. Le président du groupement des auto-écoles accuse le ministre Flindé
Au-delà de sa casquette de leader politique, M. Pépé Paul est le président du Groupement professionnel des propriétaires d’auto-écoles de Côte d’Ivoire. Au moment où le débat bat son plein sur la fraude dans la délivrance du permis de conduire en Côte d’Ivoire, nous avons approché ce pionner dans le domaine des auto-écoles. Sans réserve il crache ses vérités et déballe tout.
M. Pépé Paul, de plus en plus on parle de fraude dans la délivrance du permis de conduire en Côte d’Ivoire. Que savez-vous sur la question ?
Bientôt, nous allons organiser une conférence de presse pour informer les Ivoiriens sur cette affaire. Nous allons proposer aussi que le débat ait lieu aussi au niveau de la télévision. Mais, comme vous êtes venu à moi, je vais vous accorder la primeur. Il n’y a pas de fraude, en tout cas dans le nouveau système du permis de conduire. Nous avons été très surpris de voir à la télé le ministre des Transports, le premier responsable du permis de conduire, parler de fraude. Or c’est lui qui signe les permis. Pour qu’il signe, ce sont ses services qui valident le permis. Ce sont ses services, notamment la Direction Générale des Transports Terrestres (DGTTC), qui organisent les examens de permis de conduire et qui valident les documents. C’est après cette validation que les services comme Interflex éditent le permis. Alors quand il vient devant le monde entier pour dire qu’il y a fraude, je pense sincèrement qu’il aurait du démissionner, car il a signé des documents qui sont faux. Ou alors, il faut qu’il poursuive ceux qui l’ont induit en erreur, devant la justice. En tout cas, dans le nouveau système du permis de conduire, il ne peut pas y avoir de fraude. Le gouvernement, pendant longtemps, et des ministres ont dit que le permis ivoirien était édité dans des pays voisins de la sous-région. Certaines personnes de la sous-région font établir des permis ivoiriens qu’ils vont échanger en France. Quelqu’un, sans bouger en France, obtient le permis qu’on lui expédie. A cause de ces pratiques, à un moment donné, on ne voulait plus reconnaitre notre permis à l’extérieur. La Banque Mondiale et le gouvernement ivoirien se sont mis d’accord pour reformer le secteur. Il y a eu un décret qui crée des structures pour organiser cette reforme. Il se trouve que l’ancien système donnait lieu aux pratiques frauduleuses. On pouvait ne pas se présenter et obtenir son permis. Normalement, vous allez au Trésor pour payer la demande du permis. Le postulant au permis qui s’inscrit dans une auto-école, vient avec ses photos. Il va à la police pour légaliser ses documents, à l’hôpital pour la visite des yeux. Le dossier se fait ensuite entièrement à l’auto-école. Mais, il s’est installé à la direction des Transports, dans un coin qu’on appelle le forum, des gens assis avec des cachets de médecins et de la police, non loin de la cité administrative. Même au niveau de la Direction des transports, il y a des démarcheurs qui ont ses cachets des médecins et de policiers et qui font des légalisations. Dès lors, la fraude est organisée. Il y a fraude sur le dossier, parce que ce n’est pas celui qui devait signer qui signe. C’est pourquoi le gouvernement a décidé de tout réformer. Malheureusement, aujourd’hui, le ministère des Transports et la Direction du transport refusent d’appliquer ce décret.
Pourquoi refuseraient-ils d’appliquer des dispositions légales ?
Ils refusent tout simplement pour une question d’argent. Ce système n’arrange pas les responsables de la Direction des transports, car si cette reforme est appliquée comme il se doit, beaucoup de choses ne se feront plus. Et c’est dommage que ceux qui devraient logiquement appliquer la loi, refusent de le faire.
Vous accusez la Direction des transports, pourtant, c’est cette même direction qui a introduit une demande d’enquête pour déceler les fraudeurs. Quelle contradiction !
C’est le voleur qui crie au voleur, on le constate souvent dans la rue. Quand quelqu’un a volé quelque part et qu’on le poursuit, lui aussi cri voleur pour ne pas qu’on dise de lui qu’il est le voleur. C’est cela le problème. La Direction du transport organise la fraude et l’escroquerie. Parce que la loi sur le permis n’autorise pas la Direction du transport à organiser les examens. Elle ne fait pas partie de la réforme. Une loi a été prise depuis 2001, et eux s’opposent à la mise en œuvre de cette disposition. C’est cette loi qui a créé la SONATT à laquelle les tâches qu’exécutait la DGTTC ont été transférées. Ce qui fait que la DGTTC n’intervient plus dans ces missions. La loi dit que c’est la SONATT qui organise les examens de permis et demande à la DGTTC de mettre à sa disposition des fonctionnaires qui sont les inspecteurs de permis pour examiner les candidats. Mais, il ne revient pas à la DGTTC d’organiser les examens. Le vrai problème est que la DGTTC, avec la complicité du ministre des Transports, refuse l’application de cette loi prise en 2001, et continue d’organier les examens du permis de conduire dans l’ancien système. Finalement, aujourd’hui en Côte d’Ivoire, il y a deux façons de passer le permis. Il y a ceux qui sont dans la reforme et ceux qui n’y sont pas.
