des cultures, des arts et des diasporas africaines (Ascad), le socialisme promis aux Ivoiriens s`est mué en « refondation zébrée et balafrée ». Une dérive qui poussera au silence le défunt président de l`Ascad, selon lui. Et Samba Diarra de s`interroger si ce silence du « héros intransigeant des droits fondamentaux de l`homme » avait été bien perçu par ses camarades du parti.
La salve de l`ancien prisonnier d`Assabou pousse Laurent Gbagbo à réagir. «Ce que j`aime chez Mémel, c`est qu`il ne provoque pas la violence chez les gens. Mémel, n`a jamais suggéré de guerre civile, il n`a jamais été du côté de ceux qui font les coups d`Etat. Mémel n`a jamais été du côté de ceux qui travaillent dans l`ombre pour que les régimes se renversent et que lui arrive au premier plan», riposte-t-il, dans une salle acquise à sa cause.
A coup sûr, Pr Samba Diarra est entré dans l`histoire de la Côte d`ivoire par la grande porte. Alors que la plupart de ses anciens co-détenus se muraient depuis des décennies dans un silence troublant, lui choisit de témoigner. En 1997, son brûlot oblige le pays à affronter l`une des plus sombres pages de son histoire : les faux complots qui enverront en prison une bonne partie de l`élite, seulement trois ans après l`indépendance. Avant, il a créé l`Association des anciens prisonniers politiques de Yamoussoukro et de Dimbokro pour obtenir réparation des préjudices subis. « Au total, trois, quatre années de prison, de souffrances indicibles, des vies brisées, des carrières détruites, des ménages éclatés, des enfants traumatisés, des biens égarés », dénonçait-il en 1998, lors d`une conférence de presse. Bien sûr, en 1971 puis en 1983, le président Houphouet-Boigny avait reconnu « qu`il n`y avait jamais eu de complot en Côte d`Ivoire ». Mais, le vieux ``rebelle`` a regretté que ces aveux n`aient pas été consacrés par « un acte de droit notifiant et consacrant leur innocence ». Ensuite, Henri Konan Bédié a réhabilité en mars 1997 Ernest Boka, ancien président de la Cour Suprême, mort en prison en avril 1964. « Proclamer notre innocence, honorer la mémoire d`un des nôtres est à l`évidence insuffisant pour évacuer le problème posé par les évènements de 1963-1964 », a tranché celui qui est resté opposant dans l`âme.
Au cours de la transition politique de 2000, il s`est posé en défenseur d`une Côte d`Ivoire ouverte et plurielle, en pleine crise ivoiritaire. Avec ses pairs de la Commission chargée d`élaborer la nouvelle Constitution, ils proposeront au chef de la junte, Robert Guéi, un texte de consensus. Mais, ils seront trahis avec la présentation au référendum d`un projet retouché et renfermant les germes de l`exclusion.
Sous Henri Konan Bédié, Samba Diarra a apporté sa contribution à la naissance du Rassemblement des républicains (RDR), issu des entrailles du Parti Démocratique de Côte d`Ivoire(PDCI), l`ex-parti unique.
Dans son livre ``La longue marche du RDR``, Pr Lemassou Fofana le présente comme l`un des sages qui ont couvé le parti d`Alassane Ouattara, ennemi public numéro 1 sous Bédié. Avec les Lamine Diabaté, Gaoussou Dramane Ouattara, Koné Kodjara, ils encadreront Djéni Kobena et son équipe. « L`influence du professeur Samba Diarra sur le cercle des intellectuels est incontestable », note Pr Fofana. C`est donc en toute logique que l`ancien prisonnier politique épousera la guerre du Rdr contre l`ivoirité, un concept destiné à théoriser l`exclusion de M. Ouattara du jeu politique, au motif qu`il est d`origine burkinabé.
Sans doute aussi pourquoi il ne verra pas l`aboutissement de son combat pour la réhabilitation des bannis de 1963-1964.
Gbagbo en a fait un Immortel, aux côté des Memel Fotê, Barthélémy Kotchi etc. Pourquoi ne pas libérer enfin ce rebelle de l`intellect de sa prison de 1963 ? A titre posthume.
Kesy B. Jacob