Les escrocs ont compris une chose : l'or fait tourner la tête. Certains concitoyens sont désorientés dès que le nom de cette pierre précieuse est évoqué dans les causeries ou autres conversations. Les attrape-nigauds, il y en existe toujours et ils sont à l'affût. Tout part d'un appel téléphonique, à la fin de la matinée du 5 juillet. Nessemon Monniet Fulbert Stanislas, 35 ans, gestionnaire à la société des limonades et brasseries (Solibra) reçoit un appel anonyme. « Ce jour-là, j'étais au bureau. Mon interlocuteur affirme qu'il me connaît très bien. Selon lui, il travaille dans une mine d'or à Korhogo. Il affirme être en possession de deux carats d'or soit deux kilogrammes», rapporte l'employé. Ainsi, les escrocs mettent leur stratège en marche. Avant de raccrocher, l'individu dit à Stanislas que n'ayant pas le temps de venir à Abidjan, il souhaite que celui-ci fasse la transaction pour lui en lui confiant le produit par le biais d'un de ses collaborateurs. «Je n'ai pas trouvé d'inconvénient car, selon lui, mon rôle consiste à remettre l'or à un Européen afin de récupérer son argent estimé à 2,5 millions Fcfa. Je devais garder les sous jusqu'à ce qu'il entre à Abidjan », ajoute Stanislas. Deux jours après, c'est-à-dire le 7 juillet, vers 8 h, l'interlocuteur du gestionnaire de Solibra revient à la charge. Il dit se prénommer Jérôme. « Il m'a dit que le colis va arriver, mais il ne faudrait pas que ses envoyés connaissent le Blanc en question au risque que ceux-ci gâchent son marché », affirme-t-il. Stanislas est un homme averti. Selon lui, l'année écoulée, l'un de ses proches avait été victime d'arnaqueurs au sujet d'achat d'or. Des dispositions sont prises pour tendre un piège aux escrocs patentés. En réalité, il s'agit de N'kpomé N'cho Mathieu et de Délayee Edouard. « J'ai averti un ami policier et mon frère Daligou qui est aussi policier. Ce jour-là, le soi-disant Jérôme (Mathieu) m'a appelé pour me dire que ses envoyés arrivent avec la marchandise à bord d'un véhicule personnel. Mais il m'a dit de m'assurer si Christian l'acheteur est disponible pour que tout se passe bien. Et qu'après la transaction de ne rien donner à ses collaborateurs. Nous nous sommes donné rendez-vous à Yopougon sous le pont-piéton. Les policiers m'avaient devancé au lieu indiqué dans un véhicule banalisé. Quand j'ai garé sur le côté, j'ai été approché par un jeune homme avec qui j'ai bavardé pendant un bref moment. Cela a suffi aux policiers pour mettre la main sur lui. Il a été arrêté et a dénoncé son complice. Lui aussi a été appréhendé », soutient Stanislas. De l'enquête préliminaire à leur comparution à la barre du tribunal des flagrants délits du Plateau, Mathieu et Edouard affirment sans détour reconnaître les faits de tentative d'escroquerie mis à leur charge. Mathieu fait l'aveu suivant : « J'ai épousé l'idée que j'ai trouvée bonne. Voici le rôle qu'Edouard m'a confié parce que je m'habille très bien. Lui, va se faire passer pour une personne qui travaille dans une mine d'or à Korhogo et va confier le produit (or) à quelqu'un qui le remettra au client. Ce dernier va le vendre à un Européen. Une fois celui-ci est en possession de la marchandise, moi j'interviendrai pour le contrôler et le certifier ». Edouard ne dit pas autre chose. Il acquiesce les affirmations de son complice. Sur la base de leurs aveux, le tribunal déclare les prévenus coupables. En répression, ils sont punis à 6 mois de prison.
Bahi K.
Bahi K.