Que dit la réforme ?
Dans la réforme, il revient à Starten de faire le pré-enregistrement sous la responsabilité de la SONATT, parce qu’il y avait trop d’intervenants dans l’affaire. Nous avions proposé que les candidats passent par l’auto-école pour avoir un certificat d’inscription prouvant qu’ils sont régulièrement inscrits dans une auto-école, avant d’aller présenter les dossiers. Eux, ils se sont opposés à cette proposition. Le gouvernement a estimé qu’il fallait faire un guichet unique pour éviter tous ces problèmes administratifs, mais aussi gagner du temps. Alors, qu’est ce qu’ils font maintenant ? Quand vous allez à Starten pour faire votre dossier, ils sont des démarcheurs qui détournent l’élève qui va directement au Transport, parce qu’il a maintenant le numéro de l’examen. Alors, il n’a plus besoin d’aller à l’auto-école et on l’examine. L’inspecteur, là-bas, valide son dossier. C’est lui qui met ‘’apte’’ ou ‘’inapte’’. Quand on parle de fraude, c’est d’abord à ce niveau, là où sur le dossier il est marqué "apte". C’est après cela que la direction transmet le dossier à la SONATT pour édition. C’est celui qui a accordé l’aptitude à un faux dossier, qui est à la base de la fraude. Maintenant, quand ils disent qu’on a imité leur signature, où se trouvait le dossier pour que leur signature soit imitée ? Le dossier est à la Direction du transport et le chef de l’inspection de permis, c’est lorsqu’il désigne l’examinateur ce jour-là qu’il lui donne le dossier. Le dossier n’est pas à la disposition de tout le monde. Donc qui peut aller imiter la signature ?
Président, peut-on occulter la responsabilité des auto-écoles quand on sait que pour passer l’examen du code, il faut débourser 10.000 F CFA et 15.000 F CFA à la conduite pour que le moniteur puisse voir l’inspecteur ?
C’est ce que je vous disais. Ils ne veulent pas lâcher le traitement des dossiers à cause de cela. Les 10.000 FCFA au code et les 15.000 FCFA à la conduite, s’ils ne sont pas payés, l’élève échoue. Ce n’est pas du fait de l’auto-école, mais plutôt l’inspecteur. Si vous ne payez pas, vos élèves sont automatiquement recalés. Or, si vous dirigez une auto-école et qu’on recale tous vos élèves à chaque fois, qui va venir encore chez vous ? Cet argent ne rentre pas dans les caisses de l’auto-école. Et cet inspecteur qui impose cet argent lors des examens de code et de conduite, a obligation de rendre compte à la direction. Voyez, c’est une chaîne.
Pourquoi n’avez-vous pas dénoncez ces pratiques jusqu’à ce que la Direction des transports que vous accusez, diligente une enquête qui vous désigne, vous les auto-écoles, comme les principaux fraudeurs de la chaîne ?
Vous savez, je suis le premier Ivoirien et même Africain à ouvrir une auto-école. Je sais comment la fraude se passe. J’ai écrit à tout le monde. Il y a des conférences que j’ai faites où je dénonce cet état de fait. Mais depuis l’arrivé des deux ministres qui se sont succédé, on refuse de nous recevoir. Depuis 2007, je ne fais qu’interpeller sans qu’on ne prête une oreille attentive à ce que je dénonce. J’ai même écrit au président de la République, sous le couvert du ministre des Transports lui-même (ndlr : il nous montre les archives). J’ai saisi le président de l’Assemblée nationale, les ministres de l’Intérieur, de la Défense, le Commandant supérieur de la Gendarmerie, à la Direction générale de la Police, etc. Je n’ai pas eu gain de cause. Finalement, l’ancien système perdure. Or, quand vous ne rentrez pas dans le nouveau système, là où on doit en principe payer 26.500 FCFA, vous payez 50.000 FCFA. Parce que dans le nouveau système, on se présente à un guichet unique où tous les frais sont regroupés une bonne fois. Ce qui n’est pas le cas dans l’ancien qui fait appel à beaucoup d’intermédiaires. En plus, avec la réforme, il faut soi-même se présenter pour faire son permis. On ne reste pas à Paris pour avoir un permis.
Justement, il se dit qu’une star du football ivoirien a obtenu son permis de conduire sans avoir été dans une auto-école. Comment est-ce possible ?
Il faut savoir que ce monsieur a obtenu son permis dans l’ancien système, alors que nous sommes en plein dans la réforme. On continue dans l’ancien système, or c’est dans ce système que l’individu peut ne même pas se présenter et avoir un permis. C’est là que se trouve la fraude. Je vous disais que dans le nouveau système, tout les dossiers se font au Guichet unique, la demande des timbres, la légalisation, la visite, c’est tout cela qui fait 26.500 FCFA. Avec ça, vous avez un numéro d’examen. Ce qui n’est pas le cas dans l’ancien système où tu fais le tour du Trésor, de l’hôpital, de la police, etc. Dans ce système, il arrive que des gens ont déjà le permis avant de faire le dossier.
Comment des gens peuvent-ils avoir le permis en amont sans être interpellés au pré-enregistrement ? Comment font-ils pour avoir un numéro ?
C’est ce que je vous disais tantôt. Tout cela, c’est la Direction des Transports Terrestres qui est à la base. Et c’est parce que je dénonce tout cela qu’ils ont convoyé des démarcheurs pour casser à deux reprises mon auto-école. Et même me menacer de mort. Ce qu’on voulait éviter continue avec l’autorisation du ministre des Transports et de la Direction des transports.
On parle déjà de 300 mille faux permis dans la circulation. Finalement, la reforme n’est-elle pas remise en cause ?
Ils veulent faire échouer la reforme pour rester dans l’ancien système qui les arrange. Et aujourd’hui, ils s’attaquent à la SONATT et ses dirigeants. Ceux-là n’y sont pour rien. Ce n’est pas eux qui organisent ce désordre. Suivez-moi. Dans l’ancien système, quand vous finissez le dossier que vous déposez à la Direction des transports, ils vous prennent 2000F et ils vous octroient un numéro pour faire votre permis. Or, ce numéro n’est pas valable pour le permis.
Est-ce à dire qu’on peut retrouver dans la circulation deux permis ayant le même numéro ?
Non, quand vous allez échanger l’ancien permis à la SONATT, on appelle cela intégration. Ceux qui vont à la Direction des transports qui est dans l’ancien système, quand ils donnent le permis, ils les intègrent comme des gens qui ont déjà le permis.
Soyons plus clairs. Vous voulez dire qu’on fait croire que celui qui demande le permis est un ancien détenteur et on l’intègre avec un numéro ?
C’est ça. Aujourd’hui à la DGTTC, il n’y a plus de base de données. Ils devaient remettre la base de données de 1999 à 2000 à la SONATT, ils ont refusé. Mais, ils continuent d’authentifier des permis. Sur quelle base, d’autant plus qu’ils n’ont pas de base de données. Leur objectif est de faire échouer la réforme. Ici, quand on vous met à la tête d’un département, ça devient votre chasse-gardée. On place ses parents pour en faire sa caisse de résonance. Dans cette situation, les auto-écoles ont du mal à travailler. Moi, j’ai été obligé de fermer plusieurs de mes écoles. Car les auto-écoles deviennent des collecteurs d’impôts pour la DGTTC. Parce que s’ils ne payent pas les sommes qu’il faut pour les candidats aux examens, ils échouent. Imaginez-vous que je présente 4 ou 5 élèves qui échouent, est-ce que prochainement, des gens vont venir chez-moi ? Donc, je suis obligé de payer et ça, c’est une position de faiblesse. L’auto-école n’y est pour rien dans la délivrance de ces vrais-faux permis. Parce que celui qui donne ces permis est autorisé à le faire, quand bien même les procédures sont viciées.
Si l’on doit nécessairement payer pour avoir ses examens, c’est que l’on peut se passer des auto-écoles et aller droit au but…
Mais c’est ce qui se passe. C’est ce que je vous ai expliqué. C’est l’auto-école qui est pénalisée et c’est pourquoi nous soutenons la reforme. Parce qu’au moins pour avoir son permis, il faut venir à l’auto-école.
Est-ce que la réforme prévoit que pour déposer un dossier à la DGTTC, il faut être déjà inscrit régulièrement dans une auto-école ?
Oui, c’est pourquoi on parle de pré-enregistrement. Il faut venir à l’auto-école, vous vous inscrivez et on vous donne une fiche d’identification pour dire que vous êtes inscrit régulièrement.
Mais comment les gens arrivent-ils à passer cette étape ?
Ils le font, une fois qu’ils s’inscrivent. L’inscription étant à 100 mille francs CFA dans une auto-école, ils avancent par exemple 20.000 F pour juste bénéficier de la fiche d’identification et ils ne reviennent plus. Ils se rendent ensuite à la DGTTC pour avoir un numéro d’examen et continuent le processus pour obtenir frauduleusement leur permis. L’auto-école n’intervient pas dans cette fraude. Ceux qui ont été arrêtés pour fraude ne sont que des démarcheurs et non des responsables d’auto-école. Mais, les gens pour qui ces démarcheurs ont été arrêtés, pourquoi ne sont-ils pas aussi inquiétés ? C’est où la responsabilité de l’auto-école ? Et comment un responsable d’auto-école peut-il imiter la signature de l’inspecteur, étant donné que le dossier qui sert pour l’examen est à la DGTTC ?
On entend dire aussi que pour les frais que vous payez à la Direction des transports, vous percevez une ristourne de 100 F Cfa sur les 3000 francs CFA que vous versez par dossier ? Est-ce que tout cela ne participe pas à la fraude?
Ecoutez, on a demandé un fond de soutien aux auto-écoles. En France par exemple, les auto-écoles ne payent presque pas de véhicule. Ce sont les concessionnaires qui offrent les véhicules aux auto-écoles. Mais ici, l’Etat ne nous aide pas au niveau des impôts et des frais de douanes. Dans la réforme, nous avons demandé un fonds de soutien aux auto-écoles de façon à dispenser des cours de qualité. Le gouvernement l’avait accepté et c’était inclus dans les frais de dossiers. Quand j’ai posé le problème du fond de soutien, le directeur d’alors de la DGTTC qui s’appelait M. Baffah, a dit qu’il faut que les auto-écoles payent 5000 FCFA pour aménager les chiffres. Entre-temps, pour que nous encaissions l’argent, il faut un décret et une loi de finances. Ils nous ont dit qu’en attendant la signature du décret, on devait continuer à payer. Et c’est ce que nous avons fait et pendant un an, je me suis plaint. Une commission a ensuite siégé pour dire que le fait qu’on nous fait payer est illégal. Donc nous avons arrêté. Quand le nouveau gouvernement est arrivé, on nous a encore demandé de payer. Mais, nous avons refusé. Pour ces 3000 F CFA dont vous parlez, ils nous ont demandé de payer. Nous avons opposé un refus. Et comme moyen de pression, ils ont dit que si nous ne payons pas, les élèves ne passeront pas l’examen. J’ai même saisi le Procureur qui m’a conseillé de porter plainte. On convoque M. Veh qui reconnait qu’il vole. Dans son PV, il reconnait que l’argent qu’il prend ne va nulle part. C’est 3000 francs CFA pour le code et 3000 FCFA pour la conduite. Quand nous sommes sortis de la police économique, il a décidé de donner sur les 3000 FCFA, la somme de 1000 FCFA aux auto-écoles. Il dit par la suite que ces deux mille francs restants, il les envoie au Trésor. Je ne sais vraiment pas la destination de cet argent, et c’est pourquoi j’ai porté l’affaire devant la justice aujourd’hui.
Aujourd’hui, nos routes sont devenues dangereuses et tuent beaucoup, parce que les Ivoiriens conduisent mal. A qui la faute finalement ?
Quand des gens ne se présentent pas à l’auto-école et obtiennent le permis de conduire, c’est tout cela qui cause ces accidents. Il faut accuser ceux-là qui maintiennent deux systèmes d’examen sur le même territoire, depuis que la loi a été signée. De plus en plus, aujourd’hui, on reçoit des élèves qui viennent faire du recyclage parce qu’ils ont déjà le permis. Ils ont eu le permis, et c’est après qu’ils viennent faire des cours de recyclage. Je ne suis donc pas étonné qu’il y ait des accidents. Car la plupart des chauffeurs n’ont pas eu de formation suffisante. Or à l’auto-école, il ne peut pas y avoir de formation s’il n’y a pas d’examen. Parce que si tu vas à l’examen que tu n’échoues pas, pourquoi le directeur de l’auto-école va-t-il t’imposer des leçons ? Autant aller directement à l’examen. Je reviens sur la question précédente. Quand on a cherché à savoir davantage sur la destination de l’argent, finalement, ils vous disent qu’ils le partagent. Tu peux partager, mais est-ce que tu as le droit d’encaisser cet argent pour ensuite dire que les auto-écoles sont complices ? Comme ils ont vu qu’ils sont en difficulté, le ministre du Transport veut voler à leur secours, en allant à la SONATT, DGTTC, STARTEN pour dire qu’il fait un tour pour voir comment ça se passe dans ces services. Mais il était directeur de cabinet du ministre Mabri pendant des années. Il ne peut pas dire qu’il ne sait pas comment le permis se passe, pour prétexter des tournées. Il sait qu’on ne peut pas parler de fraude sur les permis si le nouveau système est appliqué. Donc c’est très grave pour le ministre qui dit qu’il y a fraude sur notre permis de conduire. Notre télévision est regardée partout. Et si demain, on disait qu’on ne reconnait pas notre permis ! S’il y a donc fraude, c’est au niveau du ministre et de ses collaborateurs. Le ministre doit avoir le courage de rendre sa démission, parce que ses services auront failli. Ils veulent noyer du poisson en allant à la télévision pour dire qu’il y a fraude. Où va tout cet argent qui est exigé aux postulants au permis de conduire ?
Entretien réalisé par F.D.BONY et Irène BATH
Coll : C.KONE
Au-delà de sa casquette de leader politique, M. Pépé Paul est le président du Groupement professionnel des propriétaires d’auto-écoles de Côte d’Ivoire. Au moment où le débat bat son plein sur la fraude dans la délivrance du permis de conduire en Côte d’Ivoire, nous avons approché ce pionner dans le domaine des auto-écoles. Sans réserve il crache ses vérités et déballe tout.
M. Pépé Paul, de plus en plus on parle de fraude dans la délivrance du permis de conduire en Côte d’Ivoire. Que savez-vous sur la question ?
Bientôt, nous allons organiser une conférence de presse pour informer les Ivoiriens sur cette affaire. Nous allons proposer aussi que le débat ait lieu aussi au niveau de la télévision. Mais, comme vous êtes venu à moi, je vais vous accorder la primeur. Il n’y a pas de fraude, en tout cas dans le nouveau système du permis de conduire. Nous avons été très surpris de voir à la télé le ministre des Transports, le premier responsable du permis de conduire, parler de fraude. Or c’est lui qui signe les permis. Pour qu’il signe, ce sont ses services qui valident le permis. Ce sont ses services, notamment la Direction Générale des Transports Terrestres (DGTTC), qui organisent les examens de permis de conduire et qui valident les documents. C’est après cette validation que les services comme Interflex éditent le permis. Alors quand il vient devant le monde entier pour dire qu’il y a fraude, je pense sincèrement qu’il aurait du démissionner, car il a signé des documents qui sont faux. Ou alors, il faut qu’il poursuive ceux qui l’ont induit en erreur, devant la justice. En tout cas, dans le nouveau système du permis de conduire, il ne peut pas y avoir de fraude. Le gouvernement, pendant longtemps, et des ministres ont dit que le permis ivoirien était édité dans des pays voisins de la sous-région. Certaines personnes de la sous-région font établir des permis ivoiriens qu’ils vont échanger en France. Quelqu’un, sans bouger en France, obtient le permis qu’on lui expédie. A cause de ces pratiques, à un moment donné, on ne voulait plus reconnaitre notre permis à l’extérieur. La Banque Mondiale et le gouvernement ivoirien se sont mis d’accord pour reformer le secteur. Il y a eu un décret qui crée des structures pour organiser cette reforme. Il se trouve que l’ancien système donnait lieu aux pratiques frauduleuses. On pouvait ne pas se présenter et obtenir son permis. Normalement, vous allez au Trésor pour payer la demande du permis. Le postulant au permis qui s’inscrit dans une auto-école, vient avec ses photos. Il va à la police pour légaliser ses documents, à l’hôpital pour la visite des yeux. Le dossier se fait ensuite entièrement à l’auto-école. Mais, il s’est installé à la direction des Transports, dans un coin qu’on appelle le forum, des gens assis avec des cachets de médecins et de la police, non loin de la cité administrative. Même au niveau de la Direction des transports, il y a des démarcheurs qui ont ses cachets des médecins et de policiers et qui font des légalisations. Dès lors, la fraude est organisée. Il y a fraude sur le dossier, parce que ce n’est pas celui qui devait signer qui signe. C’est pourquoi le gouvernement a décidé de tout réformer. Malheureusement, aujourd’hui, le ministère des Transports et la Direction du transport refusent d’appliquer ce décret.
Pourquoi refuseraient-ils d’appliquer des dispositions légales ?
Ils refusent tout simplement pour une question d’argent. Ce système n’arrange pas les responsables de la Direction des transports, car si cette reforme est appliquée comme il se doit, beaucoup de choses ne se feront plus. Et c’est dommage que ceux qui devraient logiquement appliquer la loi, refusent de le faire.
Vous accusez la Direction des transports, pourtant, c’est cette même direction qui a introduit une demande d’enquête pour déceler les fraudeurs. Quelle contradiction !
C’est le voleur qui crie au voleur, on le constate souvent dans la rue. Quand quelqu’un a volé quelque part et qu’on le poursuit, lui aussi cri voleur pour ne pas qu’on dise de lui qu’il est le voleur. C’est cela le problème. La Direction du transport organise la fraude et l’escroquerie. Parce que la loi sur le permis n’autorise pas la Direction du transport à organiser les examens. Elle ne fait pas partie de la réforme. Une loi a été prise depuis 2001, et eux s’opposent à la mise en œuvre de cette disposition. C’est cette loi qui a créé la SONATT à laquelle les tâches qu’exécutait la DGTTC ont été transférées. Ce qui fait que la DGTTC n’intervient plus dans ces missions. La loi dit que c’est la SONATT qui organise les examens de permis et demande à la DGTTC de mettre à sa disposition des fonctionnaires qui sont les inspecteurs de permis pour examiner les candidats. Mais, il ne revient pas à la DGTTC d’organiser les examens. Le vrai problème est que la DGTTC, avec la complicité du ministre des Transports, refuse l’application de cette loi prise en 2001, et continue d’organier les examens du permis de conduire dans l’ancien système. Finalement, aujourd’hui en Côte d’Ivoire, il y a deux façons de passer le permis. Il y a ceux qui sont dans la reforme et ceux qui n’y sont pas.
Que dit la réforme ?
Dans la réforme, il revient à Starten de faire le pré-enregistrement sous la responsabilité de la SONATT, parce qu’il y avait trop d’intervenants dans l’affaire. Nous avions proposé que les candidats passent par l’auto-école pour avoir un certificat d’inscription prouvant qu’ils sont régulièrement inscrits dans une auto-école, avant d’aller présenter les dossiers. Eux, ils se sont opposés à cette proposition. Le gouvernement a estimé qu’il fallait faire un guichet unique pour éviter tous ces problèmes administratifs, mais aussi gagner du temps. Alors, qu’est ce qu’ils font maintenant ? Quand vous allez à Starten pour faire votre dossier, ils sont des démarcheurs qui détournent l’élève qui va directement au Transport, parce qu’il a maintenant le numéro de l’examen. Alors, il n’a plus besoin d’aller à l’auto-école et on l’examine. L’inspecteur, là-bas, valide son dossier. C’est lui qui met ‘’apte’’ ou ‘’inapte’’. Quand on parle de fraude, c’est d’abord à ce niveau, là où sur le dossier il est marqué "apte". C’est après cela que la direction transmet le dossier à la SONATT pour édition. C’est celui qui a accordé l’aptitude à un faux dossier, qui est à la base de la fraude. Maintenant, quand ils disent qu’on a imité leur signature, où se trouvait le dossier pour que leur signature soit imitée ? Le dossier est à la Direction du transport et le chef de l’inspection de permis, c’est lorsqu’il désigne l’examinateur ce jour-là qu’il lui donne le dossier. Le dossier n’est pas à la disposition de tout le monde. Donc qui peut aller imiter la signature ?
Président, peut-on occulter la responsabilité des auto-écoles quand on sait que pour passer l’examen du code, il faut débourser 10.000 F CFA et 15.000 F CFA à la conduite pour que le moniteur puisse voir l’inspecteur ?
C’est ce que je vous disais. Ils ne veulent pas lâcher le traitement des dossiers à cause de cela. Les 10.000 FCFA au code et les 15.000 FCFA à la conduite, s’ils ne sont pas payés, l’élève échoue. Ce n’est pas du fait de l’auto-école, mais plutôt l’inspecteur. Si vous ne payez pas, vos élèves sont automatiquement recalés. Or, si vous dirigez une auto-école et qu’on recale tous vos élèves à chaque fois, qui va venir encore chez vous ? Cet argent ne rentre pas dans les caisses de l’auto-école. Et cet inspecteur qui impose cet argent lors des examens de code et de conduite, a obligation de rendre compte à la direction. Voyez, c’est une chaîne.
Pourquoi n’avez-vous pas dénoncez ces pratiques jusqu’à ce que la Direction des transports que vous accusez, diligente une enquête qui vous désigne, vous les auto-écoles, comme les principaux fraudeurs de la chaîne ?
Vous savez, je suis le premier Ivoirien et même Africain à ouvrir une auto-école. Je sais comment la fraude se passe. J’ai écrit à tout le monde. Il y a des conférences que j’ai faites où je dénonce cet état de fait. Mais depuis l’arrivé des deux ministres qui se sont succédé, on refuse de nous recevoir. Depuis 2007, je ne fais qu’interpeller sans qu’on ne prête une oreille attentive à ce que je dénonce. J’ai même écrit au président de la République, sous le couvert du ministre des Transports lui-même (ndlr : il nous montre les archives). J’ai saisi le président de l’Assemblée nationale, les ministres de l’Intérieur, de la Défense, le Commandant supérieur de la Gendarmerie, à la Direction générale de la Police, etc. Je n’ai pas eu gain de cause. Finalement, l’ancien système perdure. Or, quand vous ne rentrez pas dans le nouveau système, là où on doit en principe payer 26.500 FCFA, vous payez 50.000 FCFA. Parce que dans le nouveau système, on se présente à un guichet unique où tous les frais sont regroupés une bonne fois. Ce qui n’est pas le cas dans l’ancien qui fait appel à beaucoup d’intermédiaires. En plus, avec la réforme, il faut soi-même se présenter pour faire son permis. On ne reste pas à Paris pour avoir un permis.
Justement, il se dit qu’une star du football ivoirien a obtenu son permis de conduire sans avoir été dans une auto-école. Comment est-ce possible ?
Il faut savoir que ce monsieur a obtenu son permis dans l’ancien système, alors que nous sommes en plein dans la réforme. On continue dans l’ancien système, or c’est dans ce système que l’individu peut ne même pas se présenter et avoir un permis. C’est là que se trouve la fraude. Je vous disais que dans le nouveau système, tout les dossiers se font au Guichet unique, la demande des timbres, la légalisation, la visite, c’est tout cela qui fait 26.500 FCFA. Avec ça, vous avez un numéro d’examen. Ce qui n’est pas le cas dans l’ancien système où tu fais le tour du Trésor, de l’hôpital, de la police, etc. Dans ce système, il arrive que des gens ont déjà le permis avant de faire le dossier.
Comment des gens peuvent-ils avoir le permis en amont sans être interpellés au pré-enregistrement ? Comment font-ils pour avoir un numéro ?
C’est ce que je vous disais tantôt. Tout cela, c’est la Direction des Transports Terrestres qui est à la base. Et c’est parce que je dénonce tout cela qu’ils ont convoyé des démarcheurs pour casser à deux reprises mon auto-école. Et même me menacer de mort. Ce qu’on voulait éviter continue avec l’autorisation du ministre des Transports et de la Direction des transports.
On parle déjà de 300 mille faux permis dans la circulation. Finalement, la reforme n’est-elle pas remise en cause ?
Ils veulent faire échouer la reforme pour rester dans l’ancien système qui les arrange. Et aujourd’hui, ils s’attaquent à la SONATT et ses dirigeants. Ceux-là n’y sont pour rien. Ce n’est pas eux qui organisent ce désordre. Suivez-moi. Dans l’ancien système, quand vous finissez le dossier que vous déposez à la Direction des transports, ils vous prennent 2000F et ils vous octroient un numéro pour faire votre permis. Or, ce numéro n’est pas valable pour le permis.
Est-ce à dire qu’on peut retrouver dans la circulation deux permis ayant le même numéro ?
Non, quand vous allez échanger l’ancien permis à la SONATT, on appelle cela intégration. Ceux qui vont à la Direction des transports qui est dans l’ancien système, quand ils donnent le permis, ils les intègrent comme des gens qui ont déjà le permis.
Soyons plus clairs. Vous voulez dire qu’on fait croire que celui qui demande le permis est un ancien détenteur et on l’intègre avec un numéro ?
C’est ça. Aujourd’hui à la DGTTC, il n’y a plus de base de données. Ils devaient remettre la base de données de 1999 à 2000 à la SONATT, ils ont refusé. Mais, ils continuent d’authentifier des permis. Sur quelle base, d’autant plus qu’ils n’ont pas de base de données. Leur objectif est de faire échouer la réforme. Ici, quand on vous met à la tête d’un département, ça devient votre chasse-gardée. On place ses parents pour en faire sa caisse de résonance. Dans cette situation, les auto-écoles ont du mal à travailler. Moi, j’ai été obligé de fermer plusieurs de mes écoles. Car les auto-écoles deviennent des collecteurs d’impôts pour la DGTTC. Parce que s’ils ne payent pas les sommes qu’il faut pour les candidats aux examens, ils échouent. Imaginez-vous que je présente 4 ou 5 élèves qui échouent, est-ce que prochainement, des gens vont venir chez-moi ? Donc, je suis obligé de payer et ça, c’est une position de faiblesse. L’auto-école n’y est pour rien dans la délivrance de ces vrais-faux permis. Parce que celui qui donne ces permis est autorisé à le faire, quand bien même les procédures sont viciées.
Si l’on doit nécessairement payer pour avoir ses examens, c’est que l’on peut se passer des auto-écoles et aller droit au but…
Mais c’est ce qui se passe. C’est ce que je vous ai expliqué. C’est l’auto-école qui est pénalisée et c’est pourquoi nous soutenons la reforme. Parce qu’au moins pour avoir son permis, il faut venir à l’auto-école.
Est-ce que la réforme prévoit que pour déposer un dossier à la DGTTC, il faut être déjà inscrit régulièrement dans une auto-école ?
Oui, c’est pourquoi on parle de pré-enregistrement. Il faut venir à l’auto-école, vous vous inscrivez et on vous donne une fiche d’identification pour dire que vous êtes inscrit régulièrement.
Mais comment les gens arrivent-ils à passer cette étape ?
Ils le font, une fois qu’ils s’inscrivent. L’inscription étant à 100 mille francs CFA dans une auto-école, ils avancent par exemple 20.000 F pour juste bénéficier de la fiche d’identification et ils ne reviennent plus. Ils se rendent ensuite à la DGTTC pour avoir un numéro d’examen et continuent le processus pour obtenir frauduleusement leur permis. L’auto-école n’intervient pas dans cette fraude. Ceux qui ont été arrêtés pour fraude ne sont que des démarcheurs et non des responsables d’auto-école. Mais, les gens pour qui ces démarcheurs ont été arrêtés, pourquoi ne sont-ils pas aussi inquiétés ? C’est où la responsabilité de l’auto-école ? Et comment un responsable d’auto-école peut-il imiter la signature de l’inspecteur, étant donné que le dossier qui sert pour l’examen est à la DGTTC ?
On entend dire aussi que pour les frais que vous payez à la Direction des transports, vous percevez une ristourne de 100 F Cfa sur les 3000 francs CFA que vous versez par dossier ? Est-ce que tout cela ne participe pas à la fraude?
Ecoutez, on a demandé un fond de soutien aux auto-écoles. En France par exemple, les auto-écoles ne payent presque pas de véhicule. Ce sont les concessionnaires qui offrent les véhicules aux auto-écoles. Mais ici, l’Etat ne nous aide pas au niveau des impôts et des frais de douanes. Dans la réforme, nous avons demandé un fonds de soutien aux auto-écoles de façon à dispenser des cours de qualité. Le gouvernement l’avait accepté et c’était inclus dans les frais de dossiers. Quand j’ai posé le problème du fond de soutien, le directeur d’alors de la DGTTC qui s’appelait M. Baffah, a dit qu’il faut que les auto-écoles payent 5000 FCFA pour aménager les chiffres. Entre-temps, pour que nous encaissions l’argent, il faut un décret et une loi de finances. Ils nous ont dit qu’en attendant la signature du décret, on devait continuer à payer. Et c’est ce que nous avons fait et pendant un an, je me suis plaint. Une commission a ensuite siégé pour dire que le fait qu’on nous fait payer est illégal. Donc nous avons arrêté. Quand le nouveau gouvernement est arrivé, on nous a encore demandé de payer. Mais, nous avons refusé. Pour ces 3000 F CFA dont vous parlez, ils nous ont demandé de payer. Nous avons opposé un refus. Et comme moyen de pression, ils ont dit que si nous ne payons pas, les élèves ne passeront pas l’examen. J’ai même saisi le Procureur qui m’a conseillé de porter plainte. On convoque M. Veh qui reconnait qu’il vole. Dans son PV, il reconnait que l’argent qu’il prend ne va nulle part. C’est 3000 francs CFA pour le code et 3000 FCFA pour la conduite. Quand nous sommes sortis de la police économique, il a décidé de donner sur les 3000 FCFA, la somme de 1000 FCFA aux auto-écoles. Il dit par la suite que ces deux mille francs restants, il les envoie au Trésor. Je ne sais vraiment pas la destination de cet argent, et c’est pourquoi j’ai porté l’affaire devant la justice aujourd’hui.
Aujourd’hui, nos routes sont devenues dangereuses et tuent beaucoup, parce que les Ivoiriens conduisent mal. A qui la faute finalement ?
Quand des gens ne se présentent pas à l’auto-école et obtiennent le permis de conduire, c’est tout cela qui cause ces accidents. Il faut accuser ceux-là qui maintiennent deux systèmes d’examen sur le même territoire, depuis que la loi a été signée. De plus en plus, aujourd’hui, on reçoit des élèves qui viennent faire du recyclage parce qu’ils ont déjà le permis. Ils ont eu le permis, et c’est après qu’ils viennent faire des cours de recyclage. Je ne suis donc pas étonné qu’il y ait des accidents. Car la plupart des chauffeurs n’ont pas eu de formation suffisante. Or à l’auto-école, il ne peut pas y avoir de formation s’il n’y a pas d’examen. Parce que si tu vas à l’examen que tu n’échoues pas, pourquoi le directeur de l’auto-école va-t-il t’imposer des leçons ? Autant aller directement à l’examen. Je reviens sur la question précédente. Quand on a cherché à savoir davantage sur la destination de l’argent, finalement, ils vous disent qu’ils le partagent. Tu peux partager, mais est-ce que tu as le droit d’encaisser cet argent pour ensuite dire que les auto-écoles sont complices ? Comme ils ont vu qu’ils sont en difficulté, le ministre du Transport veut voler à leur secours, en allant à la SONATT, DGTTC, STARTEN pour dire qu’il fait un tour pour voir comment ça se passe dans ces services. Mais il était directeur de cabinet du ministre Mabri pendant des années. Il ne peut pas dire qu’il ne sait pas comment le permis se passe, pour prétexter des tournées. Il sait qu’on ne peut pas parler de fraude sur les permis si le nouveau système est appliqué. Donc c’est très grave pour le ministre qui dit qu’il y a fraude sur notre permis de conduire. Notre télévision est regardée partout. Et si demain, on disait qu’on ne reconnait pas notre permis ! S’il y a donc fraude, c’est au niveau du ministre et de ses collaborateurs. Le ministre doit avoir le courage de rendre sa démission, parce que ses services auront failli. Ils veulent noyer du poisson en allant à la télévision pour dire qu’il y a fraude. Où va tout cet argent qui est exigé aux postulants au permis de conduire ?
Entretien réalisé par F.D.BONY et Irène BATH
Coll : C.KONE